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Sainte-Mère Russie (I)

Première partie d'un long article décapant sur la "guerre culturelle" qui oppose la Russie de Vladimir Poutine au 'Nouvel ordre mondial", reproduit sur le site ami <papale papale>: "Le coup vraiment révolutionnaire de Poutine a été de comprendre que la résurrection d'un peuple, avant même d'être économique, doit être morale et spirituelle" (9/10/2013)

Avertissement nécessaire

J'ai traduit ce long article qu'Antonio Mastino (en passant, grand admirateur de Benoît XVI) a reproduit sur son blog "Papale papale". Cela ne veut pas dire que j'en épouse toutes les idées .
L'auteur est Gianluca Marletta essayiste et co-auteur avec la journaliste Enrica Perucchietti, d'un livre intitulé : "Histoire et idéologie du Nouvel Ordre Mondial", sorti fin 2012 en Italie.
Tout ce qui touche au "Nouvel ordre mondial", même s'il ne relève pas forcément des fantasmes de complotistes, a un côté sulfureux. Et pourtant, se boucher les oreilles et se cacher les yeux ne suffit pas à éliminer les faits, sous les ... yeux de chacun.

Plus exactement, il suffit d'ouvrir les yeux et les oreilles pour comprendre que ce qui est dit ici est largement fondé: chaque jour, les medias audiovisuels et écrits nous abreuvent de critiques, de moqueries, d'insultes sur la Russie et Vladimir Poutine, au point que l'on pourrait se demander si l'on n'est pas en guerre contre ce pays (la guerre existe, en réalité, mais elle se joue sur le terrain culturel et médiatique).

Poutine (je ne cherche absolument pas à dire qu'il est irréprochable - mais ceux qu'on lui oppose comme modèles de démocrates le sont encore moins) est toujours l'homme le plus haï au monde, à un certain moment, il a partagé ce "privilège" avec Benoît XVI... aujourd'hui, il a d'autres "partenaires", l'un d'eux s'appelle Viktor Orban, et c'est pour les mêmes raisons.

Dernier épisode en date, pas plus tard que ce matin, les quolibets pleuvent sur l'organisation des JO d'hiver de 2014 à Sotchi, au bord de la Mer Noire (http://www.ouest-france.fr):

Le relais de la flamme dans les rues de Moscou débutera lundi avec quelque 12 000 policiers mobilisés pour assurer sa sécurité.
À cette occasion, l’ONG Amnesty International a annoncé le lancement d’une campagne mondiale pour dénoncer les violations des droits de l’homme en Russie.
« Des sympathisants d’Ottawa à Porto Rico en passant par Varsovie, Paris, Bruxelles et Moscou vont organiser des manifestations sur des places publiques et devant les ambassades de Russie pour attirer l’attention sur l’ampleur des violations des droits à la liberté d’expression, d’association et de rassemblement pacifique en Russie », a indiqué Amnesty dans un communiqué.
« La flamme olympique peut apporter un éclairage sur les violations des droits de l’homme que les autorités préféreraient cacher avec les célébrations », a-t-elle ajouté.
Les Jeux de Sotchi, du 7 au 23 février 2014, sont un événement auquel tient particulièrement Vladimir Poutine, l’homme fort du pays depuis 13 ans, qui a usé de toute son influence pour décrocher en 2007 l’organisation de cet événement planétaire dont il souhaite faire une vitrine pour la Russie.
Des sommes colossales ont été dépensées dans des constructions tous azimuts à Sotchi, station balnéaire de l’époque soviétique entre la mer Noire et les montagnes du Caucase, auparavant quasi vierge d’installations sportives.
Les Jeux de Sotchi sont ainsi devenus les plus chers de l’histoire (JO d’été compris) avec un coût de quelque 36 milliards d’euros pour les infrastructures olympiques ainsi que routières et autres aménagements.
La Russie a depuis été critiquée par nombre d’ONG lui reprochant d’avoir causé d’importants dégâts à l’environnement à travers toutes ces constructions, le traitement des travailleurs immigrés recrutés en masse sur les chantiers de Sotchi, ainsi que des soupçons de corruption.

Des défenseurs des droits de l’homme et de la cause homosexuelles ont même appelé au boycott des JO de Sotchi pour protester contre une récente loi russe interdisant la « propagande » homosexuelle devant mineurs, passible de prison, un texte à la formulation vague qu’ils jugent discriminatoire, critiqué dans de nombreux pays.

     
Première partie
De l'Empire du mal à l'Empire du Bien

Moscou, novembre 2011

Trois millions de personnes défiant des températures glaciales pour vénérer la Ceinture Sacrée Marie venue du Mont Athos

* * *

C'est la seule nation de tradition chrétienne qui peut interdire (pour cent ans!) les manifestations publiques du lobby homosexuel, «se fichant» royalement des accusations d'autoritarisme lancées par les «démocrates» sous toutes les latitudes; l'un des rares pays au monde où, selon tous les sondages et les statistiques, la religion est en croissance exponentielle et l'église nationale (orthodoxe) est de loin l'institution la plus populaire; un pays dévasté pendant des décennies par la dénatalité et la pratique de l'avortement facile et qui aujourd'hui, «récompense» chaque nouvelle naissance par une prime équivalente à 9.000 Euros; un pays qui a impitoyablement écrasé le terrorisme islamique local (celui tchétchène, de type salafiste, financé par l'Arabie saoudite), mais qui entretient des relations amicales avec une grande partie du monde islamique et est considéré, avec une sympathie évidente, par toutes les forces qui s'opposent, pour des raisons variées au «nouvel ordre mondial» conçu par les élites occidentales. Une nation qui, récemment, semble être entrée dans les bonnes grâces et l'espoir de beaucoup de catholiques (surtout laïcs) qui commencent à voir en elle presque une sorte de nouveau «bastion», ou un rempart de la chrétienté.

Cette nation, unique dans son genre par l'extension géographique et la complexité culturelle, est la Russie: l'immense Russie eurasiatique aux espaces sans fin et aux exotiques coupoles dorées, charnière historique entre l'Europe et l'Asie, mais aussi centre de gravité de l'un des «poumons» du christianisme, , celui de l'orthodoxie qui semble avoir conservé, avec ses forces et ses faiblesses, le goût de cette spiritualité archaïque qui semble désormais perdue ailleurs.

Et pourtant, cette Russie, qui semble aujourd'hui presque reprendre en main l'héritage de Byzance, s'érigeant comme un bouclier contre les dérives à la fois culturelles et militaires de l'Occident post-chrétien, est la même qui il y a quelques décennies à peine, était encore «l'Empire athée» par excellence et, plus récemment, sous le régime de l'alcoolique et pro-occidental Boris Eltsine, semblait vouée à la ruine irrémédiable et à la totale dissolution sociale et politique.

Ce qui s'est passé en Russie ces dernières années est donc un événement extraordinaire, une véritable «résurrection» qui, pour être compris, doit être jugé non pas avec nos catégories politiques, culturelles et morales occidentales, mais à partir de la Russie elle-même , de sa culture et de ses valeurs.

A suivre
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