Les Anges de l'Avent
Anna a trouvé et traduit ce très joli texte du Père Dwight Longenecker. Occasion de rappeler les occasions où Benoît XVI nous a lui aussi parlé des anges, et spécialement de son ange gardien (14/12/2014)
www.patheos.com/blogs/standingonmyhead/2014/12/the-angels-of-advent
5 décembre 2014
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[ci-contre: le songe de Joseph]
Je suis de l'avis que les rencontres angéliques sont bien plus fréquentes que ce que beaucoup de monde croit. Le problème est juste: qui en parle? Qui était conscient que ce qui est arrivé était une intervention angélique?
Peut-être que ce rêve plein de sens que vous avez fait, ce moment où vous l'avez échappé belle dans la voiture, cet accident qui ne s'est pas produit, cette rencontre fortuite qui a redirigé votre vie ou cet événement étonnant étaient une rencontre angélique.
Les Ecritures parlent des apparitions angéliques de manière concrète.
Comme Edith (1), les auteurs de la Bible pensent que les anges existent et n'hésitent pas à raconter les histoires de leurs interactions avec les gens sur la terre. Les anges sont les messagers de Dieu, et il y a quatre rencontres spéciales d'anges qui peuvent inspirer et illuminer notre Avent.
Saint Michel Archange est le premier Ange de l'Avent et nous le rencontrons dans le livre de Daniel. Il est le protecteur princier et l'ange avocat du peuple d'Israel, et dans le Livre des Révélations on nous dit qu'il y avait "guerre dans les cieux" et que Michel et ses anges ont combattu le grand dragon. A cause de son rôle comme protecteur du peuple de Dieu il est vu comme le grand combattant contre Satan, et, au moment de la mort, l'antique enseignement de l'Eglise nous dit que Michel vient à la rencontre de l'âme qui s'en va et est son avocat devant le Christ grand juge. C'est pourquoi nous voyons les images de Michel en armure piétinant Satan, ou avec une balance, pour indiquer son rôle comme avocat de justice et de paix.
L'Avent est un temps où on nous rappelle les quatre choses dernières - la Mort, le Jugement, l'Enfer et le Paradis. Et comme ange de l'Avent, Michel nous rappelle ces quatre choses ultimes. Il nous rappelle que nous sommes engagés dans un combat spirituel. Il y a des rangs d'anges et de démons appelés principautés et puissances et Saint Paul écrit aux Ephésiens, "notre lutte n'est pas contre chair et sang, mais contre des principautés, contre des puissances, contre les chefs de l'obscurité de ce monde, contre la méchanceté spirituelle en haut lieux". [ndt: Ephésiens, 6,12] Dans cette bataille Saint Michel se bat à notre côté si bien que Saint Paul écrit aux Romains, "ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les principautés, ni les puissances, ni les choses présentes, ni les choses à venir pourront nous séparer de l'amour du Christ."
Le deuxième ange de l'Avent est l'ange qui vient chez Zacharie, le père de Jean le Baptiste. Zacharie assurait son service du culte comme prêtre dans le temple quand l'ange lui apparut et lui annonça que lui et sa femme Elisabeth allaient avoir un enfant en dépit de leur âge avancé. Zacharie douta et demanda un signe. Le signe fut qu'il devint muet jusqu'à ce que Jean fût né. Saint Michel nous rappelle que nous sommes pris dans un combat spirituel, tandis que le deuxième ange de l'Avent nous encourage dans la foi.
Zacharie peut avoir douté de la parole de l'ange, mais l'expérience renforça sa foi. Il crut pleinement, par la suite, et prononça les mots magnifiques du Benedictus, se réjouissant dans l'attente de la venue du Christ, "Dans la tendre compassion de notre Seigneur, l'aube viendra d'en haut sur nous, et resplendira sur ceux qui habitent les ténèbres."
Grâce à sa foi renouvelée, Zacharie entra dans le combat spirituel avec un zèle renouvelé et les anciennes traditions de l'Eglise suggèrent qu'il peut avoir été le Zacharie qui trouva une mort de martyr (Mt 23:35) car il refusa de dire aux soldats assassins de Hérode où était l'enfant Jésus.
Le troisième ange de l'Avent est le messager céleste de Saint Joseph. Joseph était fiancé à Marie quand il apprit qu'elle était enceinte. Il allait divorcer d'elle discrètement mais l'ange lui apparut dans un rêve et lui dit de ne pas avoir peur et de prendre Marie en épouse. Le troisième ange de l'Avent nous donne un troisième mot d'encouragement pour le combat spirituel: "N'aie pas peur."
La loi juive dictait qu'une fille qui devenait enceinte hors du mariage pouvait être lapidée à mort. Saint Joseph était un homme juste et honorable. Il avait toute raison pour craindre, non seulement pour Marie, mais aussi pour son propre sort. Si la fille était enceinte, étant sa fiancée, il était l'évident coupable. La marier aurait été admettre la faute. Cet homme honorable aurait vécu le reste de sa vie avec l'ombre d'une mauvaise réputation. Mais il entendit la parole de l'ange, "Ne crains pas de prendre Marie comme ton épouse" et répondit immédiatement avec courage et fermeté.
Le quatrième ange de l'Avent est Gabriel qui apparaît à la Sainte Vierge. La simple réponse de Marie à l'invitation de Dieu est l'apogée des messages angéliques. Avec l'Annonciation les trois précédents messages deviennent comme un. La Sainte Vierge comprend qu'elle est partie d'un combat spirituel. Elle entend les paroles de l'ange, "N'aie pas peur" et "avec Dieu tout est possible" et sa réponse est d'obéissance instantanée, ce qui requiert foi et courage.
Si nous nous laissons entraîner dans le récit de l'Avent, alors nous aussi nous entendrons ces quatre messages angéliques. Premièrement, nous comprendrons qu'en tant qu'enfants de Dieu nous sommes engagés dans un combat spirituel. Deuxièmement, avec Zacharie, nous répondrons avec foi. Avec Joseph nous ajouterons du courage à notre foi; enfin, sachant que "avec Dieu tout est possible" nous répondrons avec la Sainte Vierge dans une vie d'obéissance aimante et joyeuse à la volonté de Dieu.
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NDT:
(1) Edith est la femme de Loth. Des anges ayant instruit ce dernier de l'arrêt porté par Dieu contre Sodome, Loth quitta la cité coupable avec sa famille, mais sa femme, cédant à une curiosité fatale, malgré la défense des anges, regarda derrière elle et fut changée en une statue de sel (mythologica.fr/biblique/loth): Genèse, ch 19 .
Benoît XVI a certainement bénéficié en plus d'une occasion de la protection spéciale de son ange gardien.
Pour ne citer que ces évènements: bébé, il a survécu à la diphtérie; petit enfant, à Aschau, il a failli se noyer dans un étang; jeune homme, pendant la guerre, il a failli perdre un doigt, suite à une blessure qui risquait de provoquer une scepticémie; en 1945, après la débâcle d'Hitler, ayant "décidé de rentrer chez lui", il a croisé une patrouille qui lui a laissé la vie sauve.
Lors de l'été 2009, au Val d'Aoste pour deux petites semaines de repos, une chute lui avait valu une fracture du poignet. Avant de rentrer à Castelgandolfo, saluant ses hôtes, il évoquait son ange gardien avec humour.
« Malheureusement mon ange gardien n'a pas empêché mon accident, en suivant certainement des ordres supérieurs… Peut-être que le Seigneur voulait m'enseigner davantage de patience et d'humilité, me donner plus de temps pour la prière et la méditation ».
(benoit-et-moi.fr/2009-II)
Le 29 septembre 2008, à la fin de la période estivale Benoît, XVI prenant congé des communautés religieuses et civiles de Castelgandolfo, concluait son discours avec ces mots:
« Aujourd'hui la liturgie nous invite à rappeler les saints Archanges Michel, Gabriel et Raphaël. Chacun d'eux, comme nous le lisons dans la Bible, a rempli une mission spéciale dans l'histoire du salut. Chers frères et sœurs invoquons leur aide avec confiance, ainsi que la protection des anges gardiens, dont nous célébrerons la fête le 2 octobre.
La présence invisible de ces Esprits bienheureux nous est d'une grande aide, et d’un grand réconfort : ils marchent à côté de nous, ils nous protègent, en toute circonstance, ils nous défendent dans les dangers, et nous pouvons avoir recours à eux à tout moment.
Beaucoup de saints, ont entretenu avec les anges un rapport de véritable amitié, et nombreux sont les épisodes qui témoignent de leur assistance dans des occasions particulières. les Anges sont envoyés par Dieu "pour servir ceux qui hériteront du Salut" comme le rappelle la Lettre aux hébreux (1:14) et sont donc d'une grande aide dans le pèlerinage terrestre vers la patrie céleste».
(www.vatican.va)
Et le 2 octobre 2011, à la fin de l'homélie d'Angélus, il disait:
Chers amis, le Seigneur est toujours proche et à l’œuvre dans l’histoire de l’humanité, et il nous accompagne aussi par la présence singulière de ses anges, que l’Eglise vénère aujourd’hui comme «gardiens», c’est-à-dire comme ministres de l’attention divine pour chaque homme. De son début jusqu’à l’heure de la mort, la vie humaine est entourée de leur protection incessante. Et les anges forment une couronne autour de l’auguste reine des victoires, la bienheureuse Vierge Marie du Rosaire, qui en ce premier dimanche d’octobre à cette heure exacte, au sanctuaire de Pompéi et dans le monde entier, accueille une requête fervente pour que le mal soit vaincu et que la bonté de Dieu se révèle en plénitude.
(www.vatican.va)
Enfin, voici un extrait du second livre d'entretiens avec Peter Seewald, traduit en français sous le titre "Voici quel est notre Dieu" (Plon 2001):
Peter Seewald: Selon la doctrine chrétienne, le monde est divisé en deux domaines, un monde invisible et un monde visible. Elle parle d'en haut et d'en bas. Que veut-elle dire par là ?
Card. Ratzinger: Parler de haut et de bas, c'est évidemment une façon imagée de parler qui provient de notre propre expérience. Bien sûr, ce symbolisme peut aboutir à une conception naïve du monde où tout est vu de manière physique et qui passe à côté de l'essentiel. En tant qu'image originelle, qui est parlante en elle-même, elle est précieuse. Elle nous apprend qu'il existe des profondeurs et des hauteurs, qu'il y a des degrés d'être, l'infiniment grand et l'infiniment petit, que la vraie hauteur existe, le Dieu vivant.
De même nous faisons concrètement l'expérience de la distinction entre le visible et l'invisible. Il y a des forces que nous ne pouvons voir et qui sont pourtant réelles. Prenons d'abord les réalités proprement dites, les réalités de l'esprit et du cœur. Je peux voir dans les yeux de quelqu'un, dans son expression et dans d'autres faits, quelque chose de son intériorité mais seulement en tant que reflet de sa profondeur. Ainsi, à travers des réalités matérielles, l'invisible transparaît, de sorte que cet invisible devient une certitude pour nous et nous attire. Dans tous les cas les forces invisibles, dont nous pouvons pourtant sentir les effets, nous indiquent que le monde a une profondeur qui échappe à notre regard et aux phénomènes sensoriels.
- En relation avec « le haut et le bas », avec « le visible et l'invisible », l’Ancien Testament nous présente des êtres mystérieux. Ils se présentent comme les messagers de Dieu ou « anges du Seigneur ». Trois de ces anges, les archanges, portent même des noms. Il y a Michel, (le nom signifie : « Qui est comme Dieu »), puis Raphaël (« Dieu a guéri »), et Gabriel (« Dieu a rendu fort »). Nous apprenions autrefois, à l'école, que les anges sont de purs esprits, ayant raison et volonté. Est-ce toujours vrai ?
- Oui, c'est toujours vrai. L'Écriture nous le dit et, par ailleurs, nous savons au fond de nous-mêmes que nous ne sommes pas les seules créatures spirituelles. Dieu a aussi peuplé le monde d'autres créatures spirituelles qui nous sont proches parce qu'il n'y a qu'un seul monde. Ces créatures sont, elles aussi, l'expression de sa plénitude, de sa grandeur, de sa bonté. Dans ce sens les anges appartiennent véritablement à la conception chrétienne du monde. Ils entrent dans l'espace de la création qui comporte aussi des créatures spirituelles non matérielles, différentes de nous. Les anges sont en présence immédiate de Dieu dans laquelle nous sommes appelés à être intégrés.
- D'après l'enseignement de l'Église, dans le domaine des anges, il n'y a pas que les archanges, les chérubins, les séraphins et les anges ordinaires. Il y a les anges gardiens. Il est difficile de croire que chaque être humain a un ange gardien avec qui il peut même collaborer.
- C'est pourtant la foi de l'Église qui s'est formée au cours de l'histoire et qui a des fondements sérieux. Personne n'est obligé d'y croire. Cette foi n'a pas le même degré de certitude que les déclarations concernant Jésus ou Marie. Elle appartient aux convictions intérieures qui sont nées dans l'expérience chrétienne: Dieu place un compagnon à mes côtés qui m'est particulièrement assigné et à qui je suis assigné. Chacun, bien sûr, ne se familiarisera pas intérieurement de la même manière avec ce compagnon.
- Connaissez-vous votre ange gardien personnellement ?
- Non. Je me sens moi-même si directement concerné par Dieu que, tout en étant reconnaissant qu'il y ait un ange gardien, j'échange directement avec Dieu lui-même. C'est une question de tempérament. À d'autres il est donné d'échanger avec leur ange gardien, et c'est pour eux une certitude qui les console. Évidemment, il ne faut pas s'y arrêter mais se laisser conduire vers Dieu : tout doit être orienté vers la relation à Dieu.
