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Des ennuis judiciaires pour Mgr Paglia

La justice italienne a émis un mandat à l'encontre du président du Conseil pontifical pour la famille pour une série de délits financiers dans son ancien diocèse.

Le Pape qui dénonce constamment la corruption comme l'un des pires maux ne devrait-il pas immédiatement le démettre de ses fonctions à la Curie, au moins jusqu'à l'achèvement de l'enquête?

Vincenzo Paglia, né en 1945, est un évêque "libéral". Il est considéré comme le "parrain" (dans tous les sens du termes, apparemment!!) de la (non moins libérale) Communauté Sant'Egidio. Dans un article de septembre 2012, Paolo Rodari le classait parmi les héritiers spirituels du Cardinal Martini (cf. benoit-et-moi.fr/2010-I)
Très choyé donc, dans certains milieux, il était aussi le postulateur de la cause de béatification de Mgr Romero.

De nombreux articles lui ont été consacrés par ce site (taper <Paglia> dans le moteur de recherche Google interne).
Parmi eux, ce "dossier" datant du 7 février 2013, alors qu'il venait de tenir des propos stupéfiants (ils l'étaient encore à l'époque! depuis, ils sont devenus la norme) sur l'ouverture aux unions gays, soulevant un tollé dans certains milieux: benoit-et-moi.fr/2013-I/articles/le-faux-pas---de-mgr-paglia.
Avec le recul, le timing de ces déclarations, JUSTE QUELQUES JOURS AVANT LA DÉMISSION DE BENOÎT XVI laisse pour le moins songeur... Un ultime défi, comme pour dire "je ne risque plus rien"...

Quant aux propos révoltants tenus par le même Paglia sur Benoît XVI, et cités plus bas par Teresa, ils n'étaient pas tombés dans l'oreille de sourds, et on en trouve un écho dans plusieurs articles publiés au lendemain de la démission sur "la santé de Ratzinger" (voir par exemple www.liberoquotidiano.it , www.ilgiornale.it , it.ibtimes.com ) , et ils sont plus que vraisemblables, vu le personnage.
Paglia aurait dit en effet: "Ho avuto l'impressione che il Papa non fosse presente a se stesso, e a dire il vero che nemmeno sapesse chi ero".
En admettant que cela soit vrai, déjà à cette époque, comme le rappelle l'éditorial de la Bussola traduit ci-dessous, un administrateur apostolique avait été envoyé par Benoît XVI à l'ex-diocèse de l'Excellence, Terni, pour enquêter sur un bilan financier rien moins qu'opaque (ou plutôt un quasi-état de banqueroute!): Benoît XVI n'ignorait donc rien du lourd dossier du parrain de Sant'Egidio, et j'imagine parfaitement qu'il n'ait pas eu envie de saluer l'encombrant personnage.

Des détails sur l'enquête judiciaire actuelle, documents à l'appui, visant le vibrionnant monsignore, sont à lire sur Il Corriere (mais aussi sur de nombreux autres sites, comme en témogne la capture d'écran ci-dessus: une occasion n'étant jamais perdue lorsqu'il s'agit de taper sur l'Eglise, et j'imagine que les amis de circonstance de Paglia vont bientôt le lâcher).
Sébastien Maillard, qui donne la nouvelle, fait une synthèse sur La Croix.

Sur la Bussola

La réforme de la Curie? Les juges de Terni s'en occupent

27/05/2015
www.lanuovabq.it
Ma traduction
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Un mandat à l'encontre de Mgr Vincenzo Paglia, président du Conseil pontifical pour la famille a été émis par les juges de Terni. C'est l'indiscrétion - qui attend une confirmation officielle (ndt: l'article a été écrit avant ladite confirmation) - qui s'est répandue à la fin de la nuit dernière dans la capitale de l'Ombrie où Mgr Paglia, homme de pointe de la Communauté de Sant'Egidio, a été évêque de Mars 2000 à juin 2012.
C'est précisèment à cette période que se réfère l'enquête de la magistrature. Comme on le sait, avec le passage de Paglia à la tête du dicastère du Vatican, on a vu émerger à Terni l'état de banqueroute dans lequel l'évêque avait laissé les coffres diocésains: 35 millions d'euros d'endettement, selon les dernières estimations, un record mondial absolu si l'on rapporte aux fidèles du diocèse (156 000 baptisés), finis on ne sait où. Immédiatement, des enquêtes ont été ouvertes, qui ont déjà conduit à l'arrestation et à l'incrimination de plusieurs techniciens et employés du diocèse, mais jusqu'à maintenant, l'évêque a réussi à échapper à l'enquête.
Compte tenu de la situation, qui était déjà connue au Vatican, la promotion de Paglia à la tête du Conseil pontifical pour la famille avait créé une certaine surprise, un choix attribué au secrétaire d'Etat, le Cardinal Tarcisio Bertone. La surprise vient du fait que dans des circonstances similaires - et moins graves - les évêques en charge sont tout simplement retirés. Au lieu de cela, Mgr Paglia, en attendant que la réforme de la Curie romaine réorganise les différents dicastères, malgré l'émergence de détails de plus en plus embarrassants - impliquant également l'IOR - profite encore du délai, à la tête du Conseil pour la famille. Par ailleurs, dans ce rôle, Paglia s'est très vite trouvé au centre d'une polémique parce que, lors de la première conférence de presse en tant que président du Conseil pontifical pour la famille, il avait fait une ouverture inattendue en faveur de la reconnaissance des couples non mariés, y compris homosexuels.

A la découverte du scandale, le Saint-Siège avait envoyé à Terni Mgr Ernesto Vecchi, ancien évêque auxiliaire de Bologne, comme administrateur apostolique avec la tâche de remettre de l'ordre dans la situation désastreuse du diocèse qui aujourd'hui, depuis quelques mois, a un nouvel évêque, Mgr Giuseppe Piemontese. Mgr Vecchi et Mgr Piemontese ont tous deux pleinement coopéré avec les magistrats pourà faire la lumière sur la responsabilité de la dette à laquelle on doit ajouter la vente suspecte de biens immeubles appartenant au diocèse.

Il s'agit d'une sombre affaire, qui pourrait être liée à d'autres ayant Terni pour épicentre.

Le commentaire de Teresa

Des nominations malheureuses...

freeforumzone.leonardo.it
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J'ai de la peine pour Benoît XVI qui, avec les meilleures intentions du monde, a néanmoins fait une poignée de nominations qui se sont révélés être tout à fait malheureuses sinon désastreuses. Et je ne fais pas allusion au cardinal Bertone dont la faute primordiale n'était peut-être rien d'autre qu'une simple naïveté sur la politique du Vatican, le conduisant à desservir involontairement Benoît XVI en plus d'une occasion.

Les plus flagrantes sont le Cardinal Reinhard Marx comme archevêque de son propre ex-archidiocèse (celui de Benoît XVI), Münich, et le cardinal Woelki qu'il a nommé à Berlin, mais qui est depuis devenu archevêque de Cologne. Je ne peux les décrire que comme des loups déguisés en moutons, qui semblaient être blanc comme la laine de l'agneau quand ils ont été nommés, mais qui ont depuis lors dévoilé leurs crocs de loups quasi-hérétiques une fois que la papauté a changé.

Ensuite, il y a le cardinal Joao Braz de Aviz, préfet de la congrégation en charge des ordres religieux, ennemi juré des FFI et défenseur acharné de la LCWR (les religieuses américaines "hérétiques"), qui dégaina ses crocs au moment où Benoît XVI prit sa retraite, et qui a prouvé son mépris pour tout ce que Benoît XVI représentait d'orthodoxe. Au moment de sa nommination, il avait été entendu que c'était d'abord parce qu'il était brésilien, et qu'il n'y avait, dans la Curie, plus aucun dirigeant pour représenter le plus grand pays catholique au monde après la retraite du cardinal Claudio Hummes de la Congrégation pour le Clergé (ndt: il s'agissait donc du fameux rééquilibrage géopolitique de la Curie et du collège cardinalice, réclamé à cors et à cris après chaque Consistoire et chaque nommination curiale par l'aile progressiste très bien relayée par les John Allen et autres journalistes "libéraux" - càd presque tous; comme si l'origine géographique devait primer sur la qualité des hommes; on le voit, ce puissant "lobby" est parvenu à ses fins avec l'élection de François).

Et puis, Mgr Vincenzo Paglia, nommé à la tête du Conseil pontifical pour la famille après que le cardinal Antonelli ait pris sa retraite en 2012. Il a été entendu alors que c'était une concession à la Communauté de Sant'Egidio, dont Paglia a été directeur spirituel depuis sa fondation. Paglia a depuis fait de nombreuses déclarations qui sont, pour dire le moins, douteuses provenant de la tête du Conseil pontifical pour la famille, notamment en étant ouvert aux unions de même sexe.

Mais je me souviens mieux de lui pour avoir dit lors d'une interview accordée quelque temps après le 11 Février 2013 (ndt: Teresa en avait parlé le 10 juin 2013 - message de 22h49: freeforumzone.leonardo.it), qu'il savait depuis quelques mois de que quelque chose clochait avec Benoît XVI parce que, «les dernières fois où j'ai eu l'occasion de le rencontrer, il n'a même pas eu l'air de savoir qui j'étais, et clairement, il n'était pas pas lui-même».
Il n'a jamais nié ces déclarations publiques, jusqu'à ce que, quatre mois plus tard, quand un journaliste italien l'interrogea à ce sujet, il nia l'avoir dit.

Et maintenant, il fait les titres, en raison d'un délit majeur qui a eu lieu alors qu'il était évêque de Terni, le poste qu'il occupait avant d'être nommé à la Curie romaine.

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