Benoît XVI et les Tziganes...
nous et les Roms. (26/9/2103)
"De votre part, recherchez toujours la justice, la légalité, la réconciliation et efforcez-vous de ne jamais être à cause de la souffrance des autres".
A quelques mois des municipales, le problème des Roms est devenu un enjeu politique en France, et les rodomontades de la "droite" et de la gauche (celle-ci étant divisée en "pro-Vals" et "pro-Duflot", un comble!) ne doivent pas impressionner: de la part de la gauche, elles ne sont pas motivées par la compassion pour les personnes mais par de basses considérations électorales.
D'ailleurs, de qui se moque-t-on? il est un peu simple de mettre sur le dos de quelques dizaines de milliers de personnes tous les problèmes de notre pays.
Je n'ai pas l'intention de m'insérer dans le débat, et je ne veux faire ni angélisme (ne cherchant pas à ignorer les graves problèmes posés) ni surenchère (même si j'aurais, disons, des raisons personnelles objectives pour le faire).
Je me souviens juste que le 11 juin 2011, Benoît XVI recevait dans la salle Paul VI 1500 "tziganes", venus en pélerinage à Rome à l’occasion du 150e anniversaire de la naissance d’un gitan martyr de la foi, Zéphirin (Ceferino) Giménez Malla, fusillé sommairement par les Républicains en 1936 en Espagne, au bord d’une fosse commune, pour avoir essayé de défendre un prêtre et refusé de renier publiquement sa foi.
Eh oui, l'histoire n'est pas en noir et blanc, ce qui en gêne plus d'un.
Pages spéciales ici: benoit-et-moi.fr/2011-II/
Comme d'habitude, les propos du Saint-Père avaient été ignorés par les médias.
J'avais traduit à l'époque son magnifique discours (benoit-et-moi.fr/2011-II): il ne laissait de côté aucun problème, ne cédait à aucune démagogie facile, et adressait à la communauté des "gens du voyage" un message paternel, allant jusqu'à leur parler dans leur langue.
Et il paraît que l'Eglise vient tout juste de découvrire la miséricorde....
Ah bon!!
Vénérés frères,
Chers frères et sœurs!
o Del si tumentsa! [Le Seigneur soit avec vous!]
C'est pour moi une grande joie de vous rencontrer et de vous souhaiter une cordiale bienvenue à l'occasion de votre pèlerinage sur la tombe de l'Apôtre Pierre. Je remercie Mgr Antonio Maria Veglio, président du Conseil pontifical pour la Pastorale des Migrants et Personnes en Déplacement, pour les paroles qu'il m'a adressées en votre nom et pour l'organisation de l'événement. J'étends l'expression de ma gratitude à la Fondation «Migrantes» de la Conférence épiscopale italienne, au diocèse de Rome et à la Communauté de Sant'Egidio, pour avoir collaboré à la réalisation de ce pèlerinage et pour ce qu'ils font chaque jour pour votre accueil et votre intégration. Un «merci» particulier à vous, qui avez offert votre témoignage, vraiment important.
Vous êtes venus à Rome de toute l'Europe pour manifester votre foi et votre amour pour le Christ, pour l'Église - qui est une maison pour vous tous - et pour le Pape.
Le Serviteur de Dieu Paul VI adressa aux Tsiganes en 1965, ces mots inoubliables: "Vous, dans l'Eglise , vous n'êtes pas en marge, mais à certains égards, vous êtes au centre, vous êtes au coeur. Vous êtes dans le cœur de l'Église..".
Moi aussi, aujourd'hui, avec affection, je le répète: vous êtes dans l'Eglise! Vous êtes une partie bien-aimée du peuple de Dieu en pèlerinage, et vous nous rappelez que "nous n'avons pas ici de cité permanente, mais que nous sommes à la recherche de celle à venir" (Hébreux 13:14). A vous aussi est parvenu le message du salut, auquel vous avez répondu avec foi et espérance, enrichissant ainsi la communauté ecclésiale de laïcs, prêtres, diacres et religieuses tziganes. Votre peuple a donné à l'Eglise le bienheureux Zefirino Giménez Malla, dont nous célébrons le 150e anniversaire de la naissance, et le 75e anniversaire du martyre.
L'amitié avec le Seigneur a fait de ce martyr un témoin authentique de la foi et de la charité. Par l'intensité avec laquelle il adorait Dieu et découvrait sa présence dans chaque personne et dans chaque évènement, le bienheureux Zefirino a aimé l'Eglise et ses pasteurs. Tertiaire franciscain, il est resté fidèle à son être tsigane, à l'histoire et à l'identité de sa propre ethnie. Marié dans la tradition tsiganes, avec sa femme il décida de valider le lien dans l'Eglise avec le sacrement du mariage. Sa foi religieuse profonde trouva son expression dans la participation quotidienne à la Messe et la récitation du Rosaire. Justement la couronne, qu'il gardait toujours dans sa poche, devint la cause de son arrestation et fit du Bienheureux Zefirino un authentique «martyr du Rosaire», qu'il ne se laissa pas ôter de la main, même face à la mort. Aujourd'hui, le bienheureux Zefirino vous invite à suivre son exemple et vous montre le chemin: le dévouement à la prière et en particulier au chapelet, l'amour de l'Eucharistie et des autres sacrements, l'observance des commandements, l'honnêteté, la charité et la générosité envers les autres, en particulier les pauvres; cela vous rendra forts, devant le risque que les sectes et autres groupes ne ne mettent en péril votre communion avec l'Église.
Votre histoire est complexe et, à certaines périodes, douloureuse. Vous êtes un peuple qui dans les siècles passés n'a pas vécu d'idéologies nationalistes, n'a pas aspiré à posséder une terre ou à dominer les autres. Vous êtes restés sans patrie et, idéalement, vous avez considéré l'ensemble du continent comme votre maison. Toutefois, de graves et préoccupants problèmes persistent, comme les relations souvent difficiles avec les sociétés dans lesquelles vous vivez.
Malheureusement, au fil des siècles, vous avez connu le goût amer du manque d'accueil, et parfois de la persécution, comme ce fut le cas durant la Seconde Guerre mondiale: des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants ont été sauvagement exterminés dans les camps de la mort. Ce fut - comme vous le dites - le Porrajmos, le "Grand dévorement", un drame encore peu reconnu et dont on mesure avec difficulté les proportions, mais que vos familles portent imprimé dans leur cœur. Lors de ma visite au camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau, le 28 mai 2006, j'ai prié pour les victimes de la persécution et je me suis incliné devant l'inscription en romani, qui se souvient de ceux des vôtres qui sont tombés. La conscience européenne ne peut pas oublier tant de douleur! Que plus jamais votre peuple ne soit victime de vexations, de rejet et de mépris! De votre part, recherchez toujours la justice, la légalité, la réconciliation et efforcez-vous de ne jamais être à cause de la souffrance des autres!
Aujourd'hui, grâce à Dieu, la situation évolue: de nouvelles perspectives s'ouvrent devant vous, tandis que vous acquérez une nouvelle prise de conscience. Au cours du temps, vous avez créé une culture aux expressions significatives, comme la musique et le chant, qui ont enrichi l'Europe. Beaucoup d'ethnies ne sont plus nomades, mais cherchent la stabilité avec les nouvelles attentes envers la vie. L'Eglise chemine avec vous et vous invite à vivre selon les exigences difficiles de l'Évangile, confiants dans la force du Christ, pour un avenir meilleur. L'Europe elle aussi, qui réduit les frontières et considère comme une richesse la diversité des peuples et des cultures, vous offre de nouvelles possibilités. Je vous invite, chers amis, à écrire ensemble une nouvelle page de l'histoire, pour votre peuple et pour l'Europe! La recherche d'un logement et d'un emploi décent et l'éducation de vos enfants sont les bases sur lesquelles construire l'intégration dont vous tirerez bénéfice, vous, et la société toute entière. Donnez, vous aussi, votre collaboration active et sincère, afin que vos familles s'insèrent dignement dans le tissu social de l'Europe! Parmi vous, nombreux sont les enfants et les jeunes qui désirent s'instruire et vivre avec les autres et comme les autres. Je les regarde avec une affection particulière, estimant que vos enfants ont droit à une vie meilleure. Que leur bien soit votre plus grande aspiration! Préservez la dignité et la valeur de vos familles, petites Églises domestiques, parce qu'elles sont de véritables écoles d'humanité (cf. Gaudium et spes, §52). Que les institutions, pour leur part, s'emploient à accompagner ce chemin de façon adéquate.
Enfin, vous aussi vous êtes appelés à participer activement à la mission évangélisatrice de l'Eglise, promouvant l'activité pastorale dans votre communauté. La présence parmi vous des prêtres, diacres, personnes consacrées, qui appartiennent à votre groupe ethnique, est un don de Dieu et un signe positif du dialogue des Églises locales avec votre peuple, qui doit être soutenu et développé. Faites confiance, et écoutez ces frères et sœurs, et avec eux, offrez l'annonce cohérente et joyeuse de l'amour de Dieu pour le peuple tsigane, comme pour tous les peuples! L'Eglise désire que tous les hommes se reconnaissent enfants d'un même Père et membres de la même famille humaine. Nous sommes à la veille de la Pentecôte, quand le Seigneur répandit son Esprit sur les Apôtres, qui commencèrent à annoncerl'Evangile dans les langues de tous les peuples. Que le Saint-Esprit déverse ses dons en abondance sur vous tous, vos familles et vos communautés éparses à travers le monde et fasse de vous des témoins généreux du Christ ressuscité. Que Marie Très Sainte, si chère à votre peuple et que vous invoquez comme "Amari Devleskeridej», «Notre Mère de Dieu", vous accompagne sur les routes du monde et que le Bienheureux Zefirino vous soutienne par son intercession.
Naisìv tumenge savorenge katar o ilò kaj avilèn katè ande o kher le Petrosko te sikavèn tumarò pacamòs aj tumarò kamimòs pe e khangherì taj vi pe o Papa. O Blago Zefirino si tumende iek sicarimòs katar ek trajo traimè e Kristòske taj vi pe e khangerì, ke dikàve o sicarimòs aj o kamimòs pe sa le manušà. O Papa si pašè po svako iek anda tumende, taj isarèl tumen ande pesko rugimòs. O Del del tumèn blàgosto, tumarè ženè, tumarè familje, aj tumarò trajo ke avela maj anglè. O Del del tumén sastimós te baxht acén e Devlesa.
[Un grand merci à vous tous, venus au Siège de Pierre pour manifester votre foi et votre amour pour l'Eglise et pour le Pape.
Puisse le Bienheureux Zefirino être pour vous tous un exemple de vie vécue pour le Christ et pour l'Eglise,dans l'observation des commandements et dans l'amour du prochain. Le Pape est proche de chacun de vous tous et vous rappelle dans ses prières. Que le Seigneur vous bénisse, votre communauté, vos familles et votre futur. Que le Seigneur vous donne la santé et la chance. Restez avec Dieu!]