Et si Jésus était vraiment né le 25 décembre?
Anna a traduit ce passionnant article d'Andrea Gagliarducci sur la date de la naissance du Sauveur. De quoi répondre à ceux qui nous resservent chaque année la ritournelle de Noël, fête païenne recyclée (28/12/2014)
>>> Ci-dessous (cliquez...): The Nativity, Arthur Hughes, 1858
>>> J'avais traduit sur ce sujet en 2008 un article paru sur la Revue 30 Giorni: Le 25 décembre est une date historique.
ET SI VRAIMENT JÉSUS ÉTAIT NÉ LE 25 DÉCEMBRE?
Andrea Gagliarducci
www.korazym.org/
Traduction Anna
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Pourquoi Noël est-il fêté de 25 décembre? Depuis toujours on explique ce choix par la volonté de christianiser la fête païenne du sol invictus. Puisqu'on ne connaissait pas une date précise de la naissance de Jésus, on a mis en évidence que par le fait de célébrer sa naissance le même jour où les Romains célébraient la renaissance du soleil, «qui n'avait pas été vaincu» par l'hiver et recommençait à rester plus longtemps haut dans le ciel, on voulait représenter le fait que la vraie lumière du monde était arrivée. Une thèse, celle de l'inculturation de la foi, avancée par beaucoup. Par contre, une autre thèse a fait son chemin en ces dernières années, avec beaucoup d'indices en sa faveur: la thèse que nous célébrons la naissance de Jésus le jour où il est vraiment né.
Le site de l'Unione Cristiani Cattolici Razionali a pensé à retracer, il y a quelque temps, une histoire de toutes les théories concernant la naissance du Noël, rassemblant de nombreux textes en faveur de cette hypothèse. Une hypothèse toute à découvrir.
On part de Qumran. Là, dans l'actuelle Cisjordanie, est situé un monastère où l'on pense qu'ont habité les Esséniens, groupe de Juifs organisé en communautés monastiques qui gardaient et étudiaient l'ancienne traditions juive. C'est là, dans la première moitié du 20ème siècle qu'ont été retrouvés les Rouleaux de la Mer Morte, de très anciens manuscrits hébraïques, préservés de la furie destructrice des Romains. Parmi ces manuscrits, le Calendrier de Qumran et le Livre des Jubilés qui remontent au II siècle av. J.-C.
Un calendrier a été étudié par la spécialiste française Annie Jaubert, laquelle a découvert que de nombreux fragments du texte montrent que les Esséniens avaient utilisé ce même calendrier jusqu'au Ier siècle après J.C.
En 1958, le spécialiste juif Shemarjahu Talmon, professeur à l'Université de Jérusalem, a reconstruit les "roulements" sacerdotaux des juifs et, les appliquant au calendrier grégorien, a découvert que la classe sacerdotale du service d'Abia exerçait ses fonctions deux fois par an, dont une correspondait à la dernière décade de septembre. Selon l'Evangile de Luc, Zacharie reçut l'annonce de la naissance de Jean-Baptiste alors qu'il assurait les fonctions sacerdotales pendant le service d'Abia. Sur la base de ces études la date traditionnelle attribuée à la naissance de Jean-Baptiste, le 24 juin, devient historiquement crédible, car elle se serait produite neuf mois après l'annonce de Gabriel à Zacharie, le 23 septembre.
Cette découverte a encouragé une série d'études. On a donc découvert que la tradition qui situe l'annonce à Zacharie entre le 23 et le 25 septembre est très ancienne et dérive directement de l'Eglise judéo-chrétienne de Jérusalem.
Si la date de la naissance de Jean-Baptiste (24 juin) est fiable, il ressort qu'aussi la tradition fixant l'Annonciation de la conception virginale de Marie au 25 mars ("six mois après" comme disent les Evangiles) est historiquement fondée. Et puisqu'il y a six mois entre la naissance de Jean-Baptiste et celle de Jésus, la date du 25 décembre pour déterminer la naissance de Jésus est, elle aussi, historiquement fondée. En conséquence, une date historique est également le 2 février, date de la présentation de Jésus au Temple, ainsi que celle de la circoncision de Jésus qui eut lieu huit jours après sa naissance. Une thèse mise en évidence par le bibliste Tommaso Federici (1), entre autres.
Parmi les objections au fait que le 25 décembre soit la date historique de la naissance de Jésus, il y a le fait que les bergers, en Palestine, ramènent généralement leurs troupeaux à l'abri, afin de le protéger du froid, de la pluie et de la neige, alors que l'Evangile écrit que la nuit où les bergers eurent l'annonce de la naissance du Sauveur ils gardaient leurs troupeaux à l'extérieur (Luc 2:8).
Michele Loconsole, docteur en Théologie Oecuménique sacrée, a toutefois expliqué que les juifs distinguent trois types de troupeaux: celui formé des seules brebis à laine blanche, celui des les brebis dont la laine est en partie blanche et en partie noire, et celui ne comprenant que les brebis à laine noire; ces derniers animaux, étant considérés impurs, ne peuvent pas rentrer en ville ni au bercail, même pas après le coucher du soleil, et doivent donc rester toujours à l'extérieur/en plein air avec leurs bergers, jour et nuit, hiver et été.
Selon John Stormer, en revanche, la présence des bergers organisés en tours de garde de nuit s'explique par le fait qu'ils passent habituellement la nuit avec leurs troupeaux dans la période où les agneaux sont nés depuis peu. La moitié de décembre est juste la période où les agneaux viennent de naître, les brebis devenant attrayantes aux moutons après le 21 juin.
Il y a finalement plusieurs possibilités que le 25 décembre soit vraiment la date de la naissance de Jésus. C'est un débat fascinant, à étudier, dont il est beau de rendre compte le jour de Noël.
(1) cf. Le 25 décembre est une date historique
