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Benoît XVI et l'unité des chrétiens

Quelques rappels en plein dans l'actualité, notamment l'échange épistolaire avec le métropolite Damaskinos, à relire (1/12/2014)

>>> Cf. Voyage en Turquie: le Pape et le Patriarche

A relire:
¤ L'oecuménisme selon François
¤ L'oecuménisme selon Benoît XVI
¤ Les progrès de l'oecuménisme (texte peu connu du cardinal Ratzinger)

Le voyage en Turquie a remis au premier plan de l'actualité le projet oecuménique de François.

Dans l'avion de retour vers Rome, au cours de la désormais habituelle conférence de presse, le pape a répondu (entre autre!!) à une question d'Alexey Bukalov...., journaliste russe, orthodoxe, présenté par le Père Lombardi comme un vétéran des voyages pontificaux, qui l'interrogeait sur les possibilités d'une rencontre avec le Patriarcat de Moscou.
Dans sa réponse, le Pape a dit:

Je crois qu'avec l'orthodoxie, nous sommes en chemin. Ils ont les sacrements, la succession apostolique ... nous sommes en chemin. Que devrions-nous attendre? Que les théologiens se mettent d'accord? Ce jour n'arrivera jamais, je vous l'assure, je suis sceptique. Ils travaillent bien, les théologiens, mais je me souviens ce qu'a dit Athénagoras à Paul VI: "Nous, allons de l'avant seuls, et mettons tous les théologiens sur une île, qu'ils pensent"; je pensais que c'était une chose pas vraie (sic!), mais Bartholomée a dit: "Non, c'est vrai, il l'a dit".

Décidément, François a une dent contre les théologiens...

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Même si de nombreux médias font semblant de croire que le dialogue avec les orthodoxes commence aujourd'hui, il n'en est évidemment rien. Benoît XVI (et déjà avant lui, le cardinal Ratzinger) avait abordé le problème en profondeur, avec la rigueur d'un théologien (eh oui!) mais aussi la sensibilité d'un homme de foi qui a noué au long de sa vie des liens étroits d'amitié avec des membres de la hiérarchie orthodoxe.
Comme le métropolite Damaskinos (1936-2011) qui avait été son élève à Ratisbonne.
J'invite mes lecteurs à découvrir ou à relire l'échange épistolaire (issu du livre "Faire route avec Dieu") entre les deux amis, datant de 2000, peu après la publication de Dominus Iesus, le document si controversé à l'époque, et sans doute encore aujourd'hui: benoit-et-moi.fr/2014-I/benoit/oecumenisme

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Le 25 janvier 2012, Fête de la Conversion de saint Paul Apôtre, en la Basilique Saint-Paul-hors-les-murs, Benoît XVI célébrait les vêpres en conclusion de la semaine de prière pour l'unité des chrétiens.
Extrait de son homélie:

Bien que faisant l’expérience à notre époque de la situation douloureuse de la division, nous chrétiens pouvons et devons regarder vers l’avenir avec espérance, car la victoire du Christ signifie le dépassement de tout ce qui nous empêche de partager la plénitude de la vie avec Lui et avec les autres. La résurrection de Jésus Christ confirme que la bonté de Dieu l’emporte sur le mal, l’amour va au-delà de la mort. Il nous accompagne dans la lutte contre la force destructrice du péché qui entâche l’humanité et la création de Dieu tout entière. La présence du Christ ressuscité nous appelle tous, en tant que chrétiens, à agir ensemble pour la cause du bien. Unis dans le Christ, nous sommes appelés à partager sa mission, qui est celle d’apporter l’espérance là où dominent l’injustice, la haine et le désespoir. Nos divisions rendent notre témoignage au Christ moins lumineux. L’objectif de la pleine unité que nous attendons dans une espérance active et pour laquelle nous prions avec confiance, n’est pas une victoire secondaire, mais elle est importante pour la famille humaine.

Dans la culture aujourd’hui dominante, l’idée de victoire est souvent associée à un succès immédiat. Dans l’optique chrétienne, en revanche, la victoire est un long processus de transformation et de croissance dans le bien qui, à nos yeux d’hommes, n’apparaît pas toujours linéaire. Celle-ci arrive selon les temps de Dieu, et non les nôtres, et exige de nous une foi profonde et une persévérance patiente. Bien que le Royaume de Dieu fasse définitivement irruption dans l’histoire avec la résurrection de Jésus, celui-ci n’est pas encore pleinement réalisé. La victoire finale adviendra uniquement avec la seconde venue du Seigneur, que nous attendons avec une espérance patiente. Notre attente pour l’unité visible de l’Eglise doit elle aussi être patiente et confiante. C’est uniquement dans de telles dispositions que trouvent tout leur sens notre prière et notre engagement quotidien pour l’unité des chrétiens. L’attitude d’attente patiente ne signifie pas passivité ou résignation, mais une réponse prompte et attentive à toute possibilité de communion et de fraternité, que le Seigneur nous donne.

...

Je souhaite confier à l’intercession de saint Paul tous ceux qui, par leur prière et leur engagement, travaillent pour la cause de l’unité des chrétiens. Même si on peut parfois avoir l’impression que le chemin vers le plein rétablissement de la communion est encore très long et pavé d’obstacles, j’invite tous à renouveler leur détermination à poursuivre, avec courage et générosité, l’unité qui est volonté de Dieu, en suivant l’exemple de saint Paul qui, devant les difficultés en tout genre, a conservé toujours ferme la confiance en Dieu qui conduit à l’accomplissement de son œuvre. D’ailleurs, sur ce chemin, ne manquent pas les signes positifs d’une fraternité renouvelée et d’un sens partagé de responsabilité face aux grandes problématiques qui affligent notre monde. Tout cela est un motif de joie et de grande espérance et doit nous encourager à poursuivre notre engagement pour parvenir tous ensemble à l’objectif final, en sachant que nos efforts ne sont pas vains dans le Seigneur (cf. 1 Co 15, 58).
www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/homilies/2012/documents/hf_ben-xvi_hom_20120125_week-prayer_fr.html