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Succession du cardinal Meisner

A Cologne, les progressistes attaquent... Et l'on retrouve derrière deux vieilles connaissances (10/12/2013)

A noter: je traduis cet article trouvé juste après que j'ai mis en ligne la réflexion de Monique: Les idées de Hans Küng inspirent-elles François?

     

Guerre de succession pour le cardinal de Cologne, les progressistes attaquent
Matteo Matzuzzi
Il Foglio (via finesettimana.org)
10 Décembre 2013
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Le jour de Noël, il aura quatre-vingts ans et après une prolongation de cinq ans, le cardinal Joachim Meisner, archevêque de Cologne, s'apprête à quitter la direction du diocèse.
Le cardinal, un grand ami de Benoît XVI et très souvent écouté de lui - sauf quand il est allé à Castel Gandolfo pour demander la démission du secrétaire d'État Tarcisio Bertone - a des idées claires sur son successeur, mais préfère garder une stricte réserve. Après tout, dit-il, «l'Église n'est pas un califat, et je ne suis pas directement responsable du choix de mon successeur».
En réalité, Meisner ne veut pas s'exposer en un moment aussi délicat qu'un passage de témoin, surtout s'il vient après vingt-cinq années de gouvernement.

Certains, cependant, dans le grand diocèse allemand où vivent deux millions de catholiques, se sont chargés du travail.
Un groupe d'une bonne trentaine de prêtres et de diacres , en particulier - à qui s'est immédiatement joint l'inévitable Hans Kung -, a fait appel directement au pape François pour qu'il archive dès que possible la longue parenthèse conservatrice ( Meisner est à Cologne depuis 1988) et d'implique les laïcs dans le choix de son successeur, afin que, d'emblée «s'établisse une bonne relation entre les fidèles et leur évêque».
D'ailleurs, disent les signataires de la lettre, le pape de Rome lui-même, a clairement fait savoir qu'il n'était pas très éloigné de leurs requêtes. Il suffit de jeter un coup d'oeil attentif à l'Exhortation Apostolique Evangelii Gaudium.

«Nous voulons mettre en pratique, ici et maintenant, ce dont François parle à Rome»
, affirme un des porte-paroles du groupe. Et puis, selon les plus attentifs et les plus confiants dans une issue favorable, parmi les partisans de la proposition, il y a également le père Klaus Mertes, directeur du Collège de San Biagio dans le Bade-Wurtemberg et (surtout) membre fidèle de la Societas Iesu (1).
Afin que rien ne manque, une pétition en ligne a également été lancée.
L'idée à la bases de l'initiative, est que l'élection d'un évêque ne peut plus être une responsabilité qui incombe à quelques épaules. Bien au contraire : «Tout catholique doit s'en charger, parce qu'avoir un mot à dire dans le gouvernement de l'église et un droit et un devoir de tout baptisé». Seulement de cette façon, soutiennent les promoteurs convaincus de l'implication des laïcs dans le choix du successeur de Joachim Meisner, le message de l'Eglise pourra être vraiment crédible.

Le Père Mertes, S.J. approuve pleinement le projet et souligne que les obstacles sont très peu nombreux, étant donné qu' «aucun dogme n'est touché».
De plus, ajoute-t-il, au cours des dernières années «trop d'évêques ont été imposées d'en haut, sans avoir la confiance du peuple, ni du clergé local.
La référence, à peine voilée, est à ce qui s'est passé à l'occasion du choix de Meisner à Cologne, en 1988. Comme prévu par un ancien privilège, en effet, pour devenir évêques dans certains diocèses en Allemagne (c'est aussi le cas de Berlin et Münster, par exemple), il faut le vote favorable de la majorité absolue des membres du chapitre de la cathédrale. Meisner, le candidat de Jean -Paul II, et à l'époque évêque de Berlin, n'avait pas ces votes, et pour surmonter l'hostilité du clergé local, il fut nécessaire d'appliquer à Cologne les règles générales du droit canon. En substance, le pape a décidé, malgré que l'élu (du Pape) eût tenté jusqu'à la dernière minute de dissuader Karol Wojtyla d'aller à un affrontement périlleux.
Pour toute réponse, le ministre-président de Rhénanie du Nord - Westphalie parla d'ingérence romaine injustifiée, de «coup d'Etat» intolérable. Meisner, une fois officialisé sa nomination, commenta, sarcastique : « Vous ne me vouliez pas, et moi, je ne voulais pas venir, au moins, nous partons d'une base commune».

* * *

A propos de Klaus Mertes

(1) Décidément, le monde est petit...
Selon la reconstruction minutieuse de Francesco Colafemmina, nous trouvons Klaus Mertes à l'origine de l'explosion des révélation de cas de pédophilie en Allemagne, en janvier 2009:

Le Père Klaus Mertes, recteur de l'Eglise des carmélites, construite en réparation des victimes de l'holocauste et directeur du Collège Canisius de Berlin, tenu par les jésuites et fréquenté par la bourgeoisie berlinoise, envoie une lettre aux anciens élèves, et parle pour la première fois de présumés abus qui auraient eu lieu entre 1970 et 1980. La lettre fait partie de son opération "transparence", lancée en association avec une avocate, Ursula Raue. En moins d'un mois, le nombre des "cas" explose, passant de 30 à plus de 100. (http://benoit-et-moi.fr/2010-I/0455009cf20864101/0455009d4e0a27c01.html )

Dans un autre article, Franceso Colaffemmina dressait un portrait plus détaillé, très intéressant: http://benoit-et-moi.fr/2010-I/0455009cf20864101/0455009d450c92a0e.html Il reproduit en particulier des propos tenus dans le journal berlinois "libéral" Tagesspiel du 3/2/2010:

Q: Vous vous sentez soutenu par l'Eglise, dans votre travail de clarification?
R: Par la Curie de l'Archevêché de Berlin, oui.

Q: Mais par l'Eglise catholique dans son ensemble?
R: J'aimerais que l'on puisse parler de tout sans avoir peur. Même de sa propre sexualité. J'aimerais que l'Eglise se réconcilie avec la modernité et la liberté. Qu'elle soit ouverte à ce que Dieu veut pour l'Eglise d'aujourd'hui. Qu'elle soit ouverte à la réévaluation théologique de l'homosexualité et à l'ordination des femmes. Mais il faudrait s'engager sur le présent, et non pas réagir à tout par la défensive".