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Une rencontre avec Joseph Ratzinger

Denis Crouan, rédacteur du site pro Liturgia, a eu plusieurs occasions de rencontre avec le préfet de la CDF (7/10/2013)

Il y a dans son site un onglet "Hommage à Benoît XVI" .
Plus de sept mois après la "dissimulation au monde", le récit qui suit appartient désormais à l'histoire. Le reste est à lire sur Proliturgia.

     

J’avais l’occasion de passer quelques jours dans la capitale italienne et en préparant un peu mon séjour, j’étais tombé sur un article de journal où l’on disait que tous les matins, vers 8 heures, on pouvait voir le Cardinal Ratzinger traverser la place Saint-Pierre pour se rendre à son bureau de l’ex-Saint-Office.
Je décidai donc d’être un matin, à 8 heures, place Saint-Pierre.
A cette heure-ci, il n’y a devant la basilique que des pigeons et quelques vendeurs de cartes postales qui montent leurs stands avant que les touristes n’arrivent… J’attends non loin de l’ « arc des cloches » quand tout à coup, je vois arriver, du côté opposé où je suis, le Cardinal.
Le Cardinal ? Pas exactement. Je vois plutôt un prêtre qui aurait pu être un simple curé de paroisse rurale du fond de l’Italie. Le Cardinal avance de son pas si particulier donnant l’impression qu’il a peur de blesser le sol ; il est en soutane noire, porte un béret et tient d’une main une vieille serviette passablement ramollie par les années, tandis que dans l’autre main il a son chapelet…
En le voyant, je me dis que Joseph Ratzinger, avant d’être Cardinal, est surtout prêtre. « Prêtre », le plus beau titre que l’Eglise puisse donner à un homme au service de Dieu !
Je m’approche de lui d’un pas assuré et je remarque qu’il ralentit en me voyant, qu’il me regarde même avec une certaine inquiétude. Me prend-il pour un terroriste ? Je me présente et dès qu’il entend mon nom, il me dit : « Ah, vous êtes à Rome ? Pour combien de temps ? » Et tout de suite il me demande des nouvelles d’amis strasbourgeois que nous avons en commun.
Je resterai longtemps sidéré par la mémoire de cet homme et par sa bonté lorsqu’il écoute ce qu’on lui dit.
Il me propose de faire quelques pas avec lui en direction de l’aula Paul VI où, dit-il, il doit assister à une rencontre à laquelle sera le pape Jean-Paul II. Tout en marchant, je lui remets une grande enveloppe contenant un dossier préparé par des séminaristes qui souhaitent l’informer des grandes difficultés qu’ils rencontrent au long de leur chemin vers la prêtrise. Le cardinal me remercie et me dit : « Avant la rencontre avec le Saint Père, j’ai un peu de temps pour lire votre dossier ; mais je dois vous avouer qu’ici nous savons bien quelle est la situation de l’Eglise en France… ».
Me voici rassuré : on est bien informé au Vatican. J’aurai la joie d’annoncer ça aux séminaristes qui m’avaient «chargé de mission».

Ce jour-là, je découvre l’immense simplicité et la grande sensibilité du Cardinal. Et j’imagine tout de suite combien il doit souffrir lorsqu’il entend qu’on le traite de « Panzerkardinal ». Si pendant la guerre l’ennemi avait eu de tels « Panzer », il n’y aurait eu aucun mort…
Joseph Ratzinger est tout ce qu’on voudra sauf un homme dur et intransigeant. Il est un amoureux inconditionnel de l’Eglise ; et un catholique qui aime à ce point l’Eglise ne peut être qu’un homme à la bonté sans limites.