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Eclairage sur l'interview de Benoit XVI

au Frankfurter Allgemeine Zeitung. Mini-dossier, et notamment deux mises au point bienvenues côté italien: Korazym (Angela Ambrogetti), et La Bussola (Lorenzo Bertocchi) (10/12/2014).

Articles reliés:
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¤ Une interview du Pape émérite
¤ L'interview du pape émérite au FAZ (I)
¤ L'interview de François à la Nacion (II)

¤ et aussi, l'exhortation apostolique de Saint Jean-Paul II Familiaris consortio.

Voici le passage essentiel de cette interview (car tout le reste n'est probablement qu'un bel "emballage" que notre affection pour lui nous a fait découvrir avec bonheur) de la mystérieuse interviewe de Benoît XVI au quotidien allemand:

Depuis qu'il s'est retiré, Benoît ne parle pas aux journalistes, sauf s'ils viennent le voir pour des visites de courtoisie. Mais cette fois, il m'a dit, au moins à deux reprises, quoi écrire et ne pas écrire. Il dit que c'est important pour lui que tout le monde comprenne qu'il ne se considère pas comme un co-Pape qui s'impliquerait dans les affaires de l'Église, et surtout pas qu'il le ferait pour prendre position contre le pape.
Peut-être insiste-t-il à ce sujet parce que le Tome 4 de ses Opera Omnia vient d'être publié, et son essai de 1972 «Sur la question de l'indissolubilité du mariage» a été réimprimé. Mais la conclusion, dit le Père Benoît, a été «entièrement remanié».
Il avait écrit en 1972 que dans des cas particuliers, permettre la communion aux divorcés remariés pourrait être «couvert» par la tradition. Mais depuis lors, il a affirmé «l'impossibilité» pour les divorcés remariés de recevoir l'Eucharistie.
Néanmoins, le Père Benoît dit que c'est «absurde» de soutenir qu'à cause de cela, il veut se mêler de la controverse dans l'Eglise. Il dit qu'il a réécrit l'essai en Août, des mois avant la première assemblée synodale en Octobre, et qu'il n'y a «rien de nouveau» par rapport à ce que Jean-Paul II avait affirmé précédemment, que « comme préfet de la Doctrine de la Foi, j'ai écrit en termes encore plus drastiques».
Benoît n'a pas l'intention d'en dire plus au sujet de l'indissolubilité du mariage sacramentel. L'enseignement de l'Église doit rester tel qu'il est. Mais pour lui, il est important que les divorcés remariés qui ne peuvent recevoir la communion soient aidés dans leur pratique religieuse, afin de «ne pas porter un fardeau plus lourd pour eux qu'il n'est nécessaire». Il cite la Lettre apostolique de Jean-Paul II 'Familiaris consortio', écrite après l'assemblée synodale sur la famille qu'il avait convoquée en 1981 et qui en appelle à une pastorale qui n'exclut pas les divorcés remariés, mais plutôt «devrait leur permettre de sentir l'amour de la Église.»
Ces couples devraient même pouvoir se joindre à des comités d'église et être parrain/marraine de baptême, écrit le Père Benoît dans sa nouvelle conclusion à la fin de l'article de 1972, tel qu'il apparaît maintenant dans le quatrième volume des Œuvres complètes; un livre épais de 700 pages, et Benoît ironise disant que «personne n'aurait cherché justement ces phrases-là, sinon des gens qui cherchaient quelque chose de particulier dans ces 700 pages».

Il fait curieusement écho à ce passage de l'interview du Pape à La Nacion, publiée presque simultanément:

Dans mon dernier discours j'ai dit quelque chose d'intéressant, j'ai souligné que nous n'avions abordé aucune partie de la doctrine de l'Eglise sur le mariage. Dans le cas des divorcés remariés, nous avons posé la question, que faisons-nous avec eux? Quelle porte pouvons-nous leur permettre d'ouvrir? C'était une préoccupation pastorale: allons-nous leur permettre d'aller à la communion?
La communion seule n'est pas une solution. La solution est l'intégration. Ils n'ont pas été excommuniés, vrai. Mais ils ne peuvent pas être parrains d'un enfant à baptiser, les lectures à la messe ne sont pas pour les divorcés, ils ne peuvent pas donner la communion, ils ne peuvent pas enseigner le catéchisme, il y a environ sept choses qu'ils ne peuvent pas faire, j'ai la liste ici. Allons! Si j'ébruite tout cela, il semblerait qu'ils ont été excommuniés, en fait! Ainsi, ouvrons les portes un peu plus. Pourquoi ne peuvent-ils pas être parrains et marraines? «Non, non, non, quel témoignage donneraient-ils à leur filleul?». Le témoignage d'un homme et d'une femme disant «mon cher, j'ai fait une erreur, j'ai eu tort, mais je crois que notre Seigneur m'aime, je veux suivre Dieu, je n'étais pas vaincu par le péché, je veux passer à autre chose». Y a-t-il quelque chose de plus chrétien que cela? Et que dire des escrocs politiques parmi nous, des gens corrompus, choisis pour être le parrain de quelqu'un? S'ils sont correctement mariés à l'Église, devrions-nous l'accepter? Quel genre de témoignage vont-ils donner à leur filleul? Un témoignage de corruption? Les choses doivent changer, nos normes doivent changer.

     
LA GUERRE DES PAPES N'AURA PAS LIEU

Cette coïncidence de dates n'a pas échappé aux médias laïcs, qu'on découvre décidément chaque jour plus papistes.
Témoin cet article du Point (signé Dominique Dunglas!!) publié le 8/12 sous le titre triomphal: LA GUERRE DES PAPES N'AURA PAS LIEU.
L'auteur ironise sur "ceux qui espéraient voir le pape émérite Benoît XVI prendre la tête d'une croisade contre son successeur". Les conservateurs sont clairement visés avec le mot "croisade": Dunglas oublie un peu vite que ce n'est pas un conservateur qui a parlé du magistère parallèle de Benoît XVI... mais le cardinal Schönborn en personne (cf. Une interview du Pape émérite : QUAND UN (EX)ÉLÈVE PREND SES DISTANCES DU MAÎTRE)

Dans deux articles publiés simultanément, François et Benoît XVI démentent être en contradiction et fixent la ligne pour les divorcés remariés.

Ceux qui espéraient voir le pape émérite Benoît XVI prendre la tête d'une croisade contre son successeur en seront pour leur frais. Pour démontrer l'entente cordiale qui règne entre les deux hommes, notamment sur la question de la place à donner dans l'Église aux divorcés remariés, le Vatican a révolutionné sa communication en optant pour la publication simultanée de deux interviews.
(...)
Sur l'épineuse question des divorcés remariés qui divise la curie, l'ancien préfet de la Congrégation de la foi demande qu'ils ne soient pas exclus de l'Église. Ainsi, il s'élève contre l'interdiction qui leur est faite par de nombreux diocèses de devenir parrain ou marraine.

     
UN ARRIÈRE-GOÛT ÉTRANGE

Dans son blog, Jeanne Smits titre DEUX ENTRETIENS, DE FRANÇOIS ET DE BENOÎT. AVEC UN ARRIÈRE-GOÛT ÉTRANGE, et souligne elle aussi les ambigüités dans l'interview de François à La Nacion .
Elle conclut:

Une fois de plus, la confusion domine.
Elle est encore aggravée par le compte-rendu d’un entretien du journaliste allemand Jörg Bremer, avec le pape émérite Benoît XVI à la maison Mater Ecclesiae. Cet entretien a eu lieu on ne sait quand ; le compte-rendu a été publié en même temps que l’entretien de François dans La Nacion et le rejoint sur un point : les divorcés « remariés » pourraient être « parrains et marraines ». Et hop ! Le voilà qui justifie les propos du pape François ! C’est ainsi que les médias du monde entier, et français notamment, l’annoncent.
Seulement, la rédaction de l’article de Bremer publié dimanche dans le Frankfurter Allgemeiner, largement en style indirect, ne permet pas d’affirmer que le pape émérite lui a répété cela. Le journaliste se borne en effet à rappeler que cette proposition est exprimée dans la réécriture d’un article du cardinal Ratzinger sur le mariage et la communion aux divorcés « remariés » qui exprime très clairement une opposition à l’accès à la communion sacramentelle. Opposition dont Benoît XVI a bien dit, au cours de l’entretien, qu’il l’a exprimée de manière beaucoup plus « drastique» encore à la tête de la Congrégation pour la doctrine de la Foi.
Cela « n’a pas de sens » de dire qu’en récrivant ce texte le pape émérite voulait intervenir dans l’actuelle controverse, explique-t-il selon le journaliste. Il l’a réécrit « en août, plusieurs mois avant le début du synode ». (...)
Bref, ces interviews, cette « concordance » relèvent-elles aussi de la « manipulation » ? Il semble clair que le pape Benoît veuille éviter de passer pour… le pape, aussi assure-t-il garder le silence autant qu’il le peut. Et on voit mal comment il pourrait adopter une autre attitude.
Mais que la « communication », peut-être même le marketing soient devenus une activité à temps plein au Vatican, ou bien dans certains secteurs des médias, cela paraît aujourd’hui hélas plausible : tout cela est trop « ficelle »…

     
DEUX MISES AU POINT

La Bussola

DIVORCÉS, CE QUE DIT VRAIMENT RATZINGER
Lorenzo Bertocchi
12.10.2014
www.lanuovabq.it/it/articoli-divorziati-cosa-dice-davvero-ratzinger
Ma traduction
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Selon ce que rapporte Joerg Bremer, le journaliste du Frankfurter Allgemeine qui a interviewé le pape émérite, pour Benoît XVI aussi, les divorcés remariés «doivent faire partie de comités ecclésiastiques ou faire fonction de parrains».
Cette position semblerait donc se rapprocher beaucoup de celle exprimée par François dans La Nacion, tandis que pour sa part Ratzinger réitère son "non" concernant l'accès à l'Eucharistie.
Il l'a fait en réécrivant la conclusion d'un vieil article écrit par lui en 1972, le même article que le cardinal Kasper avait utilisé justement pour soutenir sa thèse au consistoire de Février dernier. Dans la révision, qui remonte à Août dernier, le pape émérite aligne son ancien article sur la position qu'il a par la suite soutenu à maintes reprises à la fois comme préfet de la Doctrine de la Foi, puis comme pape.

Sur la question de la révision de l'écrit de 1972, il faut dire que déjà en 1991, le Cardinal Ratzinger avait fait une mise au point. Cela est également évoqué par Juan Jose Perez-Soba et Stephan Kamposwki dans le livre «L'Evangile de la famille» (Il Vangelo della famiglia, éd. Cantagalli), qui se proposait d'aller «au-delà de la proposition Kasper». Les deux théologiens de l'Institut Jean-Paul II pour les études sur le mariage et la famille ont souligné à juste titre que de cet article 1991 (“Pope, Church and Gospel”, The Tablet n°7891, 26/10/1991) Kasper doit avoir été au courant, mais étrangement, il n'en a pas fait mention.

Sur The Tablet, Ratzinger écrivait que ce qu'il avait exprimé en 1972 ne devait pas être compris comme «règles dans le sens officiel», mais «faisait partie d'une suggestion que j'ai faite en tant que théologien. Leur mise en pratique pastorale doit nécessairement être corroborée par un acte officiel du Magistère, dont je voudrais présenter le jugement». «Incidemment - écrivait Ratzinger - en réponse aux thèses hétérodoxes alors exprimées par le Père Davey - comme théologien catholique, je n'aurais jamais pu souscrire à la notion de double magistère, "le magistère des évêques et celui des théologiens". Aujourd'hui, le magistère a parlé successivement et avec décision sur cette question dans la personne du Saint-Père [Jean-Paul II] dans Familiaris consortio».
Puis il cite l'exhortation apostolique au §84: «L'Eglise réaffirme sa discipline, fondée sur l'Ecriture Sainte, selon laquelle elle ne peut admettre à la communion eucharistique les divorcés remariés. Ils se sont rendus eux-mêmes incapables d'y être admis car leur état et leur condition de vie est en contradiction objective avec la communion d'amour entre le Christ et l'Eglise, telle qu'elle s'exprime et est rendue présente dans l'Eucharistie. [Il y a par ailleurs un autre motif pastoral particulier: si l'on admettait ces personnes à l'Eucharistie, les fidèles seraient induits en erreur et comprendraient mal la doctrine de l'Eglise concernant l'indissolubilité du mariage]».

L'article publié en 1991 se concluait en exprimant que «ce qui est en jeu en ce qui concerne l'enseignement de l'indissolubilité du mariage n'est autre que la fidélité de l'Eglise à la radicalité de l'Evangile».
Il est vraiment étrange que la citation du cardinal Kasper dans le célèbre rapport au Consistoire en 2014 n'ait pas indiqué, au moins dans une note, cette clarification de Ratzinger.
Ainsi, la réécriture de l'article de 1972 n'est pas un magistère parallèle du pape émérite, mais est tout simplement la position que Joseph Ratzinger a toujours défendue et promue. On comprend donc que Ratzinger déclare à la Frankfurter Allgemeine que l'histoire du magistère parallèle «est complètement absurde».

En ce qui concerne, en revanche, la question des parrains, peut-être est-il nécessaire d'approfondir, pour préciser comment les divorcés remariés peuvent éventuellement remplir ce rôle.

Comme indiqué par le Catéchisme de l'Église catholique (§1255) «Pour que la grâce baptismale puisse se déployer, l’aide des parents est importante. C’est là aussi le rôle du parrain ou de la marraine, qui doivent être des croyants solides, capables et prêts à aider le nouveau baptisé, enfant ou adulte, sur son chemin dans la vie chrétienne. Leur tâche est une véritable fonction ecclésiale».

Ce type de tâche, avant de l'être avec les paroles, est principalement effectué par l'exemple de vie, et cet exemple peut certainement aussi être fourni par ceux qui ont souffert de la séparation ou du divorce et continuent avec dignité leur conduite chrétienne.

Le problème se pose particulièrement pour les 'cohabitants' et les remariés divorcées: ces deux situations posent, en effet, des problèmes en ce qui concerne le sixième commandement. Pour résoudre le problème, l'exhortation apostolique de Saint-Jean-Paul II vient une fois de plus à la rescousse. Et ceci, toujours au §84 quand, parlant de l'accès des divorcés remariés au sacrement de l'Eucharistie, elle se réfère à ceux qui «sont sincèrement disposés à une forme de vie qui ne soit plus en contradiction avec l'indissolubilité du mariage. Cela implique concrètement que, lorsque l'homme et la femme ne peuvent pas, pour de graves motifs - par l'exemple l'éducation des enfants -, remplir l'obligation de la séparation, "ils prennent l'engagement de vivre en complète continence, c'est-à-dire en s'abstenant des actes réservés aux époux"».

Il faut souligner que le passage réécrit par Ratzinger, qui fait référence à la possibilité d'autoriser les personnes divorcées à être parrains ou marraines, est introduit justement en rappelant le §84 de Familiaris consortio. Il est donc difficile d'affirmer que l'ouverture du pape émérite sur le thème des parrains et marraines doit être compris comme une sorte de laisser-passer indistinct.

     

Angela Ambrogetti

JOSEPH RATZINGER, UN THEOLOGIEN FIDELE AU MAGISTERE DES PAPES
Angela Ambrogetti
Korazym.org
8 décembre 2014
Traduction de Anna
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C'était 1972, le Concile Vatican II, qui avait ouvert beaucoup de portes, venait d'être clôturé. Un Concile pastoral, certes, mais qui avait examiné de nombreuses questions doctrinales. Qui étaient restées ouvertes, non seulement au sujet du dialogue oecuménique ou inter-religieux, de la liberté religieuse ou la doctrine sociale, mais aussi de thèmes plus quotidiens comme la famille.
La tâche était donc passée des évêques aux théologiens. L'Eglise était en pleine expérimentation: '68 en effet était né d'abord dans l'Eglise, avec ses ferments arrivés au Concile.

Après la célébration des assises, il fallait remettre de l'ordre. Parmi les théologiens qui, en cette période de post-Concile, travaillaient à la présentation des idées il y avait également Joseph Ratzinger qui entra, lui aussi, dans le grand laboratoire d'idées post-conciliaire. Dans le thème (qui était) déjà alors en pleine discussion et toujours chaud de la pleine participation à l'Eucharistie de la part des divorcés remariés civilement.

Son texte sur le sujet était en fait simple et concis, faisant référence pour l'essentiel à quelques textes patristiques et à un principe d' "urgence" et présentait la possibilité de faire accéder à l'Eucharistie celui qui se trouvait en une situation extrême. Au cas où le premier mariage avait été au fond contracté sans foi, et un deuxième était au contraire vécu dans une foi profonde, on pouvait penser à la pleine communion.

Il ne s'agissait que d'une contribution au débat. C'était d'ailleurs bien le cardinal Ratzinger qui, en tant que préfet de la Congrégation de la Foi, disait combien difficile fut le rôle du théologien qui doit proposer des idées tout en respectant les lignes du Magistère. A ce Magistère, Ratzinger fut fidèle quand, après le Synode sur la Famille voulu par Jean-Paul II, un texte fondamental fut publié sur ce sujet: Familiaris consortio. Depuis lors, le théologien qui avait participé au Synode en tant que rapporteur, trouva le sens de son travail dans le Magistère de Pierre.

Ainsi, en 2005, étant désormais Pape, dit-il en parlant à de simples curés (conversation avec les curés du val d’Aoste, le 25 juillet 2005, cf. benoit-et-moi.fr/2013-III/benoit/misericorde>>>avec les divorcés remariés):

"Aucun de nous n'a une recette toute faite, aussi parce que les situations sont toujours différentes. Particulièrement douloureuse est la situation de ceux qui s'étaient mariées à l'Eglise, tout en n'étant pas vraiment croyants, l'ayant fait par tradition, et se trouvant ensuite dans un nouveau mariage non valide, se convertissent, trouvent la foi et se sentent exclus du Sacrement. C'est réellement une grande souffrance et quand j'étais Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi j'ai invité plusieurs conférences épiscopales et spécialistes à étudier ce problème: un sacrement célébré sans foi. Si l'on peut trouver ici un élément d'invalidité, car il manquait au sacrement une dimension fondamentale, je n'ose pas le dire. Je le pensais, personnellement, mais dans les discussions que nous avons eues j'ai compris que le problème est très difficile et qu'il doit être ultérieurement approfondi. Etant donné la situation de souffrance de ces personnes, il faut l'approfondir".

Il s'agit d'un thème cher au théologien et au Pape. Sans la foi, sans la connaissance de Celui au nom duquel le sacrement est célébré, le sacrement peut-il exister?
C'est un débat toujours en cours entre théologiens et canonistes.
Volà pourquoi en août 2014, bien avant le Synode, Benoît XVI révise, en vue de la publication des Œuvres Complètes, ce texte de 1972. Benoît y ajoute toutefois quelques éclaircissements et insiste sur la nécessité d'un plus grand soin pastoral en faveur des divorcés remariés en général. Ils sont au sein de l'Eglise, même s'ils ne sont pas dans la pleine communion, et sont censés vivre une communion spirituelle et une vie de foi qui soit un témoignage. Le Pape en profite même pour un rappel plus large à tous les fidèles. Tous ceux qui s'approchent du sacrement de l'Eucharistie, en sont-ils vraiment dignes?

Le théologien laisse ainsi la place au pasteur et au Pape qui, avec le regard à la foi des simples, essaye de rappeler que la Parole de Dieu doit être connue, aimée et vécue dans la simplicité du quotidien et pas discutée seulement dans les "cas difficiles".

Tel qu'il avait été écrit, [le texte de 1972] n'avait plus aucun sens, car il avait été dépassé par le Magistère de Jean-Paul II.
Dans un entretien avec un journaliste allemand le Pape émérite explique donc qu'il n'y a là rien de nouveau et que sur ces sujets "en tant que Préfet pour la Doctrine de la Foi j'ai déjà écrit en des termes bien plus drastiques". Il ajoute en plaisantant que personne n'aurait cherché justement ces phrases-là dans un volume de 700 pages "s'il n'y avait pas des gens qui cherchent quelque chose de particulier".
En saluant ses hôtes, le théologien qui voulait se faire appeler "Père Benoît" dit: "Ce sont des médailles et des petites images en souvenir du voyage à Cuba, vous pouvez les prendre si vous voulez. Pourvu qu'on ne renforce pas le culte de la personnalité".