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Catastrophe mondiale en vue: que ferons-nous?

Sur le site The Remnant, Hilary White pose les questions très concrètes auxquelles le fidèle catholique sera confronté si le "paradigme Kasper" devait prendre le dessus. Traduction de Anna.

Pour le moment, cela reste des hypothèses d’école, d’autant plus que selon des rumeurs (confirmées par Sandro Magister, cf. chiesa.espresso.repubblica.it) François serait en train de prendre ses distances du clan Kasper-Marx. Rumeur que je crois personnellement à prendre avec des pincettes, ou au moins à relativiser, compte tenu des multiples déclarations « off » du Pape (encore tout récemment, l’homélie du 17 mars à Sainte Marthe, cf. www.youtube.com), de l’habileté manœuvrière qu’on lui prête, et surtout de l’importance de la bataille culturelle en jeu, qui nécessite des deux côtés la mobilisation de TOUTES les ressources.
Article original en anglais: remnantnewspaper.com

que ferons-nous ?

remnantnewspaper.com

Je n'ai pas de réponses aux questions que je vais poser ci-après, mais je pense qu’à moins de huit mois du prochain épisode du Synode pour la Fin de la Famille, ce serait le moment maintenant au moins de commencer la discussion: qu'allons-nous faire lorsque le Nouveau Paradigme de Kasper sera officiellement mis en place?
En bref, un catholique peut-il en bonne conscience continuer de fréquenter une paroisse où le prêtre a consenti à suivre le Nouveau Paradigme? Dans le cas contraire, que faut-il faire?
Je crois que nous sommes finalement arrivés à une situation si dramatique dans l'Église que seule une vision à long terme dans l'histoire pourra déterminer ce qui est vraiment en train de se passer. Cela ne veut pas dire que nous qui la vivons ne sommes pas capables de discerner quel est notre devoir en ce moment.

Je propose donc juste de commencer la discussion en posant quelques questions évidentes mais pénibles, et de l'éclairer par quelques données facilement vérifiables.
De plus en plus de personnes se demandent : qu'allons-nous faire si le Pape François ou la conférence épiscopale nationale ou l'évêque local, ordonne à tous les prêtres de déclarer formellement et publiquement qu'ils sont prêts à profaner la Sainte Eucharistie? Nous rejetons l'objection selon laquelle "cela arrive déjà partout, quelle différence cela fera-t-il?". Bien sûr que cela arrive, et tout le monde sait que c’est par la faute de la direction de l'Eglise, qui a pris l’habitude de fermer les yeux sur cet abus, que nous sommes aujourd'hui dans cette terrible situation.

Mais ici, la proposition est de nature différente. Si Kasper et ses adeptes parviennent à leurs fins, l'abus deviendra une norme universelle. Un décret sera émis par les plus hautes autorités, demandant à tous les prêtres, partout, de consentir à trahir ainsi le Christ d'une façon systématique et programmatique, et d'y consentir formellement comme condition préalable pour pouvoir continuer à exercer le sacerdoce. Les prêtres, tous les prêtres, partout, seront tenus d'être au moins disposés à profaner la Sainte Eucharistie, à commettre le grave péché de sacrilège.

Un grand nombre de personnes commencent à présent à réaliser la gravité de cette éventualité (bien que les ennemis de l'Église en aient saisi les conséquences depuis le début et s'en soient vantés depuis lors). Il y a quelques jours, Michael Matt, le directeur de The Remnant, a publié le courrier d'un prêtre qu'il a nommé "Le père anonyme", qui disait que dans une telle éventualité, lui et d'autres prêtres de sa connaissance pensaient à abandonner le sacerdoce.
Cette lettre a suscité beaucoup de réactions, sur le site du Remnant et ailleurs. Beaucoup de gens, moi comprise, ont jugé sévèrement ce prêtre qui, nous dit Michael. Matt, n'est pas un Traditionaliste, mais simplement un honnête prêtre catholique du Novus Ordo qui n'aurait clairement jamais imaginé que les choses pourraient arriver à ce point.
Je me demande sous quelle dune de sable il a caché sa tête pendant les dernières décennies. Mais je suppose que beaucoup de gens ont refusé de penser avec un vrai courage, en raisonnant logiquement, à ce vers quoi la révolution de Vatican II allait conduire, et maintenant ils sont sous le choc qu'elle finisse là où nous les traditionalistes avons toujours affirmé qu'elle finirait: au désastre. Une catastrophe mondiale. Nous sommes très proches de cette conclusion finale.

"Schisme" était un mot qu'on ne voyait que dans les livres d'histoire ou dans les sites des plus farfelus sédévacantistes. Mais à présent, et dans un temps étonnamment court, nous voyons des personnes éminentes prononcer à voix haute le "mot-S" (jeu de mot: "S-word" signifie "épée", ndt). Je ne crois pas trop me tromper en exprimant la même crainte, maintenant que nous sommes dans la Phase II d'une révolution qui est évidemment délibérément planifiée et habilement exécutée.

Un peu moins d'un mois après le tristement célèbre consistoire de février 2014, où le cardinal Kasper a lancé sa bombe, avec l'approbation du pape semble-t-il, le Père Brian Harrison, un théologien remarquable - pas un fou - écrivait au journaliste Robert Moynihan (fondacteur-directeur de la revue "Inside the Vatican"), mettant le pauvre homme en cause pour sa couverture lénifiante de l'événement:
Le Père Harrison avertissait de "l'énormité d'une menace importante et imminente qui promet de percer, pénétrer et couper en deux la barque le Pierre, laquelle déjà se balance dangereusement en des mers froides et agitées".
La scandaleuse ampleur de la crise doctrinaire et pastorale qui se cache sous cette confrontation courtoisement formulée par de savants prélats allemands, peut aisément être surestimée. Car ce qui est en jeu ici est la fidélité à un enseignement de Jésus Christ qui affecte directement et profondément les vies de centaines de millions de Catholiques: l'indissolubilité du mariage.
Le Père Harrison affirme qu'il n’est pas nécessaire que le Pape François tente de quelque façon de changer la doctrine catholique, et que son consentement silencieux suffit pour provoquer un désastre: "Si l'actuel successeur de Pierre reste à présent silencieux sur le divorce et le remariage, disant ainsi tacitement à l'Église et au monde que les enseignements de Jésus Christ feront l'objet de discussion au prochain Synode des Evêques, on peut craindre qu'un prix terrible devra bientôt être payé".

Des personnes ont exprimé choc et incrédulité à l'idée que ces hommes pourraient renier les paroles mêmes du Christ. Mais je crois que cela fait partie de la stratégie. Il y a quelques jours, un journaliste du Vatican me disait qu'il était absolument nécessaire pour les révolutionnaires de viser directement l'enseignement clair et sans équivoque du Christ sur le mariage. Ce sont ses propres mots. Avec la contraception, ils travaillaient sur un enseignement moins solidement fondé, mais ils ont rencontré un succès énorme avec la méthode du "changement de la pratique pastorale". Et cela malgré que Notre Seigneur n'ait dit vraiment nulle part que nous ne devons pas prendre la pilule.
Mais avec l'indissolubilité du mariage, ils ont un obstacle bien plus grand, et un gain bien plus considérable en cas de succès. Une fois qu'ils auront renversé les paroles du Christ telles qu'elles sont clairement consignées dans l'Évangile, alors les paris sont ouverts, absolument tout pourra devenir une cible. Tous les enseignements de l'Église deviendront automatiquement, logiquement et inéluctablement, des "règles" déterministes pouvant être rejetées à volonté. Comme d'autres l’ont dit, tout l'édifice de la religion catholique est en jeu, à commencer par les deux piliers de l'Eucharistie et de la prêtrise.
Et comme de plus en plus de gens commencent à réaliser les terribles implications, ils commencent à se poser quelques dures questions. Si, un de ces jours, le monde se réveille et se lamente de se retrouver kaspérien, qu'allons-nous faire en réalité, en termes concrets? Je ne parle pas ici de ce que les prêtres devraient faire parce que je n'en ai simplement aucune idée. Et ce n’est pas l’affaire de la majorité d'entre nous.
Je suis une laïque, et vous, lecteurs, vous êtes probablement des laïcs. Ce que je veux savoir, c’est ce que les laïcs devraient faire, avec les devoirs et obligations et ressources aujourd’hui disponibles. Un site "survivaliste" (ndt: prepper site, qui se prépare à la fin du monde), un de ceux qui parlent de faire des réserves de batteries, d’équipement de camping et d’aliments séchés et congelés en prévision de la Grande Catastrophe pose une question provocatrice: "Si elle frappe demain, qu'allons-nous faire, chez nous, à ce moment-là, pour rester en vie?".
Je ne peux pas célébrer la Messe ni me confesser. Que devrai-je donc faire?

Voici les questions que j’ai vu poser :

. Pouvons-nous aller à la Messe dans des paroisses où le prêtre a consenti à satisfaire la requête des adultères notoires et d'autres personnes en état de péché grave et sans repentir, que la Sainte Communion leur soit systématiquement offerte?
. Cette Messe est-elle illicite?
. Cette action est-elle, comme on l’a suggéré, sacrilège?
. Et si elle est approuvée par l'évêque?
. Et si elle est approuvée par le Pape? Que faire en effet si elle a été commandée par le Pape?
. Dans le cas où le prêtre a refusé de participer au Nouveau Paradigme par crainte d'offenser Dieu, et a été suspendu pour désobéissance, mais continue d'offrir la Messe, pouvons-nous participer à ces Messes? Ou serait-ce un péché de désobéissance?
. Est-il possible de désobéir légalement pour éviter de commettre une offense grave contre Dieu, un sacrilège?
. L'obéissance est-elle valable si obéir signifie participer à un acte sacrilège de profanation?
. Si je vis dans une zone où tous les prêtres ont adhéré au Nouveau Paradigme, suis-je dispensée de mon devoir d'aller à la Messe le dimanche?
. Est-ce une option légitime de continuer à aller à la Messe dans les paroisses où le prêtre a adhéré au Nouveau Paradigme, et de garder la Foi juste intérieurement? . Pouvons-nous continuer à simplement y aller et nous abstenir de recevoir la Communion, ayant publiquement manifesté notre objection? Ou le seul fait d'y apparaître constitue en soi un acte public de tacite coopération avec le mal?

La situation n'est pas sans précédents. Je présume qu’une série de questions semblables auraient pu être posées en France par les fidèles pendant la période où les prêtres étaient cooptés par les révolutionnaires, et contraints de signer un serment de fidélité à la Constitution Civile du Clergé. Ou bien en Angleterre, où un seul évêque et un éminent laïc refusèrent de consentir à ce qu’Henri VIII devînt le chef de l'"Eglise d'Angleterre". L'Histoire nous raconte ce qui arriva à cette époque aux fidèles qui soutinrent leurs prêtres réfractaires. Disons juste que beaucoup furent martyrisés.

Il convient de se rappeler que nous ne parlons plus d'une division entre la Messe Traditionnelle et le nouveau rite. Avec tous les prêtres catholiques potentiellement menacés d’être soumis à ce décret, qu'ils célèbrent l’ancien ou le nouveau rite, nous assistons enfin à une unité absolue de l’ensemble du monde catholique, provoquée par l'unicité absolue de la catastrophe (fruit, pourrait-on ajouter, du grand succès de Summorum Pontificum qui a amené de nombreux prêtres du "courant dominant", et de nombreux catholiques vers les splendeurs de la Messe Traditionnelle). Maintenant nous sommes vraiment tous dans le même pétrin!

Nous pouvons faire des hypothèses sur quelle forme prendra la rupture, au cas où elle se produira (même à présent nous n'en sommes pas certains). D’une façon générale, il est possible de faire quelque prudente prédiction, d'après de ce que nous avons vu et entendu jusqu'à présent.
Il y a des indications régulières, presque chaque semaine, de la part du pape, soit directement, soit de la part de subordonnés choisis par lui, à qui il permet de se déclarer ses porte-parole, que la discipline de refuser la Sainte Communion aux graves pécheurs notoires sera bientôt abolie.

D'après ce qu'on a vu, je m’aventurerais à prédire que le prochain Synode émettra un document qui de façon générique et en termes ambigus approuvera une certaine version de la proposition Kasper. Après tout ce qu'on a vu l'année dernière, avec la manipulation éhontée du "Processus synodal" de la part de la faction Kasper, il semble pfrévisible que le synode, avec ou sans l'accord de tous les évêques qui y prendront part - affirmera quelque chose comme: "Ceux qui ont divorcé et se sont remariés ne devraient pas être systématiquement exclus de la Communion. Une décision devrait être prise sur une base individuelle, et les conférences nationales devraient établir des directives pour les prêtres-confesseurs."
Le pape, s'il reste fidèle à lui-même, émettra un document qui, utilisant des formules comme "collégialité" et "synodalité" et "décentralisation", laissera ouverte la question doctrinale – à savoir s'il est possible de donner la Communion aux pécheurs graves - et informera que les changements seront mis en œuvre par les conférences épiscopales nationales, ce qui, soyons honnêtes, est là où se trouve le véritable moteur derrière la révolution.
Tout cela sera suivi par un décret adressé aux prêtres leur enjoignant de déclarer, publiquement ou en privé à leurs évêques, s'ils se conforment ou non. Si et comment les prêtres qui ne se conforment pas seront punis, ce sera aux évêques de le décider individuellement. Il est toutefois logique que les évêques qui se conformeront au Nouveau Paradigme menaceront pour le moins de suspendre les facultés [des prêtres qui ne l’acceptent pas].

Le succès du plan dépend en effet complètement de la volonté de chaque évêque de coopérer avec le Nouveau Paradigme. Certains suggèrent que ces évêques auraient le pouvoir, et le devoir, de s'opposer de force au pape, de simplement refuser. Mais tout cela n'est pas de ma compétence, comme le Président américain aime dire.

A quel point cela va affecter son office, si cela va le mettre hors de la Communion avec l'Église et faire de lui un anti-pape, ce n'est pas à moi de décider. En vérité, je ne pense pas que cela revienne à quiconque, mais à la postérité. Je ne peux pas décider d'une plus large question ecclésiologique, non seulement parce que je n'en suis pas compétente, mais simplement parce que je vis en cette époque et je suis trop proche. Je ne peux que décider ce que je ferai à présent.

Quelques-uns - on espère même beaucoup - vont refuser, et dire aux présidents de leurs conférences nationales où aller. Dans quelques cas, on pourrait même espérer (l'Afrique, peut-être? La Pologne? La Slovaquie? La Lituanie?) que d'entières conférences épiscopales auront la fermeté de dire au pape et aux allemand où il faut aller. Mais, nous le savons, le nombre des fidèles laïques est souvent inversement proportionnel au pouvoir d'une conférence nationale. Les évêques allemands, pour l'instant, n'ont presque plus personne dans les Églises, mais semblent capables d'agir en totale impunité.

Tout cela ne serait naturellement que la face publique. D'après ce que nous savons de la façon d'opérer de la faction Kasper, au moins une apparence minime de légalité sera maintenue, tandis que le marteau frappera derrière les rideaux des rencontres privées, sur tous ceux qui voudraient résister.
En fin de compte, et peu importe qui refuse et qui est d'accord, avec un pape qui ordonne ce à quoi aucun prêtre ne peut légitimement se conformer, le résultat sera un schisme. Le Chaos global.

Comme je disais, je me demande vraiment ce qu'on va faire. Je n'ai pas de réponse. En effet, il y a quelques jours j'étais à une conférence où un prêtre se demandait que faire, au cas où le pire se produirait. La prudence semblerait indiquer que, la profanation de l'Eucharistie étant le pire des péchés qu'on puisse commettre, la meilleure option est qu'il vaut mieux pécher par excès de prudence.

Nous pouvons prendre une décision dès le début: je ne vais pas pécher. Moi, personnellement, je ne commettrai pas le péché de sacrilège. Je ne ferai rien qui puisse donner à une personne plus faible l'idée que ce sacrilège n'est pas un péché grave et horrible. En plus, je ne commettrai pas un acte de schisme. Je n'irai pas délibérément dans quelque groupe ou secte qui a première vue ne semble pas affecté par tout cela. Quoi qu'il arrive, le schisme qui pourrait ou non s'ensuivre ne fera pas partie de ma propre vie spirituelle.
Que pouvons-nous faire concrètement? Parler à des prêtres fidèles…la plupart d’entre nous en connaît quelques-uns, et peut parler avec eux de nos peurs. Si vous n'en connaissez pas, cherchez-les activement. De nombreux bon prêtres tiennent des blogs et ont des adresses e-mail. Vous pouvez lire ce qu'ils écrivent pour voir s'ils tiennent la Foi ou s'ils paniquent.

La deuxième priorité est que nous devons continuer de pratiquer la Foi pleinement, y compris aller à la Messe si possible. Nous confesser régulièrement, prier régulièrement, et peut-être ajouter un petit programme d'auto-instruction, commençant par le catéchisme.

Je sais que mon devoir est de prier, de faire des sacrifices, pour le pape, et de prier vraiment très fort que la catastrophe, l'astéroïde que nous craignons tous, par quelque miracle de conversion de masse peut-être, passe à côté de nous. Mais je sais qu'il est aussi de mon devoir de me préparer. De rester calme, de m'acquitter des tâches courantes, de continuer à faire mon travail, de garder toutes mes amitiés et relations normales, d'avoir soin de moi-même et de mon prochain. Mais me préparer néanmoins ne serait-ce que pour être aussi pleinement et responsablement informée que possible.

L'objectif diabolique de tout cela est de nous faire perdre notre sang froid, paniquer et faire des folles déclarations de "quitter l'Église" ou de "renoncer au ministère sacerdotal". Si nous le faisons, alors le dessein mauvais des révolutionnaires est déjà réalisé. Le Diable, le Malin, veut désespérément que les fidèles "fassent naufrage de leur Foi". Nous ne devons pas tomber dans ses pièges.

  Benoit et moi, tous droits réservés