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Paul VI et François

Tout oppose les deux papes, dit Antonio Socci (19/10/2014)

VOILÀ POURQUOI PAUL VI, BÉATIFIÉ AUJOURD'HUI, EST LE CONTRAIRE EXACT DU PAPE BERGOGLIO
Qui au Synode n'a pas réussi à faire passer la ligne Kasper.
Résultats de l'opération: une Église divisée, discréditée pour avoir créé une confusion énorme sur ses enseignements

www.antoniosocci.com
19 octobre 2014

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C'est embarrassant, aujourd'hui, pour le Pape Bergoglio de béatifier Paul VI, car il est son exact opposé.
Dans les années soixante, explose dans le monde la révolution radicale et marxiste qui fera d'énormes dégâts d'abord avec le communisme puis avec sa dérive nihiliste.
Paul VI est le grand prophète qui s'est opposé à cette catastrophe annoncée, et essaya de lever un mur contre l'invasion radical et marxiste dans l'Eglise.
Bergoglio, au contraire, est celui qui veut l'abattre.

LES DEUX OPPOSÉS
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Le Pape Montini sut aller contre le conformisme de la pensée unique pour défendre l'Église et la vraie foi.
Il fut abandonné et isolé par l'ensemble de l'establishment intellectuel "cathoprogressiste" [catho de gauche] (qui s'était jeté dans les bras de la gauche), qui voyait précedemment en lui un point de référence.
Il accepta l'isolement et leur hostilité pour rester fidèles au Christ, même au prix de mettre de côté ses sensibilités culturelles personnelles (càd qu'il fit prévaloir Pierre sur Simon, comme il était de son devoir).
Le cardinal Ratzinger, à sa mort, dit: «Paul VI a résisté à la télécratie et à la démoscopie, les deux pouvoirs dictatoriaux d'aujourd'hui. Il a pu le faire parce qu'il ne prenait pas comme paramètre le succès et l'approbation, mais plutôt la conscience, qui se mesure à la vérité, sur la foi».

Le Pape Bergoglio fait l'exact contraire et utilise le système médiatique laïciste, qui fait unanimement son éloge, pour conformer l'Eglise au monde «politiquement correct» et dire «ses» idées personnelles (donnant la priorité à Simon sur Pierre).

Paul VI avec l'héroïsme prophétique de l'encyclique Humanae vitae comprit et dénonça la destruction de l'humain, des relations affectives et de la valeur de la vie, qui était sur le point d'être perpétrée (et le paysage de décombres, aujourd'hui, 50 ans plus tard, en est la preuve).

A la place, le «bergoglisme», comme on l'a vu au Synode, fait un clin d'oeil à cette liquéfaction nihiliste de l'humain.

Montini est le pape qui le premier a perçu «l'urgence anthropologique» aujourd'hui explosée, et qui a formulé ces «principes non négociables» qu'aujourd'hui, Bergoglio ignore et met au rebut.
En effet, Paul VI lia Humanae vitae à Populorum Progressio, montrant que la défense de la dignité humaine, de la conception à la mort naturelle, autrement dit la loi naturelle (dont l'Église est la gardienne), est la base de tout progrès économique réel, civile et social.
A la place, l'ère Bergoglio abandonne même la catégorie de loi naturelle, qui a toujours été un pilier du magistère de l'Église (et qui a même fondé le droit international).

AUTODÉMOLITION
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Paul VI eut l'intuition qu'il y avait des lobbies et des idéologies, à l'intérieur et à l'extérieur du monde catholique, qui voulaient «utiliser» le Concile pour porter atteinte à l'Eglise. Et d'abord, il bloqua de ruineux coups de force au Concile. Ensuite, il dénonça de façon de plus en plus dramatique ces courants cathoprogressistes qui visaient à «l'autodémolition» de l'Eglise.
Le Pape Bergoglio représente au contraire le drapeau et l'emblème actuel de ce cathoprogressisme qui dans les années soixante porta l'Église - selon les paroles de Paul VI - dans un moment de «nuages, tempête et obscurité» (il suffit de penser aux dizaines de milliers de religieux qui ont quitté l'habit).

Le Pape Paul VI dénonça le modernisme comme une synthèse de toutes les hérésies, et souligna que l'Eglise catholique a pour mission principale la «préservation rigoureuse de la révélation authentique, qu'elle considére comme un trésor inviolable; et elle a une conscience sévère de son devoir fondamental de défendre et de transmettre en termes non équivoques la doctrine de la foi; l'orthodoxie est son premier souci».
Le Pape Bergoglio, au contraire, va jusqu'à s'en prendre à ceux ceux qui utilisent «un langage totalement orthodoxe" (Ev. Gaud. §41) et traite constamment de «pharisiens» ceux qui exigent l'entière fidélité à la doctrine catholique.
Et il oppose la miséricorde à la doctrine comme si Jésus Christ n'était pas en même temps la Miséricorde et la Vérité. Au temps de Bergoglio le mot «miséricorde» - comme on le voit au Synode - se dégrade au niveau d'un consentement discutable aux coutumes et aux idéologies du monde.

Au contraire, le pape Montini proclame que l'Eglise est liée au «Depositum fidei», c'est-à-dire à l'enseignement de la Vérité, qui «constitue pour elle un tel engagement que ce serait trahison de le violer. L'Église qui enseigne n'invente pas sa doctrine; elle est témoin, elle est gardienne, elle est interprète, elle est intermédiaire; et, en ce qui concerne les vérités propres du message chrétien, elle peut se dire conservatrice, intransigeante; et à ceux qui la sollicitent pour rendre sa foi plus facile, plus en rapport avec les goûts des mentalités changeantes de l'époque, elle répond avec les Apôtres: Non possumus, nous ne pouvons pas (Actes 4:20).

ANNÉES DE PLOMB
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Vers la fin de son pontificat, dans les sombres années soixante-dix, où le mensonge de l'idéologie se transformait en violence politique endémique et en haine anti-chrétienne, considérant la situation de l'Église désormais conquise par des idéologies néfastes et les hérésies galopantes, alors que les contestations se déchaînaient, Paul VI affirma même que «la fumée de Satan est entrée dans le temple de Dieu».

Vérité dramatique. Un jour, à son ami Jean Guitton il confia: «Il y a un grand trouble en ce moment dans le monde et dans l'Eglise, et ce qui est en question, c'est la foi. Il arrive maintenant que je me répète la phrase obscure de Jésus dans l'Évangile de saint Luc: "Quand le Fils de l'homme viendra, trouvera-t-il encore la foi sur la terre?" (...). Je relis parfois l'évangile de la fin des temps et je constate qu'en ce moment, certains signes de cette fin émergent».

Enfin, le pape Montini eut cette intuition prophétique: «Ce qui me frappe, quand je considère le monde catholique, c'est que dans le catholicisme, semble prédominer parfois une pensée de type non-catholique, et il se peut que cette pensée non-catholique au sein du catholicisme devienne demain la plus forte. Mais elle ne représentera jamais la pensée de l'Eglise. Il faut que subsiste un petit troupeau, peu importe combien il est petit».

Ensuite, Jean-Paul II et Benoît XVI, les fils spirituels de Paul VI, ont représenté la renaissance de la foi, la redécouverte de Jésus par les jeunes et la reconstruction de l'Église dévastée par des «bombardements». Ils se sont opposés aux hérésies et à l'invasion des idéologies. Mais le retrait de Benoît XVI a représenté un retour à l'obscurité des années soixante-dix qui angoissait Paul VI.
Et le Synode de ces jours a été la tentative la plus dangereuse de la «pensée non-catholique» de devenir une majorité au sein de l'Eglise et de se faire magistère.

L'INOUÏ
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Toutefois, la «révolte» des pasteurs orthodoxes de jeudi dernier (anniversaire de l'élection de Karol Wojtyla), a été un événement épique et presque miraculeux.
L'Eglise fidèle à la tradition a prévalu ce jour-là. Ainsi, il a été écrit que, comme cela s'est produit au consistoire, le pape Bergoglio s'est trouvé en minorité, pratiquement «censuré» (ndt: sfiduciato, au sens de "cible d'une motion de censure").
C'est pour cela que dans son discours de clôture, il a couru aux abris, essayant de se démarquer le plus possible des progressistes et se taillant une tardive position super partes. Parmi ceux qui disaient que deux et deux font quatre (les orthodoxes) et ceux qui soutenaient qu'ils font six (Kasper), Bergoglio a proclamé qu'ils font cinq.
Jésuite. Mais faux.
La ligne «révolutionnaire» de Kasper, qui a toujours dit (et n'a jamais été démenti) parler au nom de Bergoglio, n'a pas gagné. Mais quelles sont les conclusions du Synode, voilà qui n'est pas clair.
Bergoglio, citant Benoît XVI a rappelé une vérité que beaucoup de ses partisans ont oublié durant ces jours: «l'Eglise est au Christ» et «le pape n'est pas le seigneur suprême, mais plutôt le suprême serviteur ... le garant de l'obéissance et de la conformité de l'Eglise à la volonté de Dieu, à l'Evangile du Christ et à la Tradition de l'Église, en mettant de côté tout arbitraire personnel».

Peut-être la vérité est-elle qu'il a essayé et que (pour l'instant), il n'a pas réussi. A la fin il y a seulement un résultat certain: la division de l'Eglise et une grande confusion sur son magistère.

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