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L'héritage de Benoît XVI (III)

Dernière partie de l'exposé du Professeur Réal Tremblay: Benoît XVI restera comme le Pape du service (9/6/2014)

Image ci contre: la dernière audience, 27 février 2013.

>>> L'héritage de Benoît XVI (I)
>>> L'héritage de Benoît XVI (II)

III. L'IDÉE DE SERVICE, LIGNE INSPIRATRICE POUR L'ÉGLISE D'AUJOURD'HUI ET DE DEMAIN

Rivista teologica di Lugano, Anno XVIII, No 2, Giugno 2013
Prof. Réal Tremblay

Il est dans la nature de l'Église de servir. Son «Époux», nous l'avons vu dans le texte de la première partie de cette intervention, est le «roi-fils-serviteur». La loi du service n'est donc pas facultative dans l'Église. Elle est de nécessité absolue; elle est sa «loi naturelle» en quelque sorte.

Cette identité de l'Église a été de nouveau mise en relief par la mens conciliaire avec des suites concrètes remarquables. A côté d'un service fort et permanent dans les différents secteurs du réel, à l'œuvre un peu partout dans le monde, il y a eu aussi des manques graves à cette loi du service: on s'est servi de ce que l'on devait servir.

Beaucoup dans l'Église et le monde ont été scandalisés par cette contradiction dans les termes, par cette incohérence néfaste. Je pense entre autres aux cas d'abus sexuels contre lesquels Benoît XVI, en faisant violence à sa douceur naturelle, a dû réagir avec fermeté pour mettre l'Église au pas du service des personnes (surtout des plus petits) auxquelles elle est envoyée. Cette attitude avec d'autres analogues ne s'improvisent pas. Elles viennent d'une longue vie passée à servir l'Église, comme ce fut particulièrement le cas, pour les raisons déjà connues, dans la renonciation de Benoît XVI au Siège de Pierre.
Ces gestes avec d'autres feront de ce pape le pape du service. C'est l'héritage principal qu'il laissera à l'Église et au monde, comme vient de le reconnaître implicitement son successeur, le pape François, lorsque il affirme dans son homélie de la messe d'inauguration de son ministère pétrinien: «N'oublions jamais que le vrai pouvoir est le service et que le Pape aussi pour exercer le pouvoir doit entrer toujours dans ce service qui a son sommet lumineux sur la Croix».

Le monde en particulier peut-il tirer profit de cet héritage? A observer combien peu sont les instances de ce monde (politiques, financières, administratives, hospitalières, universitaires, etc.) qui vivent du détachement de leurs propres intérêts à l'avantage des autres, cet héritage apparaît plus qu'actuel. Descendre du trône de ses bénéfices personnels pour être parmi les autres comme des serviteurs est aujourd'hui attitude rarissime. C'est peut-être un indice, voire l'indice par excellence de la perte du sens de la Transcendance qui se manifeste en devenant immanence (cfr. Jn 1,14)!

Et ainsi nous revenons à notre texte de départ où la vraie royauté est don de soi jusqu'à l'anéantissement de la Croix pour tous.
C'est cette page en plus d'autres analogues qui a ouvert la voie rugueuse, mais finalement lumineuse sur laquelle a marché Joseph Ratzinger / Benoît XVI, voie qu'il nous invite tous à découvrir, et à emprunter.

Fin