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Soeur Agnès-Mariam, une voix qui dérange

La courageuse religieuse d'origine palestinienne s'est vue empêcher de participer à une conférence sur la paix en Syrie qui doit se tenir à Londres le 30 novembre prochain. Dénonciation vigoureuse de Marco Tosatti, sur la Stampa (25/11/2013)

Nous en avons parlé récemment ici: Syrie: les "preuves" de Mère Agnès Mariam
Elle dénonçait la manipulation du bombardement aux gaz toxiques le 21 août dernier, à Ghouta, dans la banlieue de Damas.

     

Syrie: cette soeur ne doit pas parler ...

Le cas de Soeur Agnès-Mariam, qui dénonce la couverture au niveau international du «génocide syrien»
Marco Tosatti
http://vaticaninsider.lastampa.it
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Ce que nous allons rapporter ici n'est qu'un épisode, mais il est révélateur du niveau de violence et de manipulation qui entoure, en Occident - Etats-Unis et Grande-Bretagne en particulier - ce qui se passe en Syrie.

En Syrie vit depuis vingt ans une soeur, Agnès-Mariam qui a donné naissance à un mouvement appelé Mussahala (Réconciliation), qui demande que la guerre s'arrête et que les différentes parties du conflit s'asseyent à la table de négociation. De Soeur Agnès-Mariam de la Croix, nous avons déjà parlé à plusieurs reprises dans le passé, parce que c'est grâce à elle qu'ont émergé des nouvelles cachées ou omises par la grande information, et qu'une voix a été donnée à ceux qui dans cette guerre sale, n'en ont pas: les gens ordinaires, les victimes habituelles des guerres.

Mais cette activité signifie que la lecture dominante de la guerre est mise en question. Si d'un côté il y avait Bachar al-Assad, représentant d'un régime répressif et dictatorial, de l'autre, il n'y avait pas les champions de la démocratie et des droits de l'homme brandis par la Grande-Bretagne et les États-Unis, mais une armée composée presque en majorité par des mercenaires islamiques financées par l'Arabie Saoudite (régime démocratique connu) et le Qatar, ainsi que par des "faucons" occidentaux. Et les «rebelles» se montraient sans aucune hésitation plus cruels de l'armée syrienne.
«En Syrie, tout le monde est en danger - a dit il y a deux mois, Soeur Agnès-Mariam de la Croix. Il y a eu le cas de chefs religieux musulmans enlevés et décapités. Ils ont été humiliés et torturés. Les ismaéliens (L'ismaélisme est un courant minoritaire de l'islam chiite), les druzes, les chrétiens, des gens de toutes les parties de la société syrienne sont tués en masse. Je veux dire que, si ces bouchers n'avaient pas le soutien international, personne n'aurait osé franchir la ligne. Mais aujourd'hui, malheureusement, la violation des droits de l'homme et le génocide en Syrie sont couverts au niveau international».

Après ces déclarations, plusieurs faits - tels que le massacre de Sadad, et d'autres, seulement maintenant admis publiquement par Human Rights Watch - ont confirmé ce qu'il y avait de vrai dans les paroles de la religieuse.
Tout cela va à l'encontre de la fanfare guerrière mise en place par certains gouvernements occidentaux, à laquelle l'information mainstream, anglo-saxonne, en particulier, s'est adaptée avec volupté, comme elle l'a fait au moment de la guerre en Irak.
Mais celle de Sœur Agnès-Mariam de la Croix est désormais une voix qui dérange. Parce que sinon, les gens pourraient commencer à se demander pourquoi leur propre pays appuie, arme et finance des gens qui bombardent, violent et massacrent des civils innocents sous la bannière de la «libération».

Alors, quand on a appris que la religieuse avait été invitée à prendre la parole lors de la conférence internationale «Stop the War» qui aura lieu à Londres le 30 Novembre, une campagne via Internet, qu'il serait un euphémisme de qualifier de diffamatoire, a été lancée contre elle. Elle a été définie comme «la religieuse préférée d'Assad», l'«apologiste d'Assad», etc.., pas par des fondamentalistes islamiques, mais par les faucons de la libérale Grande-Bretagne. Et dans le même temps, partaient les pressions sur les autres orateurs. Deux d'entre eux, Owen Jones et Jeremy Scahill a été bombardés de messages via Twitter, afin qu'ils refusent de s'asseoir à la même table que Soeur Agnès-Mariam. Tous deux écrivains et journalistes, ont cédé à la pression. La religieuse a répondu en se retirant de la conférence, avec une lettre pleine de dignité (http://stopwar.org.uk/mother_agnes.pdf ). Elle y écrivait: «Certaines personnes peuvent penser que si je parle à la conférence, il sera fait une injustice. D'autres peuvent penser qu'il y aura injustice si je n'y assiste pas. Mais dès lors que ma participation peut être utilisée par certains contre vos efforts pour la paix, la non-violence et la réconciliation, je pense qu'il vaut mieux que je renonce à ma participation».

Une lettre pleine de dignité, qui devrait remplir de honte les organisateurs de la campagne de diffamation, ceux qui s'y sont pliés, et ceux qui pensent que la liberté d'opinion est réelle et dans certains pays sur certaines questions.