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La révolution culturelle du cardinal Kasper (II)

Dans cette seconde partie, Roberto de Mattei réfute minutieusement les arguments fallacieux du théologien Kasper, invoquant les Pères de l'Eglise pour justifier les évolutions (2/3/2014)

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La révolution culturelle du cardinal Kasper (I)

Le Prof. Di Mattei cite scrupuleusement ses sources, je n'ai pas reproduit ici les références, que les spécialistes trouveront dans l'article original: www.corrispondenzaromana.it/cio-che-dio-ha-unito/

On relira également cet article traduit par Carlota, du Père Antonio Grappone, du Conseil pontifical pour les laïcs, démontant les arguments spécieux de ceux qui veulent modifier la doctrine de l'Eglise en s'appuyant sur de prétendues pratiques de l'Eglise primitive: Des divorcés-remariés dans l'Église primitive? .

Faut-il le rappeler: le Prof. De Mattei n'est pas un intégriste, mais, comme il se définit lui-même, un catholique intransigeant.
Il est juste qu'il ait aussi la parole, au moment où le débat rique d'être confisqué par les catholiques tolérants.
En prévision des débats qui s'annoncent, il sera bon de garder ses arguments à l'esprit.

     

(Roberto de Mattei sur "Il Foglio" du 01/03/2014, traduction Benoit-et-moi)
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Tout aussi fausse est la thèse d'une double position, latine et orientale, face au divorce dans les premiers siècles de l'Église.
C'est seulement après Justinien que l'Église d'Orient a commencé à céder au césaropapisme, s'adaptant aux lois byzantine qui tolèrent le divorce, tandis que l'Église de Rome affirmait la vérité et l'indépendance de sa doctrine devant le pouvoir civil.
En ce qui concerne Saint Basile, nous invitons le cardinal Kasper à lire ses lettres, et à y trouver un seul passage qui autorise explicitement le second mariage. Sa pensée est résumée par ce qu'il a écrit dans 'Ethica': «Il n'est pas permis à un homme de renvoyer sa femme et d'en épouser une autre. Il n'est pas permis à un homme d'épouser une femme qui a été répudiée par son mari».
On peut dire la même chose de l'autre auteur cité par le Cardinal, Saint Grégoire de Nazianze, qui écrit explicitement: «le divorce est absolument contraire à nos lois, bien que les lois des Romains en jugent autrement».

La «pratique pénitentielle canonique» que le cardinal Kasper propose comme un moyen de sortir du «dilemme», avait dans les premiers siècles un sens exactement contraire à celui qu'il semble vouloir lui attribuer. Elle n'était pas accomplie pour expier le premier mariage, mais pour réparer le péché du second, et exigeait évidemment le repentir de ce péché. Le XIe Concile de Carthage (407), par exemple, a publié un canon ainsi conçu: «Nous décrétons que, selon la discipline évangélique et apostolique, la loi ne permet pas à un homme divorcé de sa femme, ni à la femme divorcée de son mari, de passer à d'autres noces. Mais que ces personnes doivent rester seules, ou se réconcilier mutuellement; et que s'ils violent cette loi, ils doivent faire pénitence».

La position du cardinal devient ici paradoxale. Au lieu de se repentir de la situation de péché dans lequel il se trouve, le chrétien remarié devrait se repentir de son premier mariage, ou tout au moins de son échec, dont peut-être il est tout à fait innocent.
En outre, une fois admise la légitimité de la cohabitation postmatrimoniale, on ne voit pas pourquoi la cohabitation prématrimoniale ne devrait pas être autorisée, si elle est stable et sincère. On voit ici tomber les «absolus moraux», que l'encyclique de Jean-Paul II 'Veritatis Splendor' avait si fortement soulignés.
Mais le cardinal Kasper poursuit tranquillement son raisonnement:
«Si un divorcé remarié -1. Se repent de son échec dans le premier mariage, 2. S'il a clarifié les obligations du premier mariage, s'il est définitivement exclu qu'il retourne en arrière, 3. S'il ne peut renoncer, sans faute supplémentaire, à ses engagements dans le nouveau mariage civil, 4. Si, toutefois, il s'efforce de vivre au mieux de sa capacité le second mariage à partir de la foi, et d'éduquer ses enfants dans la foi, 5. S'il a le désir des sacrements comme source de force dans sa situation, pouvons-nous ou devons-nous lui nier, après un temps de réorientation (metanoia), le sacrement de la pénitence et ensuite de la communion?».

A ces questions, le cardinal Müller, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a déjà répondu (cf. La force de la grâce , "L'Osservatore Romano" 23 Octobre 2013), en rappelant Familiaris consortio, qui au n.84 fournit des indications précises de nature pastorale compatible avec l'enseignement dogmatique de l'Église sur le mariage: «Avec le Synode, j'exhorte chaleureusement les pasteurs et la communauté des fidèles dans son ensemble à aider les divorcés remariés. Avec une grande charité, tous feront en sorte qu'ils ne se sentent pas séparés de l'Eglise, car ils peuvent et même ils doivent, comme baptisés, participer à sa vie. On les invitera à écouter la Parole de Dieu, à assister au Sacrifice de la messe, à persévérer dans la prière, à apporter leur contribution aux oeuvres de charité et aux initiatives de la communauté en faveur de la justice, à élever leurs enfants dans la foi chrétienne, à cultiver l'esprit de pénitence et à en accomplir les actes, afin d'implorer, jour après jour, la grâce de Dieu. Que l'Eglise prie pour eux, qu'elle les encourage et se montre à leur égard une mère miséricordieuse, et qu'ainsi elle les maintienne dans la foi et l'espérance! L'Eglise, cependant, réaffirme sa discipline, fondée sur l'Ecriture Sainte, selon laquelle elle ne peut admettre à la communion eucharistique les divorcés remariés. Ils se sont rendus eux-mêmes incapables d'y être admis car leur état et leur condition de vie est en contradiction objective avec la communion d'amour entre le Christ et l'Eglise, telle qu'elle s'exprime et est rendue présente dans l'Eucharistie» (http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/apost_exhortations/documents/hf_jp-ii_exh_19811122_familiaris-consortio_fr.html )


La position de l'Église est sans équivoque.
La communion aux divorcés remariés est refusée parce que le mariage est indissoluble et aucune des raisons invoquées par le cardinal Kasper ne permet la célébration d'un nouveau mariage ou la bénédiction d'une union pseudo-matrimoniale. L'Eglise ne l'a pas permis à Henry VIII, perdant le royaume d'Angleterre, et ne le permettra jamais, comme l'a souligné Pie XII aux curés de Rome le 16 Mars 1946: «Le mariage entre baptisés validement contracté et consommé ne peut être dissous par aucun pouvoir sur la terre, même pas par l'Autorité ecclésiastique suprême».
C'est-à-dire même pas le Pape, et encore moins le cardinal Kasper.

http://www.corrispondenzaromana.it/cio-che-dio-ha-unito/