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Des clés pour sortir de la crise sacerdotale

Joseph Ratzinger les indique depuis 50 ans, ses réflexions sont regroupées dans le vol XII de l’opera omnia sous le titre "Annonciateurs de la parole et serviteurs de votre joie ». Propos de Mgr Müller devant le clergé romain. Un article d’Andrea Gagliarducci (18/12/2013).

     

Le préfet Müller: "La crise du sacerdoce est la crise de notre époque".
Andrea Gagliarducci
www.korazym.org
9 décembre 2013
(ma traduction)
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Il l'avait dit au Pape François quand ce dernier était venu manger chez lui, dans son appartement de la Piazza della Città Leonina, qui fut celui de Joseph Ratzinger. Entre une soupe et un plat bavarois typique de viandes de porc et de veau, Gehrard Ludwig Müller, actuel préfet de la CDF et éditeur de l'Opera Omnia de Joseph Ratzinger, avait dit que dans ce recueil d'écrits sur le sacerdoce de Joseph Ratzinger venant d'être publié, il y avait la réponse à la crise de notre époque. "Sainteté, nous devons le faire connaître, surtout aux séminaristes et au clergé" avait dit Müller.
Et le premier de ces rendez-vous a été à Saint Jean de Latran, la cathédrale du Pape, le matin du 7 décembre.

Devant les prêtres et les séminaristes, le cardinal Vallini, vicaire du Pape pour le diocèse de Rome à ses côtés, Müller a mis en lumière la continuité entre les pontificats de Benoît XVI et de François. Le sacerdoce vécu avec Joie et Charité pour le premier. Le sacerdoce à vivre comme pasteurs et non pas fonctionnaires, comme médiateurs et non pas intermédiaires pour le second.

Le livre dont parle Müller est le volume XII de l'Opera Omnia de Benoît XVI, "Annonciateurs de la parole et serviteurs de votre joie", qui embrasse une cinquantaine d'années d'interventions sur le thème du sacerdoce. "Benoît XVI - explique le préfet Müller - indique la route qui fait sortir de cette crise dans laquelle était tombé un sacerdoce privé de position, et de motivations théologiques et sociologiques adéquates".

Au fond, la crise du sacerdoce est un peu le miroir de la crise du monde. Comment la surmonter?
Pour Müller - qui en avait déjà parlé en présentant ce même volume à Gela, le 19 novembre - il n'y a qu'une solution: tenir le regard fixé sur la résurrection de Jésus. Parce que, dit-il, avec la Résurrection, "tout accomplit le saut qualitatif. Le fondement pour surmonter chaque crise est créé. Cette crise par laquelle tous l'avaient abandonné, dans l'heure dramatique où Jésus a été livré aux pécheurs".

A Gela, Müller avait ajouté: "Si le Christ, au moyen de la Résurrection, a surmonté la plus grande crise qui ait jamais existé dans la foi, la crise de la mission et de la Potestà (autorité paternelle) apostolique, et donc aussi du sacerdoce, alors c'est précisément en regardant Jésus que l'on peut dépasser toutes les crises historiques de l'Eglise, et surtout du sacerdoce".
Müller avait reparcouru toutes les étapes théologiques de cette crise sacerdotale. Il en identifie les causes dans le fait que le sacerdoce est de plus en plus considéré comme une fonction, plus qu'une mission. Il explique que "à la critique formulée par la réforme protestante du sacerdoce sacramentel, s'est ajoutée l'idée d'autonomie du sujet", et à cela s'est jointe aussi une école exégétique spécifique, qui a conduit à observer Jésus "surtout du point de vue sociologique". Ce sont tous des thèmes qui font perdre de vue la nature même du sacerdoce, et la nature même de l'Eglise. Au fond, c'est pour cela que Benoît XVI a voulu écrire la vie de Jésus à partir de la vérité historique des évangiles. Parce que si nous perdons de vue le lien entre histoire et révélation, nous ne comprenons pas notre foijusqu'au fond.

Müller tient à souligner: "L'Eglise est fondée divinement, et il est important de le souligner aujourd'hui. Elle est fondement divin, don divin, pour nous tous".

Müller explique que "les écrits de Joseph Ratzinger commencent peu avant le Concile Vatican II, et le dépassent, affrontant d'emblée la crise du sacerdoce qui est arrivée chronologiquement après le Concile. Et d'emblée, "Ratzinger avait perçu avec une vive sensibilité le début de la crise du sacerdoce, et fait une réflexion à partir des pères de l'Eglise. Mais "diacres, prêtres, évêques, ont toujours eu un lien particulier avec les apôtres, qui les instituent avec les mains, la prière, et la consécration. Au nom du Pasteur suprême, ils sont les pasteurs qui (le) représentent, et à travers qui, Lui-même est présent".

Le préfet affirme: "Jésus, aujourd'hui comme à chaque époque, invite à paître son troupeau. Il souligne sa vocation sacerdotale, dans la vocation au sacerdoce commun. C'est ce regard qui nous pousse avec confiance et espérance" au-delà de la crise.