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Une conférence de Mgr Gänswein, en Suisse

Il était dimanche à Einsiedeln, et il s'est exprimé sur les persécutions dont sont victimes les chrétiens, l'Europe chrétienne en danger, son parcours personnel, son travail de pont entre les deux Papes. Résumé de Marie-Anne (21/5/2014)

     

Marie-Anne m'écrit:

je viens de trouver sur le youtube de georgganswein.com une conférence prononcée dimanche dernier à l'église abbatiale d'Einsiedeln après avoir célébré la messe à l'intention des pèlerins de l'Eglise en détresse (AED).
C'est un plaisir d'entendre cette conférence, dans un allemand clair, précis, je dirais, à la manière de Benoît XVI ! tel père, tel fils…
J'essaie de vous en donner un résumé.

     

"L'Europe chrétienne est en danger, il faut la défendre."
Il existe une persécution silencieuse des chrétiens.
Chaque fois qu'une église est vandalisée, ou une personne subit une discrimination à cause de sa conviction chrétienne, ou encore, lorsque le cinéma ou l'internet va jusqu'à blasphémer les valeurs chrétiennes, tout le monde se tait.
On admet sans sourciller que le repos dominical ne soit pas respecté ou qu'un calendrier fasse mention des fêtes de toutes les religions en passant sous silence Noël et Pâques.
Par contre, lorsqu'une synagogue ou un mosquée sont attaquées, tout le monde s'émeut.
C'est parce qu'on croit encore que les chrétiens sont en majorité et que les groupes minoritaires ont besoin d'être à la défensive. Or les chrétiens convaincus sont de plus en plus minoritaires.
Benoît XVI a dit des paroles fortes à ce sujet : à Westminster, au Collège des Bernardins, ou encore le premier janvier 2011 dans son message pour la journée mondiale de la Paix.
Il a toujours insisté sur la nécessité de donner à la religion chrétienne la place méritée et indispensable dans le débat public pour le bien de la société.
Ce qui n'empêche pas la séparation de l'Eglise et de l'Etat bien sûr.

A la fin de la conférence il a répondu à plusieurs questions:

* * *

1) Quels sont vos liens avec le sanctuaire marial d'Einsiedeln ?
- Même si, dans la salutation on m'a gentiment reproché d'être né à l'autre côté de la frontière naturelle qu'est la Forêt Noire entre la Suisse et l'Allemagne, je dois dire que je connais Einsiedeln depuis mon enfance, depuis que je suis devenu servant d'autel. Ce n'est qu'à deux heures de voiture de mon lieu de naissance, voilà pourquoi je suis venu souvent ici pour rencontrer le Christ et sa Mère.

2) Quels sont vos liens avec votre pays d'origine depuis que vous vivez à Rome ?
- Ce sont mes racines, dont je me nourris encore et toujours pour demeurer un catholique joyeux.

3) Quel était votre cheminement pour arriver au sacerdoce [N.dtr : le 31 mai 1954 = il y a 30 ans !] Et que conseillez-vous aux jeunes qui sont en recherche ?
- Pour moi, l'exemple des parents qui vivaient selon leur foi a été relayé par quelques personnes précieuses qui ont su me guider pas à pas, à travers les difficultés et malgré mes erreurs. Qui m'ont aidé à garder toujours la confiance dans le Seigneur qui sait mener à bonne fin ce qu'on essaie de faire pour lui.
L'essentiel, dirais-je aux jeunes, c'est de ne pas s'arrêter sur le chemin, mais continuer à avancer avec courage vers le Christ qui appelle, au-delà des fautes et des péchés déplorables de certains membres de l'Eglise.

4) Quel est le sens de votre devise épiscopale tirée de l'Evangile de st Jean (1) ?
- Le dialogue avec Pilate pour témoigner de la vérité, a été toujours primordial pour moi et reste un but à poursuivre maintenant en tant qu'évêque. Le Christ est la Vérité, son Evangile est la Vérité, sinon tout est sans fondement. Je voudrais rester fidèle à cette Réalité.

5) Quels sont vos liens avec l'AED ?
- J'ai connu d'abord les écrits du fondateur (P.Werensfried) et je connais aussi l'organisme depuis que je suis à Rome.

6) Quelles sont vos impressions des personnes que vous avez pu rencontrer en tant que Préfet de la Maison pontificale ?
- Il est difficile de répondre car souvent l'idée que j'ai pu faire de telle ou telle personne s'est modifiée après la rencontre.

7) Et votre tâche de faiseur de pont entre les deux papes ?
- Ma journée peut être résumée ainsi : 80 % de François, 20 % de Benoît. Dans le déroulement des moments de la journée passés auprès de Benoît, je relève un détail : en ce mois de Marie, nous allons en général jusqu'à la grotte de Lourdes en récitant le chapelet.

8) Quel est selon vous, le charisme du pape François ?
- C'est son énergie, sa capacité de travailler 30 h par jour, alors qu'on sait qu'une journée ne compte que 24h, et cela malgré ses 77 ans. Il aime les surprises ! Il aime toucher les cœurs des gens mais uniquement pour les attirer au Christ. Il n'aime pas du tout le culte de personnalité. En cela il est semblable à ses prédécesseurs.
L'Evangile est central pour lui. Lorsqu'il parle des périphéries, il s'agit aussi de nos périphéries intérieures à évangéliser! Quand il parle de se libérer des bagages inutiles qui alourdissent la marche, il reprend l'idée de Benoît XV sur la démondanisation. Ce discours si important prononcé à Fribourg en septembre 2011 n'a pas eu d'impact (2). Maintenant le pape François continue sur cette même lancée.
Le pape François est un homme d'écoute qui consulte beaucoup, mais lorsqu'il prend une décision il est inébranlable.

9) Comment avez-vous vécu la canonisation des deux papes le 27 avril dernier ?
Pour St Jean-Paul II le mot Miséricorde a été un mot-clef. Mais n'oublions pas que sans la Vérité, on tombe à côté de la réalité. Au confessionnal les deux sont nécessaires.
J'ai connu Jean-Paul II dès ma jeunesse, je l'ai rencontré comme jeune prêtre, mais surtout j'ai pu l'accompagner [N.dtr il était son confesseur] à la fin de sa vie, ce qui m'a beaucoup impressionné. Pendant la canonisation j'ai surtout pensé à Jean-Paul II devenu serviteur souffrant, lui qui dans sa jeunesse a été l'athlète de Dieu.
Les deux papes canonisés ont été des personnalités différentes ; ce qui les unit, c'est leur commun amour du Christ.

10) Que pensez-vous du prochain synode sur la famille ?
- En ce moment la famille est attaquée de toutes parts. Deux synodes (15 jours cette années et 3 semaines l'an prochain) lui seront consacrés. Il ne s'agit pas de trouver des solutions confortables qui plairont aux médias, mais de rester fidèle à l'Evangile.

11) Le pape François, connaît-il la Suisse ?
- A part, la Garde suisse, il ne la connaît pas encore.

12) Quelle prière formulez-vous pour la Suisse ?
- Que les chrétiens vivent selon leur foi, et que les gens qui n'ont pas la foi la trouvent.

13) Et quel est le souhait que vous formulez pour vous-mêmes ?
- Que je vive au cœur de la catholicité selon ma conscience, en accomplissant la tâche qui m'est demandée.

Notes

(1) « Testimonium perhibere veritati » (Jn 18,37) (Rendre témoignage à la Vérité)

(2) En toute (im)modestie, je pense être l'une des rares à en avoir parlé au moins en France: benoit-et-moi.fr/2013-II/articles/continuite-mondanite-de-leglise.html (même si aujourd'hui, je ne reproduirais sans doute plus les explications tarabiscotées de Massimo Introvigne...)