Le Pape au bout du fil (3)

J'y reviens, car c'est plus grave qu'il n'y paraît, cela soulève même plusieurs problèmes de fond. D'autres réactions, dont celle de Sandro Magister (25/4/2014)

>>> Image ci-contre: "Dieu téléphone" (traditiocatholica.blogspot.fr)

>>> Voir aussi:
¤ Le Pape au bout du fil
¤ Le Pape au bout du fil (2)

Il est donc encore question du coup de téléphone qu'une femme argentine mariée civilement à un divorcé aurait reçu du Pape François, l'encourageant à communier sous réserve de le faire dans une autre paroisse que la sienne.
Bien entendu, l'important dans cette histoire, ce n'est pas ce qu'a dit cette pauvre femme (dont tout le monde se contrefiche, y compris les journalistes qui l'ont interrogée et qui voulaient seulement l'utiliser pour opposer une fois de plus le pape à l'Eglise), ni même de savoir si c'est vrai ou pas. Il suffit d'écouter à la radio les "micro-trottoirs" pour savoir que la plupart des gens ne maîtrisent que vaguement leur langue, et n'ont pas grand chose d'intéressant à dire. Tout est d'ailleurs fait pour les maintenir dans un état de somnolence, d'hébétude intellectuelle où la seule chose qui importe est la satisfaction des besoins matériels élementaires (doit-on comprendre que l'Eucharistie est de ceux-là?).
Une parole claire, et qui élève l'esprit, venant de la plus haute autorité spirituelle au monde est d'autant plus nécessaire.
Or il semble ces derniers temps que cette parole, à laquelle Benoît XVI nous avait habitués, et qui nous a nourris pendant huit ans, s'est banalisée, ou, pour reprendre un mot à la mode "liquéfiée."

Après la réaction légèrement ironique de Sandro Magister sur son blog "Settimo Cielo", j'ajoute deux réactions issues de sensibilités catholiques différentes: un prêtre espagnol "de périphérie", déjà croisé dans ces pages (traduction de Carlota) et un italien qui tient entre autre le blog traditionaliste "Messa in latino": tous deux disent la même chose!

Communion "sans problèmes". Le pape l'a dit au téléphone
http://magister.blogautore.espresso.repubblica.it/2014/04/24/comunione-senza-problemi-lha-detto-il-papa-al-telefono/
Extrait:

Les paroles du père Lombardi ne contredisent en rien le récit de Jakelin Lisboa. Elles se contentent de le qualifier de «source d'incompréhension et de confusion».

Car en effet, au train où vont les choses, c'est comme si le pape François avait déjà mis en pratique la première des deux routes menant à la communion pour les divorcés remariés, préconisée par le cardinal Walter Kasper lors du consistoire du Février de cette année, mais encore à être discuté dans un synode dont les conclusions sont attendues en 2016 (cf. http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1350729?fr=y ).

À l’affaire du coup de téléphone, une réaction de terrain du Père Jorge Gónzalez Guadalix, curé d’une paroisse périphérique de Madrid qui réclame de la clarté dans les communiqués du Vatican. Il est, lui, tout au bout de la chaine, au contact direct avec des catholiques pratiquants ou non et des non catholiques…
Original ici: http://infocatolica.com
(Carlota)

Une note explicative qui n’explique pas vraiment
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Ne nous trompons pas. L’information phare d’hier dans les médias de l’information religieuse et même les médias généralistes, c’était le supposé appel téléphonique du Pape François à une femme mariée civilement avec un divorcé dans lequel il l’autorisait expressément à recevoir la communion eucharistique.

Le grand trouble, et du gratiné à grande échelle, dans tous les sens. D’une part, ceux qui applaudissaient parce que, enfin, on changeait la praxis séculaire de ne pas admettre à la communion les personnes qui vivent maritalement sans sacrement du mariage entre eux, et de l’autre énormément de gens qui en étaient restés pantois depuis hier et qui se demandaient si c’était possible qu’ainsi, de bon gré, le pape puisse dire cela, que ce n’est rien, qu’on communie qu’il ne se passe rien, et si par hasard il y a des problèmes, qu’on aille à une autre paroisse.

La chose est arrivée à un tel point qu’une note explicative semblait nécessaire et urgente de la part du Vatican lui-même. Je ne crois pas nécessaire qu’il faille chaque jour expliquer les choses, et si c’est le cas c’est que les choses se font mal. Ce que nous avons vu et vérifié, c’est que le pape entre en communication téléphonique avec qui il veut et quand il veut et que ses interlocuteurs ne sont pas précisément des exemples de discrétion, au moins dans pas mal de cas. La chose n’est pas de la plus grande importance. Que les religieuses de X nous racontent que le pape a appelé pour leur souhaiter un bon Noël ou le vendeur de journaux à qui le saint père a souhaité son anniversaire, cela n’a pas une grande importance. Nous n’allons pas non plus attendre une note du Vatican chaque fois qu’un dingue dit que François l’a appelé pour lui révéler la date exacte de la fin du monde.

Mais il y a des choses et il y en a d’autres. Et que quelqu’un nous dise que le pape lui a dit qu’il se rapproche de la communion dans la situation du mariage civil, cela devient non seulement choquant mais même scandaleux. Et l’affaire ne paraît pas être une invention, plus encore, cela paraît même crédible. Depuis hier on attendait une note du Saint Siège expliquant l’affaire et donnant des éclaircissements sur les termes, quelque chose d’aussi simple que « le Saint Père jamais ne dira à quelqu’un dans cette situation qu’il se rapproche pour recevoir la communion ». Je dis bien que ce n’est pas une bonne chose que de préciser tous les jours les choses, mais il faut mieux préciser ce qui est obscur.

Pourquoi la note était-elle attendue? Eh bien, tout simplement parce que vu ce qu’il s’était passé, ne rien dire c’était tomber dans le « qui ne dit mot consent » et que cela ne paraissait pas être ce qu’il convenait. Et le remède a été pire que la maladie. Parce que c’est une note prétendument explicative de celles qui rendent tout encore plus confus. Avec cette note dans la main à l’instant même la seule chose qui reste claire c’est que François appelle des gens, leur parle, que c’est privé, que « cela n’a pas de confirmation de fiabilité et que c’est une source de malentendus et de confusion. Par conséquent il faut éviter de tirer de cette circonstance des conséquences relatives à l’enseignement de l’Église ».

Cela aurait été si difficile d’ajouter à cette supposée explication, qui n’éclaire rien, quelque chose comme « dans le cas qui est sorti ces jours-ci dans les médias, le pape en toute circonstance continue à enseigner qu’il n’est pas permis aux fidèles qui vivent une situation de couple en marge du sacrement du mariage de se rapprocher pour recevoir la communion eucharistique » ? Cela aurait apporté une grande tranquillité pour tous.

Il n’est pas bon que nous soyons toute la journée avec la déclaration, l’explication, l’interprétation de l’explication et la façon d’expliquer ce qui a été interprété par chacun de ceux qui le lisent.

Si nous voulons que les gens comprennent les choses, il faut leur parler clairement pour qu’il n’y ait pas de doute. Et si non il nous arrive ce qui arrive : que nous vivons de la rumeur, du on m’a dit que, je crois qu’il veut dire et il me semble à moi que ce qu’il dit réellement… Ce n’est pas bon.


Nota de l’auteur: Je n’admettrai pas de commentaires qui cherchent à disqualifier globalement le Saint Père ou qui signifient un manque de respect envers sa personne.

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Le téléphone pleure. La Sainte Mère Eglise pleure.
http://traditiocatholica
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Le monde catholique est suspendu à un fil de téléphone car il attend de savoir si le Vicaire du Christ sur la terre, le Successeur du Prince des Apôtres, le Pape François, a vraiment appelé une dame, mariée depuis près de vingt ans à un divorcé, en lui disant qu'elle pouvait tranquillement recevoir la Sainte Communion.
En cette Semaine Sainte prolongée pour l'Église, nous avons le devoir d'observer, avec des larmes dans les yeux, à quel niveau est arrivé le pontificat.
Personnellement, je ne crois pas que le Pape ait fourni un tel «conseil» à cette dame mais le fait est très grave en soi: à cause, ou par la faute, des appels téléphoniques «humanitaires» que le pape accorde avec une abondance biblique, chacun se croit autorisé à tirer le Pape (= le Magistère de l'Église) de son côté
Il n'y a rien d'autre à ajouter.

Puisqu'une des parties a violé le secret d'une communication privée, fournissant une version unilatérale, il faut un démenti rapide et sérieux, C'EST LA DOCTRINE DE L'ÉGLISE QUI EST EN JEU , pas la réputation d'un Pontife, qui ne devrait pas (je parle en humble fidèle) se prêter à la spectacularisation de ses gestes, ni se faire prendre au piège des médias.
Il est inquiétant de devoir souvent recourir à une analyse interprétative des commentaires et déclarations du Pape qui sur certains points fondamentaux devraient briller par la transparence et la linéarité.

Pour les paillassons pro-gouvernementaux du pouvoir en place (qui commande aujourd'hui dans l'Église?) la question serait résolue: «pour le bureau de presse du Vatican, il s'agit d'une communication privée du pape et, par conséquent, il n'y a pas de commentaires à ce sujet» (vaticaninsider.lastampa.it)
Ainsi, selon cette séquence « démenti/communication/non-démenti/non-communication», le Pape, dans ses rapports personnels, pourrait déroger "de plano" (sans difficulté) au Magistère ...
La pièce est encore pire que le trou ...

Je me demande combien d'autres fois, la phrase ci-dessus sera «recyclée» pour de futurs cas similaires ...
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