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Une supplique au Pape... sans réponse

Celle des calligraphistes et autres artisans qui produisaient les parchemins avec la bénédiction papale pour l'Aumonerie Pontificale (1/12/2014).

Sandro Magister évoquait cette affaire ici: Le Pape activiste politique.

En avril dernier, le Saint-Siège a décidé de ne pas renouveler l'accord de négociation collective avec 500 artisans qui produisaient les parchemins avec la bénédiction papale pour l'Aumonerie Pontificale.
Ceux-ci ont écrit au pape, et tentent par ailleurs de livrer leur vérité via la presse: apparemment, leur mise au point reçoit peu d'écho dans les médias. Si (pure hypothèse d'école) un tel épisode s'était déroulé sous le pontificat de Benoît XVI, ils auraient eu droit à la première page de la Repubblica, avec un titre du genre: "Ratzinger réduit des centaines de familles à la misère!". Et des colonnes entières de témoignages dans les pages intérieures. Sans parler de reportages à la télévision.

L'article a été mis en lien sur la page Facebook d'Angela Ambrogetti, où je l'ai trouvé.

Sans aucun doute, le Pape a "ses" pauvres, et les artisans qui se voient privés de travail par la décision du Saint-Siège sont (seront) des pauvres de seconde zone.
Mais ladite décision n'a rien à voir avec la valeur effective de ces "bénédictions" - qui ne faisaient de mal à personne, si elles ne faisaient pas de bien. Or les médias avaient répandu le bruit qu'il s'agissait d'une arnaque pure et simple, les bénédictions n'ayant aucune valeur religieuse.
Peut-être bien (mais qui sait? et pourquoi pas une sorte d'effet placebo?).
Sauf qu'il s'agissait d'oeuvres d'art, au charme kitsch, ou joliment rétro, selon ses goûts, réalisées sur commande, à la main - un peu à la manière des Goettelbrief alsaciens, ces "voeux de baptême" qu'on peut admirer au Musée historique alsacien de Strasbourg); que le Saint-Siège recevait des royalties pour chaque parchemin vendu; et surtout, si je comprends bien, que les bénédictions continueront à être vendues, mais produites en interne (avec les outils graphiques informatiques, c'est évidemment plus facile qu'avant Photoshop ou d'autres logiciels professionnels de dessin!). On peut juste s'étonner que ce vertueux principe d'internalisation n'ait pas été appliqué dans le domaine de la restructuration de la Curie et de l'IOR: cela aurait permis d'économiser les très coûteux honoraires versés aux multinationales pour d'obscures opérations d'audit et de consulting.... (voir à ce sujet cet article d'Andrea Gagliarducci: Vatican, le temps de la réforme).

     

Une supplique au Pape sans réponse

http://www.ilmetropolitano.it
(ma traduction)
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Pas de réponse à la Supplique au pape François adressée il y a cinq mois par les signataires de la Convention pour les diplômes de Bénédiction apostolique
Des centaines de personnes, entre entreprises artisanales, employés, calligraphes, peintres et collaborateurs externes, resteront sans travail à partir du 1er Janvier 2015 par une décision du Vatican. Le choix de ne pas renouveler la Convention avec les calligraphes, instituts et boutiques signataires des diplômes de Bénédiction apostolique, en plus de laisser dans de graves difficultés économiques des centaines de familles, aura également un impact négatif sur l'activité économique dans les alentours de Rome et du Saint-Siège.

Il y a cinq mois, les calligraphes ont déposé une Supplique à François, qui n'a pas encore reçu de réponse. Les intéressés ont décidé de faire entendre leur voix à la presse après que les médias aient rapporté une série d'informations inexactes sur leur travail.

«La réalité des faits est que l'Aumônerie apostolique a décidé de dénoncer la Convention, restant ainsi le seul fournisseur de bénédictions apostoliques, via Internet, dans une situation de monopole à la fois sur les modèles à proposer et sur les prix à pratiquer dans le monde entier, pour avoir,selon ses dires, les ressources nécessaires pour pratiquer la charité», disent les signataires de la pétition. «On passe ainsi sous silence le fait que durant des décennies entières, l'Amônerie apostolique a fait sa charité silencieusement grâce à la fois aux ressources que nous, signataires de la Convention, lui reversions à travers les timbres et les timbres à sec, d'un montant fixe pour chaque parchemin vendu, et à notre travail, mettant notre expertise et notre créativité artistique au service exclusif du Vatican, faisant de la qualité et la ponctualité des livraisons nos seuls moyens de publicité, et développant ainsi une demande qui s'est diffusée dans le monde entier, y compris de la part de collèges et d'institutions religieuses, sans faire usage d'Internet, avant parce qu'il existait pas, et plus tard parce que cela nous était interdit par l'Aumônerie par contrat.».

Avec amertume, les signataires rappellent les paroles de François adressées aux dirigeants de ThyssenKrupp Terni le 3 Septembre: «Avec le travail, on ne joue pas! Et celui qui, pour l'amour de l'argent, des affaires, pour gagner plus d'argent, s'il enlève le travail, qu'il sache qu'il enlève la dignité des personnes».
Misant sur la sensibilité du pape aux questions sociales, et la gêne de ceux qui vivent dans la pauvreté, les signataires espèrent une réponse rapide qui mette fin au malaise et à la peur de l'avenir pour des centaines de familles, et sauve l'art de la belle écriture, un autre morceau du Made in Italy en danger d'extinction.
Ils ont joint les deux lettres, la supplique au Saint-Père du 29 juin 2014, et la lettre de l'Aumonier apostolique, Konrad Krajewska, du 12 avril.
(à voir sur ce site )