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Humour... douteux

John Allen s'est amusé à attribuer les "oscars" du Synode. C'est dire en quelle haute estime il tient les affaires de l'Eglise. C'est malgré tout assez bien vu (28/10/2014).

Il en ressort que le Synode était un spectacle, et que les gens qui l'ont suivi se sont bien amusés; et ce n'est pas fini.
On conviendra toutefois que du temps de Benoît XVI, un pareil commentaire aurait été impensable.

Ceci dit, je ne suis pas sûre que l'article méritait d'être traduit. Mais j'avais commencé, et pour une fois, ce n'était pas long.
Le principal intérêt est de montrer que John Allen, unanimement respecté et considéré comme LE vaticaniste presque par antonomase, a un grand talent de journaliste... mais qu'il est tout sauf un commentateur religieux.

Un autre point intéressant, c'est que pour lui, qui est un authentique libéral (ou si l'on veut un progressiste, mais ce mot impliquerait son appartenance à la communauté catholique), François n'a essuyé aucun échec, et tout était parfaitement planifié pour ce "spectacle" dont il sort(irait) avec l'Oscar en poche, c'est-à-dire le grand vainqueur.
Et enfin, il souligne que la manoeuvre de Mgr Forte (son "ouverture" aux gays a été indubitablement l'un des temps forts de ces 15 jours) était planifiée, mais maladroite, car prématurée. Il suffit juste d'attendre que le fruit soit mûr.

     

ET L'OSCAR DU SYNODE 2014 EST DÉCERNÉ À ...
John L. Allen Jr.
www.cruxnow.com
26 octobre 2014
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Pas de doute, le Synode des évêques sur la famille du 5 au 19 octobre à Rome, qui a rassemblé quelque 260 évêques catholiques et d'autres dirigeants de l'Église pendant une quinzaine de jours tumultueux, était une affaire sérieuse .
Des questions telles que la valeur morale que l'Église catholique devrait attribuer aux unions de même sexe ou à la cohabitation en dehors du mariage, et si les catholiques divorcés remariés civilement devraient pouvoir recevoir la communion, sont extrêmement compliquées, et ceux qui pensent que les réponses sont faciles n'ont pas dû faire attention.
Cela dit, le synode était également terriblement divertissant. Il a présenté plusieurs intrigues dignes d'un scénario hollywoodien: batailles rangées entre les progressistes et les conservateurs, théories du complot et accusations de baillonnement de la dissidence, affrontements entre des personnalités plus grandes que nature, et suffisamment de rebondissements surprenants pour satisfaire même les fans de feuilletons les plus exigeants.

Dans cet esprit, il est temps de décerner les Oscars pour le synode de 2014, reconnaissant les meilleures performances de ces deux semaines qui ont secoué le monde catholique. Comme avec les véritables Oscars, les grands prix sont attribués dans cinq catégories. Contrairement aux Oscars, il n'y a pas d'académie à remercier dans des discours, étant donné que ces prix ont été déterminés par un jury d'une personne ... c'est-à-dire, moi.

1. Le Prix «A bridge too far» (Un pont trop loin): Cet honneur reconnaît la personnalité du synode qui a bluffé de la façon la plus spectaculaire, essayant d'atteindre unilatéralement un résultat pour lequel le synode n'était tout simplement pas prêt .

Et l'Oscar est attribué à ... Mgr Bruno Forte, d'Italie, qui a été le principal auteur d'un rapport intermédiaire controversé décrit par le vétéran vaticaniste John Thavis comme un «séisme» (cf. Un séisme au Synode ) pour son langage incroyablement positif envers les gays, les couples qui cohabitent, et les divorcés.
Rétrospectivement, l'erreur de Forte a été d'utiliser la relation pour essayer de pousser le synode en avant, plutôt que de faire ce pour quoi le document avait été effectivement conçu, c'est-à-dire résumer les discussions à mi-parcours. La réaction conservatrice contre le texte de Forte a peut-être contribué à rendre le rapport final plus prudent que ce qu'il aurait été autrement.

2. Le Prix Alfredo Ottaviani de la personnalité d'opposition: Ottaviani était le leader légendaire de la faction conservatrice au Concile Vatican II, et donc ce prix reconnaît la voix la plus forte de la dissidence au Synode. (La devise d'Ottaviani était Semper Idem, soit toute une philosophie politique en miniature.)

Et l'Oscar est attribué au ... cardinal Raymond Burke, l'Américain dont la critique féroce du rapport intermédiaire , et des propositions pour permettre les divorcés remariés de revenir à la communion, a encadré une grande partie de la controverse du synode. A un moment, Burke a même suggéré que François devait au monde une explication pour avoir entretenu la confusion à propos de l'enseignement de l'Eglise.
On peut aimer les positions de Burke ou les détester, mais il n'y a pas à dire, il a été une star du show.

3. Le Prix "John Wayne dans le rôle de Gengis Khan": Avoir choisi le Duke pour jouer le seigneur de guerre mongol dans le film de 1956 " Le Conquérant" est considéré comme l'une des décisions de casting les plus ineptes de tous les temps. Dans cet esprit, cette récompense reconnaît les participants du synode dont les contributions ont été le plus largement incomprises.

Et l'Oscar est attribué à ... Ron et Mavis Pirola de Sydney, d'Australie, qui, le 6 octobre ont parlé aux évêques d'amis dont le fils gay avait voulu amener son compagnon pour Noël. Les amis ont accueilli le compagnon, ce que les Pirolas ont applaudi (cf. Début de Synode).
Leurs commentaires ont suscité de nombreuses critiques de traditionalistes. La Society for the Protection of Unborn Children (Société pour la protection des enfants à naître), par exemple, a vu dans les propos des Pirolas une concession «inquiétante» à «l'agenda homosexuel».
En réalité, les Pirolas sont de pieux catholiques dont les vues seraient classiquement considérées comme conservatrices (ndt: et leurs propos sur le mariage comme sacrement sexuel?). Ils ne recommandent pas de changements dans l'enseignement, mais plutôt de la compassion et du bon sens dans la façon dont l'enseignement est appliqué.

4. Le prix "Dirty Harry Make My Day" (réplique de Clint Eastwood dans le rôle de l'inspecteur Harry; cf. wikipedia): Ce prix est décerné à la personnalité du synode qui a prononcé le plus spectaculaire commentaire d'une ligne, une "petite phrase" qui a fait lever les sourcils et jaser les langues.

Et l'Oscar est attribué... au cardinal Walter Kasper, qui dans de brefs commentaires à des journalistes le 15 octobre a dit, parlant des prélats africains conservateurs opposés à sa ligne permissive sur la communion pour les divorcés remariés, que les Africains «ne devraient pas trop nous dire ce que nous avons à faire». Pour aggraver les choses, il a d'abord nié l'avoir dit, avant d'être confronté avec la bande audio.
D'accord, Kasper a déclaré qu'il voulait seulement dire que des parties du monde différentes ont des problèmes différents et ont besoin de leurs propres solutions. Pourtant, cette unique ligne a touché des nerfs qui courent à la fois de gauche à droite, et du nord au sud, et on en entend encore des échos.

5. Le Prix Alfred Hitchcock pour la meilleure réalisation d'une histoire de suspense: Pas besoin d'explication pour celui-ci, et il n'y a pas non plus de véritable débat sur le vainqueur.

Et l'Oscar est attribué à ... François, pour avoir mis tout ce processus en mouvement.

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Il y a un autre Synode des Évêques, plus ample, fixé pour Octobre prochain, après quoi François aura des décisions importantes à prendre. A ce stade, personne ne semble savoir ce qu'il va faire, ce qui ne fait que rendre l'intrigue plus intense.

Peu importe ce qui sortira de ce processus d'une année, François offre le drame le plus fascinant que le catholicisme ait vu depuis un temps terriblement long. Pour cela, les spectateurs peuvent être reconnaissants.

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