Bernard Gavoty et Ratzinger
Une trouvaille de mon amie Anne... Quand un célèbre journaliste et critique musical trouve confirmation de sa foi dans un livre du futur Pape (21/11/2013)
Anne m'écrit:
En me replongeant pendant les vacances dans la bibliothèque familiale, j’ai relu « L’arme à gauche » de Bernard Gavoty (1908-1981) , paru en 1971.
Dans ce petit livre, Bernard Gavoty, qui fut longtemps critique musical au Figaro, évoque avec humour et dans un style journalistique ses journées de vive souffrance lors de son hospitalisation à Necker et comment, au plus fort de sa douleur, il a éprouvé la « certitude foudroyante de la présence du Christ à ses côtés ».
Et, à ma grande surprise et joie, ce livre s’achève sur deux pages extraites « d’un ouvrage de Raytzinger (sic), théologien germanique – Foi chrétienne d’hier et d’aujourd’hui – » (1)
Je ne sais comment ce livre dont la traduction française venait de paraître l’année précédente, est venu dans les mains de Bernard Gavoty, mais c’est ce livre qui lui a fourni les réponses à ses questions, à lui qui n’était pas un théologien, mais un musicien et un journaliste. Cela me confirme dans mon idée que ceux qui trouvent les ouvrages de Ratzinger incompréhensibles sont ceux qui ne les ont pas lus.
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Je vous remercie infiniment de nous donner toutes les informations que vous dénichez sur la vie actuelle du pape émérite. Cela fait du bien de ne pas être complètement coupé de celui que nous avons suivi avec amour pendant huit années.
Note
(1) De fil en aiguille
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A ce propos, au lendemain de l'élection, le site ESM reproduisait une conférence donnée par le philosophe québécois Nestor Turcotte (son blog ici) à l’École de formation et de perfectionnement en pastorale de l’Archidiocèse de Rimouski (Québec) le 11 mai 2005, sous le titre "Benoît XVI : sa conception de la foi chrétienne"
Je me permets d'en reproduire l'ontroduction (les soulignements typographiques sont du site ESM).
La suite est à lire (absolument) ici: eucharistiemisericor.free.fr/index.php?page=news_spiritualite_3010051_turcotte
Introduction
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L’élection de Benoît XVI a permis à quelques professeurs d’université qui enseignent dans certaines facultés de théologie du Québec ou d’ailleurs, de sortir du placard les formules faciles et polarisantes de «conservateur-progressiste», de «droite-gauche», d’ultra-conservateur et de… etc. Dans la perspective religieuse, ces expressions n’ont aucun sens. Ces mots lancés sur tous les réseaux de télévision proviennent d’une réalité bien différente de celle qui préoccupe la grande Tradition ecclésiale. Ils sont liés à des idéologies politiques. L’Église, selon les mots de Pascal, «est d’un ordre qui dépasse, en profondeur et en hauteur, tous les autres». En termes modernes, l’Église catholique, de rite romain, n’est pas une multinationale. Elle est une réalité mystique, surnaturelle et n’a aucun rapport avec une organisation «purement» humaine.
Pour le nouveau Pape, dont je connais une bonne partie de l’œuvre théologique – il a écrit plus d’une trentaine d’ouvrages – la vérité est un élément fondamental de la vie de l’homme, sinon le principal élément. Veiller, selon lui, à ce que la foi ne soit pas corrompue devrait être considéré – du moins par les croyants – comme plus estimable que de s’occuper de la santé du corps. La vérité, dit Ratzinger, est tout partie intégrante de l’homme. Penser, fait la grandeur de l’homme, affirme Pascal. Aimer l’homme, c’est l’introduire dans la vérité. Et en christianisme, la Vérité est portée par le Visage trinitaire de Dieu, réalisant son Amour de l’humanité, par l’envoi de son Fils Jésus-Christ, mort et ressuscité pour tous.
En 1985, le cardinal Joseph Ratzinger écrivait ceci : « Des slogans faciles circulent. Selon l’un deux, ce qui compte aujourd’hui, c’est seulement l’orthopraxie, c’est-à-dire le juste comportement, l’amour du prochain. Le souci de l’orthodoxie, autrement dit de «croire de façon juste», au vrai sens de l’Écriture lue selon la Tradition vivante de l’Église, serait au contraire secondaire, voire aliénant. Slogan facile, parce que superficiel.
Et le nouveau pape de continuer : «Dans un monde où, au fond, le scepticisme a contaminé de nombreux croyants, on tient pour scandaleuse la conviction de l’Église qu’il y a une Vérité avec une majuscule, et que cette Vérité peut être connue, exprimée et, dans une certaine mesure, définie d’une façon précise. Sont également scandalisés des catholiques qui ont perdu de vue l’essence de l’Église. Celle-ci n’est pas une organisation seulement humaine, elle doit veiller sur quelque chose dont elle n’est que la dépositaire. Elle doit en garantir l’annonce et la transmission au moyen d’un Magistère qui le présente d’une façon adéquate aux hommes de tous les temps.»
Pour Benoît XVI, le sens authentiquement catholique de la réalité «Église» disparaît silencieusement, sans être expressément rejeté. Beaucoup ne croient plus qu’il s’agisse d’une réalité voulue par le Seigneur Lui-même. Et même chez certains théologiens, l’Église apparaît comme une construction humaine, un instrument créé par nous, que nous pouvons par conséquent réorganiser nous-mêmes librement selon les exigences du moment.
L’Église est certes composée d’hommes et de femmes qui en forment le visage extérieur; mais derrière cela, les structures fondamentales sont voulues de Dieu Lui-même, et sont donc intouchables. Derrière la façade humaine se trouve le mystère d’une réalité surhumaine sur laquelle réformateur, sociologue et organisateur n’ont aucune autorité pour intervenir. Si, par contre, l’Église est perçue comme une construction humaine, comme une œuvre à nous, même les contenus de la foi finissent par devenir arbitraires : car la foi n’a plus d’instrument authentique garanti à travers lequel elle puisse s’exprimer. Ainsi, sans une vision qui soit surnaturelle et pas seulement sociologique du mystère de l’Église, la christologie elle-même perd sa référence au Divin : à une structure purement humaine finit par correspondre un projet humain. L’Évangile devient le projet-Jésus, le projet libération-sociale, ou tels autres projets qui ne sont qu’historiques et immanents, qui peuvent sembler encore religieux mais sont en fait athées dans leur substance.
Il faut donc se rappeler, selon Benoît XVI, que depuis les tout premiers temps du christianisme apparaît un «noyau» permanent et irréductible de la formation de la foi. L’enseignement de l’Église s’est toujours organisé autour de quatre éléments fondamentaux : le Credo, le Notre Père (Pater noster), le Décalogue (les Dix commandements) et les Sacrements . Le Sermon sur la montagne résume et couronne le tout. Telle est la base de la vie du chrétien, telle est la synthèse de l’enseignement de l’Église fondé sur l’Écriture et la Tradition. Le catholique y trouve ce qu’il doit croire (le Symbole des Apôtres ou le Credo ), espérer (le Notre Père), faire (les Dix commandements), et l’espace vital dans lequel tout cela doit s’accomplir (les Sacrements). Chaque fois qu’un baptisé essaie de vivre ces données fondamentales de la foi, il est l’Église et il vit en Église. La quantité n’a donc rien à voir avec cette réalité mystique. Un seul baptisé en Jésus-Christ, mort et ressuscité pour tous, fait Église. C’est pourquoi, l’Église, assistée par l’Esprit saint, ne peut pas mourir. Personne ne sait où est l’Église et comment elle se vit au quotidien. Elle est le levain dans la pâte.
L’Église n’est ni conservatrice ni libérale. L’Église n’est ni droite ni de gauche. L’Église, (chaque baptisé) est servante de son Seigneur. En cela, elle est missionnaire. Elle proclame, en paroles et en gestes, le Salut apporté en Jésus à tous hommes de la terre.
Il faudrait plus qu’une heure pour saisir une partie de la pensée du nouveau pape sur ces questions fondamentales. Voyons de plus près quelques points majeurs de sa pensée.
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