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L'encyclique verte d'ici huit mois

"Indiscrétions" un brin critiques de Marco Tosatti, en marge de l'Assemblée plénière de la CEI, qui vient de s'achever (23/5/2014)

Dans un article récent, un éditorialiste de la Bussola réclamait un moratoire sur les interviewes des hauts prélats, soulignant par exemple qu'il n'était pas nécessaire qu'ils révélent "ce que dira la prochaine encyclique du pape avec les fuites de nouvelles, des anticipations, des interprétations, des avertissements, des prévisions".

Si l'on en croit Marco Tosatti, il a été entendu:

     

L'ENCYCLIQUE VERTE D'ICI HUIT MOIS
Marco Tosatti
http://www.lastampa.it/
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L'encyclique que le pape François prépare sur le thème de la pauvreté, de l'environnement et des changements climatiques sera prête dans sept ou huit mois. C'est le pape lui-même qui l'a dit lors de sa présence à l'Assemblée générale des évêques d'Italie, dans le cadre de la session moins publique.
Il est donc probable que le document traitera non seulement de la Création en tant que telle, et des périls liés aux bouleversements environnementaux, mais en particulier de l'impact sur les plus pauvres. Elle paraîtra sans doute au début de 2015.

Les évêques étaient très contents que le Pape ait accordé de l'espace aux questions, leur disant, "demandez-moi ce que vous voulez".
Pourtant, à entendre certains, les réponses à des questions spécifiques ont semblé plutôt vagues.

Lorsqu'on l'a interrogé sur les rapports avec les pouvoirs publics, il a répondu que la responsabilité du dialogue avec la politique du pays est une responsabilité des évêques, le Saint-Siège n'a rien à voir avec, et encore moins la Secrétairerie d'État. À la lumière des batailles passées (Bertone / Ruini, Bertone / Bagnasco) sur qui devrait être le protagoniste du dialogue, les paroles du Pape peuvent sonner comme un appui à la CEI; mais dans le même temps, on ne peut pas oublier que le Pape est le primat d'Italie, et l'évêque de Rome, comme il le répète très souvent, et ce n'est donc pas une chose sans rapport avec la vie du pays. Et la Secrétairerie d'État (...) est son bras opérationnel le plus direct.

A un évêque qui lui posait le problème de savoir comment répondre à l'idéologie du «genre» prônée par le parti de la majorité (en Italie), il a répondu en parlant de l'Europe, où il se produit comme un divorce avec Dieu Créateur, et où l'homme veut être un créateur.

Plus explicite et précise, en revanche, a été la réponse à la question posée sur le ton du «désespoir» par un évêque d'un petit diocèse (quarante mille habitants) qui se plaignait parce qu'une partie du clergé est «conservateur» et ne veut pas donner la communion dans la main. Le pape lui a conseillé de prendre des mesures strictes, parce qu'on ne peut pas défendre le Corps du Christ tout en offensant le Corps social du Christ. On peut se demander quelle est l'ampleur du phénomène (on n'a pas entendu parler de foules tumultueuses dans les rues implorant l'hostie sur la main) et quelle est la capacité du prélat dans la gestion des situations humaines ...

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Le Pape a donc voulu couper court aux rumeurs... mais uniquement celles sur l'Encyclique.
On ne sait pas encore ce qu'elle contiendra, mais il est légitime de redouter que les adeptes (les croyants?) de la théorie du changement climatique n'instrumentalisent ce que dira le Pape à leur profit.
Je me range à l'avis du Père Scalese (*) qui, s'exprimant il y a quelques années sur l'affaire Galilée et son utilisation contre l'Eglise, écrivait (benoit-et-moi.fr/2009-II):

L'Église devrait y aller doucement avant s'identifier avec les théories scientifiques propres à chaque époque, justement parce qu'il s'agit de simples «théories» ; l'Église ferait mieux de rester dans son terrain (foi et morale) et laisser les scientifiques s'arranger entre eux. Allons-y doucement avant d'affirmer que certains résultats sont «scientifiquement sûrs» ; même s'ils l'étaient, ce n'est pas le devoir de l'Église de ratifier les conclusions scientifiques. Le risque est qu'ensuite, avec le dévelopement de la science, l'Église perde complètement la face.

Une autre théorie, celle du genre, est un péril autrement grave, mais sur ce sujet, le pape reste curieusement évasif

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(*) On lira à ce sujet un autre article du Père Scalese, il répondait de façon détaillée à une question que je lui avais posée (benoit-et-moi.fr/2009)