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François et les franciscains de l'Immaculée

Que s'est-il passé lors de la rencontre du 10 juin rapportée seulement deux semaines après par Andrea Tornielli? La version du site Corrispendenza Romana (26/6/2014)

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Le Pape a reçu les Franciscains de l'Immaculée
>>> La chasse au conservateur est ouverte
>>> Dernier développement

La manière dont l'information a été révélée suscite une légitime perplexité: un article publié le 23 juin sur un site éminemment laïc, par un journaliste qui a sans aucun doute "des relations très haut placées"...

C'est seulement deux jours après que la nouvelle est reprise sur le site de Radio vatican, en ces termes:

Le Pape a rencontré les séminaristes des Franciscains de l'Immaculée
(RV, 25/6/2014)
http://fr.radiovaticana.va/news/2014/06/25
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« Un geste qui démontre l’intérêt avec lequel le Pape François suit la situation des Franciscains de l’Immaculée et sa proximité au travail que le commissaire mène au nom de la Congrégation pour la Vie Consacrée et les Sociétés de Vie Apostolique ». C’est par ces mots que le Directeur de la Salle de Presse du Saint-Siège, le Père Federico Lombardi, a défini la rencontre le 10 juin dernier à Sainte Marthe au Vatican, du Pape avec tous les séminaristes des Franciscains de l’Immaculée et le commissaire pontifical, le père Fidenzio Volpi. Le Pape, a expliqué le Père Lombardi, « est tenu informé de tous les pas accomplis. En ce moment on cherche une maison à Rome où pourraient habiter les frères étudiants de l’Institut qui fréquenteront une Université Pontificale de Rome pour poursuivre leurs études ».

L’ordre des Franciscains de l’Immaculée connaît des dissensions internes liées notamment à la célébration de la messe quasi exclusivement selon l’ancien rite, mais aussi à l’interprétation du Concile Vatican II. Pour calmer les esprits et ramener la sérénité, l’Institut de théologie interne aux Franciscains de l’Immaculée (Stim) a été fermé, et les séminaristes doivent désormais étudier dans les Facultés de théologie pontificales de Rome.

L'article de Tornielli (contrairement à RV, qui évoque la présence du commissaire Volpi) ne donnait pas de détails sur l'identité des frères reçus par le Pape.

Le site Corrispondenza Romana apporte un éclairage différent, donnant la parole aux frères restés fidèles aux fondateurs.

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LE «PARTI» DU COMMISSAIRE VOLPI EN AUDIENCE CHEZ LE PAPE
Fabio Cancelli
http://www.corrispondenzaromana.it/il-partito-del-commissario-volpi-in-udienza-dal-papa/
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La rencontre du pape avec les jeunes étudiants (et certains moins jeunes) des Franciscains de l'Immaculée a eu lieu dans la matinée du 10 Juin, à la chapelle de Sainte-Marthe, mais la nouvelles n'est sortie que le 23 Juin avec un article de Tornielli et avec quelques photos postées sur Facebook, mais dans l'ignorance totale des médias du Vatican. Comment se fait-il que la nouvelle ne soit donnée que 13 jours après? Déjà, cela commence à être la source de nombreux doutes, qui s'épaississent à l'examen.

Les participants à l'audience privée avec le Saint-Père ont été choisis avec soin, presque un par un, mais sans savoir, jusqu'au jour désigné, et jusqu'à ce qu'ils se soient mis en route vers Saint-Pierre, où ils allaient. Certains disaient qu'ils allaient en pèlerinage à Saint-Pierre, d'autres savaient qu'il y aurait une rencontre spéciale avec le commissaire. Mais presque aucun des frères convoqués (les novices, les séminaristes restés, et quelques-uns ayant déjà prononcé leurs voeux, conduits par les Pères contestataires) ne savait vraiment où ils allaient ce matin-là.

Surprise: après quelques minutes d'attente, il sont devant le Saint-Père. Plus tôt, à l'extérieur, le maître de cérémonie et véritable artisan de la rencontre, le P. Angelo M. Gaeta, avec le commissaire, avait donné des dispositions sur la façon de se comporter en présence du Pape. Aucune question spontanée, mais un écoute pieuse, et enfin un rapide baiser sur la main, sans s'attarder trop. Le Pape était occupé. La veille, en effet, il avait même annulé des audiences.

A l'appel, toutefois, il manquait beaucoup de frères. Il manquait les fondateurs des Franciscains de l'Immaculée, et le «parti» des frères restés fidèle au Fondateur. Restés fidèles non pas pour être contre le pape, mais pour ne pas voir détruits en quelques mois, et sans connaître les véritables motifs, ce qu'ils avaient essayé de construire avec l'approbation des Papes. Certains des nouveaux supérieurs ont voulu justifier devant les séminaristes cette absence flagrante en disant que seuls les frères obéissants avaient été convoqués.

N'était-ce pas un moment opportun pour faire revenir les désobéissants à la raison, et les contraindre, en présence du Saint-Père, à se convertir et à abandonner leur obstination? Ne sont-ce pas les malades qui ont besoin d'un médecin? Et pourquoi, au contraire, sont-ce eux qui ont été laissés complètement dans l'ignorance? Cela pouvait être le vrai moment de la réconciliation dans la vérité devant le pape. Et au lieu de cela? Ne fallait-il pas convoquer plutôt les frères et les prêtres qui ont demandé à quitter l'Institut, afin qu'ils puissent ouvertement donner les raisons d'un choix si grave? Ne sont-ils que des numéros? Il est désolant de le constater, mais c'est la mentalité d'une nouvelle secte qui se profile: tenir leurs disciples sous controle strict et disqualifier les autres avec le mensonge et la calomnie, les chasser du groupe.
L'audience avec le Saint-Père, ne visait donc pas à trouver une solution à la crise de l'Institut dans la vérité et la charité, mais seulement à arrêter l'hémorragie interne de beaucoup, beaucoup, qui, convaincus par cette façon d'agir sectaire et partisane des nouveaux supérieurs, demandent à quitter une telle vie religieuse.

Avec le Pape, les frères ont parlé de beaucoup de choses. Tornielli nous informe de certaines, mais d'autres n'ont pas été rapportées, et là encore, on ne comprend pas exactement pourquoi.

Le Pape a fermé le séminaire et il a évidemment le pouvoir de le faire. Mais qui l'a informé? Les visiteurs du séminaire et le commissaire lui-même ont toujours nié qu'il y eût des problèmes assez graves pour compromettre sa vie future. Hérésies doctrinales, scandales moraux, homosexualité et pédophilie identifiées? Apparemment pas. Alors quoi?

On a parlé ensuite du charisme et du fondateur, en relation avec le Pape. Qui est le garant de charisme? Evidemment le Pape. Mais quand, où, le fondateur a-t-il voulu se substituer au Pape? N'est-il pas plutôt vrai que le Pape a toujours approuvé ce que les fondateurs ont choisi et enseigné à leurs frères?

Le Concile Vatican II est certes pastoral, mais aussi doctrinal et on doit en faire une lecture théologique non-idéologique, sur les traces du Pape Benoît XVI. Pourtant, la méthode utilisée par les nouveaux supérieurs pour dénigrer ce qui a été fait avant est effrayante: ils se sont alarmés, en robustes ignorants, simplement d'entendre le mot «critique». On ne touche pas au Concile, gare à dire un mot de trop, qui ne caresse pas les oreilles sensibles de la vulgate commune.

Et puis la question de la pauvreté. Le Saint-Père a recommandé au Commissaire et aux frères d'être pauvres, ou plutôt d'être comme des «gitans» (Saint François aurait dit: «pèlerins et étrangers en ce monde»), mais le concept est clair: il ne faut pas se lier aux biens terrestres comme les maisons ou les couvents. En effet, cela fait un certain temps que le commissaire ne fait qu'accuser à tort le Père Manelli d'avoir donné les biens de l'Institut à sa famille, s'attirant de nombreuses plaintes. Les biens appartiennent, comme cela a toujours été, à plusieurs organisations à but non lucratif, justement pour permettre aux frères d'être vraiment pauvres, dans l'optique du Pape François.

Enfin, la Messe selon le Vetus Ordo . Le Pape a restreint le droit de la célébrer juste pour voir si effectivement il y avait eu une contrainte de la part des précédents supérieurs. Une fois vérifiée la liberté de la demander, le commissaire aurait dû l'accorder. . Il "aurait dû", cer dans un climat de dialogue salué par le Pape, mais qui n'a jamais existé, le commissaire non seulement n'a jamais redonné la permission de la célébrer (sinon à quelque curé de paroisse), mais n'a même pas répondu aux nombreuses demandes pour la célébration de l'ancienne liturgie. Et même, dans certains cas, il a inventé le prétexte que la permission de célébrer avait été extorquée aux évêques par la malice et l'arrogance.

L'audience s'est conclue. Comment beaucoup espéraient, après un salut rapide au Pape, finalement le congé. Mais un frère présent n'a pas réussi à retenir le choc et la tristesse d'avoir assisté à une rencontre sans la présence des fondateurs, sans cesse remis en question, mais hélas absents. Donc, ce frère a eu le courage de dire au Pape: il n'est pas vrai que le Père Manelli est contre le Pape, contre l'Église, mais simplement et humblement, il demande à être entendu, à pouvoir dire aussi son avis sur la question. Le Pape a répondu que les portes de Sainte-Marthe sont également ouvertes aux Fondateurs. Un des nouveaux supérieurs présents, mécontent de cette impolitesse lui ayant échappée s'est alors approché de l'oreille du pape et lui a chuchoté de ne pas croire les choses dites par cet homme. Un authentique homicide spirituel contre un frère. Malheureusement, ce supérieur, de cette façon si voyante, n'a pas mis en pratique les sermons répétés du Pape François contre le jugement, la calomnie, la médisance la suspicsion de mauvaise conscience des autres. Cela seul suffirait pour faire comprendre au Pape la vraie pourriture spirituelle qui est derrière tout cela. La jalousie, l'envie, les ragots, le ressentiment, le carriérisme. Choses humaines, trop humaines.

Le Père Manelli, depuis le début de la nommination d'un commissaire, a été confiné dans un couvent de la région du Latium près de Cassino, et en fait, il est assigné à une résidence surveillée. Chacun de ses mouvements en dehors des limites du diocèse dans lequel il se trouve doit être «autorisé» par le commissaire. Autorisation qui peut même ne pas être donnée, comme ce fut le cas récemment, lui refusant de se rendre sur la tombe de ses parents. N'est-ce pas une mise aux arrêts qui lui est infligée? Un exil, a coup sûr, avec toutes les précautions pour qu'il n'aille pas à la rencontre du Pape

Le frère qui a défendu le Père Manelli devant le Pape n'a pas demandé à partir parce qu'il rejette le Concile Vatican II. Il s'agit d'un stratagème fabriqué pour discréditer une fois de plus les frères qui veulent partir, au contraire, en raison du comportement incorrect et faux des nouveaux supérieurs (voir la lettre ouverte d'un ex-frère qui dénonce publiquement le comportement du P. Bruno; et un dossier qui montre la duplicité des nouveaux supérieurs).

Les Frères Franciscains de l'Immaculée ne sont pas entrés au couvent parce qu'on y disait du mal du Concile, mais seulement parce qu'on y menait une vie conforme à la tradition de la vie religieuse. C'est ce qui est venu à manquer en quelques mois et c'est pourquoi, les frères, de plus en plus nombreux, demandent à partir. À moins que le pape ne concède aussi à l'autre parti la grâce d'être entendu et de se défendre contre toutes les allégations qui lui sont adressés.

     

Dernier développement

A l'initiative d'un site anglophone http://pray4thefriars.wordpress.com/ , une pétition internationale a été lancée pour demander au Pape François de recevoir les fondateurs.
Elle est relayée par Antonio Socci sur sa page Facebook.