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Benoît XVI et Pie XII

Une homélie et un discours pour rendre hommage au grand Pape calomnié (27/5/2014)

>>> Ci-contre:
Une image historique du Pape Pie XII accouru pour réconforter la population dans le quartier romain de San Lorenzo, après le bombardement anglo-américain du 19 juillet 1943, qui causa plus de 1600 morts (1)

     

L'agence i.media a mis en libre accès l'intégralité de l'interviewe du Pape François dans l'avion de retour de Terre Sainte.
Voici sa transcription de l'échange concernant Pie XII, dont j'ai déjà parlé ici: Interviewe dans l'avion

Q: Vous avez rencontré aujourd’hui même un groupe de survivants de l’holocauste. Vous savez bien qu’une figure suscite encore un peu de perplexité pour son rôle durant l’holocauste, celle de votre prédécesseur Pie XII. Avant votre pontificat, vous avez écrit et dit que vous estimiez Pie XII mais que vous vouliez voir les archives ouvertes avant de parvenir à une conclusion définitive. Nous voudrions savoir - également parce que vous avez récemment canonisé deux papes et que d’ici peu vous en béatifierez un autre - si vous aviez l’intention de faire avancer la cause de Pie XII ou d’attendre quelque autre événement dans la procédure avant de prendre une décision ?

R: La cause de Pie XII est ouverte et je me suis informé, il n’y a encore aucun miracle. Tant qu’il n’y a pas de miracle, elle ne peut pas avancer, non ? Elle est à l’arrêt. Nous devons attendre la réalité, (de voir) comment avance réellement cette cause et penser ensuite à prendre une décision. Mais la vérité c’est qu’il n’y a aucun miracle et il en faut au moins un pour la béatification. C’est ainsi qu’est la cause de béatification de Pie XII. Et je ne peux pas penser ‘je le béatifierai’, car le procès est lent.

Certes, le principe de la conversation à bâtons rompus ne se prête pas aux longs développements, mais il est permis de regretter que le Pape n'ait pas glissé un mot pour défendre son prédécesseur des accusations infâmantes qui pèsent sur lui, réitérées en sa présence sous forme d'insinuations (sans compter que la canonisation de Jean XXIII, du propre fait du Pape, n'a pas suivi toutes les règles établies, comme le rappelle ici Sandro Magister, ne craignant pas de parler de "Pape roi").
C'est Benoît XVI qui, avec un grand courage, et sous les cris d'orfraie des habituels détracteurs, avait signé le décret reconnaissant simultanément les vertus héroïques de Pie XII et de Jean Paul II le 19 décembre 2009, prenant tout le monde par surprise (2).

Mes lecteurs pourront relire ci-dessous, le discours que le Saint-Père a prononcé le 18 septembre 2008 devant les participants au symposium de la fondation "PAVE THE WAY" qu'il avait reçu en audience à Castelgandolfo, d'autre part l'homélie lors de la messe du 9 octobre de la même année à l'occasion du 50ème anniversaire de la mort de Pie XII .
Ils ne laissent aucun doute sur les sentiments personnels du saint-Père

Discours devant la Fondation "Pave the way"

Cher M. Krupp,
Mesdames et Messieurs,

C'est pour moi un véritable plaisir de vous rencontrer au terme de l'important symposium organisé par la Pave The Way Foundation. Je sais que de nombreux et éminents chercheurs ont participé à cette réflexion sur les nombreux travaux de mon bien-aimé prédécesseur - le serviteur de Dieu Pie xii, réalisés durant la période difficile qui entoure la Seconde Guerre mondiale. Je souhaite ma plus cordiale bienvenue à chacun d'entre vous, notamment à M. Gary Krupp, président de la Fondation, que je remercie des paroles aimables qu'il a exprimées en votre nom. Je lui suis aussi reconnaissant pour les informations qu'il m'a données sur la manière dont se sont déroulés les travaux au cours du symposium. Vous avez analysé sans préjugés les événements de l'histoire, préoccupés uniquement de chercher la vérité. J'étends mon salut à ceux qui sont se unis à vous pour cette visite, ainsi qu'aux membres de votre famille et aux personnes qui vous sont chères.

Au cours de vos travaux, vous avez porté votre attention sur la figure et l'action pastorale et humanitaire inlassable de Pie XII, Pastor Angelicus.
Un demi siècle s'est écoulé depuis sa pieuse mort, advenue ici à Castel Gandolfo aux premières heures du 9 octobre 1958, après une maladie qui diminua progressivement ses forces physiques. Cet anniversaire nous offre une occasion importante pour approfondir notre connaissance de Pie XII, pour méditer son riche enseignement et pour analyser en profondeur tous ses travaux.
On a beaucoup écrit sur lui ces cinq dernières décennies et les vrais aspects de son action pastorale multiforme n'ont pas toujours été exposés sous une juste lumière.
Le but de votre symposium est justement de combler ces lacunes, en effectuant une analyse attentive et documentée de beaucoup de ses interventions, notamment celles en faveur des juifs qui étaient durement touchés partout en Europe, dans ces années-là, suivant le plan criminel de ceux qui voulaient les éliminer de la surface de la Terre. Quand on s'approche sans préjugés idéologiques de la noble figure de ce Pape, en plus d'être frappé par son éminente personnalité humaine et spirituelle, on demeure conquis par l'exemplarité de sa vie et la richesse extraordinaire de son enseignement. On apprécie sa sagesse humaine et la tension pastorale qui l'ont guidé au cours de son long ministère, notamment dans l'organisation d'aides pour le peuple juif.

Grâce au matériel documentaire que vous avez recueilli, enrichi par de nombreux témoignages faisant autorité, votre symposium offre à l'opinion publique l'occasion de mieux connaître ce que Pie XII a accompli pour les juifs persécutés par les régimes nazis et fascistes. On comprend alors que, là où c'était possible, il ne s'épargna aucun effort pour intervenir en leur faveur, soit directement soit au travers d'instructions données à d'autres personnes ou à des institutions de l'Eglise catholique. Vous avez également mis à jour dans vos travaux les nombreuses interventions qu'il avait effectuées de manière secrète et silencieuse justement parce que, en tenant compte des situations concrètes de ce moment historique complexe, c'était le seul moyen possible d'éviter le pire et de sauver le plus grand nombre de juifs possibles.

Son dévouement courageux et paternel fut reconnu, pendant et après le terrible conflit mondial, par des communautés juives et des personnes qui exprimèrent leur gratitude pour ce que le Pape avait fait pour eux. Il suffit de rappeler la rencontre que Pie XII eut, le 29 novembre 1945, avec les 80 délégués des camps de concentration allemands qui, au cours d'une audience spéciale qui leur était accordée au Vatican, voulurent le remercier personnellement pour sa générosité envers eux durant la terrible période de la persécution nazie et fasciste.

Mesdames et Messieurs, je vous remercie de votre visite et pour les recherches que vous avez entreprises. Je remercie également la Pave the Way Foundation pour l'action constante qu'elle effectue en faveur des relations et du dialogue entre les différentes religions, en tant que témoins de paix, de charité et de réconciliation. Je souhaite vivement que cette année, qui marque le 50 anniversaire de la mort de mon vénéré Prédécesseur, nous offre l'occasion de promouvoir des études plus approfondies sur différents aspects de sa vie et de son action, pour arriver ensemble à connaître la vérité historique, en dépassant tous les préjugés restants. J'invoque sur vous et sur les travaux de votre symposium la bénédiction du Seigneur.

© Copyright 2008 - Libreria Editrice Vaticana

Messe à l'occasion du 50e anniversaire de la mort de Pie XII

Messieurs les cardinaux,
Vénérés frères dans l'épiscopat et le sacerdoce,
Chers frères et sœurs,

Le passage du livre du Siracide et le prologue de la Première Lettre de saint Pierre, proclamés comme première et deuxième lecture, nous offrent de significatives occasions de réflexion dans le cadre de cette célébration eucharistique, au cours de laquelle nous faisons mémoire de mon vénéré prédécesseur, le serviteur de Dieu Pie XII. Cinquante ans exactement se sont écoulés depuis sa mort, survenue aux premières heures du 9 octobre 1958. Le Siracide, comme nous l'avons entendu, a rappelé à ceux qui veulent suivre le Seigneur qu'ils doivent se préparer à affronter des épreuves, des difficultés et des souffrances. Pour ne pas succomber à ces dernières - exhorte-t-il - il faut un cœur qui soit droit et constant, une fidélité à Dieu et une patience qui soient unies à une inflexible détermination à avancer sur le chemin du bien. La souffrance affine le cœur du disciple du Seigneur, comme l'or est purifié dans la fournaise. "Tout ce qui t'advient, accepte-le et, dans les vicissitudes de ta pauvre condition, montre-toi patient, car l'or est éprouvé dans le feu, et les élus dans la fournaise de l'humiliation." (2, 4-5).

Saint Pierre, de son côté, dans le récit qui a été proposé, en s'adressant aux chrétiens des communautés d'Asie mineure qui étaient "affligés par diverses épreuves", va encore plus loin: malgré tout, leur demande-t-il, "Vous en tressaillez de joie" (1P 1, 6). L'épreuve est en effet nécessaire, observe-t-il, "afin que, bien éprouvée, votre foi, plus précieuse que l'or périssable que l'on vérifie par le feu, devienne un sujet de louange, de gloire et d'honneur, lors de la Révélation de Jésus Christ" (1P 1, 7). Ensuite, pour la deuxième fois, il les exhorte à être joyeux, et même à exulter "d'une joie indicible et pleine de gloire" (v. 8). La raison profonde de cette joie spirituelle réside dans l'amour envers Jésus et dans la certitude de sa présence invisible. C'est Lui qui rend inébranlables la foi et l'espérance des croyants, même au cours des phases les plus complexes et les plus dures de l'existence.

* * *

A la lumière de ces textes bibliques, nous pouvons lire le parcours terrestre du Pape Pacelli et son long service envers l'Eglise, commencé sous Léon XIII et poursuivi sous Pie X, Benoît XV et Pie XI. Ces textes bibliques nous aident surtout à comprendre la source à laquelle il a puisé son courage et sa patience au cours de son ministère pontifical qui s'est déroulé durant les douloureuses années de la Seconde guerre mondiale et de la période qui a suivi, non moins complexe, de la reconstruction et des difficiles rapports internationaux, passés à l'histoire sous l'appellation significative de "guerre froide".

"Miserere mei Deus, secundum magnam misericordiam tuam": c'est par cette invocation extraite du Psaume 50/51 que Pie XII ouvrait son testament. Et il poursuivait: "Ces mots que je prononçai, conscient d'être sans mérites et non préparé, au moment où je donnai, en tremblant, mon acceptation à l'élection comme Souverain Pontife, je les répète maintenant avec plus de raison". C'était deux ans avant sa mort. S'abandonner entre les mains miséricordieuses de Dieu: telle fut l'attitude que cultiva constamment mon vénéré prédécesseur, le dernier des Papes nés à Rome, appartenant à une famille en relation avec le Saint-Siège depuis de nombreuses années.

En Allemagne, où il exerça les fonctions de nonce apostolique, d'abord à Munich puis à Berlin jusqu'en 1929, il laissa derrière lui un souvenir emplit de gratitude, surtout pour avoir collaboré avec Benoît XV à la tentative de mettre fin à l'"inutile massacre" de la Grande Guerre, et pour avoir décelé, dès son avènement, le danger constitué par la monstrueuse idéologie nationale-socialiste, avec ses pernicieuses racines antisémites et anti-catholiques. Créé cardinal en décembre 1929, et devenu peu après secrétaire d'Etat, il fut un fidèle collaborateur de Pie XI pendant neuf ans, à une époque caractérisée par les totalitarismes: le fascisme, le nazisme et le communisme soviétique, condamnés respectivement par les encycliques Non abbiamo bisogno, Mit Brennender Sorge et Divini Redemptoris.

"Celui qui écoute ma parole et croit (...) a la vie éternelle" (Jn 5, 24). Cette assurance de Jésus, que nous avons écoutée dans l'Evangile, nous fait penser aux moments les plus durs du pontificat de Pie XII lorsque, sentant s'évanouir toute sécurité humaine, il ressentait fortement le besoin, également à travers un effort ascétique permanent, d'adhérer au Christ, unique certitude qui ne passe pas. La Parole de Dieu devenait ainsi lumière sur son chemin, un chemin le long duquel le Pape Pacelli dut consoler les réfugiés et les persécutés, essuyer les larmes de douleur et pleurer les innombrables victimes de la guerre. Seul le Christ est la véritable espérance de l'homme; c'est seulement en se confiant à Lui que le cœur humain peut s'ouvrir à l'amour qui l'emporte sur la haine. Cette conscience accompagna Pie XII au cours de son ministère de Successeur de Pierre, ministère commencé justement alors que s'accumulaient sur l'Europe et sur le reste du monde les nuages menaçants d'un nouveau conflit mondial qu'il tenta d'éviter par tous les moyens: "Le péril est imminent, mais il est encore temps. Rien n'est perdu avec la paix. Tout peut l'être avec la guerre", s'était-il écrié dans son radio-message du 24 août 1939.

La guerre mit en évidence l'amour qu'il nourrissait pour sa "Rome bien-aimée", un amour témoigné par son intense œuvre de charité qu'il accomplissait en faveur des persécutés, sans tenir compte d'aucune distinction de religion, d'ethnie, de nationalité, d'appartenance politique. Lorsqu'à maintes reprises, pendant l'occupation de la ville, on lui conseilla de quitter le Vatican pour se mettre à l'abri, sa réponse fut toujours la même, identique et décisive: "Je ne laisserai pas Rome et mon poste, même si je devais en mourir".
Ses proches et d'autres témoins firent, en outre, part de ses privations de nourriture, de chauffage, de vêtements, de commodités, qu'il s'imposait volontairement pour partager la condition de la population durement éprouvée par les bombardements et par les conséquences de la guerre (cf. A. Tornielli, Pie XII, Un uomo sul trono di Pietro).
Et comment oublier son radio-message de Noël, en décembre 1942? Avec une voix brisée par l'émotion, il déplora la situation des "centaines de milliers de personnes qui, sans aucune faute de leur part, mais seulement pour des raisons de nationalité ou de race, sont destinées à la mort ou à un progressif dépérissement", se référant très clairement à la déportation et à l'extermination perpétrée contre les juifs.
Il a souvent agi dans le secret et le silence, parce qu'à la lumière des situations concrètes de la complexité de ce moment historique, il avait l'intuition que c'était seulement de cette manière que l'on pouvait éviter le pire et sauver le plus grand nombre possible de juifs. De nombreux et unanimes témoignages de reconnaissances lui furent adressés à la fin de la guerre pour ses interventions, ainsi qu'au moment de sa mort, par les plus hautes autorités du monde juif, comme par exemple le ministre des Affaires étrangères d'Israël Mme Golda Meir, qui lui écrivit: "Quand le martyre le plus épouvantable a frappé notre peuple, durant les dix années de terreur du nazisme, la voix du Souverain Pontife s'est élevée en faveur des victimes", concluant avec émotion: "Nous pleurons la perte d'un grand serviteur de la paix".

Malheureusement, le débat historique, qui n'a pas toujours été serein, sur la figure du serviteur de Dieu Pie XII, a négligé de mettre en lumière tous les aspects de son pontificat multiforme.
Les discours, les allocutions et les messages qu'il a adressés aux scientifiques, aux médecins, aux responsables des plus diverses catégories de travailleurs, dont certains d'entre eux sont, encore aujourd'hui, d'une extraordinaire actualité et qui continuent d'être un point ferme de référence, ont été très nombreux.
Paul VI, qui fut son fidèle collaborateur pendant de nombreuses années, le décrivit comme un érudit, un chercheur attentif, ouvert aux voies modernes de la recherche et de la culture, restant fermement, et avec cohérence, fidèle tant aux principes de la rationalité humaine, qu'à l'intangible dépôt des vérités de la foi. Il le considérait comme un précurseur du Concile Vatican II.
Dans cette perspective, un grand nombre de ses documents mériteraient d'être rappelés, mais je me limiterai à n'en citer que quelques-uns. Avec l'encyclique Mystici Corporis, publiée le 29 juin 1943 alors que la guerre faisait encore rage, il décrivait les rapports spirituels et visibles qui unissent les hommes au Verbe incarné, et proposait d'intégrer, dans cette perspective, tous les principaux thèmes de l'ecclésiologie, offrant pour la première fois une synthèse dogmatique et théologique sur laquelle se baserait la Constitution dogmatique conciliaire Lumen gentium.

Quelques mois après, le 20 septembre 1943, avec l'encyclique Divino afflante Spiritu, il fixait les normes doctrinales pour l'étude des Saintes Ecritures, en mettant en relief son importance et son rôle dans la vie chrétienne. Il s'agit d'un document qui témoigne d'une grande ouverture à la recherche scientifique sur les textes bibliques.
Comment ne pas rappeler cette encyclique, alors que se déroulent les travaux du Synode qui a justement pour thème "La Parole de Dieu dans la vie et la mission de l'Eglise"?
C'est à l'intuition prophétique de Pie XII que nous devons la première étude sérieuse des caractéristiques de l'historiographie antique, pour mieux comprendre la nature des livres sacrés, sans en affaiblir ou en nier leur valeur historique. L'approfondissement des "genres littéraires", pour mieux comprendre ce que l'auteur sacré avait voulu dire, avait été, jusqu'en 1943, considéré comme suspect, du fait aussi des abus qui y avaient été commis. L'encyclique reconnaissait sa juste application, déclarant légitime son usage pour l'étude non seulement de l'Ancien mais aussi du Nouveau Testament. "Aujourd'hui encore, cet art - explique le Pape - que l'on a l'habitude d'appeler critique textuelle et qui est, valablement et de manière fructueuse, utilisée dans les éditions des auteurs profanes, s'applique de plein droit aux Livres Saints, précisément pour le respect qui est dû à la Parole de Dieu". Et, il ajoute: "Son objectif est, en effet, de restituer, avec toute la précision possible, sa première teneur au texte sacré, le débarrassant des déformations introduites par les fautes des copistes et le libérant des gloses et des lacunes, des transpositions de mots, des répétitions et des défauts similaires de tout ordre, qui dans les écrits transmis à la main pendant de nombreux siècles, s'infiltraient couramment."

La troisième encyclique que je voudrais mentionner est Mediator Dei, consacrée à la liturgie, publiée le 20 novembre 1947. Avec ce document, le serviteur de Dieu donna l'impulsion au mouvement liturgique, insistant sur l'"élément essentiel du culte", qui "doit être celui interne: il est, en effet, nécessaire - écrit-il - de vivre toujours en Christ, de se dédier à Lui, afin qu'en Lui, avec Lui et pour Lui on glorifie le Père. La sainte Liturgie exige que ces deux éléments soient intimement liés... Autrement, la religion devient un formalisme sans fondement et sans contenu". Ensuite, nous ne pouvons pas, non plus, manquer d'évoquer l'élan important que ce Souverain Pontife donna à l'activité missionnaire de l'Eglise avec les encycliques Evangelii praecones (1951) et Fidei donum (1957), mettant en relief le devoir pour chaque communauté d'annoncer l'Evangile aux nations, comme le fera, avec une courageuse vigueur, le Concile Vatican ii. Le Pape Pacelli avait, du reste, manifesté son amour pour les missions dès le début de son pontificat quand, au mois d'octobre 1939, il avait voulu consacrer personnellement douze évêques provenant de pays de mission, dont un indien, un chinois, un japonais, le premier évêque africain et le premier évêque de Madagascar. Enfin, l'une de ses préoccupations pastorales constantes fut la promotion du rôle des laïcs, pour que la communauté ecclésiale puisse compter sur toutes les énergies et les ressources disponibles. Pour cela aussi, l'Eglise et le monde lui sont reconnaissants.

Chers frères et sœurs, alors que nous prions pour que la cause de béatification du serviteur de Dieu Pie XII ait une heureuse issue, il est bon de rappeler que la sainteté fut son idéal, un idéal qu'il ne manqua pas de proposer à tous.
Pour cela, il donna une forte impulsion aux causes de béatifications et de canonisations de personnes appartenant à des populations différentes, de représentants de tous les états de vie, fonctions et professions, réservant une vaste place aux femmes. C'est Marie justement, la Femme du salut, qu'il montre à l'humanité comme signe de ferme espérance, en proclamant le dogme de l'Assomption durant l'Année Sainte de 1950. A notre époque qui est, comme alors, assaillie par des préoccupations et des angoisses pour son avenir; en ce monde où, peut-être encore plus qu'alors, l'éloignement de tant de personnes de la vérité et de la vertu laisse entrevoir des situations sans espérance, Pie XII nous invite à tourner notre regard vers Marie qui est montée dans la gloire céleste. Il nous invite à l'invoquer avec confiance, pour qu'elle nous fasse apprécier toujours plus la valeur de la vie sur la terre et nous aide à diriger notre regard vers le vrai but auquel nous sommes tous destinés: cette vie éternelle que, comme Jésus nous l'assure, possède déjà celui qui écoute et suit sa parole. Amen!

© Copyright 2008 - Libreria Editrice Vaticana

     

Notes

(1) Le 30 novembre 2008, Benoît XVI effectuait une visite pastorale et célébrait la messe en la Basilique St Laurent-hors-les-murs

Pour se rendre à la Basilique, le Pape avait parcouru le même trajet que celui accompli le 19 Juillet 1943 par Pie XII, qui sortit du Vatican pour manifester sa solidarité aux victimes du premier bombardement sur Rome.
Ce jour-là, le vêtement blanc de son prédécesseur se tacha du sang de quelques uns des blessés qu'il était allé réconforter en leur faisant sentir sa présence de père et de pasteur.
Une photographie mémorable représente Pie XII pressé par une foule de visages apeurés, tandis qu'il écarte les bras dans le geste caractéristique de bénédiction.

« On ne pourra jamais oublier le geste généreux de mon prédécesseur Pie XII qui accourut immédiatement pour consoler la population parmi les décombres encore fumants », disait Benoît XVI dans son homélie.
(http://benoit-et-moi.fr/2008)

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(2) Au point que le Père Lombardi avait dû publier une mise au point (benoit-et-moi.fr/2009):

"La signature par le Pape du décret sur les vertus héroïques de Pie XII a suscité diverses réactions dans le monde juif, probablement car il s'agit d'une signature dont le sens est clair pour l'Eglise catholique et les experts en la matière, mais qui mérite quelque explication pour un public plus large, en particulier les juifs, très sensibles, de façon compréhensible, à cette période historique de la Seconde Guerre mondiale et de l'Holocauste
...
Il est donc clair que la récente signature du décret ne doit en aucune façon être vue comme un acte hostile envers le peuple juif, et nous espérons qu'elle ne soit pas considérée comme un obstacle au dialogue entre le judaïsme et l'Eglise catholique".


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Ce site a consacré de nombreuses pages à Pie XII, beaucoup ont été regroupées dans des "dossiers":

¤ http://benoit-et-moi.fr/2008/ (dossier Pie XII)
¤ http://benoit-et-moi.fr/2009/ (Pie XII vénérable)