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Gotti Tedeschi est innocent

... et le Pape François doit faire un geste public, dit un blogueur espagnol, traduit par Carlota. Pour l'instant, un étrange silence entoure les décisions de justice en sa faveur (3/4/2014)

Le silence [(*)], au moins en France, qui entoure le dernier développement de l'affaire Gotti Tedeschi (à comparer avec la clameur médiatique qui avait entouré son éviction de l'IOR) me semble presque plus significatif que les faits eux-mêmes: c'est quasiment un aveu!
Monique me fait remarquer:
«Dans l'émission d'ARTE du 18 mars 2014 "Vatican: le grand chambardement", Ettore Gotti Tedeschi était présenté comme un coupable. C'était une façon d'atteindre Benoît XVI. C'est terrible d'être ainsi calomnié».

Carlota a traduit un billet d'un blogueur espagnol, qui reprend plus ou moins les éléments résumés par Riccardo Cascioli, dont j'ai traduit le commentaire hier (L'honneur de Gotti Tedeschi). Et surtout qui réclame "un acte public" du Pape François, pour réhabiliter le banquier outragé.

     

Un petit texte d’un blogueur espagnol Jorge Soley (déjà traduit pour <benoit et moi> notamment ici, mais qui écrit aussi et notamment sur le très intéressant site « fundacionburke » du nom d’Edmund Burke ?) qui rend justice à Ettore Gotti Tedeschi et rêve d’un geste public du Pape François, envers ce serviteur de l’État du Vatican.
Texte original: http://www.religionenlibertad.com/articulo.asp?idarticulo=347934
(Carlota)

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Ettore Gotti Tedeschi, l’ex-président de l’IOR, est innocent
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Tout ce qui a à voir avec l’IOR communément connu comme Banque du Vatican éveille une grande attention.
Il y a deux ans, en mai 2012, celui qui était alors le président de cette institution, Ettore Gotti Tedeschi, se voyait soudainement renvoyé de son poste avec des accusations de pratiques inadéquates de la part du Conseil de Surveillance, c'est-à-dire l’organe des laïcs que veille au bon fonctionnement de l’IOR. Ces accusations étaient surprenantes car Gotti Tedeschi, qui disposait de la confiance de Benoît XVI, s’était engagé à entreprendre des réformes qui doteraient d’une plus grande transparence l’Institut. Cependant le Secrétariat d’État du Vatican lui-même avait émis un très dur communiqué sur Gotti Tedeschi, sans précédents dans l’histoire de la diplomatie vaticane.
L’affaire est arrivée aux tribunaux civils italiens et maintenant, presque deux ans après, nous avons la sentence: acquittement et archivage de la plainte contre Ettore Gotti Tedeschi, en même temps que sont appelés à déposer les anciens directeur et sous-directeur de l’IOR, Paolo Cipriani et Massimo Tulli (qui se sont vus forcés à démissionner en juillet 2013).
Par conséquent, Gotti Tedeschi est innocent de ce dont il était accusé, alors qu’il semble avoir des indices que des personnes de grand poids à l’IOR, non seulement ont boycotté les réformes introduites par Gotti Tedeschi sur ordre de Benoît XVI mais pourraient même avoir agir en marge de la loi.
Nous savons que le Pape a un intérêt tout particulier à mettre de l’ordre à l’IOR (le cardinal Maradiaga déclarait que le Pape François l’avait chargé de ce que l’IOR ne soit plus jamais source de problèmes pour l’Église, ce qui est impossible à assurer avec une certitude absolu à moins d’éliminer l’institution), que des démarches ont été faites dans ce sens, bien qu’il reste encore du travail pour ce faire (la démission, il y a deux mois, du cardinal Attilio Nicora, grand protecteur de Gotti Tedeschi, de la présidence de l’Autorité d’Information Financière (AIF) constituée en 2010 par Benoît XVI pour prévenir tout type d’activité illégale monétaire au Vatican, est significative). Maintenant avec la sentence d’acquittement de Gotti Tedeschi se posent de nouveaux problèmes : Quelle responsabilité avaient d’autres personnes en charge de l’IOR ? Quelle responsabilité a un conseil qui a attaqué injustement celui qui essayait de réformer l’IOR et a ainsi protégé ceux qui agissaient d’une façon discutable ?
Mais au delà des mesures que devront être prises au sein de l’IOR, le devoir qu’a l’Église de dédommager moralement Ettore Gotti Tedeschi, injustement calomnié et dont la réputation a été fortement endommagée tant par le Conseil de Surveillance de l’IOR que par la Secrétairerie d’État semble une nécessité. On parle souvent beaucoup mais ensuite nous sommes incapables de mettre en pratique ce que nous affirmons. C’est une occasion magnifique pour que, au minimum, Gotti Tedeschi reçoive un appel de soutien de la part du Pape François, ou mieux encore une rencontre entre le banquier et le Pape, où d’une manière publique et visible, le Pape montre qu’Ettore Gotti Tedeschi n’a jamais agi d’une façon blâmable. Ce serait un beau geste et Gotti Tedeschi, après le calvaire qu’il a passé pendant ces deux ans, le mérite.

Commentaire (Carlota)

Je n’ai pas les compétences pour comprendre ces affaires de banque, et ne sais rien des coulisses du pouvoir et de la façon de gouverner d’un Souverain Pontife, mais je serais vraiment heureuse, comme l’auteur de ce texte, d’un geste du Pape François au profit de M. Gotti Tedeschi, un geste qui me toucherait bien plus que d’autres dont les médias parlent à profusion.
Par ailleurs, on peut penser combien la fin du Pontificat de Jean-Paul II a pu être propice - sans parler de malhonnêtetés voulues - aux arrangements, et à force d’arrangements, on en arrive à des irrégularités. Combien donc a du être considérable la tâche de Benoît XVI qui devait gérer les scandales de mauvais clercs en Irlande, aux Etats-Unis, etc., s’occuper de l’IOR, redonner confiance aux catholiques de sensibilité traditionnelle, bousculer depuis un demi siècle par le progressisme ecclésial, et tant d’autres choses encore, et tout cela sous l’opprobre de tous…

     

Note et mise au point

(*) Contrairement à ce j'affirmais hier (mea culpa, donc!), Andrea Tornielli a publié le 28 mars sur Vatican Insider un long article, intitulé "Gotti Tedeschi contre-attaque" (vaticaninsider.lastampa.it/news/dettaglio-articolo/articolo/ior-gotti-tedeschi). Le choix du titre est en soi significatif, puisqu'il met en relief non pas la calomnie dont Ettore Gotti Tedeschi a été victime, mais la contre-attaque, c'est-à-dire une attitude de vengeance éminemment peu chrétienne.
Il écrit:
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Après deux années de silence...Gotti Tedeschi passe à la contre-attaque, et annonce des acctions légales. Il a attendu en vain une réhabilitation, préannoncée début 2013 (cf plus bas) par les plus proches collaborateurs de Benoît XVI, mais ensuite jamais advenue.

Il cite également les propos de Mgr Gänswein dans une récente interviewe à Il Messagero (benoit-et-moi.fr/2013-III/benoit/une-interviewe-de-mgr-gaenswein)

- Est-il vrai que le pape Ratzinger a été maintenu dans l'ignorance de l'expulsion de Gotti Tedeschi de l'IOR ?
« Je me souviens bien de ce moment. C'était le 24 mai. Ce jour-là il y avait eu aussi l'arrestation de notre majordome, Paolo Gabriele. Contrairement à ce que l'on pense, et il n'y a aucun lien entre les deux événements, tout au plus une coïncidence malheureuse, et même diabolique. Benoît XVI , qui avait appelé Gotti à l'IOR afin de poursuivre la politique de transparence, a été surpris, très surpris par l'acte de défiance envers le professeur. Le pape l'estimait et l'aimait, mais par respect pour les compétences de ceux qui avaient la responsabilité, il a choisi de ne pas intervenir à ce moment.
Par la suite, pour des raisons d'opportunité, le Pape, même s'il n'a jamais reçu Gotti Tedeschi, a maintenu le contact avec lui d'une manière appropriée et discrète».

Tornielli avait consacré un commentaire à cette interviewe, le 22 octobre 2013 (vaticaninsider.lastampa.it/vaticano/dettaglio-articolo/articolo/ganswein-ior).
Il notait à l'époque :
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Il est probable que c'est Mgr Gänswein qui a été le contact approprié en question. Selon certaines indiscrétions, peu avant la renonciation de Benoît XVI, une sorte de "réhabilitation" du banquier licencié avait été décidée, mais elle ne s'est pas vérifiée par la suite.