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Une analyse de l'interview de Mgr Gänswein

Elle vient du site traditionaliste Rorate Caeli... et elle rejoint la mienne (26/1/2015)


>>> Image ci-contre: www.facebook.com/gganswein

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Une interview de Mgr Gänswein
¤ François et les médias (note)

J'ai traduit cette interview vendredi, comme information, presque sans commentaire, à l'exception de quelques soulignements typographiques dans le texte, et d'un bref avertissement préalable: «pour ne pas lui faire dire ce qu'il n'a pas dit». Un avertissement qui n'a semble-t-il pas été compris par tout le monde, d'où cette mise au point d'hier: François et les médias (note).

Je me réjouis qu'un site qui a certes d'autres motivations que moi (mais avec lequel je me trouve souvent en phase) fasse une analyse qui confirme la mienne, relevant implicitement ce qui est très clair: lorsque le Secrétaire du Pape émérite parle d'une «opposition artificielle qui n'existe pas», il veut parler évidemment de l'opposition entre pastorale et doctrine, et non pas entre les deux papes.

Interview avec Mgr Gänswein par Christ und Welt

Rorate Caeli
26 Janvier 2015
(ma traduction)
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A la fin de la semaine dernière, le blog catholique néerlandais In Caelo et in Terra a posté une traduction d'unentretien avec Mgr Gänswein qui avait été initialement publié sur Christ & Welt.
Les réponses de l'archevêque vont du simple et direct, à l'indirect et au très prudent; à travers ses paroles, il y a un désir très clair de protéger Benoît XVI de tout danger.

Parlant du discours de François sur les «15 maladies» de la Curie romaine, Gänswein note que «les réactions [de la Curie] allaient de la surprise au choc et à l'incompréhension».
A la question de savoir qui sont les plus proches conseillers du pape, le préfet de la Maison pontificale répond simplement: «Cette question circule constamment et systématiquement. Je ne sais pas».
Et où se dirige l'Eglise sous François? «Si vous écoutez attentivement les paroles du Pape, vous y entendrez un message clair. Néanmoins, la question se pose en permanence: où François veut-il mener l'Église, quel est son but?»

Le passage suivant - traitant largement du débat sur la communion pour les «divorcés remariés» et de l'exonération par Gänswein des traditionalistes de l'accusation qu'ils ne reconnaissent pas François comme le vrai pape, le pape régnant - est d'un intérêt particulier pour notre blog.

Avec les Synodes sur la pastorale pour les familles, celui passé et celui de l'automne prochain, François a créé un point de fixation. En particulier, la question de permettre l'accès des fidèles divorcés remariés aux sacrements provoque beaucoup de désaccords. Certains ont aussi l'impression que François se préoccupe davantage de la pastorale de la doctrine ...

Je ne partage pas cette impression. Cela crée une opposition artificielle qui n'existe pas. Le Pape est le premier garant et gardien de la doctrine de l'Eglise et en même le premier berger, le premier pasteur. Doctrine et pastorale ne sont pas en opposition, elles sont comme des jumelles.

Le Pape acctuel et le Pape en retraite ont-ils des points de vue opposés dans le débat sur les catholiques divorcés remariés?

Je ne connais aucune déclaration DOCTRINALE de François qui soit contraire aux déclarations de son prédécesseur. Ce serait absurde aussi. C'est une chose de souligner les efforts pastoraux plus clairement parce que la situation l'exige. C'en est une autre totalement différente de faire un changement dans le magistère. Je ne peux agir de façon pastoralement sensible, cohérente et consciencieuse que quand je le fais sur la base de la totalité de l'enseignement catholique. La substance des sacrements n'est pas laissée à la discrétion des pasteurs, mais a été donnée à l'Église par le Seigneur. C'est aussi et surtout vrai pour le sacrement du mariage.

Y a-t-il eu une visite de plusieurs cardinaux à Benoît durant le Synode, lui demandant d'intervenir pour sauver le dogme?

Une telle visite au pape Benoît n'a pas eu lieu. Une intervention supposée du pape émérite est une pure invention.

Comment Benoît répond-il aux tentatives de cercles traditionalistes de le reconnaître comme un antipape?

Ce n'était pas cercles traditionalistes qui l'ont tenté, mais des représentants de la profession théologique et certains journalistes. Parler d'un antipape est tout simplement stupide, et aussi irresponsable. Cela va dans le sens d'un incendie criminel théologique
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La réponse de l'archevêque à la question, «Le Pape acctuel et le Pape en retraite ont-ils des points de vue opposés dans le débat sur les catholiques divorcés remariés?» a été rapportée comme étant un «non».
En réalité sa réponse est plus prudente et nuancée qu'un simple «non». Il indique simplement que François n'a fait aucune déclaration doctrinale (ndt: le gras est dans le texte de Rorate Caeli, je l'avais moi-même signalé en majuscules dans ma traduction) contraire à celles de Benoît XVI - et c'est tout à fait exact.
Aucun des signaux et des allusions qui ont été donnés par François en faveur de ceux qui poussent vers la thèse Kasperienne n'équivaut à une déclaration doctrinale. Quant à la distinction entre les changements dans la pratique «pastorale» et le changement «doctrinal», c'est quelque chose que même les Kasperiens admettent. La vraie question est de savoir où tracer la ligne, et c'est une question sur laquelle l'archevêque est silencieux.

L'exonération des traditionalistes de l'accusation d'essayer de transformer Benoît XVI en un «antipape» - ou, plus précisément, l'accusation d'essayer de faire reconnaître François comme un faux pape tandis que Benoît XVI demeure le vrai pape - jette une lumière sur quelque chose dont de nombreux détracteurs du Catholicisme Traditionnel ne veulent pas prendre acte. Ceux qui ont mené la charge pour que le Conclave de 2013 soit dénoncé comme «invalide» venaient en grande partie non pas de cercles «traditionalistes», mais de franges «conservatrices», généralement obsédées (!!) par les «apparitions mariales» non approuvées et les «révélations privées», ayant peu d'intérêt dans les principales questions chères aux traditionalistes. En gros, les milieux traditionalistes catholiques sont restés fermes dans la défense de l'affirmation de François comme le vrai pape - et cela doit être reconnu .

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