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Poutine chez le Pape

Dans Il Giornale, des éléments pour comprendre les enjeux de la visite du président russe en Italie, et notamment de sa rencontre avec François (25/11/2013)

Il est dommage que le journaliste italien, dans le quotidien qui appartient à la famille Berlusconi, se laisse aller à des commentaires déplacés qui témoignent d’une russophobie primaire, et de la pensée unique qui écrase le monde occidental, et aussi reprenne à son compte les lieux communs sur la personnalité de François censée faciliter un éventuel rapprochement entre catholiques et orthodoxes.

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>>> Voir aussi, sur ce site :
¤ La lettre de Poutine aux américains
¤ Sainte-Mère Russie

¤ Et aussi: le 14 mars 2007, Benoît XVI reçoit Vladimir Poutine (http://beatriceweb.eu)

     

Poutine cherche une entente avec le Vatican
Le Kremlin veut se présenter au pape François en défenseur des communautés chrétiennes en Syrie.
Roberto Fabbri
http://www.ilgiornale.it
24/11/2013
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Durant les «deux jours» de Vladimir Poutine en Italie - une visite officielle qui aura lieu demain et mardi entre Rome et Trévise - une importance spéciale revient à la rencontre au Vatican avec le pape François, fixée à 5 heures, lundi après-midi.

Le président russe verra évidemment le Premier (Enrico Letta), le président Napolitano, et l'ex-président du Conseil Silvio Berlusconi, avec lequel l'amitié personnelle bien connue reste solide, en ces moments si difficiles pour lui. Des rencontres toutes riches de contenus politiques, économiques, et pas seulement. Mais comme l'a expliqué le conseiller diplomatique du Kremlin Youri Ouchakov, pour la Russie, les entretiens avec les représentants du Saint-Siège ont une «signification particulière».

Poutine a déjà été reçu trois fois au Vatican: en 2000 et en 2003, il a été accueilli par Karol Wojtyla, puis en 2007, ce fut le tour de Joseph Ratzinger. Il est inévitable, comme déjà dans ces occasions passées, que le président russe invite le Pape à Moscou, et tout aussi inévitable qu'il ne se passera rien, au moins pour le moment. Et cela même si, récemment, a commencé à circuler l'hypothèse d'une rencontre de François avec le Patriarche Cyril, dans un pays tiers, ce qui permettrait de contourner au moins l'obstacle de l'influence persistante d'un fort courant anticatholique parmi les orthodoxes russes.

Il convient d'ajouter que la personnalité de François (???) et sa nationalité contribuent, selon les sondages, à favoriser dans l'opinion publique russe l'idée de ce qui serait le premier face-à-face, à presque mille ans du schisme de 1054, entre un Pape catholique et un patriarche orthodoxe russe (ndt : il est difficile d’imaginer que le citoyen russe lambda a les éléments pour comparer la personnalité de François à celle de ses prédécesseurs, voire même qu’il ait été « sondé » sur le sujet !!!) .

Mais, étant donné que les temps et les modalités de cet évènement historique sont loin d'être définis, la visite de Poutine au Vatican a d'autres objectifs, parce que les rapports entre l'Eglise catholique romaine et l'Eglise orthodoxe sont une chose, et ceux entre la Russie et le Saint-Siège en sont une autre. La complexité de ces objectifs peut trouver un point de synthèse: Moscou cherche une sorte de légitimation de la part du Saint-Siège, et pour l'obtenir, elle joue la carte de la confrontation avec le monde islamique et de la défense de la tradition. On peut le déduire des récentes déclarations d'Ouchakov, selon lequel «Russie et Saint-Siège sont pour le maintien de la priorité des principes moraux et législatifs internationaux dans les rapports entre états», et de la rencontre, «on s'attend à ce que soit prêtée une attention spéciale à la défense de l'héritage chrétien en Afrique du Nord et au Moyen-Orient».
En somme, une Russie isolée dans le monde européo-occidental pour sa résistance à la propagation de nouvelles normes en défense des droits des homosexuels, cherche et offre soutien au Vatican, qui s'y oppose aussi.

Et au moment où François exhorte les chrétiens du Moyen-Orient à rester dans leurs pays d'origine et à ne pas céder à la violence des extrémistes islamistes, Poutine, habilement, se pose comme leur défenseur. Excellente justification de la présence russe en Syrie, théâtre d'une lutte féroce entre les "quaïdistes" forcenés, et un régime impitoyable et corrompu, celui d'Assad (..!), qui pourtant peut vanter, parmi ses rares atouts, la tolérance envers la minorité chrétienne, qui est même un pilier de son pouvoir.

Il est donc logique de penser que demain, de l'autre côté du Tibre, la question syrienne sera au premier plan. Du reste, le Pape François avait déjà écrit à Poutine, en qualité de président du récent sommet du G20 de Saint-Pétersbourg, lui demandant de «trouver une solution pour empêcher le massacre en Syrie». Cette lettre se concluait ainsi: «Je me confie, M. le Président, à vos prières ». Pas par hasard, étant donné que beaucoup doutent de la sincérité de la foi chrétienne du Tsar Vladimir (ndt : curieuse remarque !! Mais que dire de la foi chrétienne des autres ? On n’ose même pas en parler).