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Un "chemin Benoît XVI" à Tittmoning.

Le maire de la petite ville où la famille Ratzinger a vécu de 1929 à 1932 a été reçu récemment à Mater Ecclesiae. Récit dans la presse locale, transmis et traduit par Jeannine. Et des souvenirs du cardinal Ratzinger (presque) inédits (31/12/2014)

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Rencontres privées de Benoît XVI en 2014

Entre Altötting et Salzburg, sur la Salzach qui fait frontière avec l'Autriche, Tittmoning est une jolie petite ville bavaroise typique, avec ses enseignes, ses fontaines armoriées et les deux portes fortifiées qui donnent accès à la grand-place.
Joseph Ratzinger gardait le souvenir émerveillé de l'élégante architecture de cette place, et des belles maisons aux façades peintes qui l'entourent (cf. Annexe).
Depuis les hauteurs (qui font penser aux promenades que le futur Benoît XVI faisait avec sa mère, son frère et sa soeur), on a une vue magnifique sur la Salzach, et l'Autriche toute proche.
Ci-dessous, quelques photos que j'ai prises en 2005, puis en 2006.

Elles ne sont pas très belles, mais à ma décharge, les deux années consécutives où nous nous sommes rendus à Tittmoning (en août!) il faisait froid, et il pleuvait.
De bien plus belles photos sont à admirer sur les pages de <Benodette> (The Ratzinger forum), qui nous a déjà régalés récemment de superbes récits. Elle a consacré à Tittmoning une page entière, pleine de détails et de documents inédits, ici: theratzingerforum.yuku.com.
Parmi eux, une video que j'avais mis en ligne en 2008, où l'on voit Benoît XVI, tout joyeux et spontané, s'adressant a braccio à une délégation de Tittmoning, le 24 janvier 2007 (cf. http://beatriceweb.eu).

     

Le citoyen d'honneur de Tittmoning

Jeannine me transmet le récit de cette rencontre à Mater Ecclesiae, rapportée par le journal local Heimatz Zeitung .
Une visite qui se rajoute évidemment à ma liste: Rencontres privées de Benoît XVI en 2014

Le citoyen d’honneur honoré : le chemin s ‘appelle "Pape Benoît XVI"
20 12 2014
Christoph Maier
www.heimatzeitung.de/

Le chemin piéton entre la cure et [le sanctuaire de] Maria Brunn (*) s’ appellera à l’avenir "Chemin du Pape Benoît XVI".
Entre le bourg et la vielle ville on a depuis le chemin une vue grandiose sur Tittmoning. Le maire Konrad Schupfner a, lors d’une rencontre privée avec le pape émérite, demandé la permission de choisir le nom de ce chemin.

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Une audience privée avec un pape est chose rare mais une rencontre intime sur un canapé avec un pape émérite l’est encore bien plus. Konrad, maire de Tittmoning, accompagné d’une petite délégation de la ville a eu cette opportunité.
Lors d’un voyage privé au Vatican, la délégation a apporté à Benoît XVI un album de photos de la ville en guise de cadeau et demandé l’autorisation de donner son nom au chemin.
"Ce fut une joie immense pour nous lorsqu’il accepta « dit le maire Schupfner qui n’arrive pas à croire à la réalité d’avoir pu rencontrer le pape". "Cette idée pour le chemin, nous l’avions depuis longtemps ".
La relation entre Joseph Ratzinger et la ville de Tittmoning remonte à fort longtemps. Alors qu’il n’avait que 2 ans 1/2, sa famille arriva dans cette ville. Là a vécu le pape émérite jusqu’à sa scolarisation, dit le maire.

Tittmoning est fière, très fière, que cette année le conseil municipal ait appelé le chemin « Chemin du Pape Benoît XVI «. La ville avait nommé Benoît XVI citoyen d’honneur le 24 janvier 2007 (**)

* * *

Notes

(*) Dans le livre "Mon frère le pape" (ed. Bayard, 2011) Georg Ratzinger en parle page 67:

Il y avait aussi à Tittmoning une très belle église de pèlerinage, la chapelle Ponlach, officiellement Maria Brunn de Pon­lach, située un peu plus haut. Tittmoning est pour ainsi dire encadré, des deux côtés, par une montagne plate, ou plutôt une colline. Sur cette colline se trouve un grand et puissant chàteau qui servit plus tard de centre aéré pour les enfants des écoles. Mais il nous intéressait moins en ce temps-là que le sanctuaire de Ponlach, tout près du château, et qui nous plaisait beaucoup. Nous sommes souvent allés avec notre mère dans cette petite église rococo, claire et aimable. Située en pleine forêt, au-dessus d'une gorge, où l'eau de la Ponlach bruissait si joliment. C'est pour moi un merveilleux souvenir, cette magnifique église et la gorge dans la forêt avec le murmure du ruisseau, nous aimions tant nous y promener.

(**) Récit ici: http://beatriceweb.eu

     

Annexe

En 1993, Joseph Ratzinger accordait une interview à Robert Monihan pour Inside the Vatican
L'interview avait été reprise dans le numéro spécial de Mai 2005, consacré à l'election, et je l'avais traduite au tout début de mon site, qui ne portait pas encore son nom actuel. Texte complet ici: beatriceweb.eu/downloads/insidevatican.pdf

Une partie est consacrée aux souvenirs d'enfance, et voici ce qui a trait à Tittmoning:

Les années à Tittmoning

Robert Monihan: Quels sont vos premiers souvenirs?
Cardinal Ratzinger: (rires) Mon premier souvenir a trait à Marktl, et c'est vraiment le seule souvenir de ces premièrs moments de ma vie.
Dans notre maison, nous étions au second étage, et le rez-de-chaussée était occupé par un dentiste, et cette personne avait une auto, -chose qui était assez rare à cette époque, du moins en Bavière. Et l'odeur de gas-oil de la voiture est ce dont je me souviens (rires). Cela m'impressionnait beaucoup (rires).

- Et vous souvenez-vous d'Aschau?
- Oui. Mais avant cela, nous avons déménagé dans une autre petite ville, Tittmonning, sur la frontière autrichienne. Une jolie petite ville, avec une certaine histoire, parce qu'elle faisait partie de l'archevêché de Salzbourg. Un belle ville. Et même, au XVIème siécle, elle fut le point de départ d'un mouvement de réforme de l'Eglise, une réforme du clergé. Et les effets s'en font ressentir jusqu'à nos jours, car le prêtre qui en est à l'origine avait fixé les règles de vie du clergé, qui restent en pratique dans la région, le fait que le prêtre de la paroisse et ses vicaires vivent en commun.
C'était une très petite ville, d'environ 3000 habitants, mais très joli. Et j'ai des souvenirs très nets à la fois de la vie de l'Eglise, et de la nature environnante, mais surtout de la vie écclésiale. Il y avait deux grandes et belles églises. L'église paroissiale avait un Chapitre, et dans l'autre église, qui suivait le canon Augustinien (règle de Saint-Augustin), il y avait des religieuses. Et dans ces deux églises, il y avait une jolie musique, les églises étaient très belles, et, disons, par dessus-tout, les célébrations de Noël et de la Semaine Sainte étaient fort belles, très vivantes, et firent sur moi une profonde impression.

- Combien d'années avez-vous passé là?
- De 1929, jusqu'en décembre 1932.

- Et ainsi, les Noëls de Tittmonning sont vos souvenirs d'enfance les plus marquants?
- Oui, et plus encore, les célébrations de la Semaine Sainte. Parce que, et j'ignore si c'est la même chose aux Etats-Unis, il y avait la tombe de Jésus. Du Jeudi Saint, jusqu'au Samedi Saint. Une très belle construction baroque avec beaucoup de fleurs, de lumières, etc...
Et la vue de la Sainte Tombe, de la Sainte Sépulture, devrais-je dire, m'impressionnait beaucoup. Mais aussi les fêtes. Les vêpres, avec les chants sacrés. Les processions. Chaque jeudi, il y avait une grand'messe chantée, et une procession avec le Très-Saint Sacrement.
Et de cette façon, la beauté de l'Eglise s'imprégna fortement dans ma mémoire.
Et Noël, bien sûr, à la fois à l'église, et à la maison naturellement, était aussi très beau.

- Vous souvenez-vous d'une aventure particulière, comme enfant, avec votre frère Georg et votre soeur Maria?
- (rires) Je n'ai pas une très bonne mémoire pour les aventures! (rires)

- Mais des randonnées dans la montagne, ou...
- Eh bien, nous faisions de longues promenades avec ma mère, particulièrement en Autriche, puisque nous étions exactement sur la frontière autrichienne, comme je l'ai dit. La rivière qui coulait dans la ville servait de frontière entre l'Allemagne et l'Autriche. Et également ceci (rires): il y avait une gare, un petit train qui reliait la petite ville au reste du monde. Mais comme nous étions pauvres, nous ne quittions jamais la ville. Nous allions souvent à pied jusqu'à la gare suivante, et et revenions à pied, et ainsi nous pouvions économiser.
C'étaient des promenades merveilleuses. Jusqu'à trois ans, ma mère me portait quelquefois, mais arrivé à l'âge de 4 ans, je pus me débrouiller tout seul.