Accueil

Ferrara et Gnocchi: hommage à Mario Palmaro

Une conférence organisée par la Fondation Lépante ( présidée par le Professeur de Mattei). Et ceux qui tentent de discréditer le combat de Mario Palmaro (29/3/2014, mise à jour le 30)

     

Le site Aleteia a mis en ligne un entretien avec Riccardo Cascioli, le directeur de La Bussola, pour contrer le dernier livre posthume de Mario Palmaro, co-écrit avec Alessandro Gnocchi et Giuliano Ferrara.
Motif: Le livre "confond le pape des médias et l’homme qu’il est en vérité" (qui sait l'homme qu'est le pape en vérité, sinon Dieu???).
Apparemment, et une fois de plus, "il faut sauver le soldat François".
L'article est sans doute dicté par la loyauté dûe au Pape, quel qu'il soit, ce qui est un motif respectable en soi. Mais j'ai des réserves sur les arguments qu'utilise Riccardo Cascioli - dont j'ai traduit beaucoup d'articles, et que je continue d'apprécier - pour discréditer cette fois ceux qui ne partagent pas ses idées.

L'argument massue censé clouer le bec à tous ceux qui s'interrogent sur le cours du Pontificat est trop connu: ils sont "les victimes d'un jeu médiatique" (dommage que ce jeu médiatique ait été peu dénoncé sous Benoît XVI, même si je dois à la vérité de reconnaître que Riccardo Cascioli est inattaquable sur ce point).
Et pourquoi pas: des imbéciles, ne disposant pas du bagage intellectuel suffisant pour percer à jour les médias. Air connu.
C'est un peu gros, et cela commence à devenir intenable, les gestes de François étant sous les yeux de chacun (par exemple, encore avant-hier, sa "confession" publique, très publicisée), en particulier son ouverture à ces mêmes médias.

Dans le même ordre d'idée, l'autre argument, que je trouve spécieux, c'est qu'à la place de l'encyclique (laquelle? celle écrite "à quatre mains", en réalité en grande partie par Benoît XVI?) les très rares "détracteurs" ont lu l'interviewe à Scalfari. Sous-entendu: ils sont superficiels, peu curieux.
Ne soyons pas naïfs: qui lit les encycliques?
François ne peut l'ignorer, et c'est lui-même qui a décidé de choisir le filtre des médias pour s'adresse à l'"opinion", avec les risques d'ambiguïté que cela comporte.
L'entretien avec Scalfari a connu un écho planétaire, mais SURTOUT (et Cascioli omet de le rappeler) elle a eu les honneurs de LA PREMIÈRE PAGE DE L'OSSERVATORE ROMANO, et (trop longtemps) DU SITE DU VATICAN dont elle a été effacée sans doute quand "on" a réalisé qu'elle était "non conforme".
Par ailleurs François a accordé ses préférences à la presse la plus laïque, de la Repubblica au Corriere della sera... pas à Il Foglio, qui a eu le courage d'héberger Gnocchi et feu Mario Palmaro... mais pas non plus à la Busssola de Cascioli, qui mène pourtant tambour battant la bonne bataille pour la vie, et qui apprécierait sans doute d'être encouragé!

J'ai traduit au fur et à mesure (et sans savoir qu'ils deviendraient un livre) quelques-uns des textes qui ont été rassemblés dans le livre "Ce pape plaît trop", ainsi que des articles connexes: Hommage à Mario Palmaro .
On ne peut donc pas dire que je parle de ce que je ne connais pas.
Je continuerai, si l'occasion se présente, à faire écho à Mario Palmaro, parce que je pense que c'est un devoir.
Dernier épisode ici:

     

Ferrara et Gnocchi: hommage à Mario Palmaro

http://www.corrispondenzaromana.it/ferrara-e-gnocchi-alla-fondazione-lepanto/
----
Au lieu d'une minute de silence laïque, une prière partagée et émue, récitée pour Mario Palmaro par plus de 200 participants, a ouvert la conférence parrainée par la Fondation Lépante mardi à Rome pour présenter Questo Papa piace troppo, le livre, le dernier, écrit à six mains par Palmaro avec Alessandro Gnocchi et Giuliano Ferrara, présents à l'événement.

« Mario Palmaro n'est pas seulement présent dans le souvenir - a dit le professeur Roberto de Mattei en introduisant la soirée, - mais aussi par l'exemple et le modèle de chrétien intègre et libre qu'il nous a laissé».

Passionnée et passionnante, l'intervention du directeur de Il Foglio, Giuliano Ferrara, qui dès le début a eu le courage et a accepté le défi d'accueillir sans filtre, sans peurs infondées et sans censure les articles de Gnocchi et Palmaro sur son journal , ouvrant ses pages à un débat théologique et culturel intéressant.
« L'Eglise avait besoin d'un nouveau ciment - a-t-il dit à un public nombreux et attentif - après la pastorale abordable et vigoureuse de Jean-Paul II et après le dialogue fort initié avec le monde par Joseph Ratzinger, d'abord comme cardinal, puis comme pape Benoît XVI».

Mais le nouveau Pontife, François, devenu prêtre après Vatican II, latino-américain avec des racines européennes, correspond-il à ce ciment? Le fait que tout d'un coup, les violentes critiques vomies par le monde sur l'Eglise flagellée par l'accusation de pédophilie, aient disparu devant le «jésuite qui dit 'buona sera'», a suscité chez Ferrara la perception que «les forces qui veulent démocratiser et séculariser l'Eglise y ont réussi». Le «pathétisme et le sentimentalisme mimétique versé dans l'abîme du pardon, négligeant les rigueurs de la justice...» ont-ils suffi, «un style et une attitude pastorale différente» ont-elles suffi pour «opérer la reconquête» du monde sécularisé?

«L'Eglise catholique sort affaiblie par la fracture, par l'abîme entre ce qu'elle enseigne et la pratique des croyants. Jouant la carte de la collégialité confuse, on passera de nouvelles formes d'expérience pastorale à une nouvelle expérience doctrinale, et cela représente un échec structurel, le triomphe du relativisme. Je suis amoureux de l'Eglise qui contredit le monde et qui se laisse aussi contredire par le monde, apportant la Vérité et la Tradition. Une rupture doctrinale sur la famille, par exemple, serait une tragédie aux conséquences incalculables».

Alessandro Gnocchi a quant à lui proposé un souvenir sincère, ému, de son «ami fraternel» et collègue Mario Palmaro: « Mario et moi, nous parlions tous les jours du fait que nous n'étions pas face à une césure entre la tradition et le progrès, mais entre l'Eglise et le monde», une Eglise lentement, progressivement dépouillée de ses connotations ou de ses aspects les plus spécifiques, autrement dit ceux sacramentels, liturgiques et dogmatiques. Depuis ce «buona sera» du Pape François, on a atteint une popularité médiatique qui en a fait un leader à la place du Souverain Pontife».
Ce à quoi nous faisons face aujourd'hui, c'est une «distorsion de ce qu'est la structure de l'Eglise» et cela «avec la complicité des médias».

«Ce qui nous a fait peur, à moi et à Mario, c'était de voir que tous ceux à qui ce nouveau pontificat plaisait tant, c'étaient les mêmes que nous avons toujours combattus».

Mais Mario Palmaro continue aujourd'hui son combat à un autre niveau, de plus haut, après avoir accueilli avec «pleine soumission» la volonté divine. L'observer à travers la loupe du mal qui progressait, de la souffrance qui avançait inexorablement, mais aussi de la sérénité avec laquelle il attendait l'étreinte avec le Père, «a été pour moi une source de grâce», a rappelé Gnocchi, ému et émouvant avec les mots et avec un regard qui disait clairement la profonde fraternité chrétienne vécue avec son ami et collègue.

Le Prof. de Mattei, après un large débat, a conclu en proposant une comparaison: «Si nous pensons au style de la Compagnie de Jésus, une armée formidable dirigée comme par un général par Saint Ignace de Loyola et capable d'arrêter la Réforme protestante rampante, et le comparons avec certains choix tels que le show chantant de Sœur Cristina à la télévision, nous comprenons comment certains mots et certains mouvements n'expriment pas une Eglise capable de conquérir le monde, mais un monde capable de séculariser l'Eglise». Perspective à laquelle il est urgent d'opposer, au contraire, un projet de reconquête culturelle et spirituelle de l'homme et de la société .
(Mauro Faverzani)