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Mgr Adoukonou parle de son maître

Mgr Barthélemy Adoukonou, secrétaire du Conseil pontifical de la culture, vient d'organiser à Cotonou, au Bénin, un Symposium consacré à la théologie de Joseph Ratzinger. Morceaux choisis (28/9/2013)

Jeannine (cf. La lettre de Jeannine du 27 septembre ) vient tout juste d'attirer mon attention sur le Symposium international pour théologiens africains qui a eu lieu du 16 au 21 septembre 2013, à Cotonou, au Bénin.

Zenit a consacré (à ma connaissance) trois articles au sujet: une interviewe en deux parties de Mgr Barthélemy Adoukonou, secrétaire du Conseil pontifical de la culture et organisateur de la rencontre (à lire ici) et son homélie lors de la messe d'ouverture (à lire ici: Zenit [I], et Zenit [II] )

Mgr Adoukonou a été élève du Pr Ratzinger au temps où celui-ci enseignait à Ratisbonne, et nous l'avons croisé à plusieurs reprises dans ces pages, y compris à travers des anecdotes (ici) que l'on peut relire avec plaisir. Et tout récemment, Monique avait traduit un passage d'un ouvrage consacré au Professeur Ratzinger publié en Espagne (benoit-et-moi.fr/2013-II/benoit/le-professeur-ratzinger-ii).

Dans l'interviewwe de Zenit, à la question "quels souvenirs gardez-vous de cette époque", il répond:

Lorsque j’étais séminariste à l’université Urbanienne, j’étais un lecteur assidu de Ratzinger et de Rahner et, dans l’éventualité d’une thèse de théologie, j’aurais aimé la présenter avec l’un d’eux.
Six ans plus tard, quand je me suis rendu en Allemagne, Rahner était déjà professeur émérite et j’ai écrit à Ratzinger, qui m’a aussitôt accueilli.
Je suis allé le voir, j’ai suivi ses cours et les salles étaient toujours pleines. C’était un maître très brillant, tellement brillant qu’en l’écoutant tout le monde se sentait intelligent. Quand on lisait sa thèse de doctorat en théologie, écrite à l’âge de 24 ans, on se demandait comment il était possible de connaître tant de choses et avec une telle précision. En même temps, il était très humble. Nous percevions qu’il se mettait en retrait pour présenter Quelqu’un d’autre, c’était vraiment un théologien au service de la Révélation de Dieu en Jésus de Nazareth. Lorsque les rencontres de doctorants étaient organisées, il invitait toujours un enseignant qui n’appartenait pas à son école. C’était un théologien très ouvert, humble, brillant, qui mettait la foi au centre, ce à quoi la théologie doit s’appliquer.

Interrogé sur "à qui s'adresse le Symposium", il explique:

Notre intention était de rencontrer non seulement les universitaires, les séminaires majeurs, les facultés de théologie et les différents instituts, mais aussi des personnes de culture normale, toutes celles qui ont envie de faire une rencontre avec le Christ, qui vivent l’Année de la foi, dans le cadre des célébrations du cinquantième anniversaire du concile Vatican II.
Cette rencontre était non seulement pour les savants mais aussi pour les pasteurs et pour tous ceux qui cherchent le Christ aujourd’hui. Il s’est agi en quelque sorte d’une méditation interculturelle sur le message et la figure de Jésus de Nazareth. Et je crois que Ratzinger – théologien européen qui a su opérer l’inculturation de la foi dans la culture moderne, tandis qu’en Europe on enregistre un divorce entre culture et foi – nous fournit un exemple pour réaliser l’inculturation, ce qui est le but des Églises non européennes, afin de véhiculer le message et la personne de Jésus dans leur culture.
Ratzinger a accompli pendant cinquante ans un immense travail : c’est un bien commun pour nous tous, une théologie aussi féconde pour la vie spirituelle. Ratzinger sera de plus en plus aimé chez nous. Un théologien, un pape… Pour moi, c’est un saint !

Un peu plus loin, on lui demande si Benoît XVI a été informé du symposium.

Oui, je suis allé le voir, il le sait, il est très heureux.
Il en avait été informé par le président du « Schülerkreis », le Père Stephan Horn, et il a voulu me rencontrer. Je lui ai présenté le projet.
Au Bénin et dans toute l’Afrique, il est très connu, ayant offert à l’épiscopat du continent l’exhortation apostolique Africae munus, et puis son fameux discours au palais présidentiel du Bénin, qui a tant fait réfléchir sur la politique.

Le Bénin est aussi la patrie de son ami, le cardinal Gantin. Il est très aimé. Il a parlé de l’Église d’Afrique comme d’un poumon de l’humanité. Nous nous sentons très honorés de cette prophétie qu’il a faite sur l’Afrique comme l’espérance pour l’Église. Nous serons très heureux d’accueillir son message, d’une très grande clarté et beauté, surtout pour former nos formateurs. Aujourd’hui, nous manquons de formateurs qui habitent en Dieu. Ratzinger habite en Dieu : il ne parle pas théoriquement, il vit ce qu’il dit. Ratzinger est unique. Et on ne peut pas lire cette encyclique sans voir le lien avec les encycliques du pontificat.

Enfin, encore une question sur l'héritage de Benoît XVI

Cinq minutes après l’annonce de sa renonciation au pontificat, je suis entré dans une joie incroyable, parce que j’ai pensé que, alors que tout le monde cherche le pouvoir, lui, il l’a laissé pour se cacher en Dieu dans la prière, pour faire grandir l’Église. Il est devenu ainsi une autorité. Une semaine plus tard, une amie, philosophe, m’a écrit que c’était ce qui s’appelle la « sainteté de l’intelligence ». Ce geste m’a semblé être sa dernière leçon magistrale mais aussi magistérielle. Comme le dit saint Thomas, l’élan de la foi se termine en Dieu. Pour moi, c’est une leçon théologique suprême, de très haut niveau.

C’est un vrai savant, il a une intelligence qui est entièrement consacrée à Dieu, qui veut connaître Dieu et aider le monde à le connaître, à savoir qu’il est aimé de Dieu.

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A lire en entier sur le site de Zenit.