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Le Pape émérite m'a écrit

Hallucinante interviewe de Hans Küng dans la Repubblica, la "maison-mère des ennemis de l'Eglise" - dixit Massimo Introvigne (10/2/2014)

Les loups sont encore là!

Le journal gaucho-bobo (fondé par l'ami du Pape, Scalfari), allié à la presse "libérale" du monde entier (du NYT au Monde, du Guardian à El Païs, etc...) protagoniste actif des Vatileaks, vient de commander un sondage dont les résultats prétendus (je ne les ai pas sous les yeux mais on les devine à partir de l'article ci-dessous) vont (ben voyons!!) exactement dans le sens des prétentions de ceux qui veulent profiter du Synode pour détruire l'Eglise.

Pour couronner le triomphe annoncé, on a ressorti le vieux Küng de la naphtaline.
Et le félon vieillard apostat, qui n'en finit pas de ressasser sa jalousie contre l'ex-collègue qui l'écrasait intellectuellement, a le toupet de faire état d'une lettre que lui aurait écrite Benoît XVI (il est probable que la lettre existe, mais Küng lui fait à l'évidence dire toute autre chose que la simple réponse courtoise à une vieile connaissance qu'elle est très probablement).
C'est un piège infernal: comment Benoît XVI peut-il démentir, ou au moins rectifier, désavouant du même coup son successeur?
Le Pape François, en convoquant ce Synode, a pris des risques, car l'ennemi (interne et externe) a plus d'un tour dans son sac. Les loups sont là, qui l'attendent au tournant: comment imaginer qu'il va s'en tirer (auprès d'eux) en réaffirmant fermement la doctrine, ou même en faisant quelques mini-concessions - ou perçues par eux comme telles?

Du reste, l'ennemi se découvre. Ou plutôt, il ne se gêne même plus. Et il s'appuie sur... l'opinion, qu'il croit pouvoir formater et manipuler selon son gré .
Küng dit en effet:
Le signal que le mouvement pour la réforme au sein de l'Église ait de son côté la grande majorité des fidèles est important. Le mouvement de réforme est appuyé par la base ... C'est un fait au niveau international

Cela expliquerait donc la pax mediatica, ou, mieux, la françoismania (qui n'a rien à voir avec l'affection pour le Pape, ou le retour des fidèles à l'église): comme je le pressens depuis longtemps, il s'agit, ni plus ni moins, de séparer le Pape de l'Eglise en s'appuyant sur une opinion publique atteinte dans son ensemble de l'analphabétisme religieux dénoncé par Benoît XVI.
Les choses deviennent claires.
Mais pour le Pape, elles vont être difficiles à gérer, surtout en octobre prochain.

     

Kung: «L'Eglise trop loin des fidèles. A présent, François doit la changer»
Le théologien: Ratzinger m'a écrit que le pape doit être soutenu.
http://www.repubblica.it
10 février 2014
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« Désormais, le Pape François peut faire appel au verdict de la majorité des fidèles sur des questions importantes, dans la confrontation avec les réactionnaires de la Curie. Le pape émérite Benoît XVI m'a récemment écrit, à moi l'éternel rebelle, une lettre affectueuse dans laquelle il s'engage à soutenir François, en espérant pour lui tous les succès».
En somme, en substance, cela revient à dire: François, comme Gorbatchev, l'homme nouveau contre les orthodoxes, mais avec les gens de son côté.
Voici la voix de Hans Küng, le plus grand théologien catholique critique vivant, sur le sondage en choc publié hier sur la Repubblica et son effet dans l'Église.

* *

- Professeur Küng, comment jugez-vous le sondage sur les chrétiens dans le monde?
« Prises dans leur ensemble et analysées, ces données révèlent l'écart extraordinaire entre les enseignements de l'Église sur des questions fondamentales, telles que la famille, et au contraire la vraie vision des catholiques dans le monde»

- Pour vous, parmi les nombreux résultats de l'enquête, quels sont les plus importants?
« Pour moi, la chose la plus importante est de toute façon la grande majorité de consensus pour le Pape François: 87 pour cent des catholiques interrogés dans le monde entier et 99 pour cent des Italiens d'accord avec lui. C'est une énorme manifestation de confiance pour le Pape François. Pour moi, c'est un petit miracle, après des années de la crise de confiance qui avait investi l'Eglise dans les années du pape Benoît.
Maintenant, en moins d'un an le pape François a réussi à inverser la tendance des sentiments des fidèles du monde entier».

- Et selon vous, le pape émérite Benoît sera-t-il heureux ou triste de la réponse au sondage?
« Naturellement, cela l'attristera de voir ces résultats, surtout en repensant maintenant aux derniers mois qu'il a vécus en tant que Pape, dans son mandat. Pourtant, à coup sûr, il se réjouira du fait qu'à présent on avance, et je pense qu'il regarde davantage au sort de l'Eglise qu'à ce qui le concerne» (!!!).

- Est-ce seulement une supposition de votre part, ou bien pouvez-vous prouver ce que vous dites sur les sentiments de Joseph Ratzinger en ce moment?
« Je crois que j'expliquerai mieux la pensée de Benoît en vous citant des phrases de la lettre qu'il m'a récemment adressée»

- Benoît vous a écrit, après des années de conflit? Et que vous a-t-il écrit?
« Eh bien, attendez une minute, laissez-moi prendre sur le désordre de mon bureau ce manuscrit avec le papier à en-tête du Saint-Siège à son usage personnel, de sa résidence de Pape émérite. Date, 24 janvier 2014. En-tête "Pontifex emeritus Benedictus XVI". "Je suis reconnaissant d'être lié par une grande convergence de vues et par une amitié de cœur au pape François. Aujourd'hui, je vois comme mon unique et dernier devoir la tâche de soutenir son pontificat dans la prière". Je trouve que ce sont de très belles paroles. Certes, écrites avant la publication du sondage. Ce choix de soutien du pape émérite Benoît me convainc d'autant plus».

- Et que signifie le sondage pour les évêques, et en général pour la hiérarchie ecclésiastique?
« Je voudrais faire la distinction entre trois catégories de prélats. Pour les évêques prêts aux réformes, et il en existe partout dans le monde, les résultats de l'enquête signifient un grand encouragement: ils devront s'engager ouvertement pour leurs convictions, et ne pas être trop timides. En second lieu, pour les conservateurs qui ont des réserves: ils devraient réfléchir sur leurs réserves, et ils devraient écouter les arguments des réformateurs. En troisième lieu, pour les évêques réactionnaires, présents non seulement au Vatican, mais partout dans le monde, ils doivent abandonner leur résistance opiniâtre et choisir la raison».

- Et que signifie le sondage pour la base, pour les chrétiens? Un encouragement de la réforme de l'intérieur, comme Gorbatchev en avait rêvé en vain pour le socialisme réel et l'Empire soviétique?
« Le signal que le mouvement pour la réforme au sein de l'Église ait de son côté la grande majorité des fidèles est important. Le mouvement de réforme est appuyé par la base - des mouvements de réforme tels que "Nous sommes Eglise" - plus que ce qui est paru à ce jour, plus que son appui par l'Église officielle. C'est un fait au niveau international»

- Professeur, pendant des décennies vous avez demandé des changements et des ouvertures dans l'Église, vous avez été le premier et en avez payé les conséquences (ndt: Payé quoi? Et comment? En étant invité sur les plateaux télé et en ayant "tribune ouverte" dans la presse du monde entier??). Pour vous, ce sondage, c'est une victoire, un amère victoire, ou quelque chose d'autre?
« Je ne me considère pas comme vainqueur, je n'ai pas mené le combat pour moi, mais pour l'Eglise. Evidemment, j'ai fait beaucoup d'expériences amères, mais il est agréable de voir un changement dans la direction du Concile Vatican II. J'ai la grande joie de voir encore de mon vivant le succès des idées de réforme de l'Eglise pour lesquelles j'ai combattu si longtemps, de pouvoir voir le début du tournant. Pour moi, c'est un nouvel élan vital, comme le dit Benoît, pour cette dernière partie du parcours de la vie nous avons maintenant devant nous»

- Quelles conséquences le pape François devrait-il tirer des résultats de cette enquête?
« Si je peux lui donner un humble avis, il devrait avec courage aller de l'avant sur le chemin qu'il a commencé et ne pas avoir peur des conséquences».

- Concrètement, cela signifie quoi?
« J'espère qu'il utilisera l'art du Distinguo que nous avons appris tous les deux à l'Université pontificale grégorienne: là où il existe, selon le sondage, un consensus dans la communauté ecclésiale, il devrait proposer une solution positive au Synode En cas de désaccord, il devrait permettre et susciter un débat ouvert dans l' Église. Là où lui-même est d'une opinion différente de la majorité des catholiques, comme pour la prêtrise aux femmes, il devrait nommer une task force de théologiens et d'autres scientifiques, hommes et femmes, pour affronter le thème»