Accueil

Soeur Cristina remporte "The Voice"

La foi est un don qui doit être partagé. Mais pas sur toutes les scènes. Un article sur Korazym.org (7/6/2014).

Articles reliés

     

Le phénomène "Soeur Cristina", participant au télé-crochet version XXIe siècle The Voice m'avait laissée pour le moins sceptique quant au potentiel évangélisateur, d'autant plus que l'aspirante religieuse (elle n'a pas encore prononcé ses voeux) se réclamait du souhait du pape François que l'Eglise devait sortir, aller vers les périphéries.
Quelles périphéries, si l'on en juge par le "coach" qu'elle s'était choisie (le rappeur J AX), et les gens qu'elle a croisés sur les plateaux de télévision, et dans les coulisses?
Depuis, la jeune novice a remporté le concours.
Les hosannahs ne sont d'ailleurs pas unanimes, à la fois dans le monde du spectacle, car les places sont chères, et dans les médias, car la haine anti-catholique n'est jamais loin. Les sites catholiques sont finalement les moins critiques. A croire qu'ils ne voient rien.

Le site du Point.fr (reprenant l'AFP) fait un rappel assez complet, je retiens en particulier ceci:

Cristina Scuccia, qui se décrit comme une ancienne rebelle en rupture de ban avec la religion, a entamé son parcours en incarnant un peu par jeu et par défi la fondatrice de l'ordre des Ursulines, sainte Angèle de Merici, dans une comédie musicale montée en 2008 par cette congrégation à Palerme, en Sicile. Un an plus tard, elle devenait novice avant de partir au Brésil vivre avec les enfants des rues, puis d'entrer dans cette congrégation il y a deux ans.

Je ne suis pas la seule à m'interroger, et je partage entièrement cette réflexion lue aujourd'hui sur le site Korazym.org.

* * *

SŒUR CRISTINA ET LE DON BANALISÉ
www.korazym.org
7 juin 2014
Massimiliano Padula
----

Je l'admets. Je la donnais pour perdante. Je pensais que le scénario écrit d'avance prévoyait son élimination au dernier défi. Mais je me trompais. Sœur Cristina Scuccia, de Raguse, a remporté The Voice. L'Ursuline de la Sainte Famille écrase la concurrence et ramène le prix à la maison, le contrat millionnaire avec la maison de disque.
Elle vainc mais ne (me) convainc pas ni ne (me) convaincra l'histoire étrange de cette religieuse qui calque les tours et détours historiques d'un certain stéréotype du croyant: rébellion, éloignement de Dieu, et puis le virage imprévu de la conversion. Il y a certes eu des gens comme cela, capables de se frotter au monde et de rencontrer ensuite la Vérité. Sœur Cristina l'a fait et nous sommes vraiment contents.
Mais le contentement diminue graduellement quand nous la voyons sur la scène, gauchement décontractée, qui chante tout et n'importe quoi avec cette petite voix roucoulante qui la rend (malgré elle) ordinaire par rapport à beaucoup de talent vrais que l'émission a proposés.

Mais c'est elle qui l'emporte.
Se demander pourquoi et donner la réponse est une opération banale.
On le sait, les mécanismes de la télévision sont pervers. Le pouvoir banalisant de la télévision estompe les tonalités authentiques et rend tout disponible, manipulable. Ainsi, cette robe et ce voile deviennent le fétiche sur lequel se concentrer, gâchant les mots dans la sauce des commérages. Et ce Notre Père, qu'elle a demandé avec enthousiasme, tout de suite après la victoire, de moment de grâce et de réconciliation, devient instant disgracieux, détournement inapproprié d'une narration habilement construite pour faire de l'écoute.

Il n'y a pas de produit de télévision qui ne vise à cela, y compris celle du service public. Se non si vende, non si campa ("qui ne vend pas ne vit pas", c'est ainsi que je traduirais dans le contexte, ce proverbe italien). Et si ( Deo Gratias ) les années des cuisses découvertes sont passées, on cherche ailleurs, et la nouvelle transgression prend la forme d'une petite grande sœur amoureuse de Jésus et qui sait chanter. Sœur Cristina devient un produit. Peut-être qu'elle ne le sait pas. Son agent, je crois que si. Comme le savent les auteurs d'un programme en prime time qui a gagné en part d'audience et en recettes publicitaires, chose de plus en plus rare dans une télévision fragmentée et spécialisée.
Cela dit, merci, Sœur Cristina d'avoir (m'avoir) donné l'occasion de réfléchir sur quelque chose d'infini et de très beau qui est la foi, qui, comme tu le dis, est un don et doit être partagée. Mais pas sur toutes les «scènes».

* * *