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Les prophéties dans "Non è Francesco" (I)

Antonio Socci leur consacre presque un chapitre, dans son dernier livre, et en particulier à celles d'Anne-Catherine Emmerich. Ma traduction, inédite en français.

>>> A propos du livre:
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>>> Tous les articles reliés ici: Autour d'Anne-Catherine Emmerich

Le livre d’Antonio Socci, ‘Non è Francesco’ sorti en septembre 2014, a été l'objet d’un boycott médiatique presque total en Italie (bien que s’étant trouvé pendant plusieurs semaines en tête des ventes de livres dans la catégorie « essais »), et à part moi (du moins me semble-t-il), personne n’en a parlé en France. Il n’a évidemment pas été traduit, et je ne prends pas beaucoup de risque en disant qu’il ne le sera pas.
Déjà ce simple fait interpelle : sans parler du dernier livre de Marco Politi précipitamment traduit en français sous le titre « François et les loups » (accréditant la thèse défendue dans le reportage diffusé hier sur France2) , qu’on se souvienne de la sortie non moins précipitée dans une traduction en français, du médiocre pamphlet, entièrement à charge contre l’Eglise-institution de Gianluigi Nuzzi (homme-clé des Vatileaks, puisque c'est lui qui recueillait les confidences du valet de Benoît XVI) « Sua Santità ». La différence entre les deux livres saute aux yeux, et, n’en déplaise à ceux qui voient tout à travers le prisme du profit, l’argument commercial ne tient pas la route (puisque le livre de Socci s’est très bien vendu) : l’un sert le système, il démolit l’Eglise et il est écrit par un athée militant, l’autre la défend, et il est écrit par un homme dont on ne peut douter de la foi profonde.

Contrairement à ce que pensent certains, l’enquête très sérieuse qu’a menée Antonio Socci n’a rien à voir avec une quelconque théorie du complot. Il se contente de mettre sur le tapis des questions que tout journaliste d’investigation honnête devrait se poser.
Cette prémisse doit être faite : le chapitre dont je propose une traduction ci-dessous est consacrée aux visions - celles de Fatima et celles d’Anne-Catherine Emmerich.
Précisons encore à ce sujet qu’il est à peu près dans l’ordre des choses que les athées voient dans ces visions des délires d’hystériques relevant de la psychiatrie (les mêmes ne trouvent généralement rien à redire aux révélations reçues par le Prophète). Ça l’est moins de la part des croyants de notre religion, fondée sur un grand Mystère. Mais passons.

Ce chapitre, donc, s’insérant dans la partie « Le Temps des prophétie », s’intitule « Fatima e dintorni » - Autour de Fatima-, page 221.
Antonio Socci est fasciné par les révélations des voyants (y compris celles, discutées, de Medjugorje), mais cela ne l’empêche pas d’avoir mené une très sérieuse enquête quasi scientifique, le chapitre étant enrichi d’un important appareil bibliographique que je n’ai pas reproduit.
Je n’ai pas traduit - pour le moment - les pages du début, consacrées à Fatima, dont l’auteur donne une lecture personnelle, en relation avec le sujet de son livre.
Je commence donc à la page 227.

Antonio Socci reprend des éléments que mes lecteurs ont déjà rencontrés tout récemment, et avant (notamment l'article publié sur Il Foglio en mars 2013, que j'avais traduit, et qui pour la première fois mettait en relation les prophéties d'Anne Catherine Emmerich avec la cohabitation inédite de 2 papes au Vatican, et la vision de Léon XIII).
On observera qu'il s'entoure de moult précautions rhétoriques, prenant bien soin de répéter qu'un catholique n'est pas tenu de croire aux révélations privées, que les éléments ne permettent pas d'identifier avec certitude les visions de la Bienheureuse Emmerich avec notre aujourd'hui, etc..

Pour la traduction, une précision : les italiens font précéder très souvent le nom patronymique des femmes par l’article défini « la » qui n’a aucune connotation péjorative, contrairement au français. J’ai gardé cette forme.
A noter également: l’édition en italien des prophéties d’Anne Catherine Emmerich a été publiée en 1996, et republiée en 2004, à l'occasion de sa béatification (cf. emmerich-anna-k-/visioni)

Fatima e dintorni

"Non è Francesco"
Antonio Socci,
éd. Mondadori, septembre 2014 pour la version originale (Ma traduction)
Pages 227 et suivantes

Presque cent ans avant l'apparition dans le village portugais [de la Vierge à Fatima, le 13 mai 1917], le 13 mai 1820, une importante mystique allemande, béatifiée par Jean-Paul II, eut une vision profondément troublante qui - elle aussi - avait en son centre précisément la référence mystérieuse aux «deux papes».

Anne Catherine Emmerich est une nonne augustinienne allemande née en 1774 et morte en 1824. Jean-Paul II l'a béatifiée le 3 Octobre 2004, parlant de ses extraordinaires grâces mystiques et la référence était - en particulier - à sa description de la passion du Christ.
La Emmerich est célèbre, entre autre, pour sa vision de la maison de la Vierge Marie et de l'Apôtre Jean à Éphèse, vision qui, au XXe siècle a permis la découverte de ce site archéologique important.
Mais beaucoup d'autres visions - recueillies et transcrites par Clemens Brentano - concernent l'Eglise à différentes époques, passées et futures.
Certaines d'entre elles, jusqu'ici presque inconnues, sont redevenues de grande actualité depuis que l'Eglise de Rome se retrouve avec deux papes au Vatican, fait absolument inédit au long de sa longue histoire.
Après Mars 2013, des passages de ces visions ont été publiés dans un court article de «Il Foglio» (ndt: cf. benoit-et-moi.fr/2013-II/articles/les-2-papes-et-les-visions-de-catherine-emmerick ) qui ensuite, dans son contenu, a été repris par de nombreux sites critiques de Bergoglio.

Il y a également une référence temporelle qui, selon cet article, confirmerait qu'il s'agit bien d'une prophétie sur notre temps.
En effet, la Emmerich parle d'un âge futur (par rapport à elle) dans lequel la liturgie catholique aurait été réformée: «La messe était courte. L'Evangile de Saint-Jean n'était pas lu à la fin».
En effet, entre 1967 et 1969 a été faite une réforme liturgique qui contient précisément ces innovations, parmi d'autres. Donc, certaines de ces visions de la Emmerich pourraient se rapporter à la période historique après 1969.
Et pas seulement. Il y a un autre «détail» temporel très important que la mystique allemande nous donne: «Si je ne me trompe pas, j'ai entendu que Lucifer serait libéré et que ses chaînes lui seraient enlevées, cinquante ou soixante ans avant les années 2000, pour une certaine durée».
C'est une révélation importante car on la retrouve, dans les mêmes termes, dans la terrible vision qu'eut le Pape Léon XIII à la fin du XIXe siècle (cf. benoit-et-moi.fr/2014-II-1/actualites/lexorcisme-de-leon-xiii) préfiguration d'un temps d’épreuves très dures pour l'Eglise, qui commence dans la seconde moitié du XXe siècle.

Mais poursuivons.
Surtout, dans les visions prophétiques de Emmerich - selon le chroniqueur de «Il Foglio» - il y a «un temps à venir de la coexistence de deux papes».
Voici la citation de la Emmerich relative à la vision du 13 mai 1820:

«J'ai vu également la relation entre les deux papes ... J'ai vu combien seraient néfastes les conséquences de cette fausse église. Je l'ai vue augmenter de dimensions; des hérétiques de toutes sortes venaient dans la ville (de Rome). Le clergé local devenait tiède, et j'ai vu une grande obscurité»
«L'Église qui est en train de se former - dit l'auteur de l'article de Il Foglio - dans la prophétie d'Emmerich, est une église "fausse", à la doctrine corrompue (plus loin, elle dira protestantisée) et infestée par un clergé "tiède". Mais tout cela n'a pas empêché l'Église de "croître en taille" (la référence, pour beaucoup, est à l'"effet Bergoglio", une vague de consensus, d'églises pleines et de files d'attente aux confessionnaux.)».

Selon le chroniqueur de «Il Foglio», la Emmerich aurait également annoncé «le changement de résidence, et la clôture de celui qui est maintenant le pape émérite». En effet, voici ses paroles:

«Je vois le Saint-Père dans une grande angoisse. Il habite dans un bâtiment autre que celui d'avant et il n'y admet qu'un nombre limité d'amis qui lui sont proches. Je crains que le Saint-Père ne souffre beaucoup d'autres épreuves avant de mourir. Je vois que la fausse église des ténèbres fait des progrès, et je vois l'énorme influence qu'elle a sur les gens» (10 Août 1820).

Mais les visions de la mystique - pour le chroniqueur de «Il Foglio» - se caractérisent surtout par l'invasion spectaculaire des idées protestantes dans l'Église catholique:

«Et puis, j'ai vu que tout ce qui concernait le protestantisme prenait progressivement le dessus et la religion catholique tombait dans une décadence complète. La plupart des prêtres étaient attirés par les doctrines séduisantes mais fausses de jeunes enseignants, et tous contribuaient à l'œuvre de destruction. En ces jours, la foi tombera très bas, et elle ne sera conservée que dans quelques endroits, quelques maisons et quelques familles que Dieu a protégés des désastres et des guerres» (1820)

Est encore cité un passage de la Emmerich sur la pernicieuse «grande église» qui supplanterait la véritable Église et qui accueillerait œcuméniquement en son sein des doctrines et des sectes autrefois condamnées:

«Je vis que beaucoup de pasteurs se sont laissé entraîner dans des idées qui étaient dangereuses pour l'Église. Ils construisaient une Église grande, étrange et extravagante... Tous devaient y être admis, pour être unis et avoir des droits égaux: évangéliques, catholiques et sectes de toutes dénominations. Telle devait être la nouvelle Église ... Mais Dieu avait d'autres projets» (22 Avril 1823).

Si la dernière phrase console, parce qu'elle préfigure une intervention du Bon Dieu, il est également vrai, comme l'écrit, «Il Foglio», que l'on est «surpris par la consonance avec de nombreux aspects, plus ou moins obscurs, de l'Église d'aujourd'hui».

Ces images prophétiques sont très inquiétantes, toutefois, elles ne sont pas linéaires et conséquentes au point de permettre une identification catégorique avec le moment présent.
Par ailleurs, plusieurs choses font réfléchir, et la référence aux «deux Papes» conduit aisément à identifier la prophétie avec le temps présent parce que - comme je l'ai dit - seulement aujourd'hui, en deux mille ans de l'histoire de l'Église, coexistent deux papes au Vatican et dans l'Eglise (dans le passé, il y a eu des moments avec papes et antipapes, mais ils s'opposaient, déchirant la chrétienté, et ce n'était pas une cohabitation «dans l'enclos de Pierre»).
J’ai donc essayé d'en comprendre plus. J'ai essayé de vérifier les sources.

à suivre...

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