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Pas de quoi fouetter un chat

Dans son dernier billet, JL Restàn refroidit l'entousiasme hâtif et calme l'inquiètude excessive, suscités dans certains milieux - qui y voient, les uns avec bonheur, les autres avec consternation, les prémisses d'une démocratisation de l'Eglise - par la création d'un "comité de sages" autour du Pape François. Traduction de Carlota (17/4/2013)

     

Il n’y a pas de quoi en faire une histoire
José Luis Restán
http://www.paginasdigital.es
16/04/2013
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L’histoire se repète. Des enthousiasmes bien ou mal intentionnés, et des irritations hors de propos à l’annonce de la constitution d’un groupe de huit cardinaux, originaires des cinq continents, dont la finalité est de conseiller le pape dans le gouvernement de l’Église et d’étudier un projet de réforme de la Curie Romaine.
Avec cette décision le Pape François s’occupe d’une suggestion qui a surgi au cours des Congrégations Générales précédant le Conclave. Il ne s’agit pas d’un nouvel organisme superposé à la Curie dont les fonctions restent pleinement en vigueur, mais d’un espace de consultation qui permette au pape d’écouter la voix des pasteurs d’importants diocèses du monde entier. Avec ce « groupe » (le choix de cette désignation, plutôt modeste, indique aussi sa perspective, il laisse ouverte sa façon de travailler et enlève le dramatique à sa constitution), François prétend augmenter le rayon habituel d’écoute des sensibilités et préoccupations des communications ecclésiales dans le monde. C’est un signe de « collégialité » (bien comprise, comme le précise Vatican II), mais plus encore de communion, parce que le pape agit toujours « in medio Ecclesiae ».

En réalité les papes disposaient déjà de différents éléments et domaines de consultation et de conseil. Le Collège des cardinaux lui-même en est l’un très privilégié, bien que sa taille le rende peu opérationnel pour un contact habituel. Le choix des hommes répond à la pleine liberté du pape, bien qu’il laisse voir une claire volonté d’universalité et une absolue priorité aux pasteurs en activité à la tête de diocèse comme Boston, Munich, Kinshasa, Bombay ou Sidney. Comme coordinateur a été nommé l’archevêque de Tegucigalpa (ndr Honduras) Óscar Rodríguez, bien connu du pape Bergoglio pour des aspirations partagées au CELAM (ndt Conseil Épiscopal Latino-Amérique, créé en 1955, regroupe les évêques d’Amérique latine et des Caraïbes). Le seul membre de la Curie qui est intégré au groupe est le cardinal Giuseppe Bertello, responsable du gouvernement de l’État de la Cité du Vatican ; certains ont voulu voir dans sa présence une piste sur le futur changement à la Secrétairerie d’État, qui pourrait avoir lieu avant l’été.

Une fonction plus concrète dont le pape a chargé ce groupe de cardinaux, c’est l’étude des lignes maîtresses de la réforme de la Curie. François pourrait avoir décidé par lui-même, mais a préféré faire réaliser une étude au préalable, qui établisse des besoins et priorités. En réalité la structure actuelle de la Curie répond à un schéma d’il y a plus d’un demi-siècle et l’expérience, les blocages signalés et les changements historiques demandent un nouveau schéma. Rien de dramatique ni à caractère de rupture, en ce qui concerne un organe auxiliaire qui doit servir à aider le pape dans l’exercice de son ministère. Au final se sera lui qui décidera, comme cela se doit.
L’Église ne se dirige pas vers une sorte de formule démocratique qui efface sa constitution, et le pape ne fait un abandon de l’autorité que lui confère son charisme comme Successeur de Pierre. Nous avons déjà dit que François recherchera, comme l’ont fait ses prédécesseurs, le moyen adéquate d’exercice de son ministère pour mieux servir la tâche de confirmer dans la foi les baptisés, garder l’unité de l’Église et impulser la nouvelle évangélisation. La création de ce « groupe » est significative, bien sûr, et l’on comprend l’attente comme la faim de nouvelles (espérons qu’il n’y en aura pas un qui s’étouffera !) mais une quelconque sensation de vertige (d’exaltation ou de peur) correspond à un fantasme et non à la réalité. Une réalité qui continue à être celle d’une Église qui vit de la foi et pour communiquer la foi. La structure a toujours besoin de réparation, pour être au service de cette tâche. Ni plus ni moins.