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Benoit XVI et Jean Paul II

Une video d'hommages croisés, des polémiques, et une mise au point du cardinal Cottier (26/4/2014)

Polémiques

Je peux reproduire mot pour mot ce que j'écrivais il y a trois ans à la veille de la béatification de Jean Paul II: dans la perspective de sa canonisation, les polémiques vont bon train [(1)].

D'abord, il y a ceux qui s'étonnent d'un processus express, rompant avec les normes canoniques qui fixent un délai de 5 ans entre la mort et l'ouverture du procés.

Certains lui reprochent son silence sur les turpitudes de Maciel, sa négligence face aux affaires de pédophilie, son intransigeance dans la défense de la vie. D'autres ses voyages, son côté acteur, son abandon de la gouvernance. D'autres encore d'avoir été le Pape d'Assise, d'ouverture excessive aux autres religions, le Pape qui a baisé le Coran. La liste n'est pas exhaustive.

Beaucoup, en revanche, acclament son charisme extraordinaire, la fascination qu'il exerçait sur les foules, puis le courage héroïque dans la maladie et la souffrance qu'il a accepté de vivre publiquement jusqu'au bout. Benoît XVI a souvent rappelé l'immense héritage de son magistère (auquel il a lui-même beaucoup participé).

Presque tous, enfin, s'accordent pour reconnaître le rôle qu'il a joué dans la chute du communisme.

On me permettra de ne pas intervenir dans ce débat. De son vivant, Jean Paul II, en tant qu'homme, ne m'a pas inspiré de sentiment particulier: aucune antipathie, certes, mais pas d'enthousiasme non plus. L'élection de Benoît XVI, qui avait certainement été l'inspirateur du meilleur de son pontificat, a permis à ce dernier d'en "corriger", avec douceur, les "erreurs" éventuelles. Malheureusement ses efforts ont été entravés, et finalement stoppés, comme on sait.

Reste un fait indéniable: Joseph Ratzinger (puis Benoît XVI) a éprouvé pour le Pape polonais - qu'il continue d'appeler "le Pape", comme l'a confié Mgr Gänswein, une grande affection et une grande admiration. C'est lui qui a ouvert la cause de béatification le 28 juin 2005, pour répondre aux souhaits des cardinaux formulés au conclave qui venait de l'élire Pape (1)
Voici une petite video trouvée grâce à Raffa qui les associe tous les deux dans un bel hommage:




Le cardinal Cottier

(1) Au sujet des critiques entourant la canonisation, Giuseppe Rusconi (Rosso porpora) a interrogé le cardinal suisse Georges Cottier, qui fut sous Jean Paul II théologien de la Maison Pontificale (de 1990 à 2005):

Eminence, vous savez qu'une canonisation est un acte solennel du Magistère du Pape. Est-elle reliée à l'infaillibilité? Un catholique peut-il légitimement douter de la sainteté de ceux qui sont canonisé?

La canonisation n'est pas comparable à la proclamation d'un dogme. J'en ai parlé avec une autorité compétente de la Congrégation pour les Causes des Saints, qui soutenait que l'infaillibilité n'est pas impliquée dans les cas de canonisation. Bien sûr, cela ne veut pas dire que le canonisé n'est pas un saint: disons qu'il y a une grande probabilité qu'il le soit vraiment, compte tenu de la précision des enquêtes ecclésiastiques. Je rappelle que dans une canonisation, la réputation de sainteté a une grande importance: dans les Congrégations générales pré-consistoire de 2005, je me souviens que la majorité avait signé pour mettre en route la cause de canonisation du pape Jean-Paul II. Son successeur n'a rien fait d'autre que de prendre note de la volonté du Collège des Cardinaux, ainsi que du sentiment populaire commun.
Quand on connaît la vie de Jean-Paul II, il est très difficile de ne pas conclure que c'était celle d'un saint. Les critiques devraient donc présenter des arguments bien plus sérieux pour le contester et parfois ils font partie des mouvements sectaires, pour qui le Pape Wojtyla est même un hérétique. Mais avec quelles preuves?