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Une interview du card. Ratzinger par l'Abbé Barthe

en 2001. Il s'exprime sur de nombreux sujets qui sont aujourd'hui encore pleinement d'actualité (13/12/2014)

     

En avril 2010, à l'occasion du cinquième anniversaire du Pontificat de Benoît XVI, l'Homme nouveau publiait sous le titre "Le sens de l'élection de Benoît XVI" un long article de l'Abbé Barthe (cf. benoit-et-moi.fr/2010-I)

En voici un passage:

(...) M’accueillant au Saint-Office, en novembre 2000, où je venais recueillir de lui un entretien pour Spectacle du Monde, il me prévenait en souriant : « Monsieur l’Abbé, nous ne parlerons pas de “programme de pontificat” » (le thème d’un de mes précédents articles dans la revue Catholica avait été : à la différence du cardinal Martini, les ratzinguériens ne proposent pas de « programme de pontificat »). Et d’ajouter splendidement : « Notre programme, c’est le magistère ! ».

UN CANDIDAT POPULAIRE…
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En fin d’entretien, lui posant ma dernière question, très journalistique j’en conviens : « Vous savez, Éminence, que vous êtes un cardinal très populaire : un sondage Internet vous donne, sur cinquante sept mille réponses, 28 % d’opinions favorables, etc. », je commis un fâcheux lapsus : « Vous savez, Éminence, que vous êtes un candidat très populaire… ». Le cardinal-candidat éclata de rire, mais sa réponse fut celle d’un homme prêt très modestement à répondre à l’appel de Dieu : « Pour ce qui est de ces candidatures et de ces sondages, je trouve cela tout à fait ridicule : nous avons un pape et c’est le Seigneur qui décide en tout du quand, du comment. Mais c’est vrai qu’être pasteur aujourd’hui dans l’Église exige un grand courage. Avec notre faiblesse – je suis un homme faible – nous pourrons tout de même prendre le risque de faire notre devoir de pasteurs. Parce que c’est le Seigneur qui agit et qu’Il a dit à ses apôtres qu’à l’heure de la confrontation ils ne réfléchissent pas avec inquiétude comment se défendre et que dire, mais que l’Esprit leur enseignera ce qu’il faut dire. Cela aussi est pour moi une chose très réaliste. Même avec mon peu de force, et je dirais même à cause de cela, le Seigneur pourra faire en moi ce qu’Il voudra. »
Cinq années passèrent, ou presque. Tel prélat de Curie, qui avait imaginé une élection presque par acclamation – un cardinal se lèverait dans le Conclave, et dirait : « Je propose d’élever le cardinal Ratzinger au trône de Pierre » – n’y croyait plus. Le fidèle secrétaire, Mgr Clemens, non plus semble-t-il, qui demanda un autre poste, en prévision de la retraite définitive du cardinal.

La totalité de cette interview publiée dans la revue mensuelle récemment disparue Spectacle du monde (n°464, janvier 2001) a heureusement été archivée par le site <www.unavox.it>, en italien.
L'entretien s'est probablement déroulé en français, mais à défaut de la version (que je présume) originale, nous avons traduit celle-ci.

Le cardinal s'exprime librement sur de nombreux sujets, et ses propos résonnent d'une grande actualité: laïcisme, christianophobie et paganisation de l'Occident, déclin du protestantisme en Allemagne, futur de l'Eglise dans les nouveaux mouvements, liturgie, découragement de la "générations Vatican II", critique de l'exégèse "historiciste" des Textes Sacrés, et tout un passage sur le refus moderne du péché et sur la mission, que l'on pourrait appeler "l'hopital de campagne version Joseph Ratzinger". Et bien sûr, le dernier paragraphe (et le lapsus cardinal/candidat de l'Abbé Barthe!), compte tenu de ce qui devait se passer quatre ans plus tard avec le conclave de 2005, revêt des accents prophétiques.

     

Abbé Claude Barthe (ACB) - Au cours de la dernière assemblée à Lourdes (novembre 2000), Mgr Billé, Président de la Conférence Episcopale Française, a parlé de «radicalisation» des vexations à l'encontre de l'Eglise: «accusations, dérisions, méfiance, dissimulation, ostracisme,..». Il a mis ce phénomène, très remarquable durant ces douze dernières années, en relation avec «la mentalité libérale et individualiste que nous respirons comme l'air». Il a pris l'exemple de l'accueil réservé à votre document «Dominus Iesus» sur l'unicité salvatrice de Jésus Christ, document qui a été viscéralement rejeté par des gens qui ne l'avaient même pas lu, mais qui considèrent inacceptable que l'Eglise prêche autre chose que le pluralisme.

Cardinal Joseph Ratzinger (CJR
) - Certes, il s'agît de toute évidence d'une radicalisation du laïcisme, du sécularisme, lesquels s'opposent à la présence de la foi dans notre société; laïcisme et sécularisme qui entendent «sectiser» la foi catholique, pour ainsi dire, qui entendent réduire l'Eglise catholique à une secte. La mentalité générale qui prévaut en Occident prend de plus en plus les distances de la foi de l'Eglise. C'est un fait.
Il faut remarquer que lorsqu'on attaque «Dominus Iesus» comme si elle était une expression d'intolérance, la vérité est justement le contraire: on ne tolère plus que l'Eglise catholique puisse s'exprimer sur sa propre identité et sur sa propre foi, qu'elle n'impose à personne, mais qu'elle exprime et défend.
En fait de tolérance, il me semple qu'au minimum, la communauté qui en fin de compte a formé l'Occident, doit pouvoir s'exprimer sur sa propre foi.
Ces attaques violentes montrent, d'ailleurs, que la foi reste une réalité forte, même à l'intérieur de cette marginalisation. On ne ressentirait pas le besoin d'attaquer l'Eglise, ni la foi, si elles étaient considérées comme des réalités dépassées ou sur le point de l'être. On peut donc affirmer que ces attaques sont aussi un signe de la vitalité de la foi et de la force qu'elle garde dans le monde spirituel.
J'ajouterais que cette marginalisaton de l'Eglise n'est pas aussi marquée dans toutes les régions de l'Europe, ni dans toutes les parties du monde. Nous pouvons ainsi voir qu'en Allemagne une paganisation est en cours, surtout dans les régions qui auparavant étaient communistes, et de toute façon dans le nord du pays, là où le protestantisme se décompose et laisse la place à un paganisme qui n'a plus besoin d'attaquer l'Eglise, car la foi est devenue tellement absente qu'on ne ressent plus le besoin de l'agresser.
Mais il y a aussi des situations tout à fait différentes. De nos jours on peut constater de nouvelles manifestations de foi: il y a parmi les jeunes des mouvements très forts qui montrent la réalité toujours présente du besoin d'absolu, avec une redécouverte de la beauté de la foi et du sacré. Ce désir du sacré, de recouvrement de toutes les beautés perdues, est très présent au sein de la nouvelle génération. De ce point de vue le panorama est très diversifié. D'un côté, il y a ce dont a parlé Mgr Billé, la nouvelle radicalisation du sécularisme qui voudrait s'imposer définitivement, rendant inaccessible, inacceptable et intolérable la réalité de l'Eglise. De l'autre, même sans le soutien des médias, mais avec une profonde force intérieure, il y a une réapparition de la foi. L'Eglise est certainement destinée à vivre dans une situation de minorité dans notre continent, mais en se renforçant spirituellement et intérieurement, au point de devenir un espoir pour beaucoup d'hommes.


ACB: Ce renouveau dont vous parlez, se manifeste en France avec une floraison de nouvelles communautés, la manifestation de nombreuses forces vives. Mais elle sont dispersées et fragmentées, elles sont aussi en attente d'affirmations chrétiennes claires et décidées de la part des Pasteurs.

CJR: Il me semble qu'on peut parler d'une génération assez découragée: la génération de Vatican II qui au moment du Concile s'était bercée de l'illusion de grands espoirs, un peu irréels, sur une nouvelle unanimité entre l'Eglise et le monde. La désillusion qui a suivi ces espoirs mal placés a été forte, et aujourd'hui on ne retrouve plus la force intérieure de la foi, qui ne doit jamais compter sur une facile acceptation de la part du monde, même si elle représente la réponse aux grands problèmes à qui les hommes font face aujourd'hui.
Dans la nouvelle génération, de nombreuses vocations naissent, un peu dispersées. Les diocèses ont moins de vocations car on y trouve un clergé découragé et des communautés désolées. L'attraction exercée auparavant par le travail dans les paroisses, est exercée aujourd'hui par les communautés vivantes, où on retrouve une grande intensité de joie et de foi, même si c'est dans la dispersion, c'est vrai. Mais il me semble que cette forte présence de vocations, un peu minoritaire, un peu marginalisée, aura un grand poids dans l'avenir.


ACB: Une donnée impressionne les évêques français: sur presque 120 prêtres, séculiers ou assimilés, ordonnés chaque année, de toutes les tendances, de la Fraternité Saint Pie X aux plus progressistes, 20 à 25% (un sur cinq) sont ordonnés dans le rite traditionnel. Des quatres restants, deux sont proches de la sensibilité liturgique traditionnelle. Dans les séminaires de Paris et d'Ars, une partie non négligeable (parfois un peu plus que la moitié) aurait voulu s'adresser à un séminaire de la Fraternité Saint Pierre ou de la Fraternité Saint Pie X mais ne l'a pas fait craignant que cela ne puisse réduire ou marginaliser leur apostolat. Le temps n'est-il pas venu de changer quelque chose sur le terrain liturgique paroissial?

CJR: Il me semble que la priorité n'est pas dans le changement. C'est la même erreur de l'après-Concile, lorsqu'on crut que la réforme résidait avant tout dans le changement.


ACB: Je ne pensais pas aux textes, mais à des changement concrets, comme l'inversion de l'Autel, le silence au Canon, l'Offertoire.

CJR: Pourtant, cela doit être la conséquence d'une nouvelle présence du sacré dans non coeurs. La position de l'Autel a été changée parce qu'il y avait une nouvelle sensibilité, plus didactique, un peu plus rationaliste dirais-je. On a pensé à la Messe comme à un dialogue avec le peuple. Tout devait être compris, tout devait être «ouvert» pour être compris. Et on a ainsi perdu la perception du fait que comprendre la réalité de la liturgie est une chose bien différente de comprendre les mots de la liturgie.
Une vieille femme pieuse peut très bien comprendre la profondeur du mystère, sans toutefois comprendre la signification de chaque mot.
C'est ce qui s'est produit après le Concile. Le Concile est resté encore très équilibré, mais après le Concile l'idée a prévalu qu'il fallait tout ouvrir, tout comprendre, chose qui dérivait d'une superficialité quant à la façon de comprendre la liturgie et son message. Il est vrai que la liturgie, de cette façon, est annoncée, mais il s'agit d'une annonce différente. Il est très important que les jeunes appelés à la vocation redécouvrent qu'une liturgie rationalisée, une liturgie dans laquelle il y a seulement la préoccupation de se faire comprendre du point de vue de la raison et du point de vue intellectuel, n'a plus la profondeur de cette réalité qui touche mon coeur jusqu'au niveau de la présence de Dieu en moi.
Si l'on revient à une vision bien plus profonde de la liturgie en tant que mystère, dans le sens que ce terme revêt dans le Nouveau Testament, si nous retrouvons l'essentiel dans ce contact entre le peuple et le prêtre, dans le Seigneur, et si c'est le Seigneur lui-même qui nous touche, alors le plus important a été fait. Je dense donc qu'une nouvelle sensibilisation au sujet des réalités de la liturgie et de son mystère, avec une nouvelle éducation liturgique, sont les premières choses à faire. Il ne faut pas penser tout de suite et avant tout à des changements. Si on retrouve une plus profonde compréhension, les changements suivront nécessairement.


ACB: Retourner les coeurs avant de (re)tourner les Autels. Mais les signes liturgiques aident beaucoup.

CJR: Bien sûr, les signent aident car nous sommes faits d'âme et de corps, et les choses doivent aussi s'exprimer ainsi.


ACB: Vous êtes très sensible à la récupération d'une lecture de l'Ecriture à l'Eglise. Or, la récente réédition d'une des Bibles les plus célèbres en français (1), contient des notes où il est dit que tel et tel passage de l'Evangile selon Saint Jean (comme l'hymne du chapitre 2 de l'Epître aux Philippiens) rejettent la divinité du Christ. Ces notes ont été rédigées par un des exégètes français les plus connus, qui considère qu'il y a trois niveaux de rédaction de cet Evangile: Jean I, qui ne croyait pas en la divinité du Christ, Jean II qui y croyait, et Jean III, judéo-chrétien, qui n'y croyait pas.

CJR: Oui, nous devons retrouver une lecture ecclésiale de l'Ecriture. Ce dont vous parliez dérive, clairement, d'une autre forme de lecture de l'Ecriture. Dans ces développements trop hasardeux, il s'agit de la présence de l'historicisme pur. Tout d'abord, qui prouve l'existence de ces trois niveaux de rédaction? Il s'agit de reconstructions conduites avec une méthode littéraire absurde, vues du seul point de vue de l'historien de métier. L'étude littéraire connaît d'ailleurs aujourd'hui un renouveau qui se révèle fécond, également pour la Bible. On comprend qu'on ne peut pas en fixer le sens en retraçant un moment historique. Et d'ailleurs, comment pouvons-nous retracer ce moment? Les hypothèses de reconstruction, qui ne sont que de pures hypothèses, changent tous les jours. Ce n'est pas ainsi que nous pouvons comprendre une oeuvre littéraire, Dante, Racine; ce n'est pas ainsi que nous pouvons comprendre la Bible.
Il n'est pas possible d'entrer dans le dynamisme interne d'un texte de l'Ancien ou du Nouveau Testament si on ne comprend pas une chose - vérifiée du point de vue historique - à savoir que ces livres sont nés dans la foi, au sein du peuple de Dieu, à l'intérieur d'une communauté de croyants. Ce ne sont pas des inventions, nous ne sommes pas en présence d'un auteur ou d'un autre qui écrivaient des livres comme peuvent le faire aujourd'hui des professeurs. Ces textes ont été produits dans la foi et pour la foi de l'Eglise et ne peuvent ne se comprendre que si on entre dans le même dynamisme de la foi.
Cette foi est celle d'un sujet - l'Eglise - qui existait et existe encore. Par conséquent, la contemporanéité, le synchronisme avec le sens des textes sacrés, ne s'obtiennent pas avec des reconstructions - qui, je le répète, sont pour moi absurdes - mais par l'identité avec le synchronisme de l'Eglise comme telle. Il me semble donc que la lecture que vous rappelez a fait son temps. Elle n'apporte rien à personne, même historiquement. Il s'agit seulement de jeux de ruse qui n'ont même pas de consistance historique. Il faut revenir à une vision plus profonde: connaître la personne qui est à l'origine du Livre, et l'identité de ce sujet. C'est seulement à partir de ce sujet, de l'Eglise, que l'on peut vraiment comprendre l'Écriture. C'est pourquoi la lecture la plus réaliste et la plus fidèle historiquement, est la lecture liturgique, dans laquelle les mots sont présence et réalité.


ACB: L'un des aspects, et non des moindres, de la crise de la transmission de la foi ne consiste-t-elle pas dans une prédication aseptique, une prédication «à la Walt Disney», comme dit l'acteur chrétien Henri Tisot, dans laquelle «tout le monde est gentil et nous devons être gentils avec tout le monde »?

CJR: Oui, aujourd'hui on a peur de parler du péché, parce qu'on craint d'offrir une vision négative de la vie, et on ne veut pas imposer à l'homme moderne, qui souffre déjà tellement, un prédication lourde de la part de l'Eglise. Mais nous, nous devons bien comprendre ces souffrances très réelles qui affligent l'homme dans la société d'aujourd'hui. En fin de compte, elles sont le produit de l'absence de Dieu. Et c'est en quoi consiste l'essence du péché: vivre en l'absence de Dieu. Et alors, dans cette façon de prêcher, il y a un optimisme faux et très artificiel, lequel présuppose que tout est bon et que nous sommes tous gentils. Ce n'est pas cela, la réalité de l'homme d'aujourd'hui. Si tel était le cas, nous n'aurions pas la drogue, le suicide ...


ACB: ... l'avortement, qui en France concerne une femme sur deux ...

CJR: ... c'est tout cela qui fait la souffrance des hommes dans notre société, et c'est cela que nous devons comprendre. Souffrances profondes, comme en témoigne le fait que les hommes cherchent des réponses à leurs maux dans la psychiatrie, la psychanalyse. Il est nécessaire, donc, de se distancier de cet optimisme faux et fatal. Comme ce serait agréable de ne parler que de bonnes et belles choses! Mais les hommes viennent vers nous parce qu'ils souffrent; ils veulent avoir une vraie réponse pour cette peine profonde. Ils viennent vers nous pour découvrir qu'à la base de ce qui les afflige, il y a l'absence de Dieu. Parce que, si Dieu n'existe pas, que fais-je? Quel est le sens de ma vie? Où vais-je? Pourquoi? Tout devient inutile et inacceptable. Pour nous, il s'agit de faire connaître que la maladie de la vie, le péché, consiste dans la perte de Dieu; de faire connaître ce Dieu qui accorde le pardon des péchés.
Le pardon est une guérison, et pour l'obtenir, je dois coopérer avec Dieu dans la pénitence. Je pense que nous devons trouver un nouveau réalisme pour parler du péché. Si nous en parlons avec les formules inaccessibles à l'homme d'aujourd'hui, elles resteront des formules du passé, privées de sens.


ACB: Trouver un langage pastoral réaliste, qui corresponde à l'auditeur et à la réalité, ne vaut-il pas pour ce que vous avez rappelé au début, autrement dit la confrontation entre l'Eglise et la société?

CJR: Certainement. Le Seigneur a envoyé ses disciples «prêcher et guérir les malades». C'est une partie essentielle de la mission des apôtres. Cela ne signifie pas que nous devons nous substituer aux médecins du corps: je me réfère à la vraie maladie de la vie. Il est donc clair que la foi qui nous a été donnée n'est pas faite pour un monde fermé; elle est toujours donnée pour l'humanité. Et cela ne signifie pas intolérance de notre part, mais exercice de la responsabilité que nous avons envers les autres: leur annoncer cette possibilité de guérison dans le Seigneur. Il faut avoir un courage nouveau, il faut être convaincus que, oui, nous avons en main les moyens de guérir les hommes, que c'est notre devoir de leur donner cette parole du salut, et qu'elle est vraiment tellement nécessaire à l'homme. Il faut un nouvel nouveau missionnaire. On n'aime plus parler de conversion, mais c'est la réalité: nous avons une responsabilité universelle, nous ne pouvons pas nous y soustraire. Ce serait commode si c'était possible, mais nous sommes tenus d'offrir aux autres ce que le Seigneur nous a donné àpour les autres.

[LE LAPSUS (PROPHÉTIQUE) DE L'ABBÉ BARTHE]
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ACB: Vous savez, Eminence, que vous êtes un cardinal (candidat) très populaire: un sondage Internet vous attribue 28% d'opinions favorables, sur cinquante-sept mille réponses; juste après le cardinal Martini, qui est en tête avec 32%. Or, les spécialistes disent que dans des réponses spontanées, les opinions de «gauche» s'expriment toujours plus facilement ... Je dis cela pour l'amour de l'anecdote, mais aussi pour souligner l'écho de vos considérations. Vous donc, pour les pasteurs de demain, vous proposez un nouveau courage dans la proclamation de la foi?

ACR: Absolument. Avec la certitude que, si le Seigneur est avec nous, nous pourrons affronter les problèmes du nouveau millénaire. En ce qui concerne les candidatures (ndt: cf. introduction) et les sondages, je trouve tout cela un peu ridicule: nous avons un pape, et c'est le Seigneur qui décide en tout du quand et du comment. Il est vrai qu'être Pasteur aujourd'hui dans l'Eglise exige un grand courage; mais aussi avec notre faiblesse - je suis un homme faible - nous pouvons également accepter le risque de faire notre devoir de pasteurs, parce que c'est le Seigneur qui agit. Il a dit à ses apôtres qu'à l'heure de la confrontation, ils ne devraient pas avoir à penser avec inquiètude à comment se défendre et à quoi dire, parce que l'Esprit leur enseignerait quoi dire.
C'est pour moi une chose très réelle. Même avec mon peu de force, et je dirais à cause de cela, le Seigneur pourra faire de moi ce que'il voudra. Dans les Écritures, nous voyons toujours se développer cette structure: le Seigneur choisit, pour agir, celui qui à lui seul ne pourrait pas faire grand chose. C'est dans cette fragilité humaine qu'il montre sa force, comme le dit saint Paul. En ce sens, je crois qu'un Pasteur n'a jamais de motifs d'avoir peur, dans la mesure où il laisse le Seigneur agir en lui.

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NDT:
(1) On trouvera ici une liste des différentes versions de la traduction de la Bible en français: fr.wikipedia.org/wiki/Traductions_de_la_Bible..
Je ne sais pas à laquelle l'Abbé Barthe fait référence.