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Benoit XVI en Pologne

... en 2006, sur les traces de Jean Paul II: Johann Wolfgang von Goethe, le grand poète allemand, disait: "Qui veut comprendre un poète devrait visiter son pays". (26/4/2014)



Du 25 au 28 mai 2006, Benoît XVI se rendait en pélerinage en Pologne "sur les traces de son vénéré prédécesseur" (pages spéciales du Vatican: www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/travels/2006/index_polonia_fr.htm )
En particulier, le 27 il était à Wadowice, où il visitait la maison natale de Jean-Paul II.
Sur la place de Wadowice, il s'adressait à la population:

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Bien-aimés frères et soeurs!

Je suis arrivé avec une grande émotion sur le lieu de naissance de mon grand prédécesseur, le Serviteur de Dieu Jean-Paul II, dans la ville de son enfance et de sa jeunesse. Wadowice ne pouvait pas manquer sur le parcours du pèlerinage que je suis en train d'accomplir en terre polonaise sur ses traces. J'ai voulu faire étape précisément ici, à Wadowice, sur les lieux où sa foi est née et a mûri, pour prier avec vous afin qu'il soit bientôt élevé à la gloire des autels.
Johann Wolfgang von Goethe, le grand poète allemand, disait: "Qui veut comprendre un poète devrait visiter son pays". De même, pour comprendre la vie et le ministère de Jean-Paul II, il était nécessaire de venir dans sa ville natale. Il reconnut lui-même que c'est ici, à Wadowice, que "que tout a commencé: la vie, l'école, les études, le théâtre... et le sacerdoce" (Wadowice, 16 juin 1999).

Jean-Paul II, en évoquant ces débuts, rappelait souvent un signe: celui des fonts baptismaux, qu'il entourait d'une vénération particulière dans l'église de Wadowice. En 1979, lors de son premier pèlerinage en Pologne, il reconnut: "Sur ces fonts baptismaux de l'église de Wadowice, le 20 juin 1920, m'a été accordée la grâce de devenir enfant de Dieu, et aussi la foi en mon Rédempteur et je fus accueilli dans la communauté de son Eglise. Ces fonts baptismaux, je les ai déjà baisés solennellement une fois, en l'année du Millénaire de la Pologne, quand j'étais Archevêque de Cracovie. Je le fis ensuite une autre fois (...) lors du cinquantième anniversaire de mon baptême, lorsque j'étais Cardinal. Aujourd'hui, je veux les baiser une troisième fois, venu de Rome comme Pape, successeur de Saint Pierre" (Wadowice, 7 juin 1979). Il semble que dans ces paroles de Jean-Paul II se trouve la clé pour comprendre la cohérence de sa foi, la radicalité de sa vie chrétienne et du désir de sainteté qu'il manifesta constamment. Nous percevons ici la profonde conscience de la grâce divine, de l'amour gratuit de Dieu pour l'homme qui, à travers l'eau du baptême et l'effusion de l'Esprit Saint, introduit le catéchumène dans la multitude de ses fils rachetés par le Sang du Christ. Mais nous percevons aussi la conscience que le baptême qui justifie est également un appel a être attentif à la justice née de la foi. Le programme le plus simple d'une vie authentiquement chrétienne peut se résumer dans la fidélité aux promesses du saint Baptême. La devise de ce pèlerinage: "Demeurez forts dans la foi", trouve ici une dimension concrète qui pourrait être exprimée dans l'exhortation: "Demeurez forts dans l'observance des promesses baptismales". Le Serviteur de Dieu Jean-Paul II - qui, en ce lieu, parle d'une manière toute particulière - est le témoin d'une telle fidélité.

Mon grand prédécesseur indiquait la Basilique de Wadowice et sa paroisse de naissance comme un lieu d'une importance particulière pour le développement de sa vie spirituelle et de la vocation sacerdotale qui se révélait en lui. Il déclara: "Ce temple est le lieu de ma première confession et de ma Sainte communion. Ici, j'ai été enfant de choeur. Ici, j'ai rendu grâce à Dieu pour le don du sacerdoce et ici, - alors en tant qu'Archevêque de Cracovie - j'ai vécu mon premier jubilé des 25 ans de mon sacerdoce. Que de biens, que de grâces j'ai reçus de ce temple et de cette communauté paroissiale, seul le sait celui qui est le Dispensateur de toute grâce. A lui, Dieu un et trine, je rends grâce aujourd'hui sur le seuil de cette église" (Wadowice, 16 juin 1999). Le temple est le signe de la communion des croyants unis par la présence de Dieu qui demeure au milieu d'eux. Cette communauté est l'Eglise aimée de Jean-Paul II. Son amour pour l'Eglise vit le jour dans la paroisse de Wadowice. Il y perçut l'environnement de la vie sacramentelle, de l'évangélisation et de la formation à une foi mûre. C'est pourquoi, en tant que prêtre, en tant qu'Evêque, puis en tant que Pape, il entourait d'une telle attention les communautés paroissiales. Dans l'esprit de cette même sollicitude, lors de leur visite ad limina Apostolorum, j'ai demandé aux Evêques polonais de faire leur possible afin que la paroisse polonaise soit véritablement une "communauté ecclésiale" et une "famille de l'Eglise".

Pour conclure, permettez-moi de rappeler encore une caractéristique de la foi et de la spiritualité de Jean-Paul II, liée à cet endroit. Il rappela lui-même plusieurs fois l'attachement profond des habitants de Wadowice à l'image locale de la Vierge du Perpétuel Secours et l'usage de la prière quotidienne devant celle-ci des élèves du lycée, à l'époque. Ce souvenir nous permet d'arriver aux sources de la conviction que nourrissait Jean-Paul II - la conviction de la place exceptionnelle occupée par Marie dans l'histoire du salut et dans celle de l'Eglise. De celle-ci naissait également sa conviction de la place exceptionnelle que la Mère de Dieu occupait dans sa vie, une conviction qui s'exprimait dans le "Totus tuus" empli de dévotion. Jusque dans les derniers instants de son pèlerinage terrestre, il demeura fidèle à cet acte de confiance.

Dans l'esprit de cette dévotion, devant cette image, je veux rendre grâce à Dieu pour le Pontificat de Jean-Paul II et, comme lui, demander à la Vierge de prendre soin de l'Eglise dont, par la volonté de Dieu, la direction m'a été confiée. Chers frères et soeurs, je vous demande à vous aussi de m'accompagner par cette même prière à travers laquelle vous étiez proches de votre grand concitoyen. Je vous bénis tous de tout coeur, vous qui êtes ici présents, ainsi que tous ceux qui viennent à Wadowice pour puiser aux sources de l'esprit de foi de Jean-Paul II.

© Copyright 2006 - Libreria Editrice Vaticana

     

Le lendemain, il célébrait la messe à Cracovie, la ville dont Jean Paul II avait été archevêque avant de devenir Pape.
Extrait de son homélie:

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Chers frères et soeurs, je célèbre aujourd'hui avec une profonde émotion l'Eucharistie sur l'esplanade de Blonia, à Cracovie, le lieu où le Saint-Père Jean-Paul II célébra plusieurs fois la Messe au cours de ses inoubliables voyages apostoliques dans son pays natal. Au cours de la liturgie, il rencontrait le peuple de Dieu dans presque tous les lieux du monde, mais il ne fait aucun doute que la célébration de la Messe sur l'esplanade de Blonia à Cracovie représentait chaque fois pour lui un événement exceptionnel. Il retournait avec la pensée et le coeur aux racines, aux sources de sa foi et de son service dans l'Eglise. D'ici, il voyait Cracovie et toute la Pologne. Au cours du premier pèlerinage en Pologne, le 10 juin 1979, terminant son homélie sur cette esplanade, il dit avec nostalgie: "Avant de vous quitter, je voudrais donc jeter encore un regard sur Cracovie, cette Cracovie dont j'aime chaque pierre et chaque brique. Et je regarde encore ma Pologne...". Au cours de la dernière Messe célébrée en ce lieu le 18 août 2002, il déclara dans son homélie: "Je suis reconnaissant pour l'invitation à visiter ma ville de Cracovie et pour l'hospitalité qui m'a été offerte". Je désire accueillir ces paroles, les faire miennes et les répéter aujourd'hui: je vous remercie de tout coeur "pour l'invitation à visiter ma ville de Cracovie et pour l'hospitalité qui m'a été offerte". Cracovie, la ville de Karol Wojtyla et de Jean-Paul II, est également ma Cracovie! C'est aussi une Cracovie chère au coeur d'innombrables foules de chrétiens du monde entier, qui savent que Jean-Paul II arriva sur la colline du Vatican de cette ville, de la colline de Wawel, "d'un pays lointain", qui, grâce à cet événement, devint un pays cher à tous.

Au début de la deuxième année de mon pontificat, je suis venu en Pologne et à Cracovie poussé par un besoin du coeur, en tant que pèlerin sur les traces de mon Prédécesseur. Je voulais respirer l'air de sa patrie. Je voulais regarder la terre sur laquelle il naquit et où il grandit pour assumer l'inlassable service au Christ et à l'Eglise universelle. Je désirais tout d'abord rencontrer les hommes vivants, ses compatriotes, connaître votre foi, dont il tira la sève vitale, et m'assurer que vous êtes bien ancrés en elle. Ici, je désire également prier Dieu de conserver en vous l'héritage de la foi, de l'espérance et de la charité laissé au monde, et de manière particulière à vous, par Jean-Paul II.