Deux évêques italiens courageux
Après la énième remontrance du Pape aux évêques, en ouverture de l'Assemblée plénière de la CEI, deux d'entre eux ont osé lui répondre, respectueusement, mais fermement... Récit de Marco Tosatti, traduit pas Anna
>>> A propos du discours du Pape devant les évêques italiens, le 18 mai dernier (texte ici: w2.vatican.va), voir aussi:
¤ Scalfari pontifie
¤ Le Pape latino-américain et la Curie
Le Pape, la CEI: franchise des évêques
San Pietro e dintorni,
28/5/2015
Marco Tosatti
Traduction Anna
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Différentes sources me font part d'exemples encourageants de franchise vérifiés lors de l'Assemblée Générale de la CEI, tant pendant la rencontre à huis clos du Pape avec les évêques qu'après. On sait que le Pape s'est prononcé contre le climat de cour de la Renaissance qui risque toujours de se reproduire à l'intérieur des organisations focalisées sur une figure charismatique, et où des légions de courtisans approuvent toujours les dires et les gestes du Chef, un manque de sincérité qui ne lui est pas d'aide. Le Pape François a en effet exhorté l'évêque, auteur de l'intervention que nous reproduisons succinctement ci-dessous, à continuer de s'exprimer en toute franchise, sans timidité. Le prélat est titulaire d'un diocèse qui a souffert dans le passé à cause d'une catastrophe naturelle (ndt: Aquila ?).
Dans son intervention, que nous rapportons avec nos propres mots, il a en substance affirmé que l'image médiatique du Pape est tellement prépondérante qu'elle efface en pratique le rôle de l'Église locale. Et sur des sujets délicats, comme la question des parrains et des marraines de baptême, il semble que le Pape soit celui qui est bon, tandis que l'évêque, qui veut faire respecter les règles établies par l'Église, soit le méchant. Ainsi lorsqu'on dit aux intéressés: l'Église affirme qu'il faut faire cela, que nous ne pouvons pas interpréter', ils répondent: "mais le Pape…"
Il a ensuite mis en garde le Pape contre les instrumentalisations: trop souvent on entend dire: le théologien du Pape, le porte-parole du Pape, quelqu'un qui est proche du Pape. Le risque existe, a-t-il affirmé, qu'ils se servent de vous.
Le Pape, a-t-il ensuite souligné, est spontané, instinctif. C'est une très belle qualité, mais l'évêque, s'excusant pour oser lui donner un conseil, a dit que quelques expressions spontanées peuvent créer des motifs de souffrance. Par exemple, celle donnée dans l'interview à Valentina Alazraki, sur la sensation que son règne sera court. Savez-vous comment les gens l'ont interprétée? a demandé de prélat. Qu'ils vous tueront, que ce ne sera pas l'Isis à le faire, mais la Curie romaine. Cela n'est pas beau!
Finalement une requête de caractère diocésain. Nous savons, a dit le prélat, que vous avez reçu à Sainte Marthe telle et telle personne. Depuis des années j'ai demandé audience pour être reçu avec mes curés, qui ont travaillé et travaillent à soutenir les gens après la catastrophe. Mais nous n'avons pas encore eu la possibilité de concélébrer avec le Pape; je crois que ces curés en auraient le droit.
Cette intervention a été reprise le jour suivant par un autre prélat, qui a remarqué l'absence de réponse à des problèmes précis, et a demandé que le Pape se rende compte de la nécessité de formuler ses interventions de manière précise et articulée, étant donné qu'il existe un magistère précédent et que l'Église a une longue histoire et expérience précédente.
