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La visite manquée de Benoît XVI à la Sapienza (I)

Première partie: historique d'une polémique remontant à janvier 2008, qui constitue vraiment un cas d'école (25/7/2014)

On trouvera un dossier aussi complet que possible constitué en temps réel ici: benoit-et-moi.fr/2008-I

15-20 janvier 2008

Le jeudi 17 janvier 2008, Benoît XVI devait se rendre à l'Université Romaine (dite prestigieuse... mais les temps ont changé) de la Sapienza, à l'invitation du recteur. Il devait y prononcer un discours, et visiter la chapelle, dont les travaux de restauration venaient de s'achever.
La visite était programmée de longue date, mais à quelques jours de la date prévue, la contestation gonflait au sein de l'Université, et une soixantaine de professeurs de physique signaient un manifeste pour exiger son annulation.
Plus précisément, ils avaient fait connaître par la presse (en l'occurrence un appel dans La Repubblica, ça ne s'invente pas!) le motif de leur contrariété: Joseph Ratzinger était un ennemi de la science!
A l'appui de leur thèse, ils citaient une conférence donnée par le cardinal Ratzinger à Parme en 1990, lui attribuant les affirmations provocatrices d'un philosophe agnostique et libertaire, Feyerabend, à propos de l'affaire Galilée, selon lesquelles à l'occasion du procés fait au savant, l'Eglise était davantage restée attachée à la raison que l'accusé.
Manque de chance, par ignorance ou volonté délibérée de lui nuire, les doctes professeurs avaient purement et simplement inversé les propos du cardinal (ils avaient paraît-il trouvé l'info sur google), puisque ce dernier disait en conclusion de sa conférence: «il serait absurde de prétendre que l'Eglise aurait eu raison contre Galilée... la foi ne croît pas à partir du refus de la rationnalité» (signalons que le département de physique de l'Université porte le nom de Galilée).

En attendant, la tension montait, les manifestations se succédaient. Les mouvements étudiants parlaient de l'accueillir avec une "frocessione" -c'est-à-dire une procession exaltant l'homosexualité, ce qui donne une idée des motivations de leur hostilité - afin de faire savoir combien le chef de l'Eglise était personna non grata.

Le 15 janvier, après de multiples pressions, le Saint-Père renonçait à sa visite, afin qu'elle ne devienne pas le prétexte de violences qui mettraient les étudiants en danger, comme il devait lui-même le dire plus tard.

L'audience générale du 16 janvier tournait pourtant au triomphe personnel pour le Pape. De nombreux étudiants de la Sapienza étaient présents, et ils avaient déployé une banderole portant l'inscription "Si Benoît ne va pas à la Sapienza, la Sapienza va a Benoît". Le saint-Père, souriant et ému, avait répondu à leurs acclamation avec ces mots tout simples: "Nous continuons ensemble, alors?" (la video ci-dessous est une "fabrication-maison" d'après le direct enenregistré sur KTO, et je me suis trompée dans la date).

Le 17 janvier, jour initialement prévu pour la visite, le discours du Saint-Père, entièrement de sa main, était envoyé à l'Université, et lu par le recteur.

Le cardinal Ruini, vicaire du Pape pour le diocèse de Rome et président de la CEI , prenait l'initiative de "convoquer" tous les romains, le dimanche suivant, Place Saint-Pierre, pour la prière de l'Angelus, afin que chacun puisse témoigner sa solidarité au Saint-Père. Et les romains étaient bien massivement au rendez-vous, ce dimanche 20 janvier.

Au final, on pourrait parler d'effet boomerang pour les "contestataires".

La gauche la plus sectaire et la plus inculte avait levé le masque, montrant définitivement son vrai visage celui de la haine de l'Eglise et de l'intolérance la plus sectaire.
Le pape avait spontanément bénéficié d'un immense capital de sympathie, y compris de la part de certains milieux dont on ne l'aurait pas attendu.
Et un discours de haute volée, mais érudit et complexe, avait pu bénéficier d'une diffusion dont il n'aurait pas pu rêver dans des circonstances normales

A SUIVRE....

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