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Dernières nouvelles du Pape François

Antonio Socci fait une synthèse de ses récentes observations publiées à petites doses sur Facebook: le voyage au Sri Lanka et aux Philippines, les rapports avec les médias, les zones d'ombre sur le conclave (27/1/2015)

C'est à lui que Rorate Caeli faisait allusion hier en parlant de ces de "franges «conservatrices», généralement obsédées par les «apparitions mariales» non approuvées et les «révélations privées», ayant peu d'intérêt dans les principales questions chères aux traditionalistes", qui contestaient la validité de l'élection de François.
Et Mgr Gänswein, dans sa dernière interview, pensait sans doute à lui lorsqu'il dénonçait le danger mortel de parler d'un antipape, qu'il qualifiait de "tout simplement stupide, et aussi irresponsable. Cela va dans le sens d'un incendie criminel théologique".

Il est permis de ne pas suivre Antonio Socci sur ce terrain, mais cela n'empêche pas qu'il pose de vraies questions, et que sa foi catholique, comme sa sincérité, ne font aucun doute.
Réduire ses propos à de simples fantasmes d'un obsédé de la "théorie du complot" (qu'il n'est pas!!), c'est nier le droit (et même le devoir) qui incombe à tout homme doté d'un minimum de raison de rechercher la vérité.
Quoi qu'il en soit, ce ne sont pas ses doutes qui ébranlent la papauté, contrairement à ce que voudraient nous faire croire ceux qui sont à la recherche de boucs émissaires: d'autres s'en chargent.

A noter: tous les faits qui sont rapportés sont documentés, je laisse aux lecteurs le soin de faire leurs propres recherches.

Les bergogliens aussi sont désormais déroutés par Bergoglio (et ma réponse à la canoniste sur l'invalidité du conclave 2013)

www.antoniosocci.com
25 janvier 2015

Il y a deux messages insistants qui m'arrivent en provenance de l'autre côté du Tibre. Le premier est celui-ci: «Au conclave, on a vu de tout». Cette voix a un rapport - nous le verrons plus tard - avec le deuxième message qui filtre: «Désormais, nous avons les mains dans les cheveux» (idiome qui signifie: nous sommes au désespoir). Une boutade prononcée par quelqu'un qui, au début, était «bergoglien» et qui concerne le récent voyage en Asie, mais pas seulement.

UN VOYAGE RÉVÉLATEUR
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Ces jours-ci, il y a eu des dérapages papaaux qui ont fait du bruit et du scandale: le «coup de poing»
à ceux qui parlent mal de «ma mère» (commentaire étonnant sur le massacre de Paris). Et les catholiques qui font les enfants «comme des lapins» (qui n'est pas une simple blague malheureuse parce que tout le contexte était discutable).
Le reproche à la femme avec huit enfants accouchés par césarienne a également suscité de la perplexité: si elle avait dit qu'elle utilisait la pilule ou avait divorcé, Bergogliolui aurait dit «qui suis-je pour juger?».
Et chaque fois, les pièces ont été pires que le trou: le pape est allé jusqu'à définir l'Évangile comme «une théorie», quelque chose de différent de la vie humaine.
Mais il est arrivé encore pire. Y compris sur le plan doctrinal. A Manille, par exemple, mettant de côté le discours écrit, à un moment donné François a dit la souffrance innocente est «la seule question qui n'a pas de réponse».
L'Église a toujours enseigné que la réponse très concrète, est le Crucifié qui se charge de toute la douleur humaine et le rachète, vainquant le mal et la mort, ouvrant tout grand aux hommes la félicité éternelle. (1)
Mais Bergoglio dit qu'il n'y a pas de réponse, et même, il semble penser que le Verbe de Dieu en sait moins que nous: «Ce n'est que quand le Christ a été capable de pleurer qu'il a compris notre drame» (thèse christologique très aventurée).
Quelques heures plus tôt, à propos de sa visite au temple bouddhiste, le pape Bergoglio avait fait l'éloge de l'«interreligiosité», autrement dit du mélange des différentes religions qu'il a qualifié de «grâce».
Ce n'était jamais arrivé, mais la prière et l'adoration dans la mosquée, tourné vers La Mecque et l'attitude réticente envers l'islam et le terrorisme musulman sont elles aussi inédites.

L'inadéquation de l'homme Bergoglio à son haut ministère suscite chez beaucoup d'entre nous de la compréhension, l'impréparation fait même pitié, mais sa conviction qu'être pape signifie faire valoir ses idées personnelles provoque douleurs et scissions. Parce que l'Église est au Christ. Et Simon ne devrait jamais prévaloir sur Pierre.

Les médias ont mis l'accent sur la foule des Philippines comme le triomphe du Pape Bergoglio. Mais ces gens n'étaient-ils pas là pour le Christ?
C'est la même foule venue pour tous les autres papes. En outre, à la messe dimanche dernier à Manille, il s'est produit - immortalisé par les caméras - ce 'passage de la main à la main' eucharistique, à cause duquel, selon plusieurs témoins, on a même retrouvé des hosties dans la boue.
Ainsi, tandis que l'on célébrait l'apothéose de l'homme Bergoglio, le Christ eucharistique terminait dans la boue. Une profanation dramatique.
Les médias ne considèrent pas ces choses, mais pour l'Église, ce sont les plus importantes parce que le Christ est son unique trésor.
Les médias ont même salué comme exemplaire l'épisode de la tentative de corruption raconté par Bergoglio aux journalistes. Mais, à bien y regarder, l'évêque de Buenos Aires s'est comporté de manière tout à fait étrange, parce qu'il n'a pas réprimandé les malhonnêtes (comme cétait le devoir d'un évêque), il ne les a pas menacés de plainte. Embarrassant.

L'IDOLE DES MÉDIAS

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Le Pape Bergoglio semble l'idole des médias, mais il en est désormais à la rupture avec l'église traditionnelle et un peu aussi avec les «progressistes». Il aime commander seul.
Peu de temps avant le voyage, il y a eu la fournée de nouveaux cardinaux, faite plus en suivant son caprice que les nécessités de l'Église.
Des diocèse importants sont restés sur la touche, par exemple les évêques des chrétiens persécutés. Mais aussi de célèbres noms progressistes (ndt: Forte?).
Enfin, il est question de l'issue qu'il a l'intention de donner au prochain Synode sur la famille, qui mécontentera à la fois ceux qui sont fidèles au Magistère de Wojtyla et de Ratzinger, et les progressistes de Kasper.
Tant et si bien que les évêques allemands ont déjà indiqué qu'ils avaient l'intention d'avancer sur la ligne Kasper.
L'Eglise fidèle au magistère regarde avec une forte appréhension la «solution Bergoglio» parce qu'elle ressemblera à la fameuse réplique du cardinal de Lubac: les orthodoxes disent que deux et deux font quatre, les modernistes disent qu'ils font six, le pape Bergoglio - disant qu'il a trouvé la médiation - dit qu'il font cinq.
La manie de la nouveauté est telle qu'un site américain a même rapporté la rumeur de la convocation éventuelle par Bergoglio d'un Concile Vatican III.
Dans l'Eglise, l'inquiétude pour ce pontificat se répand, même parmi les cardinaux qui ont voté pour lui au Conclave.
Et justement sur le conclave de 2013, les doutes reviennent. Parfois, en «curialais» (jargon curial), c'est-à-dire tout en semblant dire le contraire.

CONCLAVE INVALIDE
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Par exemple, ce que Sandro Magister a publié sur son site Web le 5 Janvier est significatif.
Le titre «C’est lui le pape. Élu dans les règles» , annonçait un article de la canoniste Geraldina Boni qui promettait de réfuter ce que j'ai écrit dans mon livre «Non è Francesco».
Je ai lu avec intérêt, dans l'espoir de trouver enfin la réponse à mes doutes. Mais dans le texte de Madame Boni il n'y a pas l'ombre d'une réponse.
Elle repropose en effet la vieille interprétation qui a été donnée au Conclave de l'incident des deux bulletins (en application de l'article 68 de la Constitution Apostolique Universi Dominici Gregis) (2), interprétation que j'ai réfutée dans mon livre, car dans ce cas cet article serait contredit par le suivant, et parce qu'il confèrerait un droit de veto objectif à tout cardinal voulant faire échouer une candidature.
Boni pense également que le cinquième vote (celui décisif) était légitime, malgré l'obligation d'en faire seulement quatre par jour, parce que le quatrième avait été annulé, et donc - à son avis - ne devait pas être compté, “tamquam non esset” (comme s'il n'avait jamais existé).
Sauf que dans la Constitution apostolique qui régle le conclave, il n'est pas écrit “tamquam non esset”, càd il n'est pas prévu «quatre tours (de scrutin) valides», mais «quatre tours» tout court, valides et non valides. Et le cinquième n'est pas admis.
Boni parle aussi de tours «parvenus jusqu'au dépouillement», mais la Constitution apostolique ne dit pas cela, en fait, elle qualifie les quatre tours de «suffragia», alors que, quand elle parle des tours qui vont jusqu'au dépouillement, elle utiliser le terme «scrutinia».

Enfin, Boni - pour contester l'nvalidité - cite la simonie (achat et vente de biens spirituels, tout particulièrement d'un sacrement et, par conséquent, d’une charge ecclésiastique), mais ce faisant, elle tire un but contre son camp: le fait même que ce cas soit explicitement indiqué (§78), comme exempté d'invalidité, signifie qu'en revanche sont invalides tous les autres cas non mentionnés relatifs aux procédures d'élection.

En bref, le feuilleton du Conclave continue. D'aileurs, le même Magister, tout en présentant l'article de Boni comme s'il s'agissait vraiment d'une réfutation, l'encadre avec ces titres et ces commentaires: «Mais des inconnues subsistent à propos des manœuvres qui ont précédé la fumée blanche», «Le conclave qui l'a élu pape continue a être entaché d'ombres».

En fait, après la sortie de mon livre, d'autres ombres se sont ajoutées avec le livre de Ivereigh Austen, “The Great Reformer”. Et il y a encore la question non résolue sur le temps d'attente anormal entre la fumée blanche et l'apparition sur le balcon de Saint-Pierre (avec l'anecdote mystérieuse rapportée par Bergoglio à Scalfari).

LE MYSTÈRE DE BENOÎT
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Enfin, ont également refait surface les doutes quant à la «renonciation» de Benoît XVI, puisque même dans le journal des évêques italiens, "Avvenire", le 7 Janvier dernier, on a lu qu'il y avait des forces obscures qui «ont trahi et conspiré pour éliminer le Pape Ratzinger et l'ont conduit à la renonciation».
Quand j'ai signalé dans ces colonnes l'énormité de ces mots (qui impliqueraient la nullité de la renonciation), le directeur de "Avvenire" a répondu, curieusement, sans démentir, et même en faisant comprendre qu'en substance, tout le monde est au courant ...

Mais alors pourquoi ne pas parler clair? Bergoglio lui-même réclame la “parresia”. Quand donc émergera ce qui couve sous la cendre?

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NDT:
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(1) Voir à ce sujet la réponde de Benoît XVI à une fillette japonaise qui l'interrogeait sur la catastrophe de Fukushima, le jour du Vendredi saint 2011 (www.vatican.va)
(2) Constitution Apostolique Universi Dominici Gregis (JP II, 22/2/1996)


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