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La bombe d'Antonio Socci

Un livre à paraître en Italie reprend tous les arguments que le journaliste italien développe depuis février sur la validité de la renonciation de Benoît XVI, et la légitimité de François (25/9/2014)

>>> Cf. benoit-et-moi.fr/2014-I/actualites/laffaire-antonio-socci

Aux considérations concernant la non-validité de la renonciation (dossier complet dans ces pages), une thèse à laquelle il est très difficile d'accorder crédit car elle implique que Benoît XVI n'a pas dit la vérité (chose impensable, sauf à supposer qu'il l'a fait pour un bien supérieur), Antonio Socci ajoute un argument juridique (qui peut paraître léger, mais qui, s'agissant de quelque chose d'aussi réglementé et d'aussi important qu'un conclave, n'est pas insignifiant): l'élection de François serait nulle car le scrutin a été entaché d'un vice de procédure.

Que ce soit clair: je n'épouse pas ses thèses - surtout pas avant d'avoir lu le livre en question.
Mais même si la probabilité qu'il voie juste est infinitésimale, la justesse de sa théorie n'a rien à voir avec notre adhésion personnelle.

Toutefois, on peut regretter, au moins si l'on en croit la présentation du livre (celle de l'éditeur et celle de Il Foglio, voir ci-dessous) que Socci ait mélangé deux choses: la non-légitimité de François, et le cours actuel du Pontificat. Sa thèse aurait gagné en crédibilité si son adhésion au Ponticat actuel avait été totale et sans réserve. La légitimité d'un Pape ne peut pas dépendre de nos sentiments personnels.

Par ailleurs, en ce qui concerne la renonciation proprement dite, il n'y a aucun doute que Benoît XVI «n'en pouvait plus», les photos que je publie aujourd'hui en témoignent. Tout au plus peut-on se poser les questions: pourquoi les choses sont-elles allées jusque là? Et sont-ce uniquement des considérations humaines (physiques et psychologiques) le concernant qui ont déterminé sa décision inouïe?

Ce qu'il y a d'incroyable, dans la publication d'un tel livre (qui, soit dit en passant, ne manque pas de courage, car Antonio Socci prend le risque d'être marginalisé, voire lynché), c'est que tous les protagonistes sont encore en vie et sutout le protagoniste principal, qui ne peut évidemment rien dire.

Quoi qu'il en soit, je suis curieuse de savoir comment vont réagir les habituels mousquetaires du pape François. Il est possible qu'ils gardent le silence, condamnant ainsi le livre à l'index médiatique par défaut. Car s'ils parlent, ils prennent le risque de donner corps au fantasme de «l'antipape».
Mais il leur sera difficile d'ignorer la bombe lancée par leur confrère, qui dans le milieu catholique italien, n'est pas n'importe qui.
Voici sa bio, tel que rappelée sur le site de l'éditeur:

Antonio Socci est né à Sienne en 1959. Ecrivain et journaliste, ancien rédacteur en chef de la revue internationale «30 Giorni», sous-directeur de Rai 2 et animateur de talk show, il est depuis 2004 directeur de l'Ecole de Journalisme de Pérouse.
Il a collaboré (ou collabore) avec «il Giornale», «Libero », «Panorama», «Il Foglio», «Il Sabato».
Parmi ses livres, rappelons Mistero Medjugorje (2005), Il quarto segreto di Fatima?(2006), Il segreto di Padre Pio (2007, traduit en français), Indagine su Gesù (2008), Caterina (2010), La guerra contro Gesù (2012), Lettera a mia figlia (2012) e Tornati dall'aldilà (2014).

J'ajoute à tout cela, au risque de me répéter inutilement, qu'Antonio Socci avait annoncé la démission de Benoît XVI dès septembre 2011.

Enfin, un dernier point, à ne pas négliger, et que je laisse à l'appréciation de chacun: je ne veux pas mettre en cause la bonne foi d'Antonio Socci, qui est un honnête homme.
Mais on ne peut manquer de relever la coïncidence de dates: le livre sortira le 5 octobre, le jour même de l'ouverture du Synode sur la famille.

     

Présentation sur Il Foglio

BERGOGLIO O.O, PAPA NULLO.
Et Ratzinger l'est encore
Un grand livre fidèle ou schismatique, selon le point de vue. A paraître
23 Septembre 2014
http://www.ilfoglio.it
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Il continue à signer Benedictus XVI, avec le "PP" pour indiquer la puissance papale (1), ce qu'en revanche François n'a jamais fait depuis le jour de son installation sur la Chaire de Pierre. Il se vêtait de blanc et de blanc il continue à se vêtir, même s'il a cessé de porter le camail (la petite cape) et la ceinture. On n’a pas eu le temps de récupérer une soutane noire dans tout le Vatican, telle est la justification quelque peu paresseuse venue de l'autre côté du Tibre. Pape il était et Pape il reste, bien qu'émérite. Il a gardé aussi l'emblème avec les clés croisées que quelque cardinal zélé expert en héraldique avait essayé de mettre à jour, en supprimant toute référence au ministère pétrinien (2).
Mais alors quelle valeur a la renonciation annoncée par Joseph Ratzinger, assis sur le trône rouge dans la salle Clémentine, le 11 Février de l'an dernier, à la surprise des cardinaux présents, dont certains - peu habitués au latin - n'avaient pas compris la portée de ce qui se passait, «cas unique dans les deux mille ans d'histoire de l'Église»?
Celui qui se pose cette question est l'écrivain catholique Antonio Socci, dans “Non è Francesco”, gros livre à paraître aux éditions Mondadori début Octobre, et puissant manifeste antibergoglien, écrit - dit l'auteur - «en obéissance au cri de ma conscience»
Benoît, écrit Socci, aurait renoncé seulement à l'exercice actif du ministère, alors que le ministère pétrinien «est pour toujours». Et si une chose est pour toujours, elle ne peut pas être révoquée. C'est la transposition de l'antique règle bénédictine du 'semel abbas semper abbas'. Il est même resté à l'intérieur de l'enclos de Pierre, et non pas reclus dans quelque monastère de Provence, comme cela lui avait été suggéré de plusieurs côtés (3).
Le Pape émérite ne parle pas, mais «cependant, ses gestes, ses signes et ses décisions parlent», observe l'auteur, et même les silences: «Vous savez que chaque mot public de lui pourrait attirer l'attention, et ce qu'il dirait serait lu pour ou contre son successeur», a dit son secrétaire et préfet de la Maison pontificale, Mgr Georg Gänswein dans une interview au Messagero (4).

Doutes qui, un an et demi après le changement sur le trône de Pierre n'ont pas été clarifiés, questions restées sans réponse. Comme celle relative à l'annulation du scrutin qui a vu déposer dans l'urne un bulletin de plus que le nombre d'électeurs. Les cardinaux, sans vraiment réfléchir, décidèrent de tout brûler et de procéder immédiatement à un nouveau scrutin. Dommage, rappelle Socci, que les règles ne le permettent pas, et donc que l'élection soit nulle. Jamais avenue. La Constitution apostolique, après tout, prescrit que nul autre que le Pape peut changer les règles du conclave. Qui prescrivent au maximum quatre tours de scrutin par jour, et non cinq comme c'est arrivé.
Rien de personnel, jure Socci. Egalement parce qu'il admet qu'il était l'une des nombreuses personnes qui ont «accueilli Bergoglio à bras ouverts. Je lui ai communiqué (avec conviction) qu'il pourrait aussi compter sur mes prières et celles de ma famille». Tout en lui faisait penser à «une bouffée d'air frais pour le Vatican et pour toute l'Église».
Pourtant - et là, l'auteur s'en prend aux cercles traditionalistes qui accusent François d'être le fidèle exécuteur du Concile, «soutenir aujourd'hui que les déclarations de Bergoglio et de Scalfari, sont en fin de compte dans la continuité de Benoît XVI, Jean-Paul II et Paul VI, autrement dit que Bergoglio incarne l'essence de Vatican II, est absurde». Ce qui est en cours, ajoute l'auteur du livre, qui va jusqu'à remettre en cause une élection papale, n'est pas la réalisation de Vatican II, mais «un abusif Vatican III».

     

Présentation de l'éditeur

http://www.librimondadori.it/libri/non-e-francesco-antonio-socci
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Alors que l'Eglise traverse une période historique dramatique, de crise interne et de violente attaque contre les catholiques dans le monde, au Vatican continue une inédite «cohabitation de deux papes», sur laquelle personne n'a encore eu le courage de réfléchir.
Antonio Socci le fait dans ce livre, se demandant quelles sont les raisons, à ce jour encore inconnues, de la renonciation historique de Benoît XVI, et s'il s'agit d'une véritable renonciation à la papauté, étant donné que les canonistes commencent à soulever des doutes sérieux.
Questions qui aujourd'hui se mêlent à celles du conclave du 13 mars 2013, qui, selon une reconstruction inédite de l'auteur, se serait tenu en violation de certaines dispositions de la Constitution apostolique Universi Dominici Gregis, chose qui rend automatiquement nulle et non avenue l'élection même du Cardinal Jorge Mario Bergoglio.
La question de savoir qui est le vrai pape (ou s'il y a besoin d'un nouveau Conclave) éclate à un moment où l'Église connaît des fractures dramatiques et où des événements spectaculaires sont annoncés. Qui peut tenir le timon?
Les débuts de François avaient plu à beaucoup de gens. Ils semblaient un retour à la simplicité évangélique. Malheureusement, aujourd'hui, les fidèles déçus sont très nombreux. On s'attendait à une vague de rigueur morale contre la «saleté» (y compris de la part du clergé) dénoncée et combattue par Ratzinger. Mais comment interpréter le signal donné au monde par le nouveau pontificat, de laxisme et de capitulation sur les principes moraux? Et la reddition aux idéologies et aux forces anti-chrétiennes, même persécutrices? Et la rupture traumatique avec la tradition de l'Eglise?
Beaucoup d'événements surnaturels, des apparitions de Fatima à la vision de Léon XIII (5), aux prophéties de la bienheureuse Anne Catherine Emmerich sur l'âge des «deux Papes» (6) semblent se concentrer sur les jours que nous vivons, annonçant des événements catastrophiques pour la papauté, pour l'Eglise et pour le monde. Sont-ils inévitables ou peut-on encore prendre un autre chemin? Et avec quel Pape?

     

Notes de traduction

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