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Le miracle attendu de Pie XII

A propos de la réponse faite par le Pape François aux questions de journalistes dans le vol retour de Terre-Sainte, sur la béatification de Pie XII (29/5/2014)

Voir à ce sujet: Benoît XVI et Pie XII

>>> Image ci-contre issue du site de "Maître-chat Lully" qui consacre un passionnant article au 75e anniversaire de l'élection de Pie XII, avec une video-archive inédite: leblogdumesnil.unblog.fr.

     

Parmi les questions auxquelles le pape a dû répondre dans l'avion qui le ramenait de Tel-Aviv, il y en avait une concernant la béatification de Pie XII:

Vous avez rencontré aujourd’hui même un groupe de survivants de l’holocauste. Vous savez bien qu’une figure suscite encore un peu de perplexité pour son rôle durant l’holocauste, celle de votre prédécesseur Pie XII. Avant votre pontificat, vous avez écrit et dit que vous estimiez Pie XII mais que vous vouliez voir les archives ouvertes avant de parvenir à une conclusion définitive (ndt: on sait que c'est une demande récurrente des juifs...). Nous voudrions savoir - également parce que vous avez récemment canonisé deux papes et que d’ici peu vous en béatifierez un autre - si vous aviez l’intention de faire avancer la cause de Pie XII ou d’attendre quelque autre événement dans la procédure avant de prendre une décision ?

Nul ne peut ignorer, le Pape moins que quiconque, surtout en revenant de Terre-Sainte, le caractère éminemment politique que revêtirait la décision d'une béatification, et les polémiques qu'elle ne manquerait pas de susciter (Benoît XVI n'a pas craint de les affronter).
Il a habilement évacué le problème en évoquant la nécessité d'un miracle, comme condition sine qua non à l'avancement de la cause: du point de vue du droit de l'Eglise, il n'y a rien à redire, et même la comparaison avec la canonisation de Jean XXIII (que j'avais faite) ne tient pas, comme le prouve(rait) le texte ci-dessous.
On peut seulement regretter que le Pape n'ait pas défendu avec plus de vigueur son prédécesseur, cible une fois de plus d'attaques injustes.

Voici deux articles que le souci de la vérité me porte à verser au "dossier".

     

1. L'avis d'un prêtre théologien

[d'un très bon site italien de sensibilité traditionaliste]

Je ne comprends pas le tollé (ndt: y a-t-il eu un tollé?) pour les paroles du Pape au sujet de la cause de béatification de Pie XII.
Il a dit qu'il fallait un miracle!
Où serait le scandale?
Ce serait grave, au contraire, si le pape béatifiait en se dispensant du miracle.
Seule la confirmation d'un culte, prouvé de façon continue depuis des siècles, peut permettre une sorte de béatification équipollente.
En fait, ce qui a toujours été présent parmi le peuple de Dieu comme exercice de la vertu et puissance de l'intercession est ici confirmé.
Dans les causes instruites pour l'héroïcité des vertus, l'Église requiert un miracle.
Et la comparaison avec la canonisation du pape Jean XXIII, qui a été béatifié après la reconnaissance du miracle, n'est pas valable.
Le béatifié n'est pas dans une sorte de limbes, mais jouit de la vision de Dieu et peut intercéder.
La distinction est seulement liée au culte que l'Eglise lui rend.
Le pape peut dispenser du miracle pour la canonisation, comme l'ont fait aussi Pie XII, Jean XXIII, Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI.
Un pape qui dispenserait du miracle pour la béatification prétendrait à un pouvoir qu'il n'a pas.
Une autre chose est la reconnaissance éventuelle du martyre, pour lequel il n'y a pas besoin d'un miracle »

     

2. Un article de Tornielli datant de 2010

[Rappelons qu'Andrea Tornielli est l'auteur d'une biographie entièrement en défense de Pie XII publiée en 2007 « Pie XII, Eugenio Pacelli. Un homme sur le trône de Pierre »]

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Révélation: Jean-Paul II a délégué Pie XII pour faire un miracle
Une jeune maman souffrait d'une tumeur. Wojtyla est apparu en songe à son mari et lui a dit de s'adresser au Pape Pacelli

Andrea Tornielli
Il Giornale
19/01/2010
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Il y a un miracle présumé attribué à l'intercession de Pie XII qui pourrait conduire dans un délai relativement bref à sa béatification. Un miracle qui verrait en quelque sorte mystérieusement impliqué Jean-Paul II, dont le décret sur les vertus héroïques a été promulgué par Benoît XVI le même jour que celui du pape Pacelli: la guérison d'une jeune mère d'un lymphome malin.

Le conditionnel est de rigueur, dans ces circonstances, mais l'affaire est attentivement examinée par la postulation de la cause et par le diocèse de Sorrento-Castellammare di Stabia, où cela s'est passé. La nouvelle a été rendue publique par le journal en ligne «Petrus» sans détails, mais avec la confirmation importante du vicaire du diocèse. Il Giornale a pu reconstituer toute l'affaire, qui sera étudiée dans les prochains mois.

Nous sommes en 2005, peu de temps après la mort du pape Wojtyla. Un jeune couple qui avait déjà deux enfants, en attend un troisième. Pour la mère, 31 ans, enseignante, la grossesse se présente comme un calvaire: il y a de fortes douleurs et les médecins ne peuvent pas comprendre d'abord la source de ses ennuis. Finalement, après de nombreuses analyses et une biopsie, on lui diagnostique un lymphome de Burkitt, tumeur maligne du tissu lymphatique plutôt agressive, qui se produit fréquemment dans l'os de la mâchoire et se propage ensuite aux viscères de l'abdomen et du bassin, et au système nerveux central. L'attente de la nouvelle vie qu'elle porte en son sein se transforme en un drame.
Le mari de cette femme commence à prier le Pape Jean-Paul II, récemment disparu, pour lui demander d'intercéder pour sa famille.
Une nuit, l'homme voit en rêve Jean-Paul II. «Son visage était grave. Il a dit "Je ne peux rien faire, vous devez prier cet autre prêtre ...". Il me montra l'image d'un prêtre maigre, grand. Je ne le reconnus pas, je ne savais pas qui il était».
L'homme resta troublé par le rêve, mais ne put identifier le prêtre que lui avait montré Wojtyla. Quelques jours plus tard, ouvrant par hasard un magazine, voici qu'une photo du jeune Eugenio Pacelli attire son attention.

C'est lui qu'il avait vu dans le portrait de son rêve.

Une chaîne de prière commence pour demander l'intercession de Pie XII. Et la femme guérit après le premier traitement. Le résultat est considéré comme si important que les médecins suggèrent une possible erreur de diagnostic initial. Mais les examens et les dossiers médicaux confirment l'exactitude des résultats de la première analyse. La tumeur a disparu, la femme va bien, elle a eu son troisième enfant, elle est retournée à son travail à l'école. Elle laisse passer un peu de temps, puis elle s'adresse au Vatican pour signaler le cas.

Le vicaire général du diocèse de Sorrento-Castellammare di Stabia, don Carmine Giudici, confirme: «C'est tout à fait vrai - déclare-t-il à Petrus - le Saint-Siège nous a informé qu'il avait été contacté par un fidèle de notre diocèse qui prétend avoir reçu un miracle par l'intercession du pape Pie XII. L'archevêque Felice Cece a décidé de créer le Tribunal diocésain approprié».
Il reviendra à ce tribunal d'examiner lle cas en vue de formuler une première réponse. Si elle est positive, les documents seront transmis à Rome, à la Congrégation pour les Causes des Saints: là ils devront être étudiés d'abord par la commission médicale, appelée à se prononcer sur le caractère inexplicable de la guérison. Si les médecins qui travaillent avec le Saint-Siège diesent également oui, le cas de la maman guérie sera d'abord discutée par les théologiens de la Congrégation, puis les cardinaux et les évêques. Seulement après avoir passé ces trois procédures, le dossier sur le miracle présumé arrivera sur la table de Benoît XVI, qui décidera de la reconnaissance finale. Alors et seulement alors, le Pape Pacelli pourra être béatifié.

La mise en place d'un Tribunal diocésain et l'arrivée éventuelle de la documentation au ministère qui étudie les processus de béatification et de canonisation ne signifient pas une reconnaissance, mais seulement que le cas est jugé intéressant et digne d'attention. Il est donc prématuré d'envisager tous les développements, plus encore imaginer dates.
Ce qui frappe dans l'histoire de la famille de Castellammare di Stabia, c'est le rôle joué dans l'affaire par le pape Wojtyla, qui, dans un rêve aurait suggéré au mari de la femme la prière un «prêtre maigre» qui s'est révélé plus tard être Pacelli.
Comme si Jean-Paul II avait voulu aider en quelque sorte la cause de son prédécesseur.
La nouvelle du miracle présumé est arrivé au Vatican quelques jours avant que Benoît XVI ne promulgue le décret sur les vertus héroïques de Jean-Paul II et ne débloque à la surprise générale celui de Pie XII, resté en attente depuis deux ans à la suite d'une enquête plus approfondie dans les archives du Vatican.

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Depuis lors, nous ne savons pas ce qu'il est advenu de cette histoire...