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Des évêquesses (*) anglicanes au Pays de Galles

Un article de Religion en Libertad traduit par Carlota (14/9/2013)

Carlota:

La déclaration de Monseigneur Parolin sur le célibat des prêtres (cf. Célibat sacerdotal ), tronquée ou pas assez prudemment présentée, a donné, sans risques d’être excommunié par le politiquement correct, du grain à moudre aux médias (dont le Figaro), qui ne demandaient que cela.

C’est un sujet pour la großs Preße qui tombe à pic pour montrer le déphasage de l’Église catholique avec le monde et ne pas parler d’une actualité autrement plus brûlante et importante, comme les martyrs chrétiens syriens dont celui du jeune ingénieur en informatique Sarkis Habib el Zakhm, gréco-catholique de Maaloula, récemment exécuté pour avoir refusé d’abjurer.
Monseigneur Podvin a fait sur BFM TV une juste mise au point sur le célibat des prêtres (j’espère que ce sera repris par écrit sur un portail officiel de l’Église en France).

Pour poursuivre la réflexion dans ce sens, j’ai trouvé très à propos l’article de Pablo J. Ginés (original www.religionenlibertad.com) qui nous parle de l’église anglicane au Pays de Galles, une église où pourtant, « eux », ils peuvent se marier dans le siècle, depuis un demi-millénaire ! Cela n’a pourtant pas multiplié les vocations…

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Remarque liminaire de traduction : les mots tels que "prêtre" ou "évêque", copiés du catholicisme, ont été mis en caractères italiques - puisque cela ne correspond pas à l’ordination sacerdotale et encore moins à la succession apostolique.

     

La branche galloise de l’anglicanisme, appelée « Église au Pays de Galles » (Yr Eglwys ung Nghymru, en gallois) a voté jeudi dernier lors de son conseil de gouvernement que les femmes pourront être ordonnées évêques (1).

L’église [anglicane] du Pays de Galles est organisée en six diocèses ; la décision a été prise à la suite d’un vote organisé à l’Université du Pays de Galles, Trinité Saint-David, à Lampeter.
Ont voté en faveur de l’ordination « épiscopale » des femmes, tous les évêques, 57 représentants laïcs et 37 représentants du clergé. Ont voté contre 24 membres du conseil et il y a eu deux abstentions. Le projet de loi a été présenté par l’évêque de St Asaph, Gregory Cameron, secondé par l’évêque de Bangor, Andy John.
Pour sa part, l’archevêque Barry Morgan a remercié les membres du conseil « pour la façon dont s’était déroulé le débat ».

Le conseil a chargé les évêques d’élaborer les procédures pour s’occuper du clergé ou des laïcs qui, en conscience, ne peuvent pas accepter ces ordinations. Par exemple, un anglican qui croit qu’il y a une présence réelle dans l’Eucharistie ou qu’un prêtre peut pardonner les péchés, peut éviter de se présenter à un prêtre de sexe féminin (ndt comprendre que l’anglican qui croit à ce que dit l’Eglise catholique sur l’Eucharistie et le sacrement de la confession, sait sans difficulté qu’il ne doit pas s’adresser à un « prêtre anglican » qu’il soit de sexe masculin ou féminin d’ailleurs).
Mais comment un anglican pourra-t-il s’avoir si le prêtre a été vraiment ordonné par un évêque ou par une femme évêque , et par conséquent manque de cette autorité d’ordination ? (*)

Une possibilité : l’Ordinariat anglo-catholique
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Quelques anglicans conservateurs (laïcs et clercs) envisagent ces jours-ci une fois de plus la possibilité de s’unir « en pleine communion avec Pierre », et de se faire catholiques dans l’Ordinariat anglo-catholique de Note Dame de Walshingham (www.ordinariate.org.uk) qui au Pays de Galles compte des communautés dans huit villes, en maintenant beaucoup d’éléments du patrimoine anglican mais avec la pleine doctrine catholiques et unis au Pape.

Déjà les anglicans d’Irlande et ceux d’Écosse ont pris la décision d’ordonner des femmes évêques, mais au Pays de Galles, il s’agit d’églises très petites. Les anglicans en Écosse, par exemple, sont à peine 55 000, - l’Ecosse est de tradition presbytérienne (3). Depuis qu’ils ont pris la décision de le permettre, aucune n’a encore été ordonnée [évêque].

En Angleterre ce n’est pas encore permis
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L’Église d’Angleterre (ndt appellation officielle) est la seule église anglicane importante dans les îles [britanniques], et l’année passée l’on a vu comment les représentants laïcs de leur Synode ont voté contre l’ordination de femmes évêques, et ce à l’encontre du courant majoritaire du clergé (1).

Le Pays de Galles compte trois millions d’habitants et à peine 75 000 fréquentent les lieux de culte de l’église anglicane.

Selon un recensement de 2011, 58% de la population du Pays de Galles se déclare chrétienne (en 2001 le chiffre était de 70%) et seulement 10% des Gallois vont à un lieu de culte chrétien avec une certaine régularité, ces Gallois se répartissent en différentes églises protestantes, toutes elles aussi petites. Les catholiques seraient autour de 120 000, quoiqu’une partie seulement pratique. Ce n’est pas une église puissante, quoique c’est très différent de la situation du XVIIIème avec un catholicisme pratiquement interdit, quand il n’y avait que 800 catholiques dans le pays (4).

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Précisions sur la traduction.
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(1) Les femmes dans l’église anglicane avaient déjà la possibilité d’être « ordonnées » « prêtres ». Certains observateurs pourraient dire qu’elles sont d’ailleurs de plus en plus majoritaires faute de vocations masculines. Il s’agit, aussi, souvent de personnes qui ont déjà un certain âge et ne sont donc pas de jeunes demoiselles « prêtres » sortant du séminaire après leurs études secondaires. L’on pourrait comparer cela sur un ton humoristique pour l’Eglise catholique à ce que faute de « curés », les « dames catéchistes quinquagénaires » auraient pris le pouvoir et par leur nombre et donc leurs votes, au conseil paroissial, en seraient arrivées à faire changer le règlement pour que leur soient ouverts de nouveaux postes et de nouvelles promotions...Certaines en rêvent chez nous…

(2) Je comprends que maintenant pour un anglican gallois qui ne croit pas que le Christ est présent dans l’Eucharistie (l’officiant rappelle seulement la Cène sans transsubstantiation) et le sacrement de la confession existe, mais qui admet néanmoins des « prêtres » anglicans de sexe féminin, peut se trouver désormais dans une situation de doute par rapport à un « prêtre » anglican officiant, car il ne saura pas si le « prêtre » a ou n’a pas été ordonné par un évêque féminin, donc que son ordination comme prêtre est ou n’est pas valable.

(3) L’Écosse à l’époque de la rupture d’Henri VIII avec Rome (pour des raisons « matrimoniales » et financières, - expropriation de tous les biens de l’Eglise et notamment des très nombreux et riches couvents, pour, tout au moins c’est ce que l’on voit encore écrit sur certains panneaux touristiques, financer la guerre contre les Français, était encore indépendante, et a d’abord été touchée par la Réforme.

(4) L’on peut aussi penser que l’exploitation des mines au XIXème a entrainé de gros transfert de population notamment de la « colonie » irlandaise.

(*) "Evêquesse", c'est de moi, et c'est évidemment une dénomination ridicule. Mais pas plus que la revendication...

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A propos des ordinariats créés par Benoît XVI, pages spéciales ici: benoit-et-moi.fr/2009.

Et en particulier au pays de Galles, ICI.