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La liberté (suite...)

Encore un extrait du livre d'entretiens avec Peter Seewald, en 2000 (23/5/2013)

>>> Voir aussi, sur ce thème:
¤ La liberté
¤ La paternité de Dieu

(Merci au précieux site en italien scrittidijosephratzinger.blogspot.it/ )

     

pages 38-39: Le cardinal répond à une question sur l'islam, selon lequel "tout est écrit".

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(..) Dans le christianisme, la soi-disant doctrine de la prédestination a toujours eu cours. D'après cette doctrine, il est établi que ceux qui vont en enfer et ceux qui vont au ciel y étaient destinés, leur sort est fixé de toute éternité. La foi de l'Église l'a toujours refusé. Car la pensée que, individuellement, je ne peux plus rien faire - si je suis destiné à rôtir en enfer, c'est ainsi, et, de même, si je suis destiné au ciel, c'est également ainsi - n'est certainement pas conforme à la foi.

Dieu a créé une vraie liberté et accepte que ses plans soient contrariés (même si d'une certaine manière il s'arrange pour que du neuf puisse en sortir). D'ailleurs, l'histoire le montre. C'est d'abord le péché d'Adam qui renverse le projet de Dieu. La réponse de Dieu est de se donner encore plus fortement, de se donner lui-même dans le Christ.

C'est l'exemple majeur. Mais il y en a beaucoup d'autres. Le peuple d'Israël devait être une théocratie ; sa constitution ne prévoyait pas d'homme à sa tête, mais seulement un juge appliquant le droit de Dieu. Mais les Israélites voulaient un roi comme les autres peuples. Ils ont renversé le plan de Dieu et celui-ci leur a cédé. Il leur donne Saül puis David et fait de la royauté un chemin vers le Christ qui, en mourant sur la croix, devient le roi par qui est renversée toute royauté.

Par ces modèles, l'Écriture nous permet de comprendre que Dieu, d'une part, accepte pleinement la liberté et, d'autre part, qu'il est si grand qu'il peut transformer la défaillance et la destruction en nouveau commencement qui dépasse même le premier et apparaît plus grand et meilleur. Dieu sait tout et, cependant, d'autres projets sont possibles. Les plus grands philosophes et théologiens se sont cassé la tête là-dessus. Notre capacité s'arrête là parce que nous ne sommes pas Dieu et que notre horizon est singulièrement limité.

Mais je pense que nous pouvons comprendre ce qui est immédiat. Dieu reste maître de l'histoire. Il est mon maître mais il me laisse la liberté de devenir quelqu'un qui aime, ou qui refuse d'aimer. C'est pourquoi Dieu ne m'a pas programmé de manière invariable mais il m'a laissé une marge de manœuvre que nous appelons liberté.