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Synode: ce que vous ne lirez pas ailleurs

... du moins en français. Dans la masse énorme des commentaires, j'ai choisi de traduire ces trois articles qui nous viennent d'Italie, et qui me semblent avoir bien saisi les enjeux (20/10/2014)

Ci-contre: Le Pape et son exécutant, le cardinal Baldisseri, secrétaire du Synode.

     

En rédigeant ma réaction "à chaud" samedi soir (cf. Il s'est passé quelque chose), je ne savais pas encore ce qu'allaient dire les médias.

Eh bien, c'était assez prévisible.
Les médias laïcistes, qui ont entamé immédiatement le forcing, pensent majoritairement que le Pape a perdu une bataille, mais qu'il n'a pas perdu la guerre. Mais ils se font plus pressants. Ils ont compris (à tort ou à raison, je penche pour la seconde option) que l'intention du Pape était d'ouvrir une brèche dans le Magistère de l'Eglise (les divorcés remariés ne sont qu'un prétexte) mais ils s'accordent généralement à dire qu'il sort affaibli de ces deux semaines de confrontation, et (lui) posent désormais ouvertement la question: "Quand l'Eglise va-t-elle enfin s'ouvrir à la modernité?".
Les normalistes ne désarment pas, et persistent à crier sur tous les tons que l'interprétation des médias est fausse, et que le Pape est fidèle à la doctrine de toujours.
Dans le cas le plus respectable (et là, ils ont peut-être raison), ils restent loyaux parce que, comme l'a rappelé le pape lui-même, citant Benoît XVI, l'Eglise ne peut rester unie qu'autour du Pape.
Les catholiques progressistes saluent les avancées de François, certains avec enthousiasme. mais eux aussi attendent davantage, et fourbissent leurs armes en attendant la grande confrontation de 2015.
Et l'opinion publique suit moutonnièement, sans avoir la moindre idée de ce qui se joue. A cet égard, les "micro-trottoir" dont les médias nous abreuvent depuis hier révèlent une ignorance crasse, et, je suis obligée de le dire, une stupidité consternante (et quand il s'agit de catholiques, ce devrait être à la honte des pasteurs).

Quelle que soit l'opinion de chacun, l'Eglise reste la citadelle assiégée qu'elle est depuis 2000 ans.
Mais ce qui est nouveau, et qu'on ne peut pas nier à la lecture des médias, qui en sont la voix, c'est que le monde extérieur, qui presse pour faire sauter les portes de la Citadelle est désormais du côté du Pape. Autrement dit, c'est (toujours dans la lecture médiatique) comme si le Pape lui-même n'était plus dans la Citadelle, mais parmi ses assaillants.

Voici trois articles, dont deux issus de la Bussola (qui assume son soutien au Pape pour la raison honorable que j'ai citée plus haut), et un troisième, plus... viril, de la plume d'un essayiste catholique, Massimo Viglione, dont j'ai déjà traduit récemment un article sur le Synode (cf. Il est temps de regarder la réalité en face).
Disons que ces trois articles sont en harmonie avec mes propres sentiments.

La chesteté n'est plus une vertu
Réflexions sur le Synode
Enrico Cattaneo
20/10/2014

www.lanuovabq.it
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Je pense que non seulement les Pères synodaux, mais aussi tous les catholiques et toutes les personnes de bonne volonté ont vécu avec une grande souffrance intérieure Synode le dilemme débattu entre être fidèle à la parole du Christ sur le mariage et dans le même temps, aller à la rencontre de nombreuses situations de fragilité, d'échec, de crise de la famille. Cette lacération intérieure, présente certainement chez tous les Pères synodaux et les autres participants (les couples et les observateurs d'autres confessions religieuses), empêche une classification simpliste des différentes positions, opposant les «conservateurs» aux «ouverturistes», les «rigides» aux «miséricordieux».

Même le rapport-synthèse de la première semaine, fait par le cardinal Erdö, a reflété cette lacération, et a indiqué les voies possibles pour résoudre les problèmes de la famille, en maintenant fermement la doctrine.
Les choses positives présentes dans ce rapport sont nombreuses, mais d'autres laissent un sentiment de malaise.

Parmi les choses positives, il convient de souligner l'attitude de fond à assumer face à la crise de l'institution familiale, qui est de présenter «l'Evangile de la famille», c'est-à-dire la beauté du mariage et de la famille chrétienne, témoignée par de nombreux époux et par de nombreuses familles. Cette «beauté», fruit de la grâce, passe certainement par le chemin de la croix, jusqu'à l'héroïsme de l'amour qui se sacrifie.
La relation du cardinal Erdö a également abordé de nombreuses situations qui sont plus ou moins directement en relation avec la famille, c'est-à-dire la cohabitation (et donc les rapports sexuels avant le mariage), les unions de fait, les mariages civils entre baptisés et la question homosexuelle.

A présent, nous nous demandons: au lieu de proposer des solutions ambiguës, qui ne font que désorienter les fidèles, pourquoi n'y a-t-il pas eu un mot à propos de la «beauté de la chasteté» comme valeur authentiquement humaine et chrétienne? Serait-ce que la chasteté n'est plus une vertu? Ou que l'Église n'a plus le courage d'indiquer aux jeunes, aux fiancés et même aux couples mariés, la valeur de la chasteté et de la virginité pour le Royaume de Dieu? Ne serait-ce pas cela, le vrai message prophétique pour notre temps?

Du reste, les premiers chrétiens, qui étaient immergés dans un monde corrompu à tous les points de vue, se sont présentés en proclamant d'une part la beauté du mariage chrétien, monogame et indissoluble, signe de l'union du Christ avec l'Eglise, mais aussi en offrant la beauté supérieure de la virginité embrassé pour l'amour du Christ et de l'Evangile. Jésus n'était-il pas vierge? Et la Mère de Jésus, Marie, n'a-t-elle pas toujours été proclamée «toujours vierge»?
Bien sûr, les temps modernes exigent une présentation adéquate aux problèmatiques d'aujourd'hui. Mais est-il possible qu'il n'y ait aujourd'hui aucun théologien, pasteur, médecin, psychologues, sociologue, qui puisse expliquer la beauté de la chasteté comme valeur humaine, et surtout la virginité pour le Royaume? Ce serait un travail à faire, et nous espérons qu'il sera fait durant l'année de la vie consacrée (nov 2014 à 2015).

Que le Synode ait complètement ignoré cet aspect, semble une chose déroutante et inquiétante.
Si l'Eglise ne sait plus proposer pleinement le message de l'Evangile sur la sexualité, alors cela signifie que la mentalité du monde est entré dans l'Eglise. Et si l'on veut aller un peu au fond de la question, il y a une raison à cette obscurcissement, qui s'est produit depuis qu'on a voulu niveler toutes les vocations, tous les charismes, en disant que le choix de la virginité pour le Royaume n'est pas «meilleur» que le choix matrimonial.
Paul ne dit-il pas qu'il faut «aspirer aux charismes les plus grands» (1 Co 12,13)? Et ne dit-il pas que ceux qui se marient «font bien», mais que ceux qui ne se marient pas pour être tout entiers au Seigneur «font mieux» (cf. 1 Cor 7,32 à 38)? Et cela n'a-t-il pas toujours été la position de l'Eglise catholique dans ses deux mille ans d'histoire? Ou bien Dieu n'est-il pas libre de donner ses dons, et d'offrir cinq talents à l'un, à un autre deux, et à un autre encore, un seul? C'est à chacun et tirer le meilleur parti du don reçu, et c'est sur cela que le Seigneur évaluera la sainteté de la personne.

Pour en revenir au Synode, il devrait être clair que la crise de la famille est également due à la crise de la morale sexuelle.
Aujourd'hui, au lieu de pulvériser un peu d'eau bénite sur des situations objectives de péché (et il a été noté combien cette notion est absente du rapport-synthèse), pourquoi ne pas faire aussi, à l'égard de la sexualité, cette proposition positive que l'on veut faire pour la famille ?
En d'autres termes, il y a deux «beautés» de l'Evangile à présenter: la «beauté de la famille» école d'amour et de sacrifice, de fécondité et de communion, et la «beauté de la chasteté», école d'auto-discipline et d'élévation de l'amour humain et chrétien.

Si donc la réflexion sur la famille qui se poursuivra jusqu'au Synode ordinaire de l'année prochaine, se réduisait à copier les orthodoxes pour ce qui concerne la communion pour les divorcés remariés; copier les protestants en considérant l'Evangile comme un idéal, laissant à la conscience de l'individu de décider dans des situations concrètes; copier les anglicans dans la compréhension de la synodalité comme une réponse aux questions par la force de la majorité, alors on ne comprend pas bien où est la «créativité» qui a été sollicitée par le pape François.

Notes pour bien vivre l'année qui vient
Riccardo Cascioli
20/10/2014

www.lanuovabq.it
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Il y a plusieurs choses, qui à la fin du Synode méritent d'être précisées, en tenant également compte du fait que d'ici un an, les thèmes qui ont été mis en avant seront constamment repris et approfondis.

La première question, la question décisive concerne ce que le pape François a dit dans le discours hors-programme qu'il a prononcé à la fin du Synode, à savoir le rappel au rôle du pape et à l'obéissance que tous lui doivent.
Avec le Pape, avec tous les papes, on peut se trouver plus ou moins en ligne, on peut rester perplexe par certains choix ou façons de communiquer, on peut même légitimement critiquer certains choix pastoraux; mais nous ne devons jamais oublier que c'est seulement autour du pape que se fait l'unité de l'Eglise.
Et tout cela découle de la conscience que celui qui conduit l'Eglise, c'est le Christ, pas les hommes, et pas même le pape, même s'il a une énorme responsabilité.
Cela peut sembler banal de le rappeler, mais sans cette prise de conscience, on réduit l'Eglise à un parti, et le Synode devient l'équivalent d'un Congrès. C'est malheureusement un peu l'image qui est passée si l'on regarde la télévision et les journaux (pas seulement et pas principalement par la faute des journalistes). En tout cas, l'Église catholique n'existe pas sans le pape. En dehors de cette objectivité, l'unique route est celle de la protestantisation.

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Venons-en plus directement aux conclusions du Synode: on reste stupéfaits par les compte-rendus de nombreux journaux hier: malgré la répudiation objective, évidente, de la ligne Kasper par l'assemblée synodale, la presse a souligné que la majorité des évêques a voté en faveur de l'ouverture aux divorcés remariés et aux homosexuels. Ce n'est pas exactement le cas, tant et si bien que certains ont à juste titre exprimé leur surprise devant le nombre élevé de «non Placet» aux paragraphes contestés qui - par rapport au rapport Erdö de lundi dernier - avait été réécrits afin de ne pas s'écarter du Catéchisme (cf. Texte final du Synode).
Le fait est que les formulations restent ambiguës, de sorte qu'on peut les tirer d'un côté ou de l'autre, surtout après la grande bataille des jours précédents. Chose qui a motivé de nombreux évêques pour rejeter cette version.

Le «non» de nombreux évêques est aussi la protestation contre une «mise en scène» (regia) du Synode, décidément manipulatrice.
Prétendre que tout a été fait de manière régulière et transparente va à l'encontre de toute logique, tout bon sens.
La Relatio post disceptationem, lue lundi par le cardinal Erdö a été fortement contestée dans ses parties concernant les situations irrégulières et l'homosexualité: s'il s'était agi d'un compte-rendu fidèle du débat en Assemblée, il n'aurait pas été rejeté bruyamment par les circoli minori qui ont présenté près de 500 amendements, allant de la proposiotion de modifications spécifiques à la demande de réécriture totale du texte. Et jeudi, dans la salle, il y a eu un soulèvement quand le secrétaire du Synode a proposé de ne pas publier les rapports des circoli minori. Certains cardinaux ont dit explicitement qu'on ne pouvait plus faire confiance à la «regia» du Synode.

Nous avons dit "Relation Erdö", mais en réalité nous devrions l'appeler "Relation Forte", tent il est vrai qu'immédiatement, le même Erdö, puis samedi le cardinal brésilien Damasceno Assis, ont clairement indiqué dans l'évêque Bruno Forte le rédacteur du texte. Pas seul, bien sûr; il ne pouvait pas le faire.
Le vaticaniste Sandro Magister a identifié dans le Père Antonio Spadaro, le directeur de la Civiltà Cattolica, un autre «écrivain», en particulier en ce qui concerne les sujets les plus controversés. Mais il est certain qu'une telle opération doit avoir impliqué l'ensemble du secrétariat du Synode. Les réactions de certains des cardinaux et les mots qui se trouvent dans les Relations de plusieurs circoli minori, indiquent clairement que nous sommes confrontés à une histoire inconcevable. Dont nous voulons espérer que quelqu'un sera tenu de répondre.

Lié à cela, il y a un troisième aspect, celui de la communication .
Il est vrai que la grande majorité de la presse se préoccupe d'apporter de l'eau à son moulin, qui n'est certainement pas «Eglise-friendly», mais à cette occasion, on lui a fourni le pistolet déjà chargé. La Relation Erdö a dirigé avec précision les médias internationaux dans la lecture du Synode, donnant clairement l'idée que l'Église était en train de changer sa doctrine en matière de sexualité, que l'Eglise se rendait enfin à la mentalité du monde.

C'est ce qui a également créé la confusion parmi de nombreux fidèles catholiques à travers le monde, non pas parce qu'ils ont peur de la nouveauté et ne savent pas s'ouvrir aux surprises de Dieu, mais parce qu'ils ont eu le sentiment que ce qui était vrai et juste jusqu'à hier, semble aujourd'hui mal, et même un péché, et vice versa. Personne n'a jamais mis en question la nécessité d'accueillir toutes les personnes, même celles avec des tendances homosexuelles, mais lire qu'une tendance jusqu'à hier «objectivement désordonnée» a soudainement été transformée en un atout pour l'Eglise, c'est autre chose.

Nous vivons dans l'ère de la communication, et nous savons tous comment fonctionne le circuit de médias; on ne peut pas faire semblant d'être naïf à ce sujet.
Qui a des responsabilités dans l'Église ne peut pas ne pas se poser le problème de la façon dont certaines expressions seront utilisées par les médias, de la façon dont elles seront perçues par le peuple. Si un «document de travail» se transforme en un «Manifeste pour une nouvelle église», il y a une forte responsabilité de la part de ceux qui ont livré ces choses en pâture à la presse.

Bienvenue au retour de l'indignation
Massimo Viglione
Il Giudizio cattolico
20/10/2014

www.ilgiudiziocattolico.com
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A la fin de ce synode, il semble que les catholiques de «bonnes dispositions et bons sentiments» peuvent pousser un soupir de soulagement: il n'y a pas eu de déclaration selon laquelle les divorcés remariés peuvent avoir accès aux sacrements.

Et donc, apparaissent déjà les premiers titres et articles triomphants des bien connus habituels (en particulier ceux qui ont beaucoup à perdre dans la défense de la vérité toute entière contre celui qui guide l'Église aujourd'hui) qui acclament la sagesse du pape François, etc .. etc .., faisant ce que désormais depuis des années, et avec de moins en moins de retenue intellectuelle, ils font chaque jour avec de plus en plus de dextérité professionnelle: nous dire du haut de leur sagesse pontificale et à travers les instruments asservis d'information médiatique que «le ciel est vert et l'herbe est bleue », comme si rien ne s'était passé, au contraire, avec l'arrogance de ceux qui sont les seuls à comprendre. Il faut leur rappeler que nier la vérité certaine des faits accomplis est un péché contre l'Esprit Saint. En outre, ils ne réalisent même pas que désormais, plus personne ne croient en leurs balivernes serviles, sauf ceux qui le font par soumission intellectuelle atavique (ou par incurable 'buonisme' affectif).

(...) Ce synode a été caractérisée par une inversion des rôles, au moins en matière de morale et de famille.
Alors qu'avec Jean-Paul II et Benoît XVI (mais dans ce domaine spécifique aussi avec Paul VI), les papes remplissaient le rôle de verrou contre les forces centrifuges des progressistes au nom de la défense du Magistère de toujours et de la loi naturelle, avec Bergoglio, on a vu ( et on verra) exactement le contraire: un groupe de cardinaux qui cherchent à freiner un pape qui court en avant sans regarder personne (à commencer par ses prédécesseurs), non seulement en choisissant pour collaborateurs des représentants du progressisme - parfois même des extrémistes , comme Kasper ou Enzo Bianchi pour n'en nommer que quelques-uns -, mais aussi avec une série d'innombrables déclarations, en croissance exponentielle au cours des dernières semaines, sur la nécessité de la miséricorde, du changement, du «Dieu qui nous surprend», de l'adaptation, de l'acceptation, et pas seulement des divorcés remariés, mais aussi des homosexuels, déchaînant et envoyant sous les projecteurs toute une série de personnages avec des déclarations hallucinantes qui se démarquent non seulement de la doctrine, mais parfois même la simple logique (pour exemple le cardinal Baldisseri).

Nier que la volonté de Bergoglio était d'arriver à l'ouverture de la «miséricorde» envers tous, et donc de permettre la communion pour les divorcés remariés comme premier objectif, et en préparer l'accès aux homosexuels comme second, c'est précisément dire que le ciel est vert et l'herbe bleue. Et aussi le dire avec colère et ironie pour ces pauvres imbéciles qui pensent encore que le ciel est bleu et l'herbe verte.

Il y a un perdant dans ce Synode, quoi qu'en disent les partisans du ciel vert: c'est celui qui n'a pas obtenu ce qu'il voulait réaliser et ce pour quoi il avais déclenché, si l'on peut dire, une «joyeuse machine de guerre» (ndt: il s'agit de l'expression forgée par Giuseppe Rusconi, dont Anna a traduit l'article dans ces pages: Rififi au Synode) soutenue bien sûr, par le monde des médias.
Cette joyeuse machine de guerre (inutile de faire les noms et prénoms, d'identifier les dirigeants et des soldats, nous les avons lus tous les jours avec leurs déclarations perfides, hérétiques et parfois pathétiques) a été arrêtée par quelques cardinaux qui ont fait un mur au nom de la fidélité à la vraie doctrine de l'Evangile et au Magistère de l'Église universelle (celle du ciel bleu, en bref). Parmi ceux-ci, nous devons rappeler le cardinal Müller et le cardinal Burke (...).
J'ai beaucoup apprécié le retour de l'indignation, l'un des éléments supprimés par l'Église post-conciliaire et qui est au contraure la pierre d'angle de la défense de la vérité, comme le Christ lui-même l'a démontré à maintes reprises tout au long de sa prédication publique. Ils méritent nos remerciements pour avoir mis des cailloux dans l'engrenage. Ils nous ont ainsi rappelé que l'Esprit Saint peut toujours changer le cours des événements à la dernière minute.

Naturellement, la joyeuse machine de guerre a été arrêtée mais pas vaincue.
Tout d'abord, 56% des «pères synodaux" ont voté en faveur du document dans lequel il est indiqué que l'on renvoie à l'autre synode de 2015, la «bataille finale» (toujours dans un article précédent - et ceci constitue donc une preuve au-delà du moindre doute - j'ai écrit cet été que j'avais parlé avec un archevêque du synode et que ce dernier m'avait dit qu'on en sortirait avec un violent affrontement et que tout serait renvoyé au synode de 2015 - ce qui laisse comprendre que les deux parties étaient parfaitement conscientes de ce qui allait se passer); en outre, il est désormais évident que l'affrontement a été amené en plein jour, et donc à partir de maintenant, dans les douze prochains mois, nous verrons de plus en plus d'évêques prendre position dans les faits concrets, et ensuite affiner et préparer la «grande bataille de notre temps» qui va bien au-delà de la question du divorce et même de celle des homosexuels, car il s'agit, en définitive, de la structure même de la fidélité absolue au dépôt de la foi de la part de toute l'Église et du pape lui-même.

Après tout, comme l'a dit le cardinal Baldisseri, «l'Eglise est histoire» ... - il a oublié le 'dans' (ndt: en fait, non: il faut relire l'article de Roberto De Mattei sur la théologie de... Kasper, cf. Le "pasticcio" Kasper). Il faut beaucoup chercher pour trouver une déclaration plus hérétique (et stupide) que celle-là, depuis l'époque du Christ.
Mais c'est une déclaration qui dit tout; l'enjeu ici, est la nature même de l'Eglise: immuable «corps mystique du Christ au service de la gloire de Dieu et du salut des âmes» ou «association humanitaire qui opère dans le développement de l'histoire»?

C'est ce que décidera le prochain Synode de 2015: plus qu'un Vatican III! Ce sera un synode dont l'importance dépassera de loin les 21 précédents conciles de l'Eglise réunis.

Si toutefois quelqu'un ne rebat pas les cartes avant, mais ...

Ils auront de quoi se battre et s'affronter, nos héros. Mais une chose est certaine: on a ouvert la boîte de Pandore et maintenant tout sort. En quelques jours, nous avons entendu sortir l'une après l'autre les plus incroyables horreurs doctrinales prononcée par des prélats, sans relâche, avec une impudeur et une frénésie qui révèlent l'état de leur esprit, un esprit qui, après une vie de lutte clandestine, voit enfin filtrer une réelle opportunité d'avoir le soutien de Pierre au lieu de son hostilité.

N'est-ce pas le cas? Ici, chers amis, il ne s'agit pas de donner tort ou raison à l'auteur de ces lignes: dans les profondeurs de son âme, chacun sait parfaitement comment les choses sont réellement. Et il ne peut certainement pas cacher à l'Esprit Saint sa propre conscience intérieure.

Nous sommes en guerre, messieurs, juste au cas où cela aurait échappé à quelqu'un.
Un an dans les tranchées attend ceux qui aiment l'Eglise et la vérité, ceux qui adhèrent à la Tradition et au Magistère de l'Église universelle, ainsi qu'au respect de la loi naturelle. L'ennemi est à l'intérieur de la forteresse, maintenant.
Mais comme Tolkien nous l'a enseigné dans le siège du goufre de Helm, à l'aube du cinquième jour viendra le salut. A nous, il revient de résister de toutes nos forces et d'espérer contre tout espoir: et ce qui s'est passé avec ce synode le prouve, parce que ... il manque les couvercles dans les marmites de la subversion.
Et nous allons le faire avec l'aide de Dieu et de la Mère du Verbe incarné.

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