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Une contribution à la vérité sur Pie XII

Le film "Sfumature di verità" a reçu un accueil plus que mitigé, lors de sa projection en avant-première au Vatican. Explication. Bande-annonce. Et un plaidoyer bienvenu, sur le site Corrispondenza Romana.

>>> Le film sur Pie XII

Bande-annonce longue

Indépendamment des qualités artistiques du film - ou de leur absence , mais ce n'est pas comme si le prétendu septième art ne produisait que des chefs-d'oeuvre, cela se saurait!! -, ses détracteurs, y compris dans le milieu religieux, sont probablement les mêmes que ceux qui ont descendu "La Passion", de Mel Gibson, froncé le nez à la projection du film sur les "Cristeros" et se sont déchaînés lorque Benoît XVI, en décembre 2009, a publié le décret reconnaissant les vertus héroïques de Pie XII (cf. benoit-et-moi.fr/2009).
Donc, je n'ai évidemment pas encore vu le film - que j'irai probablement voir quand il sortira en France, rompant un jeûne cinématographique volontaire de plusieurs années - mais je commence à voir clair dans leur jeu, parfaitement résumé, du reste, dans l'article de Famiglia Cristiana que j'ai traduit hier.

Ce plaidoyer bienvenu de Corrispondenza Romana permet de mieux comprendre la perspective de la réalisatrice en abordant le sujet. Et si le film, avec ses limites artistiques (imposées en partie par le genre, ce qu'explique très bien Liana Marabani) aide à faire évoluer les mentalités dans le "grand" public sur Pie XII, on ne peut que s'en réjouir.

A noter: je n'ai pas entendu parler de la présence du Pape à la projection.
Je me souviens que Benoît XVI avait assité aux avant-première de films sur Karol Wojtyla, qui n'étaient pas forcément des chefs-d'oeuvre non plus.

Et une curiosité: Andrea Tornielli (ou plutôt un acteur qui joue son rôle) apparaît brièvement dans le film, sans doute au titre d'expert, car il est l'auteur d'une biographie de Pie XII parue en 2007 aux éditions Mondadori (et semble-t-il non traduite en français): Pio XII. Eugenio Pacelli. Un uomo sul trono di Pietro.
C'était sans doute dans une autre vie, car il aurait demandé après coup que la scène soit coupée....
A ce sujet, j'ai retrouvé sur mon site un article du même, datant de 2010. Il devait être consultant sur le tournage (interrompu depuis) d'un film américain sur Pie XII. Le script étant selon lui bourré d'erreurs - dans un sens simpliste et malveillant - et son avis n'ayant jamais été pris en compte, il avait rompu le contrat qui le liait à la société de production. C'était visiblement un autre projet que celui qui voit le jour ici. (cf. benoit-et-moi.fr/2010-II/)

L'article de Corrispondenza Romana

Shades of Truth - Sfumature di verità: une contribution à la vérité sur Pie XII

www.corrispondenzaromana.it/shades-of-truth-sfumature-di-verita-un-contributo-alla-verita-su-pio-xii/
Lupo Glori
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Le 2 Mars au Vatican, à l'Institut Santa Maria Bambina, a été présenté en avant-première mondiale "Sfumature di verità", le film-enquête attendu sur Pie XII, écrit et réalisé par Liana Marabini. Le film, basé sur des témoignages et des centaines de milliers de documents inédits de juifs ayant survivécu à l'Holocauste, grâce à l'intervention du pape Pacelli, met en lumière la vraie action du «Pastor Angelicus» pendant les années dramatiques du nazisme.

Liana Marabini, interrogée par AGI, a souligné l'énorme effort documentaire, mais aussi économique, fait au service de la vérité historique sur la figure controversée et débattue de Pie XII: «Le travail a été important. Pendant plus de cinq ans, j'ai étudié tout ce que je pouvais sur le sujet. La recherche a été énorme. C'était difficile de faire tenir dans un film de 90 minutes le contenu de près de cent mille pages de lecture et de raconter le tout de manière simple et accessible. Mais cela en valait la peine. C'est un film indépendant, financé entièrement par moi et j'en suis heureuse. Pie XII est l'une des personnalités les plus mal comprises du XXe siècle. Ce film est de ma part un acte de dévotion à un grand pape et un prêtre que je j'admire et qui est un grand exemple moral pour moi».

La clé narrative utilisée par la cinéaste est volontairement simple mais efficace, parce que, en adoptant un format télévisuel bien rôdé, elle aide le spectateur à entrer dans l'histoire et à comprendre la légende noire complexe construite autour de la figure du pape Pacelli.
Le personnage principal du film est le journaliste italo-américain, d'origine juive, David Milano, qui, après une discussion animée avec sa future femme autour de la figure de Pie XII, qu'il considère comme le «pape de Hitler», décide d'entreprendre une enquête sérieuse et approfondie sur le pape Pacelli, voyageant entre Rome, Jérusalem, Berlin et Lisbonne.

Une enquête longue et surprenante qui à la fin l'amène à changer d'avis, découvrant qu'en réalité, l'activité diplomatique précieuse et délicate de Pie XII a permis de sauver la vie de 800 mille Juifs, faisant du pape Pacelli le «Schindler du Vatican».
Remarquable, le casting du film, avec la présence de Christopher Lambert, Gedeon Burkhard, David Wall, Marie-Christine Barrault, Roberto Zibetti, Giancarlo Giannini et Remo Girone, ainsi qu'une apparition furtive du vaticaniste Andrea Tornielli (joué par un acteur) qui, sans avoir vu le film, à la suite des critiques suscitées par l'avant-première, voyant les choses mal tourner, aurait, selon des indiscrétions, reculé de façon peu honorable, demandant que la scène dont il est le protagoniste soit coupée.

Dans une interview, publiée dans «Il Sole 24 Ore», Marabini explique que l'intention principale du film est de fournir une clé de lecture différente des clichés idéologiques dominants: «Avec mon film, j'espère faire changer d'idée à ceux qui pensent du mal de ce grand Pontife. Bien sûr, le film ne dure que 90 minutes, dans lesquelles il est difficile d'expliquer une vie vécue dans un contexte si dramatique, mais j'espère y être parvenue. Je suis très satisfaite du résultat. (...) Je suis convaincue qu'il est suffisant d'avoir la patience et l'honnêteté intellectuelle de lire ce qui existe déjà pour changer les mentalités de la plupart des détracteurs les plus endurcis. Le film ne prétend pas faire un scoop, mais offrir une clé pour ouvrir les fenêtres sur un monde qui était celui de Pacelli, rendre accessible, dans les grandes lignes, l'action admirable de ce grand Pontife».

Sfumature di verità sera bientôt distribué et projeté dans le monde entier. Après l'avant-première du 2 Mars, date qui n'a pas été choisie au hasard, puisque c'est l'anniversaire de la naissance d'Eugenio Pacelli (1876) et de son élection à la papauté (1939), le film sera distribué en mai dans 335 salles en Italie et 280 en France, ainsi qu'en Belgique, en Allemagne, aux États-Unis, en Argentine, au Brésil, en Australie, en Espagne et au Portugal. En mai, il sera également projeté hors compétition à Cannes et en Septembre aux États-Unis au cours de la Rencontre mondiale des Familles.

Le travail courageux de Liana Marabini, qui dès le titre indique clairement ne pas prétendre raconter en seulement 90 minutes d'un film, toute la vérité complexe à propos de Pie XII, a fait l'objet de critiques inattendues et peu généreuses. Sans doute doit-on reconnaître au film le mérite indéniable d'avoir ravivé, avec sérieux et honnêteté, le débat sur le pontificat du pape Pacelli. C'est pourquoi tous ceux qui se soucient de l'œuvre et la figure du "Pastor Angelicus" devraient être reconnaissants à la réalisatrice Marabini pour sa précieuse contribution au service de la vérité.

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