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Le Pape François et les "fiancés"

en marge de la rencontre du 14 février. (16/2/2014, mise à jour)

Parcourant les pages Google d'information sur le Saint-Siège, mon attention est attirée par ce titre du quotidien régional L'Union.

L'article poursuit: « Si Alice ne participe pas à l’aventure, elle est très fière de ses parents ».

Un peu plus loin, les fiancés précisent: « Nous sommes croyants sans être forcément pratiquants. Notre fille Alice va au catéchisme donc nous l’accompagnons, par exemple ».

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Il ne s'agit évidemment pas de porter un jugement sur ce couple, qui vit comme il l'entend. Mais son exemple, s'il est sympathique, n'est pas particulièrement édifiant (qu'on m'épargne le couplet sur le fils prodigue!...). Sur la table du salon, il n'y a semble-t-il pas de catéchisme, mais des guides touristiques.

D'abord, je suis étonnée par la méthode choisie par le diocèse pour "sélectionner les candidats"... Un tirage au sort, comme à la loterie (le couple avoue d'ailleurs que d'habitude, ils fêtent la Saint-Valentin dans un restaurant, qu'ils avaient rempli un formulaire en ligne sans trop y croire, et qu'ils l'avait plus ou moins oublié au moment où un coup de fil du diocèse leur avait appris qu'ils étaient les "gagnants".
Ensuite, il a fallu que le hasard tombe sur un couple vivant en concubinage depuis un certain temps (vu l'âge de la fillette), donc, objectivement, dans le péché. On m'objectera que c'est le cas de la très grande majorité des jeunes couples d'aujourd'hui, de sorte que la probabilité de l'évènement était plus proche de 80% que de 10....

On aurait donc pu s'attendre à ce que le Pape François fasse quelques allusions à la chasteté pré-conjugale et à la "cohabitation". J'ai lu les réponses qu'il a données aux trois jeunes "fiancés" qui l'ont interrogé (www.zenit.org/fr/articles/dire-oui-pour-toujours-c-est-possible): il a certes dit de très belles choses (quoique pas forcément à caractère spirituel) sur le "vivre ensemble pour toujours", mais il n'a fait aucune allusion à cette pratique.

Je me suis souvenue des douces admonestations adressées par Benoît aux fiancés, dans les discours prononcés à leur intention que j'ai rassemblés dans ces pages.

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Chères familles, soyez courageuses ! Ne cédez pas à la mentalité sécularisée qui propose la cohabitation comme préparatoire, ou même substitutive au mariage ! Montrez par votre témoignage de vie qu’il est possible d’aimer, comme le Christ, sans réserve, qu’il ne faut pas avoir peur de s’engager pour une autre personne ! (Zagreb)

Dans le Rite du Mariage, l'Église ne dit pas « Es-tu amoureux ? » mais « Veux-tu », « Es-tu décidé ». C’est-à-dire : le fait d’être amoureux doit devenir un véritable amour impliquant la volonté et la raison sur un chemin, qui est celui des fiançailles, de purification, de plus grande profondeur, si bien que réellement tout l’homme, avec toutes ses capacités, avec le discernement de la raison, la force de la volonté, dit : « Oui, celle-ci est ma vie ». (Milan)

Et ne croyez pas, selon une mentalité répandue que la cohabitation est une garantie pour l'avenir. Brûler les étapes finit par «brûler» l'amour, qui au contraire a besoin de respecter les temps et la gradualité dans les expressions (ndt: ce passage a été très applaudi!); il a besoin de faire de la place au Christ, qui est capable de rendre un amour humain fidèle, heureux et indissoluble. (Ancône)

Apprendre à s’aimer comme couple est un chemin merveilleux, qui requiert toutefois un apprentissage exigeant. La période des fiançailles, fondamentale pour la construction d’un couple, est un temps d’attente et de préparation, qui doit être vécu dans la chasteté des gestes et des paroles. (message pour la JMJ 2007)

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Et voilà un sujet de plus sur lequel l'Eglise cède, se mettant au pas avec les temps, les fameuses évolutions de société.
J'ai bien peur que c'est ce qu'auront retenu les gens: une Eglise miséricordieuse, ou plutôt indulgente, et surtout, peu regardante sur la morale, "sympa" en somme. Comme le Pape.
Si on leur donne comme modèle la banalité, ils n'iront pas chercher plus loin, et surtout, plus haut.
C'est tout le problème de l'utilité de l'initiative, autre que "communicative", bien sûr.