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Un guide sūr pour l'Eglise

La Bussola publie la préface par Mgr Negri d'un livre consacré au Pape François (23/8/2013, rectificatif et mise à jour)

Rectificatif:

Sauf erreur de ma part, ce matin La Bussola parlait du "dernier livre de Mgr Negri"; or il s'agit d'un livre "de circonstance", accompagné d'un DVD, écrit par Vincenzo Sansonetti (W Papa Francesco) que Mgr Negri a juste accepté de préfacer, et La Bussola a modifié son article.
C'est vrai que j'étais un peu surprise: Tu quoque, Luigi...
Là, je comprends mieux.

* * *

J'apprécie beaucoup le ton de Mgr Negri, qui ne croit pas utile de joindre sa voix au choeur des panégyristes béats ou intéressés, et brosse ici plutôt les grandes lignes des défis qui attendent le nouveau Pape. En ce sens, il faut lire le titre plus comme une supplique que comme une affirmation triomphante.
J'apprécie aussi son indéfectible loyauté envers LE pape, qui qu'il soit. Venant d'un clerc, ce n'est pas si fréquent, et j'aurais aimé que Benoît XVI bénéficie de la même loyauté, de la part de tous les évêques. On sait, hélas, que ce ne fut pas le cas.

Article ici: http://www.lanuovabq.it/it/articoli-una-guida-sicura-per-la-chiesa-7125.htm
Ma traduction.

     

Un guide sūr pour l'Eglise

Quand de la cheminée de la Chapelle Sixtine, le soir du 13 mars, la fumée blanche est sortie, je me suis dit «C'est fait!». Après le malaise initial de la renonciation inattendue de Benoît XVI au ministère pétrinien, l'élection du cardinal argentin Jorge Mario Bergoglio à la chaire pontificale a été un évènement de fort impact émotif. Le nouveau Pape, pour ce que nous pouvons en juger par les premières semaines du Pontificat, par ses paroles, par ses gestes, est un homme de grande foi et de grande charité, et le fait que dès le lendemain de son élection, il soit allé remercier la Vierge dans la Basilique de Sainte Marie Majeure le démontre. François s'est présenté à tous de façon très simple et directe, et s'est tout de suite confié à la prière, rappelant Papa Ratzinger. «Chers frères et soeurs, bonsoir» ont été ses premiers mots. Il s'est adressé aux romains et à tous ceux qui le regardaient presque comme un curé, bien qu'il soit le chef de l'Eglise catholique.

Certains - surtout parmi les intellectuels et dans les médias - réclament le «tournant» du «pape progressiste». Mais ceci est une attente, une prétention à caractère idéologique, exprimée par ceux qui raisonnent avec la mentalité du monde. D'après ce que l'on a pu voir, il ressort que François a la volonté de caractériser pastoralement la conduite de l'Eglise universelle, de la guider dans l'unité et dans la communion, avec miséricorde, sans renoncer toutefois à la fermeté sur le plan doctrinal. La trame de consensus sans mélange, et acritique, s'écroulera au fur et à mesure qu'il dira des choses que la mentalité médiatique dominante jugera indigérables.

Plus d'un s'est étonné parce qu'il s'est défini simplement «évêque de Rome». Il l'a fait pour souligner la valeur du lien avec son diocèse. En même temps, cependant, il sait que son devoir est d'être guide de toute l'Eglise catholique. Je pense que c'est le sens de la citation des paroles de Saint Ignace d'Antioche, selon lesquelles l'évêque de Rome «préside à la charité, qu'il a la loi du Christ, et porte le nom du Père».

Que devra affronter Papa Bergoglio? Ce qui l'attend n'est pas seulement un défi religieux mais de gouvernement. Il devra guider l'Eglise vers cette unité dont parle saint Ignace, traduisant sa mission en termes d'action. En particulier, justement en ce moment historique, nous avons besoin d'une communion vraie et d'un guide sûr. S'il n'y a pas la communion, comme l'a observé Papa Ratzinger, «entre la politique» et alors l'Eglise se fait dominer par des raisonnements qui ont peu à voir avec le Christ.

Je pense que François accomplira des gestes différents et nouveaux, qui iront bien au-delà de la sobriété dans le vêtement, du renoncement aux symboles du pouvoir, ou de la préférence pour un appartement plus modeste. Le choix même de la pauvreté ne doit pas être lu avec les yeux de la sociologie ou de la politique. La responsabilité à partager la situation des pauvres, comme fait historique, est conséquence de la radicalité de la foi dans le Christ: autrement dit, la pauvreté est vue et vécue comme espace significatif de la présence et de l'action chrétienne. Bergoglio est certainement conditionné par son histoire personnelle, la provenance d'un continent où la misère a assumé des dimensions épouvantables. Mais je ne crois pas que l'Eglise puisse perdre sa centralité en ayant aujourd'hui un pape latino-américain, parce que, comme l'affirme Saint Paul: «Il n'y à plus ni grec ni barbare». La foi unit tous, et tout sert à l'unité de l'Eglise pour exprimer ce caractère ecclésial et humain typiques, qui la caractérise.
Chez nous, il y a quelques années, le cardinal Giacomo Biffi, aujourd'hui archevêque émérite de Bologne, définissait la société occidentale, et italienne, comme «rassasiée et désespérée»: peut-être, avec la crise économique qui nous touche durement, est-il moins vrai, au moins pour beaucoup, qu'elle est rassasiée. Mais notre «pauvreté» est principalement une pauvreté culturelle et spirituelle. La tâche de François sera surtout celle de combler ce type de pauvreté plus profonde, de surmonter les motifs de désespoir en offrant la vérité du Christ qui seule libère l'homme et le mène à son destin, au salut.

Je suis ce Pape avec une volonté totale d'obéissance, dans le désir d'une assimilation complète avec lui.
Bergoglio me rappelle l'assurance sereine avec laquelle, il y a presque soixante ans, don Luigi Giussiani franchissait le seuil du lycée Berchet de Milan, donnant le coup d'envoi à une grande aventure humaine et chrétienne qui m'entraîne depuis 1957: heureux, participant et témoin.