Accueil | D'un Pape à l'autre | Retour au Vatican | Collages de Gloria | The hidden agenda | Lumen Fidei | Lampedusa | Benoît et les jeunes

Pauvreté: le Pape ne doit pas faire de démagogie

Une interviewe non dénuée d'ironie de Vittorio Messori (14/6/2013)

     

Le pape doit se méfier des chantages et ne pas faire de démagogie
Entretien avec Vittorio Messori
Carlo Tecce dans «Il Fatto quotidiano» du 13 Juin 2013
(Source)
----

La dénonciation de François n'est pas surprenante: «C'était une confidence à un groupe d'amis, il ne voulait pas que le monde entier le sache, pourtant on pourrait dire qu'il aurait pu oser davantage», plaisante Vittorio Messori.
Un pape qui serait déconcerté par le lobby gay et la corruption, on n'a jamais vu ça. «Et il y a un danger encore plus grave».

- Lequel, Messori?
- Le chantage.

- Vous allez plus loin que le trouble de François.
- Non, je ne me permettrais pas, je ne donnerai jamais de conseils au pape, je serais ridicule.

- Et que craignez-vous pour l'Église?
- Le risque n'est pas seulement celui d'une organisation de gays, je ne ferais pas de distinction entre les goûts sexuels, le problème est le chantage auquel sont soumis les fonctionnaires ou les prélats qui mènent une double vie, qui vont indifféremment avec la femme ou avec le chauffeur de camion.

- Qui peut manier les menaces?
- Le Vatican n'est pas un paradis. Il y a une multitude d'ennemis externes et surtout internes, et ce n'est pas une découverte d'affirmer que la bataille entre conservateurs et progressistes continue.

- Même la corruption ne lui porte pas atteinte.
- Le Vatican est un petit état spécial, mais c'est une réalité bureaucratique qui distribue des marchés, des contrats, de l'argent et il ne peut pas y échapper.

- François a cité la Curie, beaucoup la présentent comme un malade désormais incurable.
- Le Vatican ne peut pas abandonner une structure de gouvernance, qui doit être malgré tout fonctionnelle pour la propagation de l'Evangile. Un peu de sérieux.

- Que pensez-vous de Tarcisio Bertone, le secrétaire d'État, à plusieurs reprises - en particulier dans les coulisses et par des rumeurs - sur le point d'être contraint de quitter ou d'être remplacé?
- La question ne commence pas et ne finit pas avec Bertone.

- Le pape fait l'éloge du catholique pauvre, humble, et invective le carriérisme et les malversations. Est-ce que la Curie fonctionne?
- Je n'ai jamais accepté de vivre à Rome pour éviter de tomber dans ces interprétations. Ce n'est pas l'intention de François, mais ses discours sont peints avec démagogie et le pape lui-même peut sembler démagogue. Il n'est pas correct de dire que «Saint Pierre n'avait pas une banque» comme il l'a déclaré il y a quelques jours, l'Église n'a jamais méprisé l'argent.

- Et puis, vous avez lu les légendes au sujet des chaussures? Bergoglio n'utilise pas les mocassins rouges de Ratzinger.
- Sans doute, mais il y a une raison physique: il souffre de sciatique, il boite un peu et a besoin d'un soutien plus solide (1). Et l'Eglise pauvre est une ânerie: Jésus ne mourait pas de faim.

- Dites-nous tout, Messori.
- Ne racontons pas de sornettes. Jésus avait une disponibilité économique, et même un trésorier qui l'a ensuite trahi, Judas Iscariote. Quand il a été crucifié, les gardes ont remarqué qu'il avait une tunique cousue avec un seul morceau de tissu, un luxe rare, et ils l'ont jouée aux dés parce qu'elle valait cher. Elle avait de la valeur. Jésus s'havillait en Armani. (nd: c'était un article de la Bussola, il me semblait l'avoir traduit... version en italien ici)

- Toujours dans cette entrevue avec les latino-américain, François a admis qu'il ne pouvait pas promettre les réformes que beaucoup appellent et dont beaucoup souffrent.
- De toute évidence, la Curie est le bras du Pape et gère des équilibres complexes qui ne peuvent être balayés, ni changés à la hâte.

- Benoît XVI n'a pas réussi à arranger la Curie, à convertir les pécheurs, il a démissionné aussi pour un sentiment d'impuissance?
- Je le connais depuis des années, je me rappelle sa timidité, mais ce n'est pas un homme peureux. Il a dix ans de plus que Bergoglio, il est physiquement affaibli, il savait qu'il ne pouvait plus accomplir les tâches auxquelles il était appelé: la Curie, certes, et bien plus que cela.

- - -

(*) Si les journalistes n'avaient pas monté cette ridicule affaire en épingle, depuis Benoît XVI que l'on "accusait" de se chausser en Prada, personne ne l'aurait remarqué.
D'ailleurs, pourquoi des chaussures noires seraient-elles moins coûteuses que des rouges?
J'ajoute que cette histoire de problèmes orthopédiques du pape ne tient pas la route. Lors de ses dernières sorties publiques, Benoît XVI, qui devait beaucoup souffrir en marchant, ne portaient plus les beaux mocassins rouges qui avaient tant fait gloser, mais de ces vilains souliers - rouges - qui se ferment avec du velcro (voir ici).