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Le Synode et Humanae Vitae

Monique est frappée par le silence des Pères sur la régulation des naissances (16/10/2014)

L'hebdomadaire Famille Chrétienne, peut-être dans le but louable de ne pas voir que des aspects négatifs dans la fameuse Relatio, titre cette semaine:
QUAND LE SYNODE CONFIRME « HUMANAE VITAE »
Et en dessous, avant de développer l'histoire de cette encyclique et de toutes les polémiques qui l'ont entourée, avant, pendant et après, on lit:

En proposant de redécouvrir et d’approfondir l’enseignement de Paul VI sur la régulation naturelle de la fertilité, le Synode confirme la place centrale d’Humanae vitae dans la pastorale familiale. Et met un terme à 50 ans de débats.

Est-ce aussi simple que cela? Et y a-t-il de quoi justifier l’optimisme sans réserve des défenseurs de la vie?
Dans la Relatio du synode, le paragraphe intitulé "La transmission de la vie et le défi de la dénatalité" contient la seule référence à Humanae Vitae de tout le document. Voici ce qu'on y lit:

53. Il n’est pas difficile de constater la diffusion d’une mentalité qui réduit l’engendrement de la vie à une variable des projets individuels ou de couple. Les facteurs d’ordre économique exercent un poids parfois déterminant contribuant à la baisse importante de la natalité qui affaiblit le tissu social, compromet les relations entre les générations et rend plus incertain le regard vers l’avenir. L’ouverture à la vie est une exigence intrinsèque de l’amour conjugal.

54. Sans doute faut-il, dans ce domaine aussi, un langage réaliste, qui se base sur l’écoute des personnes et qui sache expliquer que la beauté et la vérité d’une ouverture sans réserve à la vie est ce dont l’amour humain a besoin pour être vécu en plénitude. C’est sur cette base que peut reposer un enseignement sur les méthodes naturelles, permettant aux époux de vivre leur communication de manière harmonieuse et consciente, dans toutes ses dimensions, avec la responsabilité d’engendrer. Dans cette optique, il faut redécouvrir le message de l’encyclique Humanae Vitae de Paul VI, qui souligne le besoin de respecter la dignité de la personne dans l’évaluation morale des méthodes de contrôle des naissances.

55. Aussi faut-il aider à vivre l'affectivité, même dans le lien conjugal, comme un chemin de maturation, dans un accueil de plus en plus profond de l’autre et en se donnant de manière de plus en plus pleine (...) .

(http://press.vatican.va/content/salastampa/fr/bollettino/pubblico/2014/10/13/0751/03037.html )

Ce passage a suscité chez Monique quelques interrogations:

Je suis frappée par le mutisme des commentateurs (y compris des évêques) sur le sujet de la régulation des naissances.
Il est vrai que le Synode se contente de rappeler des principes qui ne fâchent personne... s'ils ne sont accompagnés d'aucune "interdiction":

(i) validité réaffirmée de l'encyclique Humanae Vitae
(ii) promotion des méthodes naturelles
(iii) respect de la dignité de la personne dans l'évaluation morale des méthodes de contrôle des naissances (notion vague permettant, en fait, tous les choix, y compris celui de méthodes abortives ou crypto- abortives ou nocives pour la santé, en raison de l'ignorance des couples et de l'élasticité de la conscience).

Comme le synode NE VEUT RIEN CONDAMNER... et comme il entend accompagner les "blessés de la vie", il ne s'aventure pas, comme l'avait fait Paul VI à ses risques et périls, à exclure les méthodes artificielles (comme la pilule et tous ses substituts hormonaux, et le stérilet) de l'arsenal des couples catholiques. Qu'une petite minorité de couples suive l'encyclique ne dérange en rien la grande majorité des couples catholiques qui continueront à faire ce qui bon leur semble, privés de l'éclairage réactualisé qu'ils auraient pu attendre du synode.
Le synode n'a pas eu le courage de condamner certaines méthodes: ce qui explique l'indifférence des médias et même leur mutisme à propos des § 53, 54 et 55 .

Le troisième point (iii) semble être une ouverture à la LIBERTE DE CONSCIENCE des couples: l'Eglise ne donne plus de directives; chacun se détermine en conscience. Ceci est une revendication de l'aile progressiste de l'Eglise depuis 50 ans, que Hans Küng (1) n'a cessé de réitérer.
On sait que le synode n'est pas fini et qu'il y en aura un autre mais, pour le moment, les Pères font profil bas sur ce sujet considéré, il y a peu, comme brûlant...

* * *

(1) "Que la question du contrôle des naissances, même par des moyens artificiels, soit laissée à la conscience du couple, qui se décide en fonction de critères médicaux, psychologiques et sociaux etc..." .
Il ne parle pas de critères moraux.
C'est un des points du programme de Hans Küng à la page 614 de "Etre chrétien" (éd. Seuil).

(Monique T)

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