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La dernière interview en date du Pape

Elle date du 5 octobre, jour de l'ouverture du Synode, et a été accordée au journal argentin "La Nacion" (9/10/2014)

     

Dans son dernier article, Alessandro Gnocchi se référait à une citation du Pape: «le monde a changé et l'église ne peut pas s'enfermer dans les interprétations présumées du dogme».
Je pensais qu'il s'agissait d'une phrase extraite d'une de ses dernières interventions officielles, mais une rapide recherche n'avait rien donné d'autre qu'une référence à une interview du journal argentin La Nacion (voir une fiche signalétique ici), sans lien vers l'article original.
Aujourd'hui, grâce à Rorate Coeli, j'en sais un peu plus...

Le 5 octobre, jour de l'ouverture du Synode, François a effectivement accordé une interviewe au quotidien argentin La Nacion .
Cette interviewe a été totalement ignorée par le staff médiatique du Vatican, à tel point qu'interrogé à ce sujet, le Père Lombardi a admis ne pas être au courant...
Rorate Coeli note non sans ironie:

Habituellement, après qu'une interview de François ait été publiée, les libéraux vont acclamer le contenu, et les défenseurs aveuglément obéissants de l'establishment catholique et / ou de l'aile néoconservatrice s'interrogeront sur la traduction, prétendront que le contenu a été sorti de son contexte ou suggèreront que le pape voulait dire le contraire de ce qu'il a dit.
Cette fois-ci, le bureau de presse du Vatican a dit que ses hauts représentants n'avaient aucune idée que l'interview avait été réalisée.

Rorate Coeli renvoie au site canadien anglophone, Life Site News, dont le directeur John-Henry Westen est actuellemnt à Rome pour le Synode.
Après un bref commentaire personnel, il a lui-même traduit de l'espagnol la partie de l'interviewe du Pape à La Nacion qui concerne spécialement le Synode.

     

LE PAPE FRANÇOIS PREND SES DISTANCES DES ÉVÊQUES «TRÈS CONSERVATEURS»
https://www.lifesitenews.com
(ma traduction)
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Dans une interview accordée sur l'ouverture du Synode sur la Famille, le pape François s'est distancié des évêques «très conservateurs», ajoutant toutefois qu'il aime «débattre» avec eux tant qu'ils sont «intellectuellement bien formés» (!!).

Dans une entretien avec le Pape, publié le 5 Octobre, le journaliste Joaquín Morales Solá du journal argentin La Nacion lui a demandé s'il était «soucieux» au sujet du livre récent de cinq cardinaux opposés à la proposition de Kasper, intitulé «Rester dans la vérité du Christ: Mariage et communion dans l'Église catholique».
Morales Solá a dit au pape que le livre est «critique de vos positions».

François «ne répond pas» directement à la question, selon Morales Solá, mais dit: «Tout le monde a une contribution à apporter. J'ai même plaisir à débattre avec les évêques très conservateurs, mais intellectuellement bien formés».

À la conférence de presse de mercredi, LifeSiteNews a demandé aux responsables du Vatican des éclaircissements sur les propos du pape, semblant se démarquer de la perspective «très conservatrice» sur la foi de prélats comme le cardinal Raymond Burke, un des co-auteurs du livre, et le cardinal George Pell, qui a écrit l'avant-propos d'un autre livre critiquant la proposition de Kasper et qui a prévenu qu'elle entraînerait dans une catastrophe sociologique .

Le Père Federico Lombardi, directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, a répondu: «Je n'ai aucune connaissance de cet entretien; Je ne sais absolument rien à ce sujet. Nous ne l'avons pas publié, donc je n'ai rien à clarifier, parce que je suis tout juste au courant (je viens d'être mis au courant)».
Le Père Thomas Rosica, porte-parole de langue anglaise pour le Synode, a répété qu'avant la question LifeSiteNews, le bureau de presse du Vatican n'avait pas connaissance de l'entrevue ou de son contenu.

Dans l'entretien, le pape a dit qu'en plus du problème de catholiques divorcés, qui a été la principale discussion, il est également préoccupé par «les nouvelles habitudes des jeunes d'aujourd'hui».

«Les jeunes qui ne se marient pas du tout. C'est une caractéristique de la culture de notre temps», a-t-il dit. «Donc, beaucoup de jeunes préfèrent vivre ensemble sans se marier. Qu'est-ce que l'Eglise doit faire? Les expulser de son sein? Ou, au contraire, les approcher, les embrasser et essayer de leur apporter la parole de Dieu? Je suis pour cette dernière position».

«Le monde a changé et l'Eglise ne peut pas s'enfermer dans des interprétations présumées du dogme», a-t-il poursuivi. «Nous devons aborder les conflits de société, anciens et nouveaux, et essayer de donner une main de réconfort, ne pas stigmatiser et ne pas simplement contester»"

L'interview de Morales Solá avec le pape a été émaillée de son propre commentaire sur le pontificat du Pape François.
Selon le journaliste, le pape François a «changé l'agenda de l'Église» et «très rapidement, changé radicalement son 'focus'». Le nouvel agenda du pape, dit-il, a parfois «opposé les conservateurs aux réformateurs».

«Les Cardinaux et les évêques savent que derrière le sourire amical et chaleureux, il y a la volonté de fer de l'ancien jésuite. La puissance de la bureaucratie vaticane n'est pas discutée en sa présence», écrit-il.

Le Synode extraordinaire des évêques, qui se déroule du 5 au 19 Octobre 5-19 est devenu le "flashpoint" (point d'auto-combustion, correspondant à la température où un solide prend feu) de la controverse dans les mois qui l'ont précédé, alors que les soi-disant «réformateurs» s'agitaient en faveur d'un changement dans la pratique de l'Église, et dans certains cas, de la révision pure et simple de la doctrine. Les détracteurs de ces «réformateurs» ont relevé le défi à travers une vigoureuse défense de l'enseignement catholique sur le mariage et la famille.

Mardi, le Bureau de Presse du Saint-Siège a déclaré aux journalistes que certains participants au Synode ont proposé de s'éloigner du langage musclé dans le discours moral, comme par exemple dans le Catéchisme de l'Eglise catholique, la description du comportement homosexuel comme «intrinsèquement désordonnés», ou la description commune de la cohabitation comme le fait de «vivre dans le péché ».

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Extraits de l'interview du Pape François avec La Nacion, publiée le 5 Octobre
(ma traduction, d'après la traduction en anglais de LifeSiteNews)
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Qu'est-ce que le Pape attend du synode qui est en train de s'ouvrir?
Il convient de noter d'emblée, que le Synode est une assemblée d'évêques du monde entier qui a un caractère consultatif et que son but principal est de conseiller le pape sur un sujet donné.

Il y a actuellement à Rome quelque 200 cardinaux et évêques du monde entier qui se penchent sur la question de la famille. «Ne vous attendez pas à des positions finales la semaine prochaine», dit le Pape, ironiquement. «Ce sera une long synode, qui durera probablement une année. Je ne fais que lui donner l'impulsion initiale», a-t-il ajouté.

- Etes-vous soucieux au sujet du livre co-écrit par cinq cardinaux, dont l'un est très important, qui est très critique de vos positions?
Il ne répond pas.
«Tout le monde a une contribution à apporter. J'ai même plaisir à débattre avec les évêques très conservateurs, mais intellectuellement bien formés», dit-il.

Le pape a lâché les rênes du synode. «J'ai été le rapporteur du synode 2001 et il y avait un cardinal qui nous a dit ce qui devait être discuté et ce qui ne devait pas l'être. Cela n'arrivera pas cette fois. J'ai même donné aux évêques mon pouvoir pour élire les présidents de commission. Ils vont les élire, juste comme ils éliront les secrétaires et les rapporteurs».

«Bien sûr - insiste-t-il - c'est la pratique synodale que j'aime. Tout le monde devrait donner son opinion librement. La liberté est toujours très importante. Autre chose est le gouvernement de l'Eglise. Il est dans mes mains, après avoir reçu les conseils nécessaires», souligne-t-il.
François est un bon pape, mais pas un pape qui sera gouverné par d'autres. C'est très clair dans son style de gestion politique et religieuse.

Ce style est également visible dans ses rapports avec l'Eglise argentine. Il leur a donné toute liberté pour fixer leurs positions sur les questions publiques. Toutefois, il se réserve de façon non équivoque son droit à la nomination des évêques. La Conférence des évêques et la Nonciature envoient souvent des listes de candidats pour la nomination de nouveaux évêques. Puis le Pape doit choisir l'un de ces candidats. François a déjà renvoyé certaines de ces listes parce qu'il n'aimait pas l'un des candidats.

Quelles conclusions aimerait-il tirer du synode?

«La famille est une questions tellement importante, d'un tel prix pour la société et pour l'Eglise», dit-il, ajoutant: «on a beaucoup insisté sur la question des personnes divorcées, et c'est un aspect qui sera sans doute débattu. Mais, pour moi, un problème tout aussi important est le nouveau courant, les nouvelles habitudes des jeunes d'aujourd'hui. Les jeunes qui ne se marient pas du tout. C'est une caractéristique de la culture de notre temps. Donc, beaucoup de jeunes préfèrent vivre ensemble sans se marier. Qu'est-ce que l'Eglise doit faire? Les expulser de son sein? Ou, au contraire, les approcher, les embrasser et essayer de leur apporter la parole de Dieu? Je suis pour cette dernière position», dit-il.
«Le monde a changé et l'Eglise ne peut pas s'enfermer dans des interprétations présumés du dogme. Nous devons aborder les conflits de société, anciens et nouveaux, et essayer de donner une main de réconfort, et non pas stigmatiser ou juste contester» dit-il.

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